Les Assemblées annuelles 2013 de la Banque africaine de développement (BAD) auront lieu du 27 au 31 mai à Marrakech, au Maroc. La 48e Assemblée de la BAD - qui correspond aussi à la 39e Assemblée du Fonds africain de développement (FAD) - aura pour thème la “transformation structurelle de l’Afrique”.
Pour la Banque, la transformation des économies africaines implique de diversifier et d’étendre les sources de la croissance et les opportunités, de manière à favoriser une productivité accrue pour le développement économique durable et inclusif.
« Un défi politique majeur pour l'Afrique aujourd'hui est de trouver comment élargir l'accès aux opportunités économiques pour une population en expansion, les groupes les plus vulnérables y compris », indique la Banque dans son rapport annuel 2012, qui sera présenté au Conseil des gouverneurs de l'institution lors des Assemblées de Marrakech.
« L'Afrique a besoin d’une transformation structurelle pour se propulser vers une croissance inclusive », souligne le rapport, qui cite les taux élevés de chômage et de sous-emploi, chez les jeunes et les femmes en particulier, comme l'une des principales difficultés auxquelles le continent est confronté aujourd'hui.
La transformation structurelle ne sera pas, si l’on n’investit pas en même temps dans le développement des compétences, notamment dans les domaines qui ont maintenu le continent à la traine des autres régions en développement. À cet effet, l'Afrique doit exploiter ses ressources naturelles pour développer les compétences de sa jeunesse, en vue d'accélérer son développement et de s’assurer une place dans la chaîne de valeur mondiale. Développer les compétences libérera le dynamisme du potentiel entrepreneurial inexploité de l'Afrique, ouvrant des opportunités pour doper l'emploi et créer de la richesse. Etre doté d’une population éclairée est aussi important pour l’Afrique, qui veut jouer un rôle dans les échanges et le commerce mondiaux.
« Le cœur de notre message est que l'Afrique doit accélérer sa transformation structurelle en dopant le potentiel de sa jeunesse, en investissant dans la science, les technologies et l'innovation, en accélérant le rythme de l'intégration économique, en passant à une économie verte, et en soutenant les entreprises du secteur privé », souligne le rapport.
Le leadership, le degré d'intégration économique aux niveaux national, régional et mondial, et la croissance inclusive sont les principaux facteurs, selon le rapport, qui peuvent influer sur la transformation. Les événements politiques régionaux, le climat et les chocs de prix doivent également être pris en compte.
A lire le rapport, l'Afrique peut se métamorphoser en tirant parti de son immense potentiel, dans certains des domaines suivants :
Infrastructures - les besoins de l’Afrique en financement des infrastructures – 390 milliards de dollars EU environ à moyen terme, surtout pour l'énergie – s’élèvent à des milliers de milliards de dollars EU sur le plus long terme.
Les ressources naturelles - les industries extractives des ressources naturelles en Afrique contribueront annuellement pour plus de 30 milliards de dollars EU aux recettes publiques au cours des vingt prochaines années, selon les estimations.
Les revenus provenant des ressources naturelles pourraient financer une part importante du développement des infrastructures en Afrique. Certains pays ont déjà émis des euro-obligations pour les infrastructures, sur la base des revenus générés par les ressources naturelles.
Démographie - les jeunes constituent la majorité du milliard d’habitants en Afrique. Pour convertir cette “explosion de la jeunesse” en “dividende démographique”, il faudra investir, à grande échelle et comme jamais auparavant, dans les compétences et la création de perspectives professionnelles.
Promouvoir l'agriculture - le secteur agricole emploie la grande majorité de la population africaine. Il contribue directement à la chaîne de valeur agro-industrielle, nourrit les zones urbaines, en plus d’être une source de l'épargne des ménages à des fins d’investissement.
Le secteur privé - avec le développement des économies africaines, le secteur privé, qui représente 90 % de l'emploi informel, prendra encore plus d’ampleur, en particulier dans l'industrie.
Urbanisation - les villes africaines, qui concentraient 40 % de la population du continent en 2010 – un chiffre qui devrait bondir à 50 % en une génération, et à 65 % d'ici 2060 – sont, de plus en plus, les moteurs de la demande de consommation et, partant, de la croissance économique.
Gouvernance et climat de l'investissement - la gouvernance améliorée et de meilleures politiques macro-économiques – dette moindre, inflation faible et taux de change stables – sont indispensables, si l’on veut favoriser la compétitivité économique.
L'innovation technologique - investir dans les technologies – dans les TIC (technologies de l’information et de la communication) en particulier –, a considérablement amélioré l'accès du public à l'information, stimulant ainsi une économie du savoir et des approches novatrices en matière de micro-finance et de mobilisation des producteurs ruraux, à l’exemple innovant de M-PESA, leader du “mobile banking” au Kenya.
Les stratégies pour libérer le potentiel de l'Afrique résident dans l'élimination des causes des conflits nationaux et régionaux, afin d’instaurer la paix ; un leadership visionnaire et des institutions gouvernementales fortes et efficaces, tout en autonomisant les femmes et les jeunes ; le renforcement du capital humain par l'éducation et la formation, en particulier dans les sciences et les technologies, ainsi que dans l'amélioration des services de base ; une diversification accrue, dans l'agriculture et les zones rurales en particulier, sans omettre le passage à une économie verte et durable ni la promotion de l’industrie ; la stimulation du commerce intra-africain grâce à un investissement national et régional accru, et l’établissement de relations commerciales solides avec les partenaires émergents.
La Banque continuera à encourager et à suivre les efforts de transformation de ses pays membres régionaux. Pour ce faire, elle a adopté une stratégie sur dix ans, qui a pour objectif principal de promouvoir une croissance économique socialement inclusive et respectueuse de l'environnement.
Les priorités opérationnelles au cœur de cette stratégie embrassent le développement des infrastructures, l'intégration régionale, le déploiement du secteur privé, la gouvernance et la responsabilisation, aussi bien que la valorisation des compétences et le développement technologique.
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