Agropole de Mpal : Cinq ans après, les populations attendent toujours le démarrage



Cinq ans après les espoirs suscités par son installation, l’Agropole de Mpal, qui a coûté quelques 13 milliards de francs CFA, n’est pas encore fonctionnel. Financé par la Coopération espagnole, ce complexe destiné à la conservation des produits maraîchers et de la viande, avec une capacité pouvant même être utile pour l’exportation de ces produits périssables et qui pourrait offrir l’alternative aux jeunes de la localité, est aujourd’hui en proie à la dégradation. Les populations, soucieuses du développement de leur localité, en appellent au chef de l’Etat pour le démarrage effectif des activités de ce projet qui engendrera des milliers d’emplois, avec une priorité d’embauche aux populations de la zone.

Situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Saint-Louis, l’agropole comprend un abattoir tout équipé aux normes européennes, avec un ensemble de chambres froides dénommée « partie sèche » pour la conservation de la production d’oignon de la région entre autres. Ce qui permettra de développer des productions maraîchères nécessitant une logistique de froid. Sans parler d’une administration équipée et un parc de 13 camions frigorifiques. Ce complexe n’est toujours pas mis en service. Et pour l’heure, une dégradation continuelle est notée du fait d’une non utilisation prolongée de diverses installations. C’est pourtant la communauté rurale de Mpal qui a octroyé les quarante hectares réservés à l’Agropole à ses promoteurs. Mais depuis elle a été dessaisie au profit du ministère de l’Agriculture. Selon Alioune Sarr, président de la communauté rurale de Mpal, « 40 ha avaient été affectés à ce projet dans la zone de la forêt classée, mais des démarches ont été effectuées, avant qu’il ne soit, par décret, transféré au domaine national. » Mais aujourd’hui, force est de constater que depuis l’achèvement des travaux, jusqu’à ce jour, ce complexe est toujours fermé et le président de la communauté rurale, tout comme les populations de la localité, qui fondaient de grands espoirs en ce complexe, ne comprennent toujours pas que les activités tardent à démarrer. D’ailleurs, comme le souligne le président, ce complexe a failli même être transféré dans le département de Dagana, avant que les autorités ne décident de le laisser à son emplacement actuel. Pourtant, des correspondances ont été adressées à qui de droit et des démarches effectuées au niveau des autorités politiques et administratives. Mais à ce jour, rien, n’a été fait puisque les portes de l’Agropole restent toujours closes et ce, au grand dam des populations. « Mpal est une grande communauté qui n’a pas de ressources financières. L’Agropole est la seule source de revenus et nous voulons vraiment que les populations en profitent. » Le président a, par ailleurs, tenu à préciser que « les Français sont prêts à investir et se sont déjà déplacés jusqu’au Sénégal pour voir l’état d’avancement des travaux. » Mais pour l’heure, c’est le stand by total. Pour Ibrahima Bâ, premier vice-président de la communauté rurale, « Mpal compte une population dont les 95°/° sont des agriculteurs et l’agropole constitue pour eux une providence. « La zone du Diéri est une zone riche en production maraîchère qui souffre de stockage et dont les produits se détériorent faute d’installation de chaîne de froid A coté, il y a la zone sylvo pastorale et l’élevage y est extrêmement développé. Il faut donc sécuriser la production de viande de qualité et de grande quantité des populations », a indiqué M. Ba qui ajoute que « ce projet permettra de ravitailler Saint-Louis, Louga, Dakar et aussi l’extérieur. Il permettera aussi de développer l’agriculture et l’élevage dans la zone et de lutter contre l’immigration clandestine, l’exode rurale et de sécuriser les populations et de les fixer. » S’agissant de l’impact de ce complexe sur la GOANA, M. Ba n’a pas manqué de souligner les pluies record enregistrées cette année et les productions attendues. Pour les sécuriser, M. Ba estime que « l’Agrople demeure le seul espoir pour les populations de Mpal pour sécuriser toute leur production et relever le défi de l’autosuffisance alimentaire. » Toutefois, il a fait part de l’inquiétude des populations quant au retard accusé pour le démarrage de ce projet aussi important, monté et mis en place depuis 2002.

Pour mettre fin à la longue attente des populations et les soulager, le groupe canadien SHAVANA Corporation s’est manifesté pour démarrer ce projet avec un capital de 7 milliards de francs en partenariat avec l’Etat du Sénégal. Ce groupe compte développer nombre d’activités telles que l’abattoir avec l’embouche industrielle bovine d’une capacité de stockage de 2.000 têtes, l’engraissement d’ovins d’une capacité de stockage de 10.000 ovins, un abattoir, la transformation des viandes, le traitement du cinquième quartier, la création d’une usine de conserverie, une chaîne de boucherie modernes. En bonne place, figure également un volet horticole dont l’objectif est d’assurer une production de fruits et légumes à haute valeur marchande, en quantité et en qualité, destinés aux marchés extérieur et intérieur. Cet objectif sera atteint par un partenariat gagnant entre le projet et les coopératives de producteurs de la zone d’implantation du projet, mais aussi par la mise en place de système de production agricole moderne, intensive et respectueuse de l’environnement. Un accent particulier sera mis sur le respect des normes de production ainsi que sur sa traçabilité.

Ce groupe compte également appuyer les producteurs en intrants agricoles de qualité et en matériels agricoles et par la mise en place dans le moyen et le long d’infrastructures de valorisation de la production. Le groupe va assurer la formation continue des producteurs et une école de formation sera mise en place qui interviendra dans la profession de la viande, l’élevage et l’agriculture, la formation de professionnels dans la connaissance de la découpe des carcasses et l’appellation des morceaux de viande.

Ce groupe a même émis le souhait d’un achat intégral de l’Agropole au franc symbolique, accompagné de grandes mesures sociales. Un schéma que ne préfèrent pas les populations, qui ne souhaitent que le démarrage de ce projet qui agit conformément aux convictions du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, relatives à une décentralisation rationnelle des régions et qui, il faut le souligner, contribuera à l’éradication de la pauvreté, l’augmentation de la productivité et de la production, la distribution équitable de la croissance économique, mais aussi la lutte contre l’exode rurale et la pauvreté urbaine. Mieux, ce groupe, selon le président de la communauté rurale, « va contribuer, de manière significative, à la politique du gouvernement pour le retour des jeunes vers l’agriculture dans le cadre de la grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance. »

Ce groupe, qui se dit prêt à investir dans ce projet et qui a entrepris toutes les démarches nécessaires, n’attend que l’aval du gouvernement pour démarrer ses activités. Les responsables canadiens ont effectué une descente sur les lieux et rencontré le président du Conseil rural de Mpal et l’Imam de la localité, au moment où les populations sont dans l’attente quant au démarrage des activités de l’Agropole. Mais, à ce jour, aucune réaction n’a été notée et les responsables de cette structure ne comprennent pas le mutisme qui fait suite aux correspondances envoyées jusqu’ici aux structures chargées de gérer ce domaine.

Le directeur de SHAVANA Corporation a indiqué que son groupe est prêt à développer un plan social qui va au-delà de 2009 pour les habitants des villages environnants, avec des logements et des emplois garantis. Aujourd’hui, avec la communalisation de Mpal, suivant un décret en date du 8 juin 2008, les populations ne comptent que sur le démarrage de cette unité pour renflouer les caisses de leur localité. Idem pour la nouvelle communauté rurale de Fass avec ses 55 villages et sa population qui s’active dans l’agriculture, le maraîchage et la pêche continentale.

CHANDELLE AGROPOLE MPAL : L’espoir est-il encore permis ?

Les populations polarisées par le complexe agro-industriel de MPal, semblent enfermées dans leur désillusion. Le fol espoir suscité par la construction de ce bijou, au demeurant très coûteux, s’est sérieusement étiolé, au point que les habitants des 81 villages ne savent plus à quel saint se vouer . Cinq longues années après l’achèvement des travaux de construction et de mise en place des équipements d’accompagnement, le complexe n’a jamais pris du service, les chambres froides et de conservation de légumes sont restées sur leur faim.

Ce qui est le plus cocasse dans cette affaire de l’ Agropole de Mpal, c’est que personne n’accepte d’en parler. Ou, à tout le moins, les gens donnent des bribes d’informations parcellaires, énigmatiques , qui se perdent dans les rumeurs et humeurs de certains responsables naguère chargés de la conduite du secteur de l’ agriculture dans notre pays .

Et, petit à petit , la nature est entrain de reprendre ses droits dans l’enceinte de la seule unité industrielle de la zone ; les mauvaises herbes et la lierre , le craquellement du sol et le refuge qu’est devenu ce lieu fend les cœurs. Pourtant, la zone est très réputée pour sa production légumière, halieutique. La GOANA a été l’occasion pour les responsables ruraux de booster leur agriculture. Et, aujourd’hui, c’est tout cet édifice qui risque de crouler, ce qui ne manquera pas d’avoir l’effet d’une bourrasque dans cette partie du Sénégal où les unités industrielles sont un luxe .

Le Soleil

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