Division de la santé de la reproduction : Le budget connaît une hausse de 100 %



La Division de la santé de la reproduction a vu son budget passer de 477 millions à 977 millions, soit une hausse de 100 %. Cette hausse manifeste une volonté des autorités médicales de prendre à bras-le-corps la problématique de la santé de la reproduction. Elle entraîne inévitablement une hausse du budget pour l’achat de produits contraceptifs qui passe de 65 à 100 millions. Selon le chef de Division de la santé de la reproduction, le Docteur Bocar Daff, cette augmentation ne manquera pas d’avoir un impact positif sur l’achat des produits contraceptifs. Mieux, elle permettra de suivre ce qui se fait sur le terrain, de faire le reporting, de voir les tendances et de les corriger en plein temps.

La planification familiale contribue à réduire 25 à 30 % de la mortalité maternelle. Au niveau de la Division de la santé de la reproduction, des approches sont développées afin de mieux maîtriser la planification familiale face aux urgences de 2015. C’est ainsi que la Division de la santé de reproduction a mis en place la méthode des ‘3 D’, une stratégie d’urgence pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement.

Présentant une communication portant sur ‘Planification au Sénégal : Amélioration de l’accès par les 3 D’ à Ouagadougou à l’occasion de la conférence internationale sur la Planification familiale, le Dr Daff dira qu’il s’agit de la décentralisation, de la démocratisation et de la médicalisation. S’agissant de la décentralisation, l’intérêt est de faire en sorte que les produits et les outils soient disponibles partout dans le pays comme en zone d’accès difficile et de procéder à l’élargissement de la gamme par au moins la disponibilité de six méthodes dans les postes de santé. La démocratisation consiste à harmoniser les prix de cession des contraceptifs. En effet, il a été constaté que le coût des produits contraceptifs variait d’une région à une autre. Ce qui fait que certaines catégories de femmes n’avaient pas accès aux produits de leur libre choix.

La troisième méthode concerne la démédicalisation. Celle-ci consiste en une révision des normes et protocoles autorisant la pose de Dispositif intra utérin (Diu) et des implants par les infirmiers chefs de poste, ainsi que l’introduction des injectables au niveau communautaire. Cela passe par une formation de tous les infirmiers chefs de poste exerçant dans les sites avec capacité de stérilisation sur les méthodes longue durée. Cependant, signale le Dr Bocar Daff, le Diu a tendance à être abandonné car il fait l’objet de plusieurs rumeurs. En effet, le tableau présenté montre que le Diu est passé de 1,6 en 1997 à 0,5 en 2005. Selon le chef de Division de la santé de la reproduction, cette situation est liée au fait que des rumeurs font état des enfants qui naissent avec le Diu à la main. D’autres rumeurs informent que le Diu peut migrer vers l’organisme.‘Une situation anatomiquement impossible’, clame le Dr Daff qui préconise une campagne de sensibilisation pour combattre ces rumeurs.

Une division bientôt érigée en Direction de la santé de la mère et de l’enfant

Cette hausse du budget va s’accompagner, dans le courant de l’année 2011, d’un changement de statut sur le plan institutionnel. Rencontré à Ouagadougou, le ministre de la Santé et de la Prévention a exprimé sa volonté d’ériger la Division de la santé de la reproduction en Direction de la mère et de l’enfant. A la question de savoir si cette direction n’entraînera pas un chevauchement avec la Direction de la santé, Modou Diagne Fada annonce la création d’une grande Direction générale de la santé. Tout ce changement institutionnel interviendra dans le courant de l’année 2011.

Selon le ministre de la Santé, la santé de la mère et de l’enfant constitue une préoccupation. C’est pourquoi, dans une perspective d’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (Omd) d’ici 2015, la Division de la santé compte placer la prévalence contraceptive à hauteur de 45 %. Actuellement, le Sénégal dispose d’un taux de prévalence contraceptive de l’ordre de 10 %. Cette volonté ne s’arrête pas uniquement au taux de prévalence contraceptive. En ce qui concerne l’indice synthétique de fécondité qui est actuellement de 5, 3 enfants par femme, la Division de la santé de la reproduction ambitionne de le porter à 2, 5 enfants par femme d’ici 2015.

En ce qui concerne la Planification familiale, le ministre de la Santé appelle les privés à se mettre à contribution. ‘Les privés ne comprennent pas qu’investir dans la santé de la reproduction est une manière de faire du business’, dit Modou Diagne Fada, les appelant à une plus grande implication sur les questions de santé de manière générale et la Planification familiale de manière particulière.

I. NIANG
Wal Fadjri

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