Entre juin 2008 et aujourd'hui, la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) a collecté plus de 33 milliards de francs auprès du Trésor public et des concessionnaires publics principalement. Cette somme est insignifiante par rapport à ce qui reste à mobiliser. De nombreuses difficultés sont à l'origine du recouvrement légal des fonds qui doivent pourtant servir au financement de l'économie. Et le logement social, la politique de la ville, les travaux d'équipement des collectivités locales et le financement des Pme ont été retenus comme étant des secteurs prioritaires de ce financement. Directeur général de la Cdc, Mamadou Falilou Mbacké Diagne s’explique sur toutes ces questions dans l'entretien qu'il nous a accordé hier.
Wal Fadjri : Dans quel contexte a été créée la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) et quelles sont ses missions ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : La Caisse des dépôts et consignations (Ccd) du Sénégal est un établissement public à statut spécial créé par la loi n° 2006-03 du 04 janvier 2006. Placée sous l’autorité du ministre chargé de l’Economie et des Finances, elle jouit d’une personnalité juridique et d’une autonomie financière. La Cdc est dotée d’une gouvernance composée d’une Commission de surveillance présidée par un député de haut rang et comprenant onze membres, commission auprès de laquelle le Directeur général, nommé par décret, prête serment. Le Caissier général, nommé également par décret, prête serment, quant à lui, auprès de la Cour des comptes.
Partant du constat que certains secteurs importants de l’économie accédaient difficilement au financement bancaire classique, l’Etat a créé la Cdc pour en faire une alternative crédible, moins onéreuse et plus facile d’accès. A cet effet, en appui aux politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités locales, quatre domaines d’intervention d’intérêt général correspondant à ses missions sont prioritairement ciblés par la Cdc. Ces missions concernent d’abord le logement social. Pour ce qui concerne le logement social, tout le monde s’accorde à reconnaître que l’acquisition d’un logement au Sénégal est de plus en plus difficile, particulièrement dans la région de Dakar. Même si plusieurs facteurs tels que la spéculation sur le foncier, le renchérissement des coûts des matériaux de construction et la raréfaction des réserves foncières sont notés parmi les raisons évoquées, l’absence d’un mécanisme de financement adéquat du secteur de l’immobilier constitue toutefois une difficulté majeure, aussi bien pour les promoteurs privés et publics que pour les demandeurs de logements. Une étude récente a montré qu’une demande de plus de 6 000 logements par an reste encore insatisfaite par l’offre actuelle existante.
Il s’agit, par ailleurs, de la politique de la ville. S’agissant de ce volet, la Cdc a pour mission d’appuyer les partenaires (bailleurs, Etat et collectivités) dans le cadre de projets de partenariat public/privé (Ppp) à initier dans divers domaines tels que l’aménagement urbain, la requalification des bidonvilles, la revalorisation du foncier par la construction d’immeubles de valeur en lieu et place de certains bâtiments à faible valeur vénale qui occupent une bonne partie de l’espace urbain, etc.
Il s’agit, ensuite, des travaux d’équipement des collectivités locales. Malgré les nombreux efforts consentis par les pouvoirs publics en faveur des collectivités locales auxquelles neuf domaines de compétence sont du reste transférés, celles-ci manquent toujours d’infrastructures et d’équipements collectifs (routes, postes de santé, stades, centres commerciaux, etc.). Aussi, conformément à ses missions, et toujours par le biais de partenariat Ppp, la Cdc pourra soutenir des initiatives portées par des collectivités locales visant à améliorer leur situation à cet effet.
Il s’agit, également, du financement des Pme/Pmi. Il est établi, d’une part, que les grandes entreprises accèdent plus facilement à des financements importants et relativement peu chers au niveau du système bancaire. L’on constate, d’autre part, que les Pme, qui constituent pourtant plus de 90 % des entreprises, 42 % des emplois et 30 % du Produit intérieur brut (Pib), ont un accès difficile et limité aux prêts octroyés par les établissements de crédit. En dépit des efforts soutenus consentis par l’Etat et ses partenaires au développement en termes de promotion, d’encadrement et d’amélioration du cadre institutionnel et réglementaire, il n’en demeure pas moins que le problème de l’accès au financement par les Pme se pose toujours avec beaucoup d’acuité. C’est pour cette raison que la question du financement des Pme/Pmi a été inscrite par l’Etat parmi les missions prioritaires assignées à la Cdc qui devra, par ses interventions en direction de cette cible, contribuer significativement à inverser la tendance.
Il reste entendu qu’avec l’exercice de toutes ces missions qui sont certes d’intérêt général, la Cdc devra s’attendre toutefois à un retour sur investissement, même si la rentabilité doit survenir sur le long terme. Ce qui conviendrait difficilement à l’Etat, encore moins aux opérateurs privés.
Wal Fadjri : Par rapport à ces différentes missions, quel bilan pouvez-vous tirer ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : Il est peut-être trop tôt de parler de bilan. D’abord, parce que nous venons pratiquement de démarrer nos activités. En effet, nos caisses n'ont été ouvertes au public qu’en juin 2008. Ensuite, il convient de signaler que l’année 2007 et une bonne partie de 2008 ont été consacrées au recrutement du personnel d’encadrement, à la définition des orientations stratégiques et de la politique de placement, à l’élaboration des procédures administratives et comptables, à l’installation des outils et équipements nécessaires au fonctionnement de la Caisse. Quelques actions ont toutefois été menées, notamment en ce qui concerne la collecte d’une partie des ressources dévolues à la Caisse (dépôts des notaires, sommes reçues du Bureau des affaires judiciaires et extra-judiciaires, cautionnements de rapatriement, etc.), le recouvrement de fonds auprès de certains concessionnaires du service public, le transfert des dépôts et consignations antérieurement gérés par le Trésor public. Toutes ces ressources collectées ont été, bien entendu, placées en actifs financiers, principalement en dépôts à terme, bons et obligations du Trésor et autres titres de créance négociables. Et, à la date du 31 décembre 2008, 33 milliards 200 millions de francs Cfa ont été mobilisés. Le plus grand montant nous vient du Trésor public où nous avons recouvré 22 milliards. Le reste de l'argent nous vient des concessionnaires de service public que sont la Sonatel, Sentel, Sde, entre autres. Au total, nous pouvons dire que les choses sont en train de se mettre progressivement en place.
Wal Fadjri : Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontés durant ces trois années d’existence ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : L’essentiel des fonds dont la Cdc doit assurer la garde et la gestion, est actuellement entre les mains d’autres structures, publiques ou privées. Le recouvrement desdits fonds n’est pas encore chose facile du fait que les montants en jeu sont souvent élevés, mais également parce qu’ils constituaient une source de revenus importants pour ces structures qui trouvaient là un bon moyen de se financer, sans bourse délier. Par ailleurs, la Cdc n’ayant pas encore de bureaux dans les régions, l’évolution de ses activités dans ces localités n’a pas encore connu le même succès qu’à Dakar. Mais ce problème est en passe d’être résolu avec notamment la signature effective d’une convention avec le Trésor public et le projet de convention en cours d’étude avec Poste-Finances. Ces deux conventions permettront à la Cdc d’utiliser les réseaux de ces partenaires pour les opérations de collecte et de restitution de dépôts et consignations effectués dans les villes de l’intérieur.
Wal Fadjri : Parvenez-vous à recouvrer les fonds que vous avez prêtés aux Pme et aux collectivités locales ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : La Cdc n’a pas encore commencé à faire des prêts, ni aux Pme, ni aux collectivités locales pour trois raisons principales. D’abord, parce que les fonds de prêt doivent provenir, pour l’essentiel, des ressources propres de la Caisse et non des dépôts et consignations qui peuvent faire l’objet de restitution à tout moment aux déposants ou aux ayants-droit. Ensuite, comme nous venons de démarrer, nous avons porté notre priorité sur la collecte et le recouvrement des fonds qui nous sont dévolus par la loi, afin de pouvoir les fructifier rapidement et nous donner ainsi les moyens de pouvoir financer les Pme et les collectivités locales, conformément à nos missions présentées ci-dessus. Enfin, comme vous le savez, entre l’étude d’un dossier (nous en avons déjà reçu un bon nombre) et son financement, il peut se passer un délai plus ou moins long, d’autant plus que l’intervention de la Cdc se basera plus sur la viabilité et l’intérêt du projet pour la collectivité que sur des éléments de garanties habituellement plus déterminants dans le cas d’un financement bancaire classique.
Wal Fadjri : D’où tirez-vous vos ressources ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : L’Etat a mis en place, à travers la Caisse des dépôts et consignations, une stratégie visant à collecter des ressources financières abondantes, stables et peu onéreuses, de manière à permettre à celle-ci de jouer un rôle majeur d’investisseur institutionnel de long terme pour booster le développement économique et social du pays. Les ressources collectées et gérées par la Cdc sont bien définies par le législateur et concernent, notamment, les dépôts de la Caisse nationale d’épargne, le Fonds national des retraites, les fonds des notaires, les fonds des greffes, les cautions, les retenues opérées à la suite de saisies-arrêts, les consignations diverses, les dépôts de garantie constitués par les usagers auprès des concessionnaires des services publics, les fonds, avec mandat de gestion, de caisses de retraites, d’assurances ou de tout fonds institué par la loi. A ces ressources, il convient naturellement d’ajouter les ressources propres de la Cdc tirées principalement de ses opérations de placement et d’investissement.
Wal Fadjri : Quel est l’état de la coopération avec la France, le Canada et le Maroc qui ont inspiré le Sénégal dans la création de la Cdc ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : L’idée de la création de la Caisse des dépôts et consignations est en fait venue de Monsieur le Président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui est plus que jamais déterminé à faire du Sénégal un pays émergent. Ayant vu le rôle fondamental joué par les institutions homologues en France avec la Caisse des dépôts, au Canada avec la Caisse de dépôt et de placement, au Maroc avec la Caisse de dépôt et de gestion, il a décidé de créer la Cdc pour en faire un modèle économique unique au service de l’intérêt général. Le personnel de direction de la Cdc ainsi que quelques membres de la Commission de surveillance ont déjà eu à visiter quelques-unes de ces institutions sœurs dans le but de découvrir leurs expériences, mais également de s’imprégner de ce métier plutôt nouveau sur le continent africain en général et dans les pays subsahariens en particulier. La Cdc a élaboré des projets de convention de coopération qui sont actuellement en cours de négociation avec les dirigeants de ces caisses étrangères. Dans le cadre de la coopération sud-sud, nous signalons la visite, en 2007, d’une délégation de hauts responsables camerounais et béninois venus s’inspirer du texte de la loi portant création de la Cdc pour monter une Caisse de dépôts et consignations chez eux.
Wal Fadjri : Quelles sont vos perspectives à court ou moyen terme ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : Pour les perspectives à court et moyen terme, nous comptons dérouler notre plan d’orientations stratégiques triennal 2009-2011 qui s’articule principalement autour des cinq axes suivants. Il s’agit de la gestion des ressources humaines avec la poursuite de la mise en place du personnel d’encadrement et d’appoint et le renforcement des capacités par la formation continue et par des stages du personnel dans les différents métiers de la Cdc. Ensuite, il y a la mobilisation des ressources affectées à la Cdc avec la poursuite de l’identification des ressources et la poursuite du recouvrement des sommes dévolues par la loi et non encore reversées ainsi que la recherche de fonds à gérer sous mandat. Puis, il s’agira de l’utilisation des fonds avec la poursuite de la mise en œuvre de la politique de placement, en mettant un accent particulier sur la sécurité financière des fonds privés qui sont confiés à la Caisse, l’acquisition d’un patrimoine immobilier dont le siège social qui figure parmi les priorités, l’initiation de projets de type Ppp dans le cadre du financement des collectivités locales et de la politique de la ville et le démarrage du financement du logement social et des Pme/Pmi Puis, il y a la communication qui va se poursuivre en direction du public et des institutionnels. Elle sera axée sur les missions et les réalisations. Enfin, il y a les projets qui tournent autour de la filialisation dans des secteurs stratégiques et porteurs de croissance, la mise en place d’une antenne régionale, la mise en place de moyens de paiement et la poursuite de l’automatisation des procédures et métiers.
Wal Fadjri
Wal Fadjri : Dans quel contexte a été créée la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) et quelles sont ses missions ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : La Caisse des dépôts et consignations (Ccd) du Sénégal est un établissement public à statut spécial créé par la loi n° 2006-03 du 04 janvier 2006. Placée sous l’autorité du ministre chargé de l’Economie et des Finances, elle jouit d’une personnalité juridique et d’une autonomie financière. La Cdc est dotée d’une gouvernance composée d’une Commission de surveillance présidée par un député de haut rang et comprenant onze membres, commission auprès de laquelle le Directeur général, nommé par décret, prête serment. Le Caissier général, nommé également par décret, prête serment, quant à lui, auprès de la Cour des comptes.
Partant du constat que certains secteurs importants de l’économie accédaient difficilement au financement bancaire classique, l’Etat a créé la Cdc pour en faire une alternative crédible, moins onéreuse et plus facile d’accès. A cet effet, en appui aux politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités locales, quatre domaines d’intervention d’intérêt général correspondant à ses missions sont prioritairement ciblés par la Cdc. Ces missions concernent d’abord le logement social. Pour ce qui concerne le logement social, tout le monde s’accorde à reconnaître que l’acquisition d’un logement au Sénégal est de plus en plus difficile, particulièrement dans la région de Dakar. Même si plusieurs facteurs tels que la spéculation sur le foncier, le renchérissement des coûts des matériaux de construction et la raréfaction des réserves foncières sont notés parmi les raisons évoquées, l’absence d’un mécanisme de financement adéquat du secteur de l’immobilier constitue toutefois une difficulté majeure, aussi bien pour les promoteurs privés et publics que pour les demandeurs de logements. Une étude récente a montré qu’une demande de plus de 6 000 logements par an reste encore insatisfaite par l’offre actuelle existante.
Il s’agit, par ailleurs, de la politique de la ville. S’agissant de ce volet, la Cdc a pour mission d’appuyer les partenaires (bailleurs, Etat et collectivités) dans le cadre de projets de partenariat public/privé (Ppp) à initier dans divers domaines tels que l’aménagement urbain, la requalification des bidonvilles, la revalorisation du foncier par la construction d’immeubles de valeur en lieu et place de certains bâtiments à faible valeur vénale qui occupent une bonne partie de l’espace urbain, etc.
Il s’agit, ensuite, des travaux d’équipement des collectivités locales. Malgré les nombreux efforts consentis par les pouvoirs publics en faveur des collectivités locales auxquelles neuf domaines de compétence sont du reste transférés, celles-ci manquent toujours d’infrastructures et d’équipements collectifs (routes, postes de santé, stades, centres commerciaux, etc.). Aussi, conformément à ses missions, et toujours par le biais de partenariat Ppp, la Cdc pourra soutenir des initiatives portées par des collectivités locales visant à améliorer leur situation à cet effet.
Il s’agit, également, du financement des Pme/Pmi. Il est établi, d’une part, que les grandes entreprises accèdent plus facilement à des financements importants et relativement peu chers au niveau du système bancaire. L’on constate, d’autre part, que les Pme, qui constituent pourtant plus de 90 % des entreprises, 42 % des emplois et 30 % du Produit intérieur brut (Pib), ont un accès difficile et limité aux prêts octroyés par les établissements de crédit. En dépit des efforts soutenus consentis par l’Etat et ses partenaires au développement en termes de promotion, d’encadrement et d’amélioration du cadre institutionnel et réglementaire, il n’en demeure pas moins que le problème de l’accès au financement par les Pme se pose toujours avec beaucoup d’acuité. C’est pour cette raison que la question du financement des Pme/Pmi a été inscrite par l’Etat parmi les missions prioritaires assignées à la Cdc qui devra, par ses interventions en direction de cette cible, contribuer significativement à inverser la tendance.
Il reste entendu qu’avec l’exercice de toutes ces missions qui sont certes d’intérêt général, la Cdc devra s’attendre toutefois à un retour sur investissement, même si la rentabilité doit survenir sur le long terme. Ce qui conviendrait difficilement à l’Etat, encore moins aux opérateurs privés.
Wal Fadjri : Par rapport à ces différentes missions, quel bilan pouvez-vous tirer ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : Il est peut-être trop tôt de parler de bilan. D’abord, parce que nous venons pratiquement de démarrer nos activités. En effet, nos caisses n'ont été ouvertes au public qu’en juin 2008. Ensuite, il convient de signaler que l’année 2007 et une bonne partie de 2008 ont été consacrées au recrutement du personnel d’encadrement, à la définition des orientations stratégiques et de la politique de placement, à l’élaboration des procédures administratives et comptables, à l’installation des outils et équipements nécessaires au fonctionnement de la Caisse. Quelques actions ont toutefois été menées, notamment en ce qui concerne la collecte d’une partie des ressources dévolues à la Caisse (dépôts des notaires, sommes reçues du Bureau des affaires judiciaires et extra-judiciaires, cautionnements de rapatriement, etc.), le recouvrement de fonds auprès de certains concessionnaires du service public, le transfert des dépôts et consignations antérieurement gérés par le Trésor public. Toutes ces ressources collectées ont été, bien entendu, placées en actifs financiers, principalement en dépôts à terme, bons et obligations du Trésor et autres titres de créance négociables. Et, à la date du 31 décembre 2008, 33 milliards 200 millions de francs Cfa ont été mobilisés. Le plus grand montant nous vient du Trésor public où nous avons recouvré 22 milliards. Le reste de l'argent nous vient des concessionnaires de service public que sont la Sonatel, Sentel, Sde, entre autres. Au total, nous pouvons dire que les choses sont en train de se mettre progressivement en place.
Wal Fadjri : Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontés durant ces trois années d’existence ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : L’essentiel des fonds dont la Cdc doit assurer la garde et la gestion, est actuellement entre les mains d’autres structures, publiques ou privées. Le recouvrement desdits fonds n’est pas encore chose facile du fait que les montants en jeu sont souvent élevés, mais également parce qu’ils constituaient une source de revenus importants pour ces structures qui trouvaient là un bon moyen de se financer, sans bourse délier. Par ailleurs, la Cdc n’ayant pas encore de bureaux dans les régions, l’évolution de ses activités dans ces localités n’a pas encore connu le même succès qu’à Dakar. Mais ce problème est en passe d’être résolu avec notamment la signature effective d’une convention avec le Trésor public et le projet de convention en cours d’étude avec Poste-Finances. Ces deux conventions permettront à la Cdc d’utiliser les réseaux de ces partenaires pour les opérations de collecte et de restitution de dépôts et consignations effectués dans les villes de l’intérieur.
Wal Fadjri : Parvenez-vous à recouvrer les fonds que vous avez prêtés aux Pme et aux collectivités locales ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : La Cdc n’a pas encore commencé à faire des prêts, ni aux Pme, ni aux collectivités locales pour trois raisons principales. D’abord, parce que les fonds de prêt doivent provenir, pour l’essentiel, des ressources propres de la Caisse et non des dépôts et consignations qui peuvent faire l’objet de restitution à tout moment aux déposants ou aux ayants-droit. Ensuite, comme nous venons de démarrer, nous avons porté notre priorité sur la collecte et le recouvrement des fonds qui nous sont dévolus par la loi, afin de pouvoir les fructifier rapidement et nous donner ainsi les moyens de pouvoir financer les Pme et les collectivités locales, conformément à nos missions présentées ci-dessus. Enfin, comme vous le savez, entre l’étude d’un dossier (nous en avons déjà reçu un bon nombre) et son financement, il peut se passer un délai plus ou moins long, d’autant plus que l’intervention de la Cdc se basera plus sur la viabilité et l’intérêt du projet pour la collectivité que sur des éléments de garanties habituellement plus déterminants dans le cas d’un financement bancaire classique.
Wal Fadjri : D’où tirez-vous vos ressources ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : L’Etat a mis en place, à travers la Caisse des dépôts et consignations, une stratégie visant à collecter des ressources financières abondantes, stables et peu onéreuses, de manière à permettre à celle-ci de jouer un rôle majeur d’investisseur institutionnel de long terme pour booster le développement économique et social du pays. Les ressources collectées et gérées par la Cdc sont bien définies par le législateur et concernent, notamment, les dépôts de la Caisse nationale d’épargne, le Fonds national des retraites, les fonds des notaires, les fonds des greffes, les cautions, les retenues opérées à la suite de saisies-arrêts, les consignations diverses, les dépôts de garantie constitués par les usagers auprès des concessionnaires des services publics, les fonds, avec mandat de gestion, de caisses de retraites, d’assurances ou de tout fonds institué par la loi. A ces ressources, il convient naturellement d’ajouter les ressources propres de la Cdc tirées principalement de ses opérations de placement et d’investissement.
Wal Fadjri : Quel est l’état de la coopération avec la France, le Canada et le Maroc qui ont inspiré le Sénégal dans la création de la Cdc ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : L’idée de la création de la Caisse des dépôts et consignations est en fait venue de Monsieur le Président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui est plus que jamais déterminé à faire du Sénégal un pays émergent. Ayant vu le rôle fondamental joué par les institutions homologues en France avec la Caisse des dépôts, au Canada avec la Caisse de dépôt et de placement, au Maroc avec la Caisse de dépôt et de gestion, il a décidé de créer la Cdc pour en faire un modèle économique unique au service de l’intérêt général. Le personnel de direction de la Cdc ainsi que quelques membres de la Commission de surveillance ont déjà eu à visiter quelques-unes de ces institutions sœurs dans le but de découvrir leurs expériences, mais également de s’imprégner de ce métier plutôt nouveau sur le continent africain en général et dans les pays subsahariens en particulier. La Cdc a élaboré des projets de convention de coopération qui sont actuellement en cours de négociation avec les dirigeants de ces caisses étrangères. Dans le cadre de la coopération sud-sud, nous signalons la visite, en 2007, d’une délégation de hauts responsables camerounais et béninois venus s’inspirer du texte de la loi portant création de la Cdc pour monter une Caisse de dépôts et consignations chez eux.
Wal Fadjri : Quelles sont vos perspectives à court ou moyen terme ?
Mamadou Falilou Mbacké Diagne : Pour les perspectives à court et moyen terme, nous comptons dérouler notre plan d’orientations stratégiques triennal 2009-2011 qui s’articule principalement autour des cinq axes suivants. Il s’agit de la gestion des ressources humaines avec la poursuite de la mise en place du personnel d’encadrement et d’appoint et le renforcement des capacités par la formation continue et par des stages du personnel dans les différents métiers de la Cdc. Ensuite, il y a la mobilisation des ressources affectées à la Cdc avec la poursuite de l’identification des ressources et la poursuite du recouvrement des sommes dévolues par la loi et non encore reversées ainsi que la recherche de fonds à gérer sous mandat. Puis, il s’agira de l’utilisation des fonds avec la poursuite de la mise en œuvre de la politique de placement, en mettant un accent particulier sur la sécurité financière des fonds privés qui sont confiés à la Caisse, l’acquisition d’un patrimoine immobilier dont le siège social qui figure parmi les priorités, l’initiation de projets de type Ppp dans le cadre du financement des collectivités locales et de la politique de la ville et le démarrage du financement du logement social et des Pme/Pmi Puis, il y a la communication qui va se poursuivre en direction du public et des institutionnels. Elle sera axée sur les missions et les réalisations. Enfin, il y a les projets qui tournent autour de la filialisation dans des secteurs stratégiques et porteurs de croissance, la mise en place d’une antenne régionale, la mise en place de moyens de paiement et la poursuite de l’automatisation des procédures et métiers.
Wal Fadjri