Perdu au fin fond de la communauté rurale de Ronkh (département de Dagana), le village de Thiagar n’a pas attendu l’accompagnement des pouvoirs publics pour sortir de l’anonymat. Cette localité a misé sur l’investissement de ses fils pour prendre en marche le train du développement. Grâce à ses deux usines de transformation de riz, son unité de production d’énergie électrique et de combustible, ce village s’est métamorphosé et le niveau de vie de sa population a complètement changé.
Située à plus de 90 km de Saint-Louis et charmant village où la population avoisine les 2.000 âmes, Thiagar est considéré comme le « Grenier du Delta ». Distante de la commune de Rosso Sénégal que de 5 km, cette localité n’est pas facile à rallier. Mais celui qui fera l’effort d’y parvenir, découvrira un coin sympa, avec des populations accueillantes, toujours prêtes à vous faire partager le plaisir qu’elles ont de vivre dans ce charmant petit village qui a su, au fil des années, rester authentique. À Thiagar, tout le monde est le bienvenu. Et s’intégrer à son tissu local ne pose pas problème, pour peu que l’on aime le style de vie de ses habitants.
Thiagar n’est pas resté à l’écart de l’activité humaine. Ce village est particulièrement vivant et grouille de gens de toutes allures et de vie. Au visiteur qui foule pour la première fois son sol, il offre une possibilité de partager son passé où s’entremêlent anecdotes et histoires locales.
Village au passé illustre, Thiagar a abrité la première coopérative du Delta. Thiagar a également été la première localité du Delta visitée par le président Léopold Sédar Senghor ; c’était en 1961. Selon les nombreux témoignages, le village était aussi le centre d’instruction des guerriers qui avaient pour mission de défendre le Brack du Walo. À Thiagar, qui recèle un potentiel agricole insoupçonné avec des terres fertiles et un réseau hydrographique dense, l’agriculture constitue la priorité des priorités pour sa population. Ce secteur suscite un engouement certain dans cette localité, rapidement devenue une zone spécialisée dans la culture du riz. Au vue de cette particularité, Thiagar est aussi devenu un des maillons forts de cette chaîne autour de cette filière qui fait aujourd’hui la fierté des producteurs de la Vallée.
Envisager l’autosuffisance
Dans le Delta, à Thiagar particulièrement, la production de riz a augmenté parce qu’une bonne partie de la population a opéré un retour à la terre qu’elle avait abandonnée depuis des décennies, faute de moyens. Cette population aujourd’hui ne veut plus produire du riz pour sa consommation seulement. Elle veut faire plus. Et si l’autosuffisance n’est pas encore une réalité, les populations de cette localité estiment qu’elle est bel et bien envisageable dans cette zone ou jeunes, pleins d’énergie et d’espoir, femmes et vieux ne lésinent pas sur leurs moyens et leurs forces physiques pour cultiver leurs terres. « Nous survivons grâce à l’agriculture et nous sommes en mesure de produire encore plus si nous sommes appuyés par une très bonne politique agricole, des moyens adéquats en intrants, en petit matériel et techniques agricoles, dans la commercialisation et la sécurisation de nos productions », a soutenu Amadou Diaw, un agriculteur qui exploite un petit lopin de terre qui lui permet de survivre. Et il s'en sort tant bien que mal. « Je vivais à Dakar et j’étais marchand ambulant. Comme les affaires n’étaient plus florissantes, je suis revenu pour m’installer ici. J’ai opté pour les champs », a expliqué à son tour Modou Fall, un jeune qui avait déserté son village pour aller faire fortune à Dakar, et qui n’a malheureusement pas réussi. Son cas n’est pas unique. Comme lui, beaucoup d’autres jeunes de cette localité et des environs sont revenus dans leurs foyers et sont retournés vers l’agriculture.
En attendant de trouver mieux, ils se sont lancés le défi de faire prospérer de petites parcelles de terrain héritées soit de leurs parents, soit qu’on leur a prêtées. Et aujourd’hui, ils reconnaissent vraiment la valeur sacrée de cette terre qui les nourrit. Certains avouent même que ce retour aux sources est une façon pour eux de faire face aux difficultés de la vie. Car les terres sont très fertiles et rapportent parfois des rendements dépassant leurs prévissions. Toutefois, leur ambition est freinée par un manque de moyens. « Pour cultiver un champ, il faut disposer de moyens financiers conséquents. La volonté est là, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que les pouvoirs publics nous aident en mettant en place des stratégies payantes comme la mécanisation », a laissé entendre Amadou Diaw.
Dans ce combat pour assurer la sécurité alimentaire, les femmes ne veulent pas être en reste. Une femme productrice de riz, répondant au nom de Coumba Diaw, a souhaité des mesures d’accompagnement pour les aider à augmenter leur production. « Le Walo est le grenier du Sénégal. C’est une zone riche en eau et en terres. Avec des mesures d’accompagnement, nous pouvons régler le problème de l’autosuffisance en riz.
Quotas pour les femmes
Mais pour cela il faut aussi que l’Etat nous aide à trouver des preneurs qui garantissent l’achat de nos récoltes, et à bon prix », a-t-elle plaidé, tout en dénonçant la discrimination dont elles font l’objet. Korka Diaw, une autre productrice qui habite Richard Toll, a aussi abondé dans le même sens. Selon cette femme qui s’active dans la riziculture depuis plusieurs années maintenant, le problème de la commercialisation constitue un frein à leurs ambitions. Elle a aussi demandé à ce que les femmes bénéficient des quotas, au même titre que les hommes. Car, a-t-elle noté, « ce que l’homme peut faire, les femmes peuvent aussi le faire ». D’autres femmes qui n’ont pas les moyens, préféreraient, elles aussi, disposer de terres, pour accroître leurs revenus.
Pour ces différents acteurs du secteur agricole, il leur appartient d’assurer l’alimentation et l’autosuffisance alimentaire des populations du pays comme le souhaite le chef de l’Etat. Et pour cela, ils veulent acquérir plus de terres pour les cultiver. Et selon Abdou Gaye, l’État ne doit pas aussi lésiner pas sur les moyens. Selon lui, les autorités doivent accompagner de manière efficiente les agriculteurs afin de leur permettre d’apporter leur contribution à la définition de ce que devra être la politique de développement de la filière rizicole.
Une localité qui s’industrialise
Malgré son statut de village, Thiagar ne vit plus dans l’anonymat. Loin de là. Il vit au rythme de ces grandes villes industrialisées. Riche de deux grandes unités de transformation de riz venues conforter son économie, et qui ont insufflé une nouvelle vie à la localité, en consolidant les populations, en créant des emplois et aussi les conditions de prospérité et de croissance, Thiagar est devenu prospère. Mieux, il s’est transformé en un véritable poumon économique dans cette zone où la culture du riz est presque devenue une religion.
Créé en 1987, la société Coumba Nor Thiam (Cnt) qui emploie plus de 450 personnes, hommes et femmes, entretient un réseau de plus de 80 producteurs. Avec ce partenariat, les superficies cultivables ont considérablement augmenté, passant de 6.000 ha à 7.000 hectares par an. Selon son directeur Ibrahima Sall, un ancien de la CSS, qui a toujours cru en l’agriculture, ce réseau s’étend de Dagana à Maka Diama et est actif toute l’année, pendant les deux campagnes. « Pour transformer la production, nous disposons de deux unités d’usinage du riz paddy d’une capacité installée de 124 tonnes/jour ». Il a souligné que sa société contribue à la production annuelle de 30 à 35.000 tonnes de riz paddy du réseau, dont près de 2.720 tonnes en production propre. « Pendant l’hivernage 2011, on a bénéficié des variétés aromatiques introduites par l’Usaid/Pce ; ce qui a permis d’améliorer la productivité et la qualité », a souligné M. Sall, qui a fait savoir que les moyens modernes de transformation ont permis à sa société de mettre sur le marché du riz blanc de qualité, compétitif, qui concurrence valablement le riz importé. « Nous distribuons 85% de la récolte à l’intérieur du pays et les 15% sont destinés au marché institutionnel », a indiqué M. Sall, qui a invité l’Etat de Sénégal à soutenir l’effort de développement en créant un environnement incitatif pour les Pme agricoles.
Retour au terroir
À quelques encablures de la société Cnt, se trouve l’établissement agro-industriel dénommé « Naxadi Deret », également créé en 1987, et qui, en plus de l’activité rizicole, exploite aussi de la tomate. Selon le directeur Cheikh Diallo, l’ambition de l’entreprise est d’accroitre sa production de riz blanc de 4.500 tonnes soit une hausse de 35%. Pour cela, a-t-il dit, une nouvelle rizerie d’une capacité de 50 à 60 tonnes par jour, a été acquise. Par ailleurs, il compte développer son réseau de distribution et accéder à de nouveaux marchés aussi bien urbains que ruraux.
Thiagar, c’est aussi son une unité de production d’énergie électrique à partir de la balle de riz mise en place par l’entreprise Coumba Nor Thiam (Cnt). « Cette initiative est une innovation majeure car elle traite les déchets issus de la transformation du riz paddy en énergie propre. Elle a aussi l’avantage de lutter contre la pollution de l’environnement en utilisant la balle de riz, une matière biodégradable », a expliqué M. Sall. Le projet « stove » nous a permis de développer un procédé de production de gaz domestique à partir de la typha, une plante envahissante des cours d’eau douce. Le fleuve Sénégal en est fortement infesté, de même que les champs de riz par endroits et les canaux d’irrigation. « Des tests de vulgarisation sont en cours dans des ménages ruraux et urbains à partir de fourneaux mis au point pour améliorer la combustion », a indiqué M. Sall.
Une localité qui s’industrialise, a besoin d’une main d’œuvre pour faire fonctionner son tissu industriel. Avec ses unités de transformation de riz et de production d’énergie, Thiagar est aujourd'hui devenu le centre de ralliement de tous les jeunes et femmes des villages environnants qui viennent y chercher du travail. Plusieurs localités de la communauté rurale de Ronkh, et du département de Dagana, dépeuplées de leurs mains valides qui s’adonnaient à de petites activités non lucratives dans les grandes villes, se sont repeuplées.
Mesures incitatives à prendre
Ces gens sont rentrés au bercail pour venir tenter leurs chances dans ces entreprises. « Des villages de la zone, qui étaient la proie d’un exode sans pareil, à cause notamment des conditions de vie difficiles, commencent à se repeupler parce que ces deux entreprises donnent aujourd’hui une réponse efficace au problème de chômage », soutient le vieux Oumar Sow, qui indique que beaucoup de jeunes que rien ne prédestinait au métier d’ouvriers agricoles, ont réussi à trouver du travail et changer leurs conditions d’existence. « La situation sociale de beaucoup de gens a considérablement changé. Si seulement l’État parrainait des projets de ce genre dans toute la Vallée, plus personne n’irait travailler à Dakar ou Saint-Louis. Cela permettrait aux grandes villes de se décongestionner rapidement », a confié un jeune, qui a dit ne pas regretter son retour.
Aujourd’hui, Thiagar représente presque un El Dorado pour les jeunes qui y voient des perspectives d’emploi importantes et aussi des opportunités d’enrichissement. Grâce à ses fils, il est l’une des localités du Walo les plus convoitées. « Ces différentes industries mises sur pied par des fils de Thiagar, qui emploient beaucoup de jeunes, sont à même de produire de la richesse et de développer le Walo. C’est pour cette raison que l’Etat doit prendre des mesures incitatives pour encourager les investissements et faciliter davantage la tâche aux porteurs de projets », a soutenu Abdou Gaye.
Village industriel type, Thiagar constitue un exemple à suivre dans le Walo. Cette localité, qui vit à travers son multiculturalisme hérité des différentes communautés venues travailler dans ses unités de transformation, a aujourd’hui dépassé plusieurs villages. Et son ambition est d’être le poumon du Delta. Une belle ambition à la portée de ce charmant coin perdu dans la vaste communauté rurale de Ronkh ; et qui pourrait être un espoir pour des lendemains qui chanteraient la surabondance.
Reportage de Samba Oumar FALL
Le Soleil
Située à plus de 90 km de Saint-Louis et charmant village où la population avoisine les 2.000 âmes, Thiagar est considéré comme le « Grenier du Delta ». Distante de la commune de Rosso Sénégal que de 5 km, cette localité n’est pas facile à rallier. Mais celui qui fera l’effort d’y parvenir, découvrira un coin sympa, avec des populations accueillantes, toujours prêtes à vous faire partager le plaisir qu’elles ont de vivre dans ce charmant petit village qui a su, au fil des années, rester authentique. À Thiagar, tout le monde est le bienvenu. Et s’intégrer à son tissu local ne pose pas problème, pour peu que l’on aime le style de vie de ses habitants.
Thiagar n’est pas resté à l’écart de l’activité humaine. Ce village est particulièrement vivant et grouille de gens de toutes allures et de vie. Au visiteur qui foule pour la première fois son sol, il offre une possibilité de partager son passé où s’entremêlent anecdotes et histoires locales.
Village au passé illustre, Thiagar a abrité la première coopérative du Delta. Thiagar a également été la première localité du Delta visitée par le président Léopold Sédar Senghor ; c’était en 1961. Selon les nombreux témoignages, le village était aussi le centre d’instruction des guerriers qui avaient pour mission de défendre le Brack du Walo. À Thiagar, qui recèle un potentiel agricole insoupçonné avec des terres fertiles et un réseau hydrographique dense, l’agriculture constitue la priorité des priorités pour sa population. Ce secteur suscite un engouement certain dans cette localité, rapidement devenue une zone spécialisée dans la culture du riz. Au vue de cette particularité, Thiagar est aussi devenu un des maillons forts de cette chaîne autour de cette filière qui fait aujourd’hui la fierté des producteurs de la Vallée.
Envisager l’autosuffisance
Dans le Delta, à Thiagar particulièrement, la production de riz a augmenté parce qu’une bonne partie de la population a opéré un retour à la terre qu’elle avait abandonnée depuis des décennies, faute de moyens. Cette population aujourd’hui ne veut plus produire du riz pour sa consommation seulement. Elle veut faire plus. Et si l’autosuffisance n’est pas encore une réalité, les populations de cette localité estiment qu’elle est bel et bien envisageable dans cette zone ou jeunes, pleins d’énergie et d’espoir, femmes et vieux ne lésinent pas sur leurs moyens et leurs forces physiques pour cultiver leurs terres. « Nous survivons grâce à l’agriculture et nous sommes en mesure de produire encore plus si nous sommes appuyés par une très bonne politique agricole, des moyens adéquats en intrants, en petit matériel et techniques agricoles, dans la commercialisation et la sécurisation de nos productions », a soutenu Amadou Diaw, un agriculteur qui exploite un petit lopin de terre qui lui permet de survivre. Et il s'en sort tant bien que mal. « Je vivais à Dakar et j’étais marchand ambulant. Comme les affaires n’étaient plus florissantes, je suis revenu pour m’installer ici. J’ai opté pour les champs », a expliqué à son tour Modou Fall, un jeune qui avait déserté son village pour aller faire fortune à Dakar, et qui n’a malheureusement pas réussi. Son cas n’est pas unique. Comme lui, beaucoup d’autres jeunes de cette localité et des environs sont revenus dans leurs foyers et sont retournés vers l’agriculture.
En attendant de trouver mieux, ils se sont lancés le défi de faire prospérer de petites parcelles de terrain héritées soit de leurs parents, soit qu’on leur a prêtées. Et aujourd’hui, ils reconnaissent vraiment la valeur sacrée de cette terre qui les nourrit. Certains avouent même que ce retour aux sources est une façon pour eux de faire face aux difficultés de la vie. Car les terres sont très fertiles et rapportent parfois des rendements dépassant leurs prévissions. Toutefois, leur ambition est freinée par un manque de moyens. « Pour cultiver un champ, il faut disposer de moyens financiers conséquents. La volonté est là, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que les pouvoirs publics nous aident en mettant en place des stratégies payantes comme la mécanisation », a laissé entendre Amadou Diaw.
Dans ce combat pour assurer la sécurité alimentaire, les femmes ne veulent pas être en reste. Une femme productrice de riz, répondant au nom de Coumba Diaw, a souhaité des mesures d’accompagnement pour les aider à augmenter leur production. « Le Walo est le grenier du Sénégal. C’est une zone riche en eau et en terres. Avec des mesures d’accompagnement, nous pouvons régler le problème de l’autosuffisance en riz.
Quotas pour les femmes
Mais pour cela il faut aussi que l’Etat nous aide à trouver des preneurs qui garantissent l’achat de nos récoltes, et à bon prix », a-t-elle plaidé, tout en dénonçant la discrimination dont elles font l’objet. Korka Diaw, une autre productrice qui habite Richard Toll, a aussi abondé dans le même sens. Selon cette femme qui s’active dans la riziculture depuis plusieurs années maintenant, le problème de la commercialisation constitue un frein à leurs ambitions. Elle a aussi demandé à ce que les femmes bénéficient des quotas, au même titre que les hommes. Car, a-t-elle noté, « ce que l’homme peut faire, les femmes peuvent aussi le faire ». D’autres femmes qui n’ont pas les moyens, préféreraient, elles aussi, disposer de terres, pour accroître leurs revenus.
Pour ces différents acteurs du secteur agricole, il leur appartient d’assurer l’alimentation et l’autosuffisance alimentaire des populations du pays comme le souhaite le chef de l’Etat. Et pour cela, ils veulent acquérir plus de terres pour les cultiver. Et selon Abdou Gaye, l’État ne doit pas aussi lésiner pas sur les moyens. Selon lui, les autorités doivent accompagner de manière efficiente les agriculteurs afin de leur permettre d’apporter leur contribution à la définition de ce que devra être la politique de développement de la filière rizicole.
Une localité qui s’industrialise
Malgré son statut de village, Thiagar ne vit plus dans l’anonymat. Loin de là. Il vit au rythme de ces grandes villes industrialisées. Riche de deux grandes unités de transformation de riz venues conforter son économie, et qui ont insufflé une nouvelle vie à la localité, en consolidant les populations, en créant des emplois et aussi les conditions de prospérité et de croissance, Thiagar est devenu prospère. Mieux, il s’est transformé en un véritable poumon économique dans cette zone où la culture du riz est presque devenue une religion.
Créé en 1987, la société Coumba Nor Thiam (Cnt) qui emploie plus de 450 personnes, hommes et femmes, entretient un réseau de plus de 80 producteurs. Avec ce partenariat, les superficies cultivables ont considérablement augmenté, passant de 6.000 ha à 7.000 hectares par an. Selon son directeur Ibrahima Sall, un ancien de la CSS, qui a toujours cru en l’agriculture, ce réseau s’étend de Dagana à Maka Diama et est actif toute l’année, pendant les deux campagnes. « Pour transformer la production, nous disposons de deux unités d’usinage du riz paddy d’une capacité installée de 124 tonnes/jour ». Il a souligné que sa société contribue à la production annuelle de 30 à 35.000 tonnes de riz paddy du réseau, dont près de 2.720 tonnes en production propre. « Pendant l’hivernage 2011, on a bénéficié des variétés aromatiques introduites par l’Usaid/Pce ; ce qui a permis d’améliorer la productivité et la qualité », a souligné M. Sall, qui a fait savoir que les moyens modernes de transformation ont permis à sa société de mettre sur le marché du riz blanc de qualité, compétitif, qui concurrence valablement le riz importé. « Nous distribuons 85% de la récolte à l’intérieur du pays et les 15% sont destinés au marché institutionnel », a indiqué M. Sall, qui a invité l’Etat de Sénégal à soutenir l’effort de développement en créant un environnement incitatif pour les Pme agricoles.
Retour au terroir
À quelques encablures de la société Cnt, se trouve l’établissement agro-industriel dénommé « Naxadi Deret », également créé en 1987, et qui, en plus de l’activité rizicole, exploite aussi de la tomate. Selon le directeur Cheikh Diallo, l’ambition de l’entreprise est d’accroitre sa production de riz blanc de 4.500 tonnes soit une hausse de 35%. Pour cela, a-t-il dit, une nouvelle rizerie d’une capacité de 50 à 60 tonnes par jour, a été acquise. Par ailleurs, il compte développer son réseau de distribution et accéder à de nouveaux marchés aussi bien urbains que ruraux.
Thiagar, c’est aussi son une unité de production d’énergie électrique à partir de la balle de riz mise en place par l’entreprise Coumba Nor Thiam (Cnt). « Cette initiative est une innovation majeure car elle traite les déchets issus de la transformation du riz paddy en énergie propre. Elle a aussi l’avantage de lutter contre la pollution de l’environnement en utilisant la balle de riz, une matière biodégradable », a expliqué M. Sall. Le projet « stove » nous a permis de développer un procédé de production de gaz domestique à partir de la typha, une plante envahissante des cours d’eau douce. Le fleuve Sénégal en est fortement infesté, de même que les champs de riz par endroits et les canaux d’irrigation. « Des tests de vulgarisation sont en cours dans des ménages ruraux et urbains à partir de fourneaux mis au point pour améliorer la combustion », a indiqué M. Sall.
Une localité qui s’industrialise, a besoin d’une main d’œuvre pour faire fonctionner son tissu industriel. Avec ses unités de transformation de riz et de production d’énergie, Thiagar est aujourd'hui devenu le centre de ralliement de tous les jeunes et femmes des villages environnants qui viennent y chercher du travail. Plusieurs localités de la communauté rurale de Ronkh, et du département de Dagana, dépeuplées de leurs mains valides qui s’adonnaient à de petites activités non lucratives dans les grandes villes, se sont repeuplées.
Mesures incitatives à prendre
Ces gens sont rentrés au bercail pour venir tenter leurs chances dans ces entreprises. « Des villages de la zone, qui étaient la proie d’un exode sans pareil, à cause notamment des conditions de vie difficiles, commencent à se repeupler parce que ces deux entreprises donnent aujourd’hui une réponse efficace au problème de chômage », soutient le vieux Oumar Sow, qui indique que beaucoup de jeunes que rien ne prédestinait au métier d’ouvriers agricoles, ont réussi à trouver du travail et changer leurs conditions d’existence. « La situation sociale de beaucoup de gens a considérablement changé. Si seulement l’État parrainait des projets de ce genre dans toute la Vallée, plus personne n’irait travailler à Dakar ou Saint-Louis. Cela permettrait aux grandes villes de se décongestionner rapidement », a confié un jeune, qui a dit ne pas regretter son retour.
Aujourd’hui, Thiagar représente presque un El Dorado pour les jeunes qui y voient des perspectives d’emploi importantes et aussi des opportunités d’enrichissement. Grâce à ses fils, il est l’une des localités du Walo les plus convoitées. « Ces différentes industries mises sur pied par des fils de Thiagar, qui emploient beaucoup de jeunes, sont à même de produire de la richesse et de développer le Walo. C’est pour cette raison que l’Etat doit prendre des mesures incitatives pour encourager les investissements et faciliter davantage la tâche aux porteurs de projets », a soutenu Abdou Gaye.
Village industriel type, Thiagar constitue un exemple à suivre dans le Walo. Cette localité, qui vit à travers son multiculturalisme hérité des différentes communautés venues travailler dans ses unités de transformation, a aujourd’hui dépassé plusieurs villages. Et son ambition est d’être le poumon du Delta. Une belle ambition à la portée de ce charmant coin perdu dans la vaste communauté rurale de Ronkh ; et qui pourrait être un espoir pour des lendemains qui chanteraient la surabondance.
Reportage de Samba Oumar FALL
Le Soleil