RELANCE DE L’ECONOMIE AFRICAINE EN 2010 La Bad table sur 50 milliards de dollars Us



L’Afrique est frappée de plein fouet par la crise financière internationale. Ce qui, selon les Perspectives économiques africaines (Pea), une publication présentée hier, dimanche 10 mai à Dakar, en marge des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), a grandement affecté les économies africaines avec une croissance du PIB chutant de moitié, soit d’un taux prévu de 5,7% à 2,8% en 2009.

Publié conjointement par la Bad, l’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, cet ouvrage sur les Perspectives économiques africaines (Pea) mentionne que la crise a diminué de manière sensible la croissance soutenue de plusieurs pays africains depuis les cinq dernières années.

Les auteurs de ce rapport estiment que : « en raison de la baisse des activités économiques, le continent ne pourra enregistrer que 2,8% de croissance en 2009, moins que les 5,7% prévu avant la crise. La majorité des économies africaines a enregistré une croissance moyenne de 5% au cours de la dernière demi-décennie ».

Cependant, les autorités des PEA voient la croissance revenir de 4,5% en 2010. « La croissance dans les pays exportateurs de pétrole devrait baisser de 2,4% en 2009, comparé à 3,3% pour les pays importateurs ».

Pour parvenir à cette fin, la Bad, par la voix de son économiste en chef, M. Louis Kaserkende, dans le message adressé à la communauté internationale, affirme que les besoins sont estimés à 50 milliards de dollars Us pour l’année prochaine. Selon lui, « la situation économique pourrait empirer avant de rebondir en 2010 mais l’Afrique doit se placer et il y a des signes précurseurs pour relever la croissance ». Louis Kaserkende estime que l’argent recherché va aider à financer les infrastructures, développer le commerce et préserver les acquis.

Budgets nationaux, investissements directs étrangers, Omd…touchés

Les Perspectives économiques africaines couvrent 47 pays africains, comparé à 35 pays l’an dernier. Les auteurs de ce rapport soulignent que la chute dramatique des prix des matières premières et la demande en baisse des pays de l’OCDE auront un effet négatif sur les budgets nationaux des pays africains, avec un déficit régional tournant autour de 5,5% du Pib comparé à un surplus de 3,4% prévu par les PEA, il y a un an.

Les investissements directs étrangers baisseront d’environ 10% en 2008. Les PEA 2009 indiquent également que, si l’aide publique au développement s’est accrue en 2008, il subsiste des inquiétudes relativement aux budgets des donateurs en raison de la présente crise économique.

Les rédacteurs rappellent que « durant les années 1970 et 1981, la croissance en Afrique a été largement contrainte par des facteurs extrêmes. Des décennies de réformes ont permis de s’attaquer à ces diverses contraintes. Grâce à un environnement externe favorable, l’Afrique a jouit d’une décennie de croissance, au-delà de 5% ». Selon eux, « la crise financière, qui est maintenant devenue une crise économique, a grugé ces bénéfices cumulés au cours de ces années de réformes ». Ils pensent que : « Avec un taux de croissance projeté de seulement 2,8%, et une pression à la baisse, plusieurs pays pourraient sombrer dans la pauvreté. Cette situation représente un recul, au-delà du contrôle des Africains ».

En misant sur une méthodologie mise à jour, les perspectives mentionnent que seulement quelques pays sont sur la voie de diminuer de moitié la part de la population vivant avec moins d’un dollar par jour en 2015. « Cependant, nous ne devons pas désespérer », dit Louis Kaserkende, économiste en chef de la Bad, « car la décennie de réformes a permis d’introduire plus d’efficacité en matière de management macroéconomique et rendre les économies africaines plus compétitives ».

Les TIC sauvent la face

Sur une note positive, les PEA 2009 notent que l’Afrique est mieux positionnée pour contrer la crise qu’il y a dix ans. Ils soulignent que plusieurs pays ont engagés des réformes macroéconomiques prudentes au cours des dernières années, qui ont renforcé leur situation fiscale et réduit l’inflation à des niveaux inférieures à 10%. Plusieurs ont aussi bénéficié d’allégement substantiel de dettes, avec un ratio de services de la dette sur exportation se situant à des niveaux bas dans plusieurs pays.

Les PEA 2009 mettent l’accent sur les innovations en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC). Le rapport conclut qu’en dépit des taux peu élevés de pénétration des nouvelles technologies, des applications novatrices des ICT se sont répandues dans des domaines comme la banque électronique, le paiement électronique, l’agriculture électronique, le commerce électronique, le gouvernement électronique et l’éducation électronique. Plusieurs de ces outils aident à améliorer l’environnement des affaires en contribuant au développement des marchés, en réduisant les barrières liées aux infrastructures et en réduisant les coûts.

Mettre le secteur privé et les ménages à l’abri

Après une évaluation des effets des la crise sur l’Afrique, l’économiste en chef de la Bad pense que sur le court terme, il convient de minimiser les effets sur le secteur privé et les ménages. Pour cela, a-t-il précisé, « il faut augmenter les investissements publics, amener les partenaires au développement à honorer leurs engagements en matière de financement. Les aides promises avant la crise doivent non seulement parvenir aux pays africains mais elles doivent également être augmentées ».

Sur cette lancée, M.Kaserkende pense que les pays africains doivent développer l’intégration aussi bien au niveau des marchés financiers et le commerce intra-africain. Malgré les dégâts causés par la crise, il dit être optimiste parce que les gouvernements africains sont sensibilisés et il y a un engagement local au niveau de la mobilisation des ressources.

Le Directeur du Centre de développement, OCDE France, représentant de l’Ocde lors de la publication du rapport, affirme que « L’Afrique sera beaucoup plus forte après la crise financière internationale ». A son avis, il ne faut surtout pas se cramponner sur des positions nationalistes avec des mesures de protections mais participer à une dynamique d’ensemble. Ce qui amène l’économiste de la Bad à dire que « L’Afrique a été frappée durement par la crise mais les Etats africains ne doivent pas se départir de la mondialisation ».

Sud Quotidien

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