1. La lutte contre le changement climatique
Les changements climatiques sont aujourd’hui avérés. En France, la température moyenne s’est élevée de 0,9 °C au cours du XXe siècle. Les changements climatiques, déjà visibles à travers les perturbations du climat ou la régression des glaciers, sont lourds de conséquences pour les écosystèmes et pour les populations. Ils menacent l’existence de régions côtières où vivent des millions de personnes, risquent d’aggraver les canicules, les inondations et les tempêtes, ou de développer des maladies tropicales véhiculées par des moustiques…
Selon les experts du Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), l’enjeu aujourd’hui est de maintenir l’augmentation attendue de la température moyenne globale en dessous de 2 °C. Cet effort de maîtrise permettrait de réduire le risque écologique et de préserver des millions de personnes de la maladie, de la famine et du manque d’eau. Il suppose que les pays industrialisés, dont la France, parviennent à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, c’est-à-dire qu’ils réduisent leurs émissions d’environ 3 % par an.
Ce défi est réalisable, à condition d’y associer la société tout entière et « d’agir ensemble ». La moitié du CO2 émis dans l’atmosphère en France est en effet liée à nos comportements et à nos choix quotidiens.En France, chaque ménage émet 15,5 tonnes de CO2 par an ! A l’origine de ces émissions, on trouve l’usage d’énergies lié aux déplacements, au chauffage, à l’électricité… mais aussi la consommation de produits alimentaireset industriels. Prendre conscience de ses impacts, réduire les consommations énergétiques, renforcer la part des énergies renouvelables, moderniser la construction et l’habitat, développer les modes de transports propres, privilégier les écoproduits, sont au nombre des solutions à adopter par tous, politiques, producteurs et consommateurs.
Dans le cadre du programme européen PRIVILEGES (Programme d’Initiatives des Villes pour la Réduction des Gaz à Effet de Serre), Chalon-sur-Saône a mis en place en 2002 un Plan municipal de lutte contre l’effet de serre, assorti d’un tableau de bord. L’objectif, quasiment atteint aujourd’hui, était de réduire en 3 ans de 5,2% les émissions de GES (conformément au protocole de Kyoto). La Ville a mobilisé toutes les composantes du territoire pour s’assurer d’obtenir les résultats escomptés. Elle a notamment créé avec la Maison de l’Environnement de Chalon un fonds pour l’innovation à l’environnement et un plan éco-industriel, accordé aux ménages des primes à l’équipement en solaire thermique, incité les scolaires à se déplacer en vélos. La population est régulièrement informé des résultats acquis.
2. La préservation de la biodiversité
La France, parmi les 188 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique adoptée au Sommet de la Terre de Rio, est l’un des pays les plus richement dotés en biodiversité : elle a en responsabilité le 2 e domaine maritime mondial ; elle abrite en métropole et outre-mer la quasi-totalité des écosystèmes et des milieux remarquables, fragiles et indispensables aux équilibres planétaires (forêts tropicales, récifs coralliens, atolls, mangroves…).
Adoptée en 2004, la stratégie nationale de la biodiversité vise à responsabiliser les politiques publiques (agriculture, mer, patrimoine naturel, urbanisme, infrastructures, aménagement du territoire et action internationale) pour stopper d’ici 2010 le déclin de la biodiversité en France. L’agriculture intensive, la surpêche, les pollutions, l’ar-tifi cialisation du territoire, le bétonnage des côtes, menacent la biodiversité – milieux, espaces, espèces - et compromettent la pérennité de secteurs d’activité et d’emplois, issus de l’exploitation des ressources naturelles. Le temps est venu d’agir.
C’est le lien culturel avec la nature qui est à reconstruire, dans les décisions politiques et dans la vie quotidienne. Réhabiliter la nature au sein des territoires, y compris urbains,adapter les aménagements aux besoins des écosystèmes, et, dans un monde artificialisé, retrouver les savoirs du cycle de la vie…
La pollution des eaux engendrée par les produits phytosanitaires a incité la ville de Rennes à recourir aux traitements alternatifs aux pesticides pour l’entretien des espaces verts. En trois ans, la consommation de pesticides a été réduite en moyenne de 45%. La Communauté d’ag-glomération de Rennes s’engage avec les jardineries de son territoire dans une campagne auprès des citoyens « Jardiner au naturel, ça coule de source » (objectif zéro phyto), dans l’objectif de restaurer la qualité des eaux de surface d’ici 2015 conformément aux objectifs européens.
3. Le respect de la diversité culturelle et la lutte contre les exclusions
La France a profondément changé depuis vingt ans : vieillissement de la population, doublement des familles mono-parentales, précarité croissante des jeunes… La pauvreté est souvent issue de la solitude, ce qui la rend de moins en moins perceptible. En France, 10 % des citoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté, cette part atteint 16 % chez les mineurs. Le rapport annuel 2005 de la fondation Abbé Pierre fait état de plus de trois millions de mal-logés…
Autres phénomènes alarmants : la France est peu encline à refl éter la diversité de ses cultures au sein de ses institutions; peu efficace dans la prise en charge des handicaps ; peu vigilante sur les atteintes aux droits des femmes.
Pour accéder à un CDI, l’écart de probabilité expliqué par la seule discrimination est de 44 % entre un jeune d’origine française et un jeune d’origine maghrébine. Sur les 900 000 personnes handicapées actives, 28 % étaient au chômage en 2004, soit un taux trois fois supérieur à la moyenne nationale. Et la majeure partie des services publics, transports en particulier, leur est inaccessible.
L’Assemblée nationale ne compte que 71 femmes sur un total de 577 députés, et les conseils d’administration 6 % (34 % en Norvège). L’écart brut de rémunération mensuelle entre les hommes et les femmes est de 25 % en France.
Chartes de la diversité au travail, label égalité professionnelle, accessibilité des handicapés au travail et aux lieux publics, microcrédit pour favoriser l’activité professionnelle, accès des plus démunis aux services essentiels…, de nombreuses collectivités refusent aujourd'hui la fatalité de la pauvreté et des discriminations !
Devançant la réforme du Code des marchés publics (2004), la Metro a instauré dès 2002 une « Charte pour l’insertion et l’emploi pour le développement local » en faveur de l’emploi des personnes en difficulté (chômeurs de longue durée) dans le cadre de la mise en œuvre de plusieurs grands chantiers. La réalisation de la 3è ligne de tramway constitue une démarche exemplaire de développement durable valorisant les modes de transport doux tout en favorisant l’accès et le retour à l’emploi des personnes en difficulté. 240 personnes en difficulté ont été recrutées à ce titre.
4. Le soutien aux filières environnementales et à l’économie sociale
Réduire les émissions de CO2, adapter les secteurs productifs aux capacités écologiques, alléger le poids de nos mode de vie et de nos consommations sur l’environnement et le cadre de vie, accompagner les personnes fragilisées par le handicap, l’âge ou la pauvreté, supposent de rendre les politiques énergétiques plus compétitives, de moderniser le bâti et l’organisation urbaine, de professionnaliser les services à la personne… Ces besoins d’innovation technologique et sociale sont porteurs de filières et d’emplois pérennes, qui restent à promouvoir et à développer en France. Si notre pays a porté aux premiers rangs mondiaux quelques secteurs industriels, il accuse un retard de modernisation de ses compétences et de ses offres, dans de nombreux domaines de production et de services.
La France ne consacre qu’1,7 % de ses surfaces cultivées à l’agriculture biologique, ce qui l’oblige à importer 50 % de sa consommation. On estime à 150 000 le potentiel d’emplois lié à la maîtrise énergétique dans le bâtiment et il y a en France 30 millions de bâtiments mal chauffés ou mal isolés… Les énergies éolienne, solaire et issues de la biomasse ne représentent que 1 % de la consommation électrique…
La diversité économique est, elle aussi, à promouvoir. Les secteurs de l’économie sociale et solidaire représentent en France 760 000 entreprises, soit près de 2 millions de salariés (7 % de la population active). La France compte 750 000 associations (dont près de 100 000 dans le secteur sanitaire et social) ; soit un chiffre d’affaire annuel de 47 milliards d’euros. Mais le microcrédit, permettant de renforcer les chances d’accéder à l’emploi et à l’initiative, est encore balbutiant en France.
C’est à la fois l’offre et la demande qui sont à accompagner, avec des politiques publiques favorables au progrès environnemental et social. Les aides de l’ADEME pour l’équipement en énergies renouvelables en sont un exemple. Les politiques régionales et départementales ouvrent elles aussi la voie, en accompagnant la conversion des agriculteurs ou des PME vers des modes de production responsables, en soutenant le microcrédit et les entreprises d’insertion, ou en assortissant leurs aides aux entreprises et aux collectivités de critères de qualité.
Avec un tiers de forêts et 60 % de surface agricole utile, l’agriculture et la forêt occupent en Bourgogne près de 64 000 actifs (soit 10,7 % de la population active), dans 25 800 exploitations agricoles, 125 coopératives, 182 industries agroalimentaires et 2 700 entreprises de la filière bois. Le Conseil régional de Bourgogne a mis en place un contrat agricole et forestier et s’engage à accompagner les fi ières dans l’amélioration de leurs performances économiques, environnementales et sanitaires : soutien à l’agriculture biologique, maintien de la quantité et qualité de l’eau, valorisation de la bio-masse.
5. La coopération internationale
En 2000, lors du Sommet du Millénaire, le Secrétaire d’Etat de l’ONU, Kofi Annan, mobilise la communauté internationale – Etats, mais aussi entreprises, collectivités et citoyens - sur des objectifs précis à atteindre d’ici 2015 : les Objectifs du Millénaire. Ils visent à réduire l’extrême pauvreté et la faim, à renforcer l’accès des populations aux services essentiels (eau potable, éducation, santé, emploi des jeunes…) et à assurer un environnement durable.
Le Comité 21 a fait de ces Objectifs du Millénaire l’emblème de son action pour les 10 ans à venir. Là encore, il faut « agir ensemble » : entreprises, ONG, collectivités territoriales, citoyens, pouvoirs publics.
Aujourd’hui, 0,44 % du PIB français est consacré à l’aide internationale. Les pays de l’Union européenne se sont fi xés pour objectif d’y affecter 0,56 % de leur PIB en 2010, 0,7 % en 2015, chiffre déjà franchi par plusieurs pays du nord de l’Europe (Danemark, Suède, Norvège…). Mais les Etats ne pourront résoudre seuls la résorption de la misère et la mise à l’écart de nombreuses régions du monde. Dans de nombreux pays en développement, entreprises et ONG mettent en commun leurs moyens et leurs compétences pour prévenir le sida, pourapporter l’accès à l’eau dans les quartiers urbains ou les communautés villageoises, pour construire des centres de soins ou transférer des savoir-faire en production d’énergies propres…
Les collectivités sont nombreuses à conduire des programmes de solidarité dans les pays en développement ou émergents. Plus d’une centaine d’entre elles a signé la Charte de la Coopération décentralisée pour le développement durable, proposée par le Comité 21, Cités Unies France et l’AFCCRE (association française des communes et régions d’Europe). Par les liens qu’elles tissent entre les citoyens des villes et des régions du monde, elles contribuent à construire des communautés d’échanges et de tolérance.
Les citoyens ont, eux aussi, les moyens d’agir pour un monde plus solidaire et plus équitable : dans le soutien qu’ils peuvent apporter aux ONG de solidarité et de coopération, mais aussi dans la pression qu’ils exercent auprès des pouvoirs publics pour renforcer l’aide au développement ou quand ils choisissent les filières du commerce équitable pour les produits nécessairement importés, tels que le café ou le thé.
Les Objectifs du Millénaire appellent à un changement d’échelle pour construire avec les territoires partenaires des réponses à la hauteur des enjeux humains et économiques.
La Coordination Italienne des Agenda 21 Locaux promeut le développement durable en Italie et en Europe à travers la participation et l’organisation de congrès, la mise à jour permanente de son site internet, le partenariat au sein de projets nationaux et internationaux. Actuellement, elle compte 375 adhérents, dont 329 communes, départements, régions, communautés montagnardes et parcs. La Coordination Italienne s’engage à solliciter des plans d’action concrets auprès de tous ses adhérents et à renforcer le partenariat et la coopération, avec le Comité 21 et le Réseau catalan des villes durables, entre les réseaux européens.
6. L'éducation au développement durable
Le développement durable appelle des mutations urgentes, à prendre en charge individuellement et collectivement. L’accélération des impacts des activités sur les écosystèmes, l’étendue et l’interactivité des données à prendre en compte, la multiplication des sources d’information, la recomposition des sphères d’influence et de décision, la complexité des arbitrages - individuels et collectifs - nécessitent de nouvelles compétences, et ce, au sein de toutes les composantes de la société et à tous les stades de la vie. Réussir ces mutations suppose une société formée et informée, capable d’appréhender les enjeux, de prendre la mesure des risques et des responsabilités, de faire évoluer ses comportements quotidiens, mais aussi de prendre part aux choix collectifs et aux politiques qui en sont issues.
Comment déployer ces mutations en recherchant la participation la plus large possible des citoyens ? L’éducation au développement durable s’impose aujourd’hui comme élément moteur de transformation sociale, qui redonne au citoyen une cohérence avec ses aspirations : protection de la nature et prévention des risques sanitaires, préservation du cadre de vie, réduction des inégalités et de la pauvreté, transmission d’un patrimoine intact aux générations futures… Les citoyens doivent être formés à exercer pleinement leurs droits et leurs responsabilités, face au marché, face à la science, face aux arbitrages quotidiens et de long terme, collectifs et individuels.
L’éducation au développement durable est inscrite aujourd’hui au programme de la grande majorité des démarches Agenda 21 mises en œuvre sur le territoire national, du local au régional. Parce que l’éducation des citoyens est au nombre de leurs compétences, parce qu’elles gèrent les établissements scolaires, parce qu’elles sont acteurs de l’aménagement du territoire et gestionnaires des biens et services publics, les collectivités jouent une part croissante dans l’éducation au développement durable. Cette part s’exerce, non seulement avec la communauté éducative, mais aussi dans le temps extra-scolaire des jeunes, à travers le soutien qu’elles fournissent à leurs activités ou à leurs initiatives, et au sein même des stratégies de développement durable territorial. Confrontées aux nuisances et aux risques – naturels et industriels, à la mondialisation des activités et à une pauvreté persistante, les collectivités sont amenées à exercer une pédagogie des enjeux. Au plus près des populations, elles peuvent exercer cette pédagogie à une échelle humaine, tangible, en déclinant ces enjeux aux réalités quotidiennes des habitants.
Le Conseil régional, les Académies de Lyon et Grenoble ainsi que la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt de Rhône-Alpes ont décidé conjointement d’inviter les lycées de la région Rhône-Alpes à entrer dans une démarche d’éco-responsabilité et de les accompagner dans cette action. Les quatre partenaires ont mis en place un groupe de travail chargé de piloter la mise en œuvre de l’action. Celle-ci se déroulera en deux temps : une première phase de mise au point, d’expérimentation et de test dans 18 lycées volontaires bénéficiant d’un appui méthodologique et financier, suivie de la mise en œuvre dans tous les établissements de la région Rhône-Alpes. Pour faciliter la mise en réseau de ces établissements, une plate-forme collaborative est étudiée avec la possibilité de mettre à la disposition de chaque établissement un site internet dynamique (de type « blog ») permettant d'afficher le projet et les réalisations en cours et de les mutualiser.
http://www.agenda21france.org
Les changements climatiques sont aujourd’hui avérés. En France, la température moyenne s’est élevée de 0,9 °C au cours du XXe siècle. Les changements climatiques, déjà visibles à travers les perturbations du climat ou la régression des glaciers, sont lourds de conséquences pour les écosystèmes et pour les populations. Ils menacent l’existence de régions côtières où vivent des millions de personnes, risquent d’aggraver les canicules, les inondations et les tempêtes, ou de développer des maladies tropicales véhiculées par des moustiques…
Selon les experts du Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), l’enjeu aujourd’hui est de maintenir l’augmentation attendue de la température moyenne globale en dessous de 2 °C. Cet effort de maîtrise permettrait de réduire le risque écologique et de préserver des millions de personnes de la maladie, de la famine et du manque d’eau. Il suppose que les pays industrialisés, dont la France, parviennent à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, c’est-à-dire qu’ils réduisent leurs émissions d’environ 3 % par an.
Ce défi est réalisable, à condition d’y associer la société tout entière et « d’agir ensemble ». La moitié du CO2 émis dans l’atmosphère en France est en effet liée à nos comportements et à nos choix quotidiens.En France, chaque ménage émet 15,5 tonnes de CO2 par an ! A l’origine de ces émissions, on trouve l’usage d’énergies lié aux déplacements, au chauffage, à l’électricité… mais aussi la consommation de produits alimentaireset industriels. Prendre conscience de ses impacts, réduire les consommations énergétiques, renforcer la part des énergies renouvelables, moderniser la construction et l’habitat, développer les modes de transports propres, privilégier les écoproduits, sont au nombre des solutions à adopter par tous, politiques, producteurs et consommateurs.
Dans le cadre du programme européen PRIVILEGES (Programme d’Initiatives des Villes pour la Réduction des Gaz à Effet de Serre), Chalon-sur-Saône a mis en place en 2002 un Plan municipal de lutte contre l’effet de serre, assorti d’un tableau de bord. L’objectif, quasiment atteint aujourd’hui, était de réduire en 3 ans de 5,2% les émissions de GES (conformément au protocole de Kyoto). La Ville a mobilisé toutes les composantes du territoire pour s’assurer d’obtenir les résultats escomptés. Elle a notamment créé avec la Maison de l’Environnement de Chalon un fonds pour l’innovation à l’environnement et un plan éco-industriel, accordé aux ménages des primes à l’équipement en solaire thermique, incité les scolaires à se déplacer en vélos. La population est régulièrement informé des résultats acquis.
2. La préservation de la biodiversité
La France, parmi les 188 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique adoptée au Sommet de la Terre de Rio, est l’un des pays les plus richement dotés en biodiversité : elle a en responsabilité le 2 e domaine maritime mondial ; elle abrite en métropole et outre-mer la quasi-totalité des écosystèmes et des milieux remarquables, fragiles et indispensables aux équilibres planétaires (forêts tropicales, récifs coralliens, atolls, mangroves…).
Adoptée en 2004, la stratégie nationale de la biodiversité vise à responsabiliser les politiques publiques (agriculture, mer, patrimoine naturel, urbanisme, infrastructures, aménagement du territoire et action internationale) pour stopper d’ici 2010 le déclin de la biodiversité en France. L’agriculture intensive, la surpêche, les pollutions, l’ar-tifi cialisation du territoire, le bétonnage des côtes, menacent la biodiversité – milieux, espaces, espèces - et compromettent la pérennité de secteurs d’activité et d’emplois, issus de l’exploitation des ressources naturelles. Le temps est venu d’agir.
C’est le lien culturel avec la nature qui est à reconstruire, dans les décisions politiques et dans la vie quotidienne. Réhabiliter la nature au sein des territoires, y compris urbains,adapter les aménagements aux besoins des écosystèmes, et, dans un monde artificialisé, retrouver les savoirs du cycle de la vie…
La pollution des eaux engendrée par les produits phytosanitaires a incité la ville de Rennes à recourir aux traitements alternatifs aux pesticides pour l’entretien des espaces verts. En trois ans, la consommation de pesticides a été réduite en moyenne de 45%. La Communauté d’ag-glomération de Rennes s’engage avec les jardineries de son territoire dans une campagne auprès des citoyens « Jardiner au naturel, ça coule de source » (objectif zéro phyto), dans l’objectif de restaurer la qualité des eaux de surface d’ici 2015 conformément aux objectifs européens.
3. Le respect de la diversité culturelle et la lutte contre les exclusions
La France a profondément changé depuis vingt ans : vieillissement de la population, doublement des familles mono-parentales, précarité croissante des jeunes… La pauvreté est souvent issue de la solitude, ce qui la rend de moins en moins perceptible. En France, 10 % des citoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté, cette part atteint 16 % chez les mineurs. Le rapport annuel 2005 de la fondation Abbé Pierre fait état de plus de trois millions de mal-logés…
Autres phénomènes alarmants : la France est peu encline à refl éter la diversité de ses cultures au sein de ses institutions; peu efficace dans la prise en charge des handicaps ; peu vigilante sur les atteintes aux droits des femmes.
Pour accéder à un CDI, l’écart de probabilité expliqué par la seule discrimination est de 44 % entre un jeune d’origine française et un jeune d’origine maghrébine. Sur les 900 000 personnes handicapées actives, 28 % étaient au chômage en 2004, soit un taux trois fois supérieur à la moyenne nationale. Et la majeure partie des services publics, transports en particulier, leur est inaccessible.
L’Assemblée nationale ne compte que 71 femmes sur un total de 577 députés, et les conseils d’administration 6 % (34 % en Norvège). L’écart brut de rémunération mensuelle entre les hommes et les femmes est de 25 % en France.
Chartes de la diversité au travail, label égalité professionnelle, accessibilité des handicapés au travail et aux lieux publics, microcrédit pour favoriser l’activité professionnelle, accès des plus démunis aux services essentiels…, de nombreuses collectivités refusent aujourd'hui la fatalité de la pauvreté et des discriminations !
Devançant la réforme du Code des marchés publics (2004), la Metro a instauré dès 2002 une « Charte pour l’insertion et l’emploi pour le développement local » en faveur de l’emploi des personnes en difficulté (chômeurs de longue durée) dans le cadre de la mise en œuvre de plusieurs grands chantiers. La réalisation de la 3è ligne de tramway constitue une démarche exemplaire de développement durable valorisant les modes de transport doux tout en favorisant l’accès et le retour à l’emploi des personnes en difficulté. 240 personnes en difficulté ont été recrutées à ce titre.
4. Le soutien aux filières environnementales et à l’économie sociale
Réduire les émissions de CO2, adapter les secteurs productifs aux capacités écologiques, alléger le poids de nos mode de vie et de nos consommations sur l’environnement et le cadre de vie, accompagner les personnes fragilisées par le handicap, l’âge ou la pauvreté, supposent de rendre les politiques énergétiques plus compétitives, de moderniser le bâti et l’organisation urbaine, de professionnaliser les services à la personne… Ces besoins d’innovation technologique et sociale sont porteurs de filières et d’emplois pérennes, qui restent à promouvoir et à développer en France. Si notre pays a porté aux premiers rangs mondiaux quelques secteurs industriels, il accuse un retard de modernisation de ses compétences et de ses offres, dans de nombreux domaines de production et de services.
La France ne consacre qu’1,7 % de ses surfaces cultivées à l’agriculture biologique, ce qui l’oblige à importer 50 % de sa consommation. On estime à 150 000 le potentiel d’emplois lié à la maîtrise énergétique dans le bâtiment et il y a en France 30 millions de bâtiments mal chauffés ou mal isolés… Les énergies éolienne, solaire et issues de la biomasse ne représentent que 1 % de la consommation électrique…
La diversité économique est, elle aussi, à promouvoir. Les secteurs de l’économie sociale et solidaire représentent en France 760 000 entreprises, soit près de 2 millions de salariés (7 % de la population active). La France compte 750 000 associations (dont près de 100 000 dans le secteur sanitaire et social) ; soit un chiffre d’affaire annuel de 47 milliards d’euros. Mais le microcrédit, permettant de renforcer les chances d’accéder à l’emploi et à l’initiative, est encore balbutiant en France.
C’est à la fois l’offre et la demande qui sont à accompagner, avec des politiques publiques favorables au progrès environnemental et social. Les aides de l’ADEME pour l’équipement en énergies renouvelables en sont un exemple. Les politiques régionales et départementales ouvrent elles aussi la voie, en accompagnant la conversion des agriculteurs ou des PME vers des modes de production responsables, en soutenant le microcrédit et les entreprises d’insertion, ou en assortissant leurs aides aux entreprises et aux collectivités de critères de qualité.
Avec un tiers de forêts et 60 % de surface agricole utile, l’agriculture et la forêt occupent en Bourgogne près de 64 000 actifs (soit 10,7 % de la population active), dans 25 800 exploitations agricoles, 125 coopératives, 182 industries agroalimentaires et 2 700 entreprises de la filière bois. Le Conseil régional de Bourgogne a mis en place un contrat agricole et forestier et s’engage à accompagner les fi ières dans l’amélioration de leurs performances économiques, environnementales et sanitaires : soutien à l’agriculture biologique, maintien de la quantité et qualité de l’eau, valorisation de la bio-masse.
5. La coopération internationale
En 2000, lors du Sommet du Millénaire, le Secrétaire d’Etat de l’ONU, Kofi Annan, mobilise la communauté internationale – Etats, mais aussi entreprises, collectivités et citoyens - sur des objectifs précis à atteindre d’ici 2015 : les Objectifs du Millénaire. Ils visent à réduire l’extrême pauvreté et la faim, à renforcer l’accès des populations aux services essentiels (eau potable, éducation, santé, emploi des jeunes…) et à assurer un environnement durable.
Le Comité 21 a fait de ces Objectifs du Millénaire l’emblème de son action pour les 10 ans à venir. Là encore, il faut « agir ensemble » : entreprises, ONG, collectivités territoriales, citoyens, pouvoirs publics.
Aujourd’hui, 0,44 % du PIB français est consacré à l’aide internationale. Les pays de l’Union européenne se sont fi xés pour objectif d’y affecter 0,56 % de leur PIB en 2010, 0,7 % en 2015, chiffre déjà franchi par plusieurs pays du nord de l’Europe (Danemark, Suède, Norvège…). Mais les Etats ne pourront résoudre seuls la résorption de la misère et la mise à l’écart de nombreuses régions du monde. Dans de nombreux pays en développement, entreprises et ONG mettent en commun leurs moyens et leurs compétences pour prévenir le sida, pourapporter l’accès à l’eau dans les quartiers urbains ou les communautés villageoises, pour construire des centres de soins ou transférer des savoir-faire en production d’énergies propres…
Les collectivités sont nombreuses à conduire des programmes de solidarité dans les pays en développement ou émergents. Plus d’une centaine d’entre elles a signé la Charte de la Coopération décentralisée pour le développement durable, proposée par le Comité 21, Cités Unies France et l’AFCCRE (association française des communes et régions d’Europe). Par les liens qu’elles tissent entre les citoyens des villes et des régions du monde, elles contribuent à construire des communautés d’échanges et de tolérance.
Les citoyens ont, eux aussi, les moyens d’agir pour un monde plus solidaire et plus équitable : dans le soutien qu’ils peuvent apporter aux ONG de solidarité et de coopération, mais aussi dans la pression qu’ils exercent auprès des pouvoirs publics pour renforcer l’aide au développement ou quand ils choisissent les filières du commerce équitable pour les produits nécessairement importés, tels que le café ou le thé.
Les Objectifs du Millénaire appellent à un changement d’échelle pour construire avec les territoires partenaires des réponses à la hauteur des enjeux humains et économiques.
La Coordination Italienne des Agenda 21 Locaux promeut le développement durable en Italie et en Europe à travers la participation et l’organisation de congrès, la mise à jour permanente de son site internet, le partenariat au sein de projets nationaux et internationaux. Actuellement, elle compte 375 adhérents, dont 329 communes, départements, régions, communautés montagnardes et parcs. La Coordination Italienne s’engage à solliciter des plans d’action concrets auprès de tous ses adhérents et à renforcer le partenariat et la coopération, avec le Comité 21 et le Réseau catalan des villes durables, entre les réseaux européens.
6. L'éducation au développement durable
Le développement durable appelle des mutations urgentes, à prendre en charge individuellement et collectivement. L’accélération des impacts des activités sur les écosystèmes, l’étendue et l’interactivité des données à prendre en compte, la multiplication des sources d’information, la recomposition des sphères d’influence et de décision, la complexité des arbitrages - individuels et collectifs - nécessitent de nouvelles compétences, et ce, au sein de toutes les composantes de la société et à tous les stades de la vie. Réussir ces mutations suppose une société formée et informée, capable d’appréhender les enjeux, de prendre la mesure des risques et des responsabilités, de faire évoluer ses comportements quotidiens, mais aussi de prendre part aux choix collectifs et aux politiques qui en sont issues.
Comment déployer ces mutations en recherchant la participation la plus large possible des citoyens ? L’éducation au développement durable s’impose aujourd’hui comme élément moteur de transformation sociale, qui redonne au citoyen une cohérence avec ses aspirations : protection de la nature et prévention des risques sanitaires, préservation du cadre de vie, réduction des inégalités et de la pauvreté, transmission d’un patrimoine intact aux générations futures… Les citoyens doivent être formés à exercer pleinement leurs droits et leurs responsabilités, face au marché, face à la science, face aux arbitrages quotidiens et de long terme, collectifs et individuels.
L’éducation au développement durable est inscrite aujourd’hui au programme de la grande majorité des démarches Agenda 21 mises en œuvre sur le territoire national, du local au régional. Parce que l’éducation des citoyens est au nombre de leurs compétences, parce qu’elles gèrent les établissements scolaires, parce qu’elles sont acteurs de l’aménagement du territoire et gestionnaires des biens et services publics, les collectivités jouent une part croissante dans l’éducation au développement durable. Cette part s’exerce, non seulement avec la communauté éducative, mais aussi dans le temps extra-scolaire des jeunes, à travers le soutien qu’elles fournissent à leurs activités ou à leurs initiatives, et au sein même des stratégies de développement durable territorial. Confrontées aux nuisances et aux risques – naturels et industriels, à la mondialisation des activités et à une pauvreté persistante, les collectivités sont amenées à exercer une pédagogie des enjeux. Au plus près des populations, elles peuvent exercer cette pédagogie à une échelle humaine, tangible, en déclinant ces enjeux aux réalités quotidiennes des habitants.
Le Conseil régional, les Académies de Lyon et Grenoble ainsi que la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt de Rhône-Alpes ont décidé conjointement d’inviter les lycées de la région Rhône-Alpes à entrer dans une démarche d’éco-responsabilité et de les accompagner dans cette action. Les quatre partenaires ont mis en place un groupe de travail chargé de piloter la mise en œuvre de l’action. Celle-ci se déroulera en deux temps : une première phase de mise au point, d’expérimentation et de test dans 18 lycées volontaires bénéficiant d’un appui méthodologique et financier, suivie de la mise en œuvre dans tous les établissements de la région Rhône-Alpes. Pour faciliter la mise en réseau de ces établissements, une plate-forme collaborative est étudiée avec la possibilité de mettre à la disposition de chaque établissement un site internet dynamique (de type « blog ») permettant d'afficher le projet et les réalisations en cours et de les mutualiser.
http://www.agenda21france.org