Commande publique : Un marché de plus de 800 milliards par an



La commande publique a représenté, en 2008, plus de 800 milliards. Pour autant, l’accès des Pme à ces marchés publics reste difficile. Ce qui a amené le secteur privé à taper sur la table pour réclamer plus de considération.

La révélation est du directeur de la Direction de l'appui au secteur privé (Dasp), Mactar Diagne. ‘La commande publique est estimée, en 2008, à plus de 800 milliards de francs Cfa. Cependant, ce volume important ne peut jouer un rôle significatif dans la promotion du secteur privé que si des dispositifs juridiques et institutionnels pertinents sont pris par les pouvoirs publics’, a-t-il déclaré vendredi dernier. S’exprimant lors d'un dîner-débat axé sur la promotion du secteur privé par la commande publique, M. Diagne a toutefois relevé la complexité de la place des Pme dans la commande publique. ‘La place des Pme dans les marchés publics est une question complexe à laquelle nous devons tous accorder une importance particulière’, a-t-il pourtant convenu.

Aussi M. Diagne a-t-il exprimé son souhait de s’inspirer sur l’expérience des Etats-Unis et de l’Union européenne (Ue) pour apporter une solution au problème d’accès des Pme à la commande publique. ‘La solution apportée à cette problématique aux Etats-Unis et dans l’Ue, c’est-à-dire la mise en place de Small business act accordment aux Pme, c’est-à-dire un dispositif qui accorde à celles-ci entre autres avantages, une part des marchés publics ne pourrait-elle pas être appliquée au Sénégal, surtout au profit des Pme naissantes ?’, s’est-il interrogé.

L’accès à la commande publique demeure, en tout cas, difficile à la Petite et moyenne entreprise (Pme). Et cela inquiète le secteur privé national. Et c’est le cas du président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Mansour Cama. ‘Il faut reconnaître, conviendra-t-il, que des progrès importants ont été enregistrés dans les passations des marchés publics. Ce qui reste maintenant à faire, c’est de mettre en avant d’autorité les Pme. Celles-ci doivent recevoir d’office leur part de marché dans la commande publique comme cela se fait aux Etats-Unis d’Amérique et en Europe’, a-t-il plaidé. ‘Des efforts sont à faire pour la promotion de la Pme si l’on sait que 80 % des marchés publics sont entre les mains de 4 à 5 grandes entreprises’, a-t-il révélé. Baye Ibrahima Diagne, le représentant du Conseil national du patronat (Cnp) à cette rencontre, est du même avis : ‘Je partage le discours du président Cama sur la discrimination positive qu’il faudrait accorder à la Pme. Il faut qu’on apporte une protection à l’entreprise nationale. Il faut privilégier la préférence nationale’.

L’accès des Pme à la commande publique préoccupe les patrons certes, mais cette inquiétude se fait davantage sentir chez les acteurs. Ayant répondu présents à l’invitation du Groupe de réflexion sur les marchés publics (Gremp), initiateur de la rencontre, ces derniers ont soulevé les difficultés relatives à la réforme du système de passation des marchés publics. Certains ont évoqué l’absence de formation qui se traduit par des pertes de marchés pour cause d’incompréhension des procédures d’attribution de la commande publique. D’autres se sont désolés de leur non-implication dans l’élaboration des budgets en matière de passation des marchés. Une autre catégorie d’acteurs a posé l’exigence d’associer les Pme aux grandes entreprises étrangères qui soumissionnent à un marché. D’autres se sont interrogés sur l’impact de la commande publique sur le secteur privé national.

Ces interrogations montrent l’énormité des chantiers d’autant que, pour les chefs d’entreprise, la prise en compte de toutes ces préoccupations doit passer par le toilettage du Code des marchés. Mme Maguette Kane Diop, le chef de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp, structure du ministère de l’Economie et des Finances chargée du contrôle a priori de la commande publique), en est consciente. ‘Toute œuvre humaine étant perfectible, il figure parmi les chantiers à court terme de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) et de la Dcmp, la relecture du Code des marchés publics pour le parfaire avec tous les acteurs’, a indiqué Mme Diop.

Mais cela ne veut nullement dire que le code n’est pas bon. Au contraire, il fait la fierté de tous les acteurs concernés avec les bons résultats qu’il a enregistré en si peu de temps (un an et demi). Et le président de l’Armp, Youssoupha Sakho, s’en est glorifié. ‘Le taux de satisfaction du système de passation des marchés publics est de 89 %’, s’est-il réjoui, citant une étude de la Banque mondiale qui en fait état. Le seul reproche qu’il a fait aux membres du secteur privé, c’est l’ignorance dont ils font montre à l’égard du site web de l’Armp qui fournit pourtant beaucoup d’informations en matière de passations des marchés publics.

Wal Fadjri

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Economie du développement


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