BARRAGE HYDRO-ELECTRIQUE DE MATANTALI : 11 milliards de m3 d’eau emmagasinés



D’une manière générale, les hydrauliciens considèrent la saison pluviométrique comme « une saison moyenne ». Ainsi, les inquiétudes, qui tenaillaient les techniciens quant à l’inondation de Saint-Louis, se sont-elles dissipées comme une « fausse alerte ». Le réel motif de satisfaction, cependant, est le bon taux de remplissage du barrage de Manantali qui a emmagasiné plus de 11 milliards de m3 d’eau et produit 800 Gwh d’électricité.L’année hydrologique 2007 sur le fleuve Sénégal a été exceptionnelle à l’image des pluies enregistrées. La fréquence des pluies a donné lieu à d’importants écoulements sur le fleuve. La conséquence est l’importante montée des eaux caractérisant une bonne crue de 10,37 mètres à Bakel où la côte d’alerte n’est que de 10 mètres. Cette côte n’a jamais été enregistrée depuis les années 50 où les barrages de Diama et Manantali n’étaient pas encore érigés.

Le caractère exceptionnel de l’hivernage 2007 a eu pour conséquence des écoulements importants sur le fleuve Sénégal. Ces écoulements ont engendré une crue locale record.

Pour le chef de division régionale de l’Hydraulique, « ce qu’il faut dire pendant cet hivernage 2007, c’est que la crue de cette année, par rapport aux crues antérieures est plus haute. Mais, la particularité de la crue de 2007, c’est qu’on a eu 10,37 mètres à Bakel ». Ces 10,37 mètres ont été le maximum, si l’on sait que la côte d’alerte de Bakel est de 10 mètres. Ce qui, donc, a permis d’enregistrer quelques débordements non loin de Bakel et notamment à Diattar. Après 1999 où l’on a enregistré une crue de 10,99 mètres, c’est la plus importante crue locale enregistrée depuis l’érection des barrages de Diama et Manantali.

Pour Ibrahima Diop, directeur de l’Hydraulique, « la formation du fleuve Sénégal, c’est la réunion du Bafing et du Bakoye et le barrage de Manantali est fait sur le Bafing et sur le Bakoye, il n’y a pas de barrage. Cette crue est du fait de l’apport des eaux sur le Bakoye qui, cette année, est allée jusqu’à 11 mètres. Mais, le Bafing a drainé de l’eau et a permis surtout de remplir la retenue de Manantali qui a connu son niveau le plus bas pendant l’étiage 2006-07 ».

Ce remplissage fait au niveau donc de Manantali par le Bafing, qui a fait que la crue n’a pas pu dépasser les 10,30 mètres enregistrés à Bakel. Ce sont ces eaux venues du Bafing, qui ont permis de remplir la retenue de Manantali. Et c’est la propagation de cette onde de crue du fait du Bakoye, qui a eu pour conséquence les 10,32 mètres observés au niveau de Bakel.

A Matam, le niveau enregistré est de 8,5 mètres, alors que la côte d’alerte y est de 8 mètres. Un niveau largement dépassé, ce qui a occasionné quelques problèmes sur la digue de Matam qui avait même failli sauter.

« Cette propagation, on a essayé de la gérer autant que possible à partir du moment où l’on a su que c’était les 10,32 m du fait de la digue qui a été érigée à Saint-Louis pour les travaux de réhabilitation du pont Faidherbe », précise le directeur. Et d’ajouter : « On a rabaissé le niveau amont du barrage de Diama, ce qui a permis de ne pas avoir de débordement à Saint-Louis et plus l’action rapide faite par le canal de délestage. Le canal de délestage a été réalisé pour lutter contre les inondations à Saint-Louis ».

Le remplissage du lac de Guiers toujours à l’ordre du jour

En 2007, Saint-Louis n’a pas connu de débordements. Les responsables de l’Hydraulique s’y sont bien préparés en faisant des endiguements, notamment du côté de Vauvert pour prévenir d’éventuels cas de débordements. Mais, une bonne gestion de Diama, appuyée de Manantali, a permis de gérer la crue 2007 grâce aux efforts conjugués de l’Hydraulique et surtout de l’Omvs qui a bien su gérer ces deux barrages. Il n’y a pas de difficultés de remplissage au Lac de Guiers.

Il y a de l’eau, car à un moment donné les gens arrivent à le traverser, ce qui n’est plus le cas maintenant. Les côtes varient entre 1,5 et 2 mètres. C’est beaucoup d’eau. Le problème de la population, c’est le calage des pompes. Pour caler une pompe, il y a un minimum de topographie qu’il faut faire, des levées topographiques pour avoir la bonne côte et une bonne pompe pour mieux pomper. Mais, les populations mettent leurs pompes où ils veulent et quand l’eau descend, ils disent qu’il n’y a plus d’eau sur le lac de Guiers. Il faut qu’ils se mettent en rapport avec les techniciens, notamment ceux de la Saed et de l’Hydraulique pour vraiment voir comment caler leurs pompes pour faire l’irrigation.

La Css s’engage à un rejet zéro sur le lac de Guiers

Par rapport aux rejets, Ibrahima Diop estime qu’il y a toujours des rejets sur le lac de Guiers « parce que ceux qui cultivent la patate, l’arachide et l’oignon rejettent ».

La Css aussi rejette, mais compte toutefois développer un programme pour minimiser ces rejets sur le lac de Guiers. Selon lui, « la station de rejet de Témé a été supprimée et il est heureux d’entendre que la Css est retournée vers rejet zéro. C’est ce qu’ils ont dit lors d’un atelier tenu à Saint-Louis. Ils veulent, d’ici la fin de l’année 2008, avoir un rejet zéro sur le lac de Guiers ». Tout cela demande des investissements lourds, mais le chef de la division régionale de Saint-Louis estime que « la Css est en mesure de le faire ».

Gestion sur l’évacuation des eaux

Compte tenu de la digue de Fougerolles, une nouvelle forme de gestion sur l’évacuation des eaux a été adoptée et cela en pensant d’abord que le canal de délestage va jouer son rôle d’évacuation des eaux, ensuite une bonne gestion de Diama. « Diama n’est pas une retenue mais un barrage anti-sel d’une capacité d’environ 600 millions de m3 et qui ne peut pas emmagasiner toutes les eaux de crue », indique M. Diop qui trouve « qu’à un certain débit, on ouvre pleinement toutes les vannes du barrage, c’est-à-dire le barrage est efface, mais on le fait petit à petit pour qu’il n’y ait pas de rush d’eau sur Saint-Louis pour qu’on puisse connaître des débordements ».

Le canal a joué un grand rôle d’évacuateur au niveau de l’arrivée de la crue parce que n’eut été le canal, l’eau allait déborder, mais la présence du canal et une bonne gestion du barrage de Diama ont permis de limiter les dégâts. Pendant la crue, le Haut commissaire est venu à Manantali pour constater que tout se passe bien et que la gestion est bien faite. N’eut été cela, Saint-Louis serait dans les eaux aux mois d’août et septembre.

Des mesures d’accompagnement pour lutter contre l’érosion et la salinisation

Toutefois, il faut signaler qu’un problème sérieux se pose sur l’aval du canal de délestage, notamment aux villages de Doune Baba Dièye, Gandiol, Tassinère et autres. Et pour éviter cette érosion, il est prévu une implantation de filaos.

Au problème de l’érosion, s’ajoute celui de la salinisation de la nappe phréatique. « Les gens ont beaucoup plus épilogué sur cette salinisation du fait qu’entre le canal de délestage-ancienne embouchure, c’est une lagune d’eau salée, mais la crue de 2007 a permis d’évacuer ces eaux salées au-delà même de Taré », souligne Ibrahima Diop qui estime « qu’il y a eu une recharge d’eau douce sur la nappe phréatique du fait de la crue de 2007, parce que les crues de 2004, 2005 et 2006 ont été des crues très faibles, ce qui fait qu’il y a eu la salinisation de la nappe ».

C’est ainsi qu’au-delà de cette salinisation qui a été mise sur place, le canal du Gandiolais, qui si on le remplit, peut aller jusqu’au Gandiol et peut même permettre de désaliniser la nappe phréatique. Et tous ces aspects font qu’aujourd’hui, cette forte salinité de la nappe phréatique d’il y a deux ans a considérablement diminué.

Des mesures d’accompagnement du canal ont été mises sur pied par l’Omvs, notamment au niveau de Doune Baba Dièye, à travers un projet d’adduction d’eau potable pour que le village soit pourvu d’une alimentation en eau potable.

Selon Ibrahima Diop, « il est prévu de mettre un château d’eau, trois bornes-fontaine au niveau du village et une base de reprise à partir du réseau de la Sde pour que ces populations qui, aujourd’hui, prennent l’eau à Saint-Louis dans des bidons, puissent bénéficier de l’eau potable ».

Par Saliou Fatma LO et Samba Oumar FALL
Le Soleil

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