BAKEL : EAU, RESSOURCES NATURELLES ET ENCLAVEMENT INTERNE, LES TROIS MAUX QUI PREOCCUPENT LE GIC

Le Groupement d’Intérêt Communautaire (GIC) de Bakel tire la sonnette d’alarme et se penche deux jours durant sur les difficultés qui plombent le décollage socio économique de la contrée. Il s’agit essentiellement de la problématique de la maîtrise de l’eau, celle relative à la gestion des ressources naturelles ainsi que l’épineuse et récurrente question de l’enclavement interne. Un document sera ficelé dans ce sens et adressé aux décideurs politiques pour une meilleure prise en charge de cette situation qui maintient à des niveaux très bas les indicateurs du développement.



Ce sont les dispositions prises à l’article 239 de la loi 96-06 du 22 mars 1996 portant code des collectivités locales qui stipulent que « plusieurs communautés rurales peuvent décider de constituer entre elles, ou avec une ou plusieurs communes, un Groupement d’Intérêt Communautaire ayant pour objet la gestion ou l’exploitation des terres du domaine national, de biens d’équipements, d’infrastructures ou de ressources intéressant plusieurs communautés rurales et une ou plusieurs commune ». Les quelque 13 communautés rurales du département de Bakel se sont engouffrées dans la brèche pour, avec le concours de la coopération française, à travers le projet ADDEL, mettre en place cette structure fédérative qui a capitalisé 3 bonnes années d’expérience et qui envisage entre autres perspectives, de se positionner comme un acteur incontournable du développement à l’échelle départementale ou encore prendre en charge des problématiques transversales de développement.

Lundi et mardi, les présidents des conseils ruraux, les responsables de services techniques, les membres de l’administration territoriale, les représentants des jeunes et des femmes, ont passé au peigne fin trois sujets d’une brûlante actualité dans le département de Bakel et pour la résolution desquels, tous estiment qu’il faut une entente inter communautaire. Il s’agit de la maîtrise de l’eau, de la gestion des ressources naturelles et de l’enclavement interne du département. « Malgré la présence du fleuve Sénégal et de la Falémé ainsi qu’un régime pluviométrique relativement acceptable, le département demeure confronté à des difficultés d’accès à l’eau potable. La nature du sol n’est pas pour faciliter les choses », reconnaîtra d’entrée de jeu le préfet du département qui s’est donc félicité de l’initiative du GIC pour dire qu’elle est venue à point nommé. Les présidents de conseils ruraux présents à ce conclave sont unanimes sur les problèmes d’eau qui assaillent les populations et qui sont par endroits très aigus, comme dans les communautés rurales de Sinthiou Fissa, Goudiry, Moudéry, Bala et Gathiary.

La plupart des forages sont à l’arrêt sinon ont des débits très faibles. Il n’y a, de l’avis des élus locaux, aucun bassin de rétention encore moins de lacs artificiels et des micro barrages dignes de ce nom pour permettre de maîtriser l’eau, même si des promesses font état d’un programme qui serait conçu et en voie d’être exécuté dans toute la région orientale. S’il est clairement établi une inter relation entre une bonne politique de maîtrise de l’eau et la gestion des ressources naturelles (la maîtrise de l’eau est synonyme de bonnes productions halieutiques, agricoles et forestières), il y a alors de réels motifs d’être inquiet dans le département de Bakel où l’eau est devenue très rare.

Par rapport à la gestion des ressources naturelles, les élus membres du GIC ont exprimé leur courroux relatif à l’agression subie par le couvert végétal et quelques forêts du fait de la forte transhumance transfrontalière (le département de Bakel est frontalier à la Mauritanie et au Mali). Le commandant Baba Bâ inspecteur régional des eaux et forêts présentera à l’assistance la quintessence de la politiques forestière du Sénégal, les opportunités offertes aux collectivités locales par les textes de loi, mais également pas mal de contraintes de nature à porter un coup dur à la gestion par les collectivités locales, des ressources naturelles. L’inspecteur régional des eaux et forêts de préciser d’ailleurs qu’une étude est en cours pour voir de près tous les problèmes liés à la gestion des ressources naturelles afin de faire des propositions concrètes aux décideurs politiques. Les présidents de conseils ruraux diront ne pas comprendre que ce soit le conseil régional, qui n’a pas de territoire, qui autorise les amodiations et que l’Etat empoche tous les droits y afférents sans la moindre ristourne aux communautés rurales concernées.

Le récurrent problème de l’enclavement interne du département de Bakel est posé sur la table par les élus locaux. Bakel qui s’étend sur 24 000 km2 n’a aucune piste carrossable reliant ses différentes localités. Une étude faite à la suite du conseil inter ministériel du 17 août 2006 relatif au programme d’urgence dans la région, fait ressortir « la difficulté de se déplacer, l’inaccessibilité de plusieurs zones surtout en période hivernale, les coûts onéreux des transports, etc. ».

Les populations, si l’on en croit Baganda Sakho le président du GIC de Bakel, souffrent terriblement de cette inexplicable situation d’enclavement interne qui ne fait qu’accentuer la pauvreté dans la mesure où des études ont également établi une très forte inter relation entre l’enclavement et les indicateurs de développement. Dans les temps, l’Association pour le Développement de l’Arrondissement de Moudéry avait manifesté le désir de réaliser l’axe Djimbé- Gandé et était même prête à casser sa tirelire si les pouvoirs publics en avaient fait une de leurs priorités. Les routes départementales sont toutes impraticables, des ouvrages d’art menacent de s’écrouler.

L’exposé du condensé des voies et ouvrages retenues dans le cadre du programme d’urgence semble ne pas trouver l’assentiment des élus et de certains techniciens qui ont proposé de revoir le document pour des amendements tenant en compte cette nouvelle donne qu’est le GIC. Un document final sanctionnera les travaux et il sera soumis aux pouvoirs publics. Le GIC de Bakel, faut-il le rappeler, est appuyé et conseillé par le Groupe de Recherches et de réalisations pour le Développement Rural (GRDR). La fausse note qui a failli faire échouer ces journées thématiques, est venue de certains chefs de services techniques qui n’ont pas daigné se présenter à l’ouverture des travaux pour lesquels ils devaient faire d’importantes communications dans leur domaine d’activité. Joint par le préfet, l’un d’entre eux mettra sur la table le fallacieux prétexte de ne point recevoir l’invitation.

Pire, c’est l’inexplicable et inqualifiable attitude du sous préfet de Kidira qui, pour des questions de « prise en charge », menaçait de quitter la rencontre, et a fait perdre pour cela, énormément de temps en donnant de la voix comme un collégien qui en veut à son professeur. Une attitude fortement décriée par la quasi-totalité de l’assistance.

Sud Quotidien

Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte
Bon à Savoir


Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 28
Inscrivez-vous.entrez votre email pour garder le contact car nous avons besoin de vos avis et suggestions.merci d'avance