Samedi dernier, les fils de Vélingara se sont retrouvés à l’hôtel La Paillote de la commune, dans le cadre d’un forum de développement. Il s’agissait de diagnostiquer les maux qui freinent le développement de ce terroir riche en ressources naturelles et de proposer des solutions pour le décollage économique du Fouladou.
«Le Fouladou est sur notre tête tel un fardeau de lait frais. Un fardeau de lait frais est difficile à porter. Si l’on trébuche, il se répand. Et pour que le lait ne se répande pas, il faudrait que nous nous soutenions mutuellement, que nous aménagions des espaces de concertations et de dialogue. C’est ainsi seulement que nous pouvons engager notre département dans la voie du développement.» L’inspecteur de l’enseignement, Kabiné Diané, qui a prononcé ces mots, animait une causerie sur le thème : «La jeunesse face aux défis du développement local.» C’était samedi dernier, dans un hôtel de la commune, dans le cadre du forum pour le développement de Vélingara. Ces mots sont l’expression d’une prise de conscience d’un groupe de jeunes par rapport à leur part de responsabilité dans le processus de développement de leur contrée, pour avoir initié l’organisation de ce forum, parrainé par Abdoulaye Baldé, le secrétaire général de la Présidence de la République.
Mahamadou Kandé, économiste, principal initiateur de la journée, a réussi à battre le rappel des hommes politiques, des intellectuels et des citoyens lambda, natifs du terroir, résidents dans la localité ou membres de la diaspora. Dans sa communication, l’inspecteur Diané a reconnu que les jeunes sont en partie responsables de la situation de pauvreté qu’ils vivent dans leur majorité. Car, «de plus en plus, nous remarquons qu’il y a, au niveau des jeunes, une perte des qualités qui font le bon citoyen. Ils ont horreur du travail bien fait dans la discipline librement consentie. Ils ont perdu le réflexe de solidarité, partant, du devoir de sacrifice au profit de la collectivité». Alors que «pour se développer, une localité devra compter sur les jeunes qui sont malléables et en devenir». Toutefois, il dira que le grand responsable du dénuement dans lequel se trouve le département est l’Etat, qui n’a pas suffisamment appuyé le département pour mettre en valeur les nombreuses potentialités dont il regorge.
Les potentialités sont, à son avis : «Les cours d’eau existent en quantité, de même que le cheptel. La pluie est abondante, la terre fertile, les ressources forestières et les bras pour travailler ne font pas défaut.» Malgré toutes ces potentialités, Vélingara est classé parmi les départements les plus pauvres du pays. Une réalité qui a poussé le conférencier à citer feu El hadji Diao, homme politique, ancien Dg du Projet des micro-entreprises rurales (Promer) qui disait : «Vélingara est un département potentiellement riche et effectivement pauvre.» Un paradoxe que le forum cherche à effacer. Pour l’autre conférencier, Ibrahima Barry, inspecteur des Impôts et Domaines, il faudra que la jeunesse fasse sienne la fable de La Fontaine qui dit que le travail est un trésor et que les collectivités locales devront être soutenues dans le cadre du recouvrement et de la bonne gestion des taxes et impôts.
Les débats qui ont suivi la conférence ont mis l’accent sur la nécessité d’institutionnaliser le forum, de faire en sorte que les fils du terroir s’accordent et se retrouvent quand il s’agit de défendre les intérêts de la localité, sans tenir compte des convictions politiques et religieuses, que les sociétés de développement de la place (Sodefitex et Sodagri) servent le département et ses populations et, enfin, que les responsables politiques accordent leurs voix pour influencer les décideurs, aux fins d’accorder des investissements substantiels à la localité.
Sur le plan des investissements, Mahamadou Kandé a fait le constat qui suit : «Le département de Vélingara est le plus oublié du pays. Depuis l’alternance, nous n’avons pas bénéficié d’investissement d’envergure. Tous les chantiers entamés par l’alternance sont inachevés. Pour une opération aussi banale qu’une césarienne, il faut se rendre à Tamba ou à Kolda, distantes de plus de 100 km. Toutes les voies d’accès sont dans un mauvais état.» Les recommandations du forum, assure M. Kandé, seront consignés dans un document et transmis à l’autorité administrative. Il en sera fait le suivi à travers un comité à mettre sur pied et piloté par des Vélingarois basés à Dakar, qui est le principal centre de décision.
Le Quotidien