Développement local : Khandane sort de l’ombre



(Correspondance) - Petite bourgade cayorienne située à quelque 7 km de la commune de Mékhé, dans le département de Tivaouane, Khandane est sans conteste le prototype presque achevé du développement intégré d’un village de brousse. Avec les 2 000 âmes qui le peuplent, ce petit village de cultivateurs distant seulement de 3 km de la route nationale n° 2 n’a rien à envier à son chef-lieu de communauté rurale, Koul. Khandane est, effet, l’un des rares, pour ne pas dire le seul village sénégalais où les élèves du cours élémentaire flirtent avec l’outil informatique même si, pour le fonctionnement des appareils, il a fallu recourir au solaire pour pallier la difficulté relative à la non électrification de la localité. Ce développement rapide et cette tendance vers la modernité, Khandane les doit en grande partie à la Liane Bretagne Afrique, une association de droit français qui intervient dans la localité depuis 1995. C’est en effet à cette date que Claude Hallegot Lestim, présidente de l’association, par le biais d’un fils du terroir, a entrepris de s’investir dans le village.

Les premières actions seront concentrées sur la prise en charge des enfants. Aussi l’association mettra-t-elle un accent particulier sur le volet éducation. Ainsi d’investissement en investissement, le village se verra doté en un temps record d’une école élémentaire fonctionnelle avec un cycle complet de six classes avec blocs sanitaires et mur d’enceinte, sans compter le logement des enseignants. La petite enfance ne sera pas en reste puisque, aussitôt après la construction de l’école élémentaire, Mme Claude et son association s’attaqueront à l’édification d’une maison de l’enfant qui prend les enfants du village de 2 à 4 ans. A cette maison s’ajoutera une école maternelle où les enfants séjourneront jusqu’à leur entrée à l’école élémentaire. Aujourd’hui, ces infrastructures scolaires polarisent l’ensemble des villages environnants avec des effectifs de 311 élèves dans le cycle élémentaire et de 70 enfants dans le maternel.

La santé allant de pair avec l’éducation, l’association se lancera dans la construction d’un poste de santé équipé ainsi que celle du logement de l’infirmière chef de poste. Cette dernière sera à la solde de la Liane Bretagne Afrique jusqu’à son recrutement dans la fonction publique. Et, si l’on en croit le chef de village, Sapire Mbaye, les populations ne sont plus, depuis l’installation de cette structure sanitaire, contraintes de faire 7 à 10 km pour se rendre au poste de santé le plus proche.

La dernière note de cet encadrement a été, la semaine dernière, le lancement du projet informatique. Lequel projet a été finalisé avec la collaboration de l’Association des élèves ingénieurs de l’Université de Brest, représentée par Sylvain Poulenard et Ndèye Babou, une Sénégalaise d’origine kaolackoise étudiante en télécommunication dans cette université. Ces derniers qui ont séjourné pendant un peu plus de deux semaines dans la localité, ont non seulement installé la salle informatique, mais aussi initié les enseignants à l’utilisation des appareils. Ces derniers devront former les élèves et les filles qui s’activent dans le centre de formation. Car l’association Bretagne Afrique a aussi doté le village d’un centre de formation en couture et teinture pour lutter contre l’exode des filles vers les centres urbains.

Cette dernière note sera fortement appréciée par Mame Pathé Diop qui dirige l’école depuis sa création en 1995. Pour ce dernier, il ne fait aucun doute que l’outil informatique va être un intrant pédagogique de plus dans les enseignements, mais aussi il contribuera à la réduction de la fracture numérique, un projet cher au chef de l’Etat. Même son de cloche du côté de l’inspecteur départemental de Tivaouane, Abdou Aziz Ly, qui est d’avis que l’impact de l’outil informatique sera d’autant plus positif qu’il arrive à point nommé. C'est-à-dire au moment où le Programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef) entre dans sa phase terminale, celle de la qualité. Pour le président de la communauté rurale, l’installation de la salle informatique et l’obligation de l’utilisation du solaire qu’elle a suscitée, doit être un stimulant pour amener l’Etat à diligenter l’électrification du village. Une électrification qui sera comme la boucle qui parachèvera le développement intégré de ce village.

Wal Fadjri

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