La production et l’exploitation du charbon de bois au Sénégal est le prototype d’une politique de décentralisation mal conduite et qui se fait au détriment des populations du terroir. Leurs ressources vitales se consument pour le profit d’un petit groupe de privés, et elles n’en récoltent que la dégradation de leur environnement.
L’exploitation du charbon de bois pourrait constituer une manne financière non négligeable pour les communautés rurales dans le cadre de la décentralisation. Néanmoins, l’expérience montre que les pouvoirs décentralisés ne bénéficient pas réellement des ressources naturelles qui se trouvent sur leur territoire. Or, ces produits sont pour la plupart de temps, les seules ressources dont disposent les populations du terroir pour sortir de la pauvreté. Mais, il se trouve, souvent, que ce sont des personnes éloignées de leur terroir qui en bénéficient, et les laissent encore plus pauvres, et abandonnent leur espace dans un état encore plus désolant qu’auparavant. Pour illustrer ce cas, les problèmes de l’exploitation du charbon dans la région de Tambacounda ont été mis en avant par des intervenants lors du colloque international organisé, la semaine dernière, à l’hôtel Ngor Diarama, par le Centre de suivi-écologique, à travers le projet Gouvernance locale et gestion décentralisée des ressources naturelles (Gl-Gdrn).
Les chercheurs qui sont intervenus ont pu faire remarquer que, bien que théoriquement encadrée par les pouvoirs publics et les élus locaux, de manière à permettre un renouvellement de la ressource ligneuse, l’exploitation du charbon de bois est le terrain propice à la fraude et à la magouille. Au point que le sociologue Pape Faye s’est posé à haute voix la question de savoir si cette exploitation se faisait pour pérenniser l’intérêt public ou pour satisfaire des intérêts privés.
Il a calculé, pour les exploitations faites à Kouthiary, dans le département de Kédougou, que les bénéfices des exploitants étaient sans commune mesure avec les recettes des collectivités locales. Ainsi, a-t-il indiqué, là où un groupement d’intérêt économique a réalisé 120 millions de francs de bénéfice, il n’en a reversé que 20 à l’Etat. Un autre calcul a révélé que sur 350 millions de recettes domaniales récoltées dans la région de Tambacounda en 2004, seuls 20 millions provenaient de taxes sur le charbon, alors que les recettes contentieuses se chiffraient à plus de 50 millions. Néanmoins, de son côté, le pouvoir central ne brille pas particulièrement par la transparence dans son mode de répartition des recettes tirées de cette activité d’exploitation du charbon de bois. Le chercheur parle d’absence de canaux d’information sur les montants des recettes contentieuses versées pour le compte des collectivités rurales. Car, ces dernières sont toujours les plus mal servies dans la répartition desdites recettes.
Cette situation s’explique souvent, à en croire M. Dethié Ndiaye, le coordonnateur du Gl-Grdn, par le faible niveau, ou même, l’absence de formation des élus locaux. Pour la plupart, ces derniers ne connaissent pas les lois qui régissent les collectivités locales, parce que, le plus souvent, elles sont rédigées dans une langue étrangère, et dans un jargon peu accessible. Cela s’ajoute au fait que le transfert des compétences aux collectivités décentralisées n’a pas été suivi d’un transfert équivalent de ressources financières. Les collectivités locales se retrouvent avec beaucoup de responsabilités, sans avoir les moyens de les résoudre. Le projet dirigé de 2005 à début 2008 par M. Ndiaye avait donc essentiellement, pour objet, de permettre un renforcement des capacités des élus de certaines de ces collectivités locales. Ce projet a été financé par le Centre de recherches pour le développement international (Crdi), dont le directeur était d’ailleurs présent à la cérémonie de clôture.
Pour en revenir au charbon de bois, il faut retenir que les chercheurs, qui ont présenté les résultats de leurs recherches lors de la cérémonie d’ouverture, ont signalé que cette activité avait généré une manne financière de plus de 20 milliards de francs Cfa en 2001, tout en coûtant au pays 80 000 ha de forêt. Le charbon de bois, faut-il le signaler, constitue 60% de la consommation des ménages en énergie domestique. Dans les zones autorisées, ce sont des Gie reconnues qui exploitent les forêts pour la production de charbon. Ces exploitants sont censés recevoir l’autorisation des présidents de conseil rural, mais l’on a aussi noté une forte activité frauduleuse. Cela a conduit à une forte dégradation du potentiel de régénération de nombreuses souches, car à un certain niveau d’exploitation, les chefs de villages ne maîtrisent plus les exploitations se trouvant dans leur juridiction.
Le Quotidien
L’exploitation du charbon de bois pourrait constituer une manne financière non négligeable pour les communautés rurales dans le cadre de la décentralisation. Néanmoins, l’expérience montre que les pouvoirs décentralisés ne bénéficient pas réellement des ressources naturelles qui se trouvent sur leur territoire. Or, ces produits sont pour la plupart de temps, les seules ressources dont disposent les populations du terroir pour sortir de la pauvreté. Mais, il se trouve, souvent, que ce sont des personnes éloignées de leur terroir qui en bénéficient, et les laissent encore plus pauvres, et abandonnent leur espace dans un état encore plus désolant qu’auparavant. Pour illustrer ce cas, les problèmes de l’exploitation du charbon dans la région de Tambacounda ont été mis en avant par des intervenants lors du colloque international organisé, la semaine dernière, à l’hôtel Ngor Diarama, par le Centre de suivi-écologique, à travers le projet Gouvernance locale et gestion décentralisée des ressources naturelles (Gl-Gdrn).
Les chercheurs qui sont intervenus ont pu faire remarquer que, bien que théoriquement encadrée par les pouvoirs publics et les élus locaux, de manière à permettre un renouvellement de la ressource ligneuse, l’exploitation du charbon de bois est le terrain propice à la fraude et à la magouille. Au point que le sociologue Pape Faye s’est posé à haute voix la question de savoir si cette exploitation se faisait pour pérenniser l’intérêt public ou pour satisfaire des intérêts privés.
Il a calculé, pour les exploitations faites à Kouthiary, dans le département de Kédougou, que les bénéfices des exploitants étaient sans commune mesure avec les recettes des collectivités locales. Ainsi, a-t-il indiqué, là où un groupement d’intérêt économique a réalisé 120 millions de francs de bénéfice, il n’en a reversé que 20 à l’Etat. Un autre calcul a révélé que sur 350 millions de recettes domaniales récoltées dans la région de Tambacounda en 2004, seuls 20 millions provenaient de taxes sur le charbon, alors que les recettes contentieuses se chiffraient à plus de 50 millions. Néanmoins, de son côté, le pouvoir central ne brille pas particulièrement par la transparence dans son mode de répartition des recettes tirées de cette activité d’exploitation du charbon de bois. Le chercheur parle d’absence de canaux d’information sur les montants des recettes contentieuses versées pour le compte des collectivités rurales. Car, ces dernières sont toujours les plus mal servies dans la répartition desdites recettes.
Cette situation s’explique souvent, à en croire M. Dethié Ndiaye, le coordonnateur du Gl-Grdn, par le faible niveau, ou même, l’absence de formation des élus locaux. Pour la plupart, ces derniers ne connaissent pas les lois qui régissent les collectivités locales, parce que, le plus souvent, elles sont rédigées dans une langue étrangère, et dans un jargon peu accessible. Cela s’ajoute au fait que le transfert des compétences aux collectivités décentralisées n’a pas été suivi d’un transfert équivalent de ressources financières. Les collectivités locales se retrouvent avec beaucoup de responsabilités, sans avoir les moyens de les résoudre. Le projet dirigé de 2005 à début 2008 par M. Ndiaye avait donc essentiellement, pour objet, de permettre un renforcement des capacités des élus de certaines de ces collectivités locales. Ce projet a été financé par le Centre de recherches pour le développement international (Crdi), dont le directeur était d’ailleurs présent à la cérémonie de clôture.
Pour en revenir au charbon de bois, il faut retenir que les chercheurs, qui ont présenté les résultats de leurs recherches lors de la cérémonie d’ouverture, ont signalé que cette activité avait généré une manne financière de plus de 20 milliards de francs Cfa en 2001, tout en coûtant au pays 80 000 ha de forêt. Le charbon de bois, faut-il le signaler, constitue 60% de la consommation des ménages en énergie domestique. Dans les zones autorisées, ce sont des Gie reconnues qui exploitent les forêts pour la production de charbon. Ces exploitants sont censés recevoir l’autorisation des présidents de conseil rural, mais l’on a aussi noté une forte activité frauduleuse. Cela a conduit à une forte dégradation du potentiel de régénération de nombreuses souches, car à un certain niveau d’exploitation, les chefs de villages ne maîtrisent plus les exploitations se trouvant dans leur juridiction.
Le Quotidien