Aide publique au développement : Le processus des déboursements au cœur des échanges



L’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) nécessite d’importants volumes d’investissement. Cependant, les processus de déboursements pourraient constituer un obstacle pour les Pays les moins avancés (Pma).

La question de l’accélération des déboursements et l’efficacité de l’aide publique au développement sont des sujets de débats depuis plusieurs années, selon Eric Guillaumont, président de la Fondation sur les Etudes et recherches sur le développement international (Ferdi). Mais dans le contexte économique actuel marqué par une crise financière mondiale, l’urgence est de faciliter l’accès au financement qui, par ailleurs, est la condition d’efficacité de l’aide. Le colloque de deux jours sur ‘l’Accélération des déboursements et l’efficacité de l’aide’ qui s’est ouvert à Dakar depuis hier, réunit une cinquantaine d’experts étrangers et des spécialistes sénégalais. L’objectif est de contribuer à la réflexion sur l’efficacité de l’Apd en mettant l’accent sur la question de l’accélération des déboursements. Pour impulser la réflexion sur ce sujet, quatre points sont retenus. Il s’agit notamment d’éclairer la question des obstacles à l’absorption d’une aide sensiblement accrue et plus rapidement mise à la disposition des pays récipiendaires ; d’en discuter en distinguant les deux principales modalités de l’aide ; d’analyser, au sujet de l’aide budgétaire, les avantages de la conditionnalité de résultat par rapport à la conditionnalité d’instruments et enfin de réfléchir à l’amélioration des procédures de gestion de l’aide budgétaire et de gestion des aides et programmes.L’initiative d’une telle rencontre est du gouvernement du Sénégal, en collaboration avec la fondation Ferdi. Le colloque international s’inscrit dans un contexte où les politiques de lutte contre la pauvreté et l’impératif d’une croissance soutenue posent avec acuité les questions du financement du développement en général et celle de la mobilisation des ressources extérieures en particulier. En ce sens, l’atteinte des Omd à l’horizon 2015, nécessite des volumes de financement plus élevés et un doublement de l’Apd pour les Pma. Mais la question de la mobilisation et de l’absorption des ressources laisse apparaître un ‘septicisme’ grandissant quant à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement. En effet, lit-on dans un document, ‘les promesses issues de la conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey en 2002 tardent à se concrétiser. Au cours de ces cinq dernières années, l’Apd s’est inscrite à nouveau à la hausse, puis a marqué un tassement et est restée à des niveaux largement en deça des 50 milliards de dollars supplémentaires par an estimés nécessaires pour la réalisation des Omd’. L’une des sources de lenteur dans les accroissements des financements extérieurs est relative aux taux de décaissement relativement faible par rapport aux investissements programmés. ‘Une part non négligeable d’investissements destinés aux infrastructures socio-économiques n’est pas réalisée dans les délais raisonnables alors que la demande en la matière est importante et revêt un caractère urgent’, souligne-t-on.

En outre, les procédures des partenaires extérieurs ont d’autres facteurs bloquants relatifs à la multiplicité des conditionnalités d’avant négociation - qui peuvent amener à rallonger les délais de déboursement de 18 à 24 mois- à la complexité et à la diversité des processus applicables à la gestion des projets, à la centralisation excessive du pouvoir de décision au niveau des sièges des bailleurs de fonds. La lourdeur de ces pratiques est due au fait qu’elles ne s’appuient pas sur les systèmes et procédures des pays bénéficiaires.

Pour le professeur Sylviane Guillaumont Jeanney, étant donné que les contraintes physiques et administratives allongent les délais, il faudrait subordonner l’efficacité de l’aide aux résultats finaux des projets plutôt qu’à la conditionnalité matérielle. La vice-présidente de la région Afrique de la Banque mondiale, Mme Obiageli Ezekwesili, pour sa part, déclare que la Banque est prête à mettre en œuvre les programmes dont l’objectif est d’améliorer l’appui au développement. Cependant, ce sont les pays bénéficiaires qui doivent tracer la voie qui mène à l’efficacité de l’aide. ‘Le leadership doit venir de l’intérieur’, dira-t-elle pour inviter les Pma à définir eux-mêmes les secteurs prioritaires qui doivent absorber les financements étrangers. Mme Ezekwesili, estime, par ailleurs, qu’il faut lever les obstacles qui freinent la croissance des pays les moins avancés.

Khady BAKHOUM
Wal Fadjri

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