Appui aux acteurs ruraux : Dakar dénonce sa marginalisation



Même s’ils partagent certains problèmes avec ceux des régions de l’intérieur, les acteurs ruraux de Dakar sont confrontés à d’autres, très aigus, et qui leur sont spécifiques. Une situation si déplorable qu’ils en appellent à la diligence des pouvoirs publics.

Malgré ses énormes potentialités agricoles, notamment dans les domaines de l’horticulture et de la pêche, la région de Dakar reste marginalisée dans la mise en œuvre des mesures d’appui aux acteurs ruraux. Et la dernière campagne agricole en est la parfaite illustration. C’est le constat des membres du Cadre régional de concertation et de coopération des ruraux (Crcr) de Dakar qui célèbrent, depuis hier, leurs ‘journées régionales paysannes’. A les en croire, les acteurs de ce secteur restent confrontés à des problèmes récurrents dans la conduite de leurs activités. Et même s’ils en partagent certains avec ceux des autres régions, d’autres, très aigus, leur sont spécifiques. Et sur ce point, les attaques ont fusé de partout pour dénoncer cette situation.

Dans le lot des difficultés notées lors de la dernière campagne agricole, les producteurs présents à cette rencontre de deux jours, ont fustigé la partialité des pouvoirs publics dans l’exécution des programmes d’équipement agricole pour lesquels la région de Dakar a été traitée en parent pauvre. Et les agriculteurs de dénoncer l’exclusion de leur région dans le programme d’équipement des producteurs en matériels agricoles et la non-prise en compte des équipements de culture maraîchère dans le programme. Il s’agit donc pour eux de mettre à la disposition des producteurs de la communauté rurale des dotations de matériels agricoles subventionnés comme dans les autres localités du pays et inclure des matériels destinés au maraîchage.

Dans la foulée, ‘la médiocrité et l’insuffisance’ des semences distribuées à Dakar durant cette période de campagne ont été décriées par les agriculteurs de la région. Et à ce sujet d’ailleurs, les producteurs sont unanimes pour dire que les quantités de semences et d’engrais mises à la disposition des producteurs de la communauté rurale dakaroise durant la campagne 2007 ont été largement insuffisantes et leur mise en place a accusé du retard. Aussi se sont-ils élevés contre la ‘non-transparence’ dans l’octroi et la distribution de l’engrais. Car, beaucoup d’entre eux estiment que les critères ne sont pas respectés dans la plupart des cas.

En ce qui concerne la disponibilité de l’eau, les producteurs dénoncent la cherté des factures de la Sénégalaise des eaux (Sde) et le tarissement rapide des eaux de barrages et ravins de la zone. Et les causes évoquées pour le coût de l’or bleu restent liées à la faiblesse des quotas attribués aux producteurs, soit 20 m3/jour. Un coût qui passe du simple au triple en cas de dépassement de cette quantité. Quant aux eaux des bassins de rétention, une alternative à ce problème, leur courte durée en surface ne permet pas de conduire des spéculations à terme, ce qui est un facteur limitant pour une exploitation efficiente, regrettent-ils.

Une passerelle vers le secteur de l’élevage qui, selon ces producteurs, connaît un véritable problème d’alimentation du bétail. ‘Ce problème est crucial et il a empiré cette année à cause du mauvais hivernage, des feux de brousses fréquents et des fauchages anarchiques et non organisés à but commercial de personnes venues d’ailleurs. Le manque de zone de pâturage et la cherté de l’aliment de bétail ont rendu cette question encore plus aiguë’, argue le secrétaire général du Cncr, Diéry Gaye. Pour lui, la disparition des parcours de bétail, jadis tracés par l’autorité locale à cause de la parcellisation anarchique des agriculteurs, l’empoisonnement au ‘Lanate’ du bétail qui échappe à la vigilance des éleveurs et qui pénètre dans les parcelles de culture, constituent les sources essentielles de ces conflits.

L’appui aux acteurs de l’élevage a été aussi jugé très insuffisant de la part du gouvernement, constate le président du Crcr, Boubacar Cissé. A ses yeux, le programme d’insémination artificiel initié par l’Etat manque de mesure d’accompagnement pour aider à la stabulation du bétail qui a reçu les semences. Tout comme l’absence de programme d’appui aux éleveurs en aliments de soudure pendant les dures périodes et l’inexistence de points d’abreuvement pour le bétail. Aussi, en raison de la forte urbanisation de la région, les producteurs notent une pression sans précédent sur les terres cultivables et assistent, presque impuissants, à un accaparement de celles-ci pour des besoins d’habitation. Une situation qui contribue pour beaucoup à la baisse des superficies par ménage dans les zones concernées.

Wal Fadjri

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