Un futur que l'Europe, et plus particulièrement la France, doit comprendre, partager et accompagner. Cela impose une révision profonde des fondements de la relation Afrique France, en Europe, générateur d'un partenariat renouvelé qui devra s'affranchir à la fois de l'arrogance de la richesse, comme de l'angélisme naïf du repentir.
Ce nouveau "possible", issu de la volonté politique et de l'entrepreneuriat, qu'atteste la dynamique du continent, autant que l'intérêt croissant que lui porte la communauté internationale, ne pourra s'établir sans les financements qu'il nécessite. Et en particulier ceux des PME.
Globalement, 80 à 90 % des 44 millions d'entreprises du secteur formel, le tiers du PIB continental, n'ont pas accès au crédit bancaire... Sans compter le secteur informel qui, dans certains pays, dépasse 90% de l'activité économique !
Nous assistons, depuis quelques années, à l'apparition d'une nouvelle classe d'entrepreneurs motivés et résilients. Souvent issus d'une classe moyenne en forte croissance. Ils/elles connaissent bien leurs marchés et proposent des produits et services particulièrement adaptés, souvent innovants et susceptibles de déploiements à l'international.
Créateurs de PME, donc d'emplois, ces entrepreneurs sont "le chainon manquant de l'émergence", et leur multiplication sera le garant, non seulement d'une diversification indispensable à un développement durable, mais aussi de l'arrêt des migrations dramatiques que nous connaissons.
Leurs besoins en capital sont spécifiques. Les systèmes de financements disponibles sont inadaptés à ces acteurs émergeants. En effet, les montants concernés, entre le "love money" de départ (économies, familles, amis) et les possibilités existantes (au-delà d'un à deux millions d'euro), sont quasi inaccessibles auprès des acteurs financiers publics ou privés.
Seuls quelques fonds d'investissement semblent y répondre aujourd'hui, à l'exemple des fonds gérés par le français Investisseurs & Partenaires, mais dans une proportion très limitée au regard des besoins.
Il est paradoxal, malgré des retours sur investissement remarquables, que les entreprises africaines ne puissent mobiliser des besoins en capital estimés à 350 milliards $, soit moins de 0,5 % du total de la gestion d'actifs mondiale. Les prises de participation inférieures à 1,5 million de dollars représentant, pour le continent, 500 millions $, soit moins de 1,5 % des besoins...
Les causes de cette situation sont connues : gouvernance et états de droit souvent défaillants, classification et états financiers des entreprises inexistants ou aléatoires, absence de formation des dirigeants en gestion/management, difficultés à identifier les partenaires de confiance... Cette multiplication des risques pousse les investisseurs à se concentrer sur des projets dont le volume est suffisamment élevé pour, à la fois justifier le coût de l'instruction, et faciliter l'obtention de garanties sérieuses et mobilisables. Confirmant ainsi l'adage selon lequel "on ne prête qu'aux riches", mais négligeant aussi l'évidence que les grands succès de demain sont les start-ups d'aujourd'hui !
La sortie de cette spirale mortifère est un impératif qui dépend, principalement, de la mobilisation des Etats et des grands bailleurs de fonds internationaux. Cela suppose une stratégie disruptive de concentration de moyens sur l'accompagnement direct des entrepreneurs et le financement de la PME. C'est ce qu'avait annoncé le Président Emmanuel Macron, à Ouagadougou en décembre 2017.
Le financeur (national et/ou international) devra accepter et garantir un risque de défaillance que ne peut supporter l'investisseur privé. Ce risque restera toutefois supportable, d'une part par le nombre de projets soutenus (avec un équilibre des non réussites et des succès), d'autre part en tenant compte des retombées indirectes positives, y compris pour les échecs financiers qui sont... l'apprentissage de la réussite.
S'il est indispensable que les institutions financières internationales, aux côtés des Etats, engagent leurs ressources et leurs garanties, il est nécessaire que la sélection et la mise en œuvre opérationnelle des financements soit essentiellement confiée aux acteurs "de terrain". En premier lieu les banques et les fonds d'investissements qui ne pourront s'impliquer largement qu'avec des garanties extérieures de premier ordre. Cette mutation de nos outils de financements suppose un cadre réglementaire assaini, d'une part avec une amélioration forte du fonctionnement et de l'efficacité de la justice, d'autre part avec la transparence, la validation et le contrôle effectifs des états financiers des PME (ainsi que vient de le décider le Sénégal).
En s'inspirant de modèles tels que celui d'Initiatives France, la mise en œuvre d'un vrai plan PME en Afrique devrait s'appuyer sur des entrepreneurs expérimentés d'Afrique et d'Europe pour l'identification et la validation de projets, l'accompagnements et le tutorat des primo entrepreneurs.
Yves Delafon, administrateur Banque pour le Commerce et l’Industrie SA, Président Africalink
https://region-sud.latribune.fr/economie/2019-02-22/financements-des-pme-africaines-le-trou-dans-la-raquette-des-systemes-financiers-publics-et-prives-808559.html
Ce nouveau "possible", issu de la volonté politique et de l'entrepreneuriat, qu'atteste la dynamique du continent, autant que l'intérêt croissant que lui porte la communauté internationale, ne pourra s'établir sans les financements qu'il nécessite. Et en particulier ceux des PME.
Globalement, 80 à 90 % des 44 millions d'entreprises du secteur formel, le tiers du PIB continental, n'ont pas accès au crédit bancaire... Sans compter le secteur informel qui, dans certains pays, dépasse 90% de l'activité économique !
Nous assistons, depuis quelques années, à l'apparition d'une nouvelle classe d'entrepreneurs motivés et résilients. Souvent issus d'une classe moyenne en forte croissance. Ils/elles connaissent bien leurs marchés et proposent des produits et services particulièrement adaptés, souvent innovants et susceptibles de déploiements à l'international.
Créateurs de PME, donc d'emplois, ces entrepreneurs sont "le chainon manquant de l'émergence", et leur multiplication sera le garant, non seulement d'une diversification indispensable à un développement durable, mais aussi de l'arrêt des migrations dramatiques que nous connaissons.
Leurs besoins en capital sont spécifiques. Les systèmes de financements disponibles sont inadaptés à ces acteurs émergeants. En effet, les montants concernés, entre le "love money" de départ (économies, familles, amis) et les possibilités existantes (au-delà d'un à deux millions d'euro), sont quasi inaccessibles auprès des acteurs financiers publics ou privés.
Seuls quelques fonds d'investissement semblent y répondre aujourd'hui, à l'exemple des fonds gérés par le français Investisseurs & Partenaires, mais dans une proportion très limitée au regard des besoins.
Il est paradoxal, malgré des retours sur investissement remarquables, que les entreprises africaines ne puissent mobiliser des besoins en capital estimés à 350 milliards $, soit moins de 0,5 % du total de la gestion d'actifs mondiale. Les prises de participation inférieures à 1,5 million de dollars représentant, pour le continent, 500 millions $, soit moins de 1,5 % des besoins...
Les causes de cette situation sont connues : gouvernance et états de droit souvent défaillants, classification et états financiers des entreprises inexistants ou aléatoires, absence de formation des dirigeants en gestion/management, difficultés à identifier les partenaires de confiance... Cette multiplication des risques pousse les investisseurs à se concentrer sur des projets dont le volume est suffisamment élevé pour, à la fois justifier le coût de l'instruction, et faciliter l'obtention de garanties sérieuses et mobilisables. Confirmant ainsi l'adage selon lequel "on ne prête qu'aux riches", mais négligeant aussi l'évidence que les grands succès de demain sont les start-ups d'aujourd'hui !
La sortie de cette spirale mortifère est un impératif qui dépend, principalement, de la mobilisation des Etats et des grands bailleurs de fonds internationaux. Cela suppose une stratégie disruptive de concentration de moyens sur l'accompagnement direct des entrepreneurs et le financement de la PME. C'est ce qu'avait annoncé le Président Emmanuel Macron, à Ouagadougou en décembre 2017.
Le financeur (national et/ou international) devra accepter et garantir un risque de défaillance que ne peut supporter l'investisseur privé. Ce risque restera toutefois supportable, d'une part par le nombre de projets soutenus (avec un équilibre des non réussites et des succès), d'autre part en tenant compte des retombées indirectes positives, y compris pour les échecs financiers qui sont... l'apprentissage de la réussite.
S'il est indispensable que les institutions financières internationales, aux côtés des Etats, engagent leurs ressources et leurs garanties, il est nécessaire que la sélection et la mise en œuvre opérationnelle des financements soit essentiellement confiée aux acteurs "de terrain". En premier lieu les banques et les fonds d'investissements qui ne pourront s'impliquer largement qu'avec des garanties extérieures de premier ordre. Cette mutation de nos outils de financements suppose un cadre réglementaire assaini, d'une part avec une amélioration forte du fonctionnement et de l'efficacité de la justice, d'autre part avec la transparence, la validation et le contrôle effectifs des états financiers des PME (ainsi que vient de le décider le Sénégal).
En s'inspirant de modèles tels que celui d'Initiatives France, la mise en œuvre d'un vrai plan PME en Afrique devrait s'appuyer sur des entrepreneurs expérimentés d'Afrique et d'Europe pour l'identification et la validation de projets, l'accompagnements et le tutorat des primo entrepreneurs.
Yves Delafon, administrateur Banque pour le Commerce et l’Industrie SA, Président Africalink
https://region-sud.latribune.fr/economie/2019-02-22/financements-des-pme-africaines-le-trou-dans-la-raquette-des-systemes-financiers-publics-et-prives-808559.html