Le président du Réseau panafricain des éco-villages, Dr Ousmane Aly Pame, maire de l’éco-commune de Guédé Chantier, aborde, au cours de cet entretien, les interrelations entre le développement des éco-villages et la consolidation de l’harmonie au sein d’une communauté et entre les communautés.
Quelles sont les missions du Réseau panafricain des éco-villages ?
Le Réseau panafricain des éco-villages a été créé en décembre 2012, à Sekem, près du Caire, en Egypte. Nous voulons créer les conditions qui favoriseront l’abondance en Afrique. Nous constatons que nos ressources naturelles sont en train de disparaître. De plus, des multinationales s’installent et accaparent nos terres. La qualité de vie se dégrade aussi dans le continent, le tissu social se déchire. Les éco-villages se donnent donc comme mission de rétablir l’harmonie entre les communautés et la nature. Chaque éco-village repose sur les 4 dimensions que sont le social, l’écologie, l’économique et les valeurs culturelles.
Quels sont les axes prioritaires d’intervention du Réseau au Sénégal ?
Nous avons le Réseau national des éco-villages qui compte une quarantaine de villages. Des actions sont en train d’être menées dans ces villages. À Pointe Sarène, nous mettons l’accent sur le développement des plantes médicinales. Ce travail se fait avec des scientifiques et des biologistes qui sont sur le terrain, sous la supervision du Pr Abdourahmane Tamba, président de Sos environnement et fondateur du Réseau national des éco-villages du Sénégal (Gensen). Il a été mis au point le pain à base de farine d’algue. Ce pain a fait ses preuves dans les centres hospitaliers du pays en termes de lutte contre la malnutrition. À Mbame, les actions se concentrent sur la lutte contre la déforestation de la mangrove. Le volet plantes médicinales y est également très développé. Il y a 50 ans, le nord du Sénégal était très vert.
Notre commune se trouve non loin de l’île à Morphil, une appellation qui renvoie à la présence des éléphants. La réserve faunique était très importante. Il y avait des éléphants, des lions et une diversité d’espèces animales et végétales. Aujourd’hui, peut-être du fait de la mauvaise politique agricole et la désertisation, le nord du Sénégal est devenu un terrain nu. Les températures ont augmenté. Pire, nous assistons à une pollution des eaux du fleuve Sénégal. Il y a une trentaine d’années, nous buvions cette eau. Ce qui n’est plus possible de nos jours. Des parasites de toutes sortes et des produits chimiques proviennent des aménagements rizicoles et des usines.
À Guédé Chantier, compte tenu de l’avancée du désert, des initiatives sont en train d’être prises. Une banque de semences est en train d’être constituée pour reconstituer les forêts. Nous avons aussi une ferme piscicole. Dans d’autres villages comme à Mekhé, il y a le développement de l’énergie solaire, des fourneaux solaires avec Abdoulaye Touré, un de nos membres. Des initiatives qui sont donc en train d’être prises en faveur de l’environnement, d’un mode de vie beaucoup plus sain, beaucoup plus durable.
Les Présidentes des Réseaux effectueront une visite au Sénégal. Est-ce que leur venue contribuerait à faire avancer les activités ?
Je dois dire que, lors de notre séjour à Sékem, le Sénégal a été triplement honoré. Il assure aujourd’hui la présidence du Réseau panafricain des éco-villages. Deux Sénégalais sur les 8 Africains ont été coptés. Deux autres compatriotes sont dans le Conseil consultatif. À côté de ceux-là, il y a un égyptien, le Dr Abou Lessi, Prix Nobel alternatif. Il est le fondateur de l’éco-village Sékem, qui était auparavant un dessert. Avec d’autres personnes, ils ont réussi à le reverdir. Ils ont maintenant tout ce dont ils ont besoin sur place. C’est un projet de société qui englobe toutes les forces vives de la communauté. Les éco-villages cherchent développer la paix et l’harmonie au sein et entre les communautés.
Peut-on s’attendre à une augmentation des éco-villages au Sénégal ?
Bien sûr ! Nous ne comptons pas nous limiter à la quarantaine d’éco-villages au Sénégal. Notre vœu le plus cher, c’est qu’il y ait des éco-villages à travers toute l’Afrique et des éco-communes. Pour nous, le présent et l’avenir de l’Afrique résident dans le développement des éco-villages. En fait, l’Europe est à la dérive. L’Afrique ne doit pas suivre l’homme dans sa dérive. Nous pensons que si l’on se réfère à la sagesse africaine, au savoir et au savoir-faire de nos communautés, nous aurons suffisamment de ressources pour sauver le monde. Nous ne devons pas suivre l’Occident dans sa logique qui risque de condamner l’humanité à vivre dans la misère.
Propos recueillis par Idrissa SANE
Le Soleil
Quelles sont les missions du Réseau panafricain des éco-villages ?
Le Réseau panafricain des éco-villages a été créé en décembre 2012, à Sekem, près du Caire, en Egypte. Nous voulons créer les conditions qui favoriseront l’abondance en Afrique. Nous constatons que nos ressources naturelles sont en train de disparaître. De plus, des multinationales s’installent et accaparent nos terres. La qualité de vie se dégrade aussi dans le continent, le tissu social se déchire. Les éco-villages se donnent donc comme mission de rétablir l’harmonie entre les communautés et la nature. Chaque éco-village repose sur les 4 dimensions que sont le social, l’écologie, l’économique et les valeurs culturelles.
Quels sont les axes prioritaires d’intervention du Réseau au Sénégal ?
Nous avons le Réseau national des éco-villages qui compte une quarantaine de villages. Des actions sont en train d’être menées dans ces villages. À Pointe Sarène, nous mettons l’accent sur le développement des plantes médicinales. Ce travail se fait avec des scientifiques et des biologistes qui sont sur le terrain, sous la supervision du Pr Abdourahmane Tamba, président de Sos environnement et fondateur du Réseau national des éco-villages du Sénégal (Gensen). Il a été mis au point le pain à base de farine d’algue. Ce pain a fait ses preuves dans les centres hospitaliers du pays en termes de lutte contre la malnutrition. À Mbame, les actions se concentrent sur la lutte contre la déforestation de la mangrove. Le volet plantes médicinales y est également très développé. Il y a 50 ans, le nord du Sénégal était très vert.
Notre commune se trouve non loin de l’île à Morphil, une appellation qui renvoie à la présence des éléphants. La réserve faunique était très importante. Il y avait des éléphants, des lions et une diversité d’espèces animales et végétales. Aujourd’hui, peut-être du fait de la mauvaise politique agricole et la désertisation, le nord du Sénégal est devenu un terrain nu. Les températures ont augmenté. Pire, nous assistons à une pollution des eaux du fleuve Sénégal. Il y a une trentaine d’années, nous buvions cette eau. Ce qui n’est plus possible de nos jours. Des parasites de toutes sortes et des produits chimiques proviennent des aménagements rizicoles et des usines.
À Guédé Chantier, compte tenu de l’avancée du désert, des initiatives sont en train d’être prises. Une banque de semences est en train d’être constituée pour reconstituer les forêts. Nous avons aussi une ferme piscicole. Dans d’autres villages comme à Mekhé, il y a le développement de l’énergie solaire, des fourneaux solaires avec Abdoulaye Touré, un de nos membres. Des initiatives qui sont donc en train d’être prises en faveur de l’environnement, d’un mode de vie beaucoup plus sain, beaucoup plus durable.
Les Présidentes des Réseaux effectueront une visite au Sénégal. Est-ce que leur venue contribuerait à faire avancer les activités ?
Je dois dire que, lors de notre séjour à Sékem, le Sénégal a été triplement honoré. Il assure aujourd’hui la présidence du Réseau panafricain des éco-villages. Deux Sénégalais sur les 8 Africains ont été coptés. Deux autres compatriotes sont dans le Conseil consultatif. À côté de ceux-là, il y a un égyptien, le Dr Abou Lessi, Prix Nobel alternatif. Il est le fondateur de l’éco-village Sékem, qui était auparavant un dessert. Avec d’autres personnes, ils ont réussi à le reverdir. Ils ont maintenant tout ce dont ils ont besoin sur place. C’est un projet de société qui englobe toutes les forces vives de la communauté. Les éco-villages cherchent développer la paix et l’harmonie au sein et entre les communautés.
Peut-on s’attendre à une augmentation des éco-villages au Sénégal ?
Bien sûr ! Nous ne comptons pas nous limiter à la quarantaine d’éco-villages au Sénégal. Notre vœu le plus cher, c’est qu’il y ait des éco-villages à travers toute l’Afrique et des éco-communes. Pour nous, le présent et l’avenir de l’Afrique résident dans le développement des éco-villages. En fait, l’Europe est à la dérive. L’Afrique ne doit pas suivre l’homme dans sa dérive. Nous pensons que si l’on se réfère à la sagesse africaine, au savoir et au savoir-faire de nos communautés, nous aurons suffisamment de ressources pour sauver le monde. Nous ne devons pas suivre l’Occident dans sa logique qui risque de condamner l’humanité à vivre dans la misère.
Propos recueillis par Idrissa SANE
Le Soleil