Sécurité alimentaire : Le salut par la maîtrise de l’eau
Alors qu’il consacre des centaines de milliards de francs Cfa par an pour importer son alimentation de base, le Sénégal gagnerait à intensifier sa production locale. Mais faudrait-il qu’il parvienne à maîtriser l’eau. Le Programme de développement agricole de Matam (Prodam) a indiqué la voie à suivre.
Dans sa croisade contre l’insécurité alimentaire et le déficit chronique de sa balance commerciale, l’Etat du Sénégal n’a d’alternative que de miser sur la maîtrise de l’eau. La preuve a été administrée par le Programme de développement agricole de Matam (Prodam) dans ses zones d’intervention que sont le Walo, le Diéri et le Ferlo. Pour favoriser la sécurité alimentaire dans la région, le Prodam appuie fortement la production agricole de sa zone d’intervention. Ainsi, depuis 1997, environ 2 000 ha de périmètres hydro-agricoles ont été aménagés, dont 560 ha dans le Dandé Mayo.
La culture du maïs en contre-saison a été aussi encouragée par le Prodam. Et l’utilisation de variétés hybrides ‘Mbok Ablaye Wade’ a permis d’obtenir une production atteignant 11 tonnes à l’ha. Ainsi, sur une superficie de 325 ha, environ 2 000 tonnes ont été récoltées, révèle le responsable du développement agricole du Prodam, Abdoulaye Ndaw. Dans le Diéri, le système d’irrigation au goutte-à-goutte, pratiqué dans les périmètres maraîchers, est en passe de transformer la vie des populations. Dans cette zone, la culture de contre-saison, jusque-là inconnue de ces ‘Foutankés’, est en train de faire son petit bout de chemin, en capitalisant les acquis des infrastructures existantes comme les forages. A Agnam Civol par exemple, moyennant un modique investissement de 2,8 millions de francs Cfa, les femmes et jeunes de la localité ont bénéficié d’un apport de 12 millions du Prodam pour mettre en place leur périmètre irrigué. Une exploitation diversifiée qui leur procure des revenus de 2 millions de francs par ha.
En visite dans la localité, le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Amath Sall, a invité les autres zones à s’inspirer de cet exemple pour réaliser l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. ‘On essayera d’implanter ces sites partout où ce sera possible, ce qui permettra de générer de substantiels revenus, de faire reculer la pauvreté, donc de fixer les populations’, estime M Sall, appuyé dans ses propos par le président des ‘Forces paysannes’, Aliou Dia. Pour ce dernier, le développement des périmètres irrigués comme celui d’Agnam Civol, permet également de régler le problème du chômage dans la zone. ‘Au Sénégal où nous avons plus de 8 000 forages motorisés, il suffit que chaque forage dispose de son périmètre maraîcher permettant de faire de telles réalisations pour arriver à cette autonomie’, assure le député des paysans. Car, de son avis, le forage ne doit plus servir seulement à l’abreuvage du bétail et à la consommation humaine. Mais aussi à l’agriculture.
Seulement, le parlementaire a laissé entendre que les pouvoirs publics doivent prendre des dispositions pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Pour lui, l’objectif reste réalisable si on prend toutes les dispositions comme la maîtrise de l’eau, des semences de qualité, des intrants, l’encadrement technique. Si pour l’eau et la terre, le problème ne se pose pas, car le Sénégal en dispose en quantité, pour les intrants, il faut que l’Etat fasse des efforts comme il l’a fait avec le matériel agricole qui a bénéficié d’une enveloppe de 13 milliards de francs Cfa. Pour ce qui est de l’encadrement technique, poursuit Aliou Dia, le Sénégal regorge de cadres. ‘Si l’on regarde les réalisations de la Saed, on se rend compte que ce ne sont pas les ressources humaines qui manquent au Sénégal’.
La réalisation de l’autosuffisance est devenue d’autant urgente qu’une pénurie de riz guette le marché sénégalais qui ne compte que sur celui thaïlandais qui, de nos jours, a plus besoin de ce riz que le Sénégal.
Wal Fadjri
