Par son nom, le village de Malicounda fait penser dans l’imaginaire populaire à un petit coin du Mali au Sénégal. Pourtant, il n’en est rien.
Niché entre le village de Ngandigal et la station balnéaire de Saly, Malicounda est situé à 5 km de Mbour. La densité de la population et des activités économiques à Saly et à Mbour fait qu’il est aisé de se rendre à Malicounda. On y accède généralement par voitures. De vieilles guimbardes appelés curieusement ‘clandos’ assurent le transport des marchandises en raison de 200 francs le trajet.
En ce jeudi matin, le soleil est au zénith. L’habitacle de notre voiture laisse percer quelques rayons solaires, tout comme, de notre siège, on peut apercevoir l’asphalte. Le voyage se passe tranquillement. Au bout de dix minutes et quelques accélérations de notre chauffeur, un jeune homme aux joues creuses nous ordonne de quitter l’habitacle de la voiture. En ce moment de la journée, le village est animé par le ballet des cars ‘Ndiaga Ndiaye’ qui ramènent les populations qui étaient au Gamou annuel de Ndiassane.
Quand on prend la route qui traverse le village d’un bout à l’autre, ce qui frappe, c’est l’impression de modernité qui se dégage à la vue des belles maisons avec eau, électricité et même des antennes paraboliques. En tout cas, les signes extérieurs de richesses sont visibles à travers la devanture des maisons.
Au bout de cinq minutes de marche, sous le chaud soleil de mars, on arrive devant une belle et grande mosquée en vert et blanc. En face, sont assis sur des nattes, d’autres sur des bancs, des vieux à la retraite. Parmi eux, le chef de village depuis 2004, Samba Sow. Mais c’est le plus âgé du groupe, Babacar Cissokho, 77 ans bien sonnés, qui se décide à nous raconter Malicounda. Un village qui serait fondé aux environs de 1901 par Samba Bâ et Karfa Traoré. Ils venaient alors du Mali, à l’époque de la colonisation, pour cultiver l’arachide. A cette époque, les terres de Malicounda étaient fertiles. Ce qui a attiré des hordes de travailleurs saisonniers, venus pour la plupart du Mali et de l’actuel Burkina Fasso qu’on appelait les ‘Firdous’. Ils rentraient chez eux après la vente des récoltes. Mais, selon toujours le vieux Cissokho, il est arrivé des années où la récolte n’a pas été bonne et les populations ont décidé de rester. D’année en année, ils ont commencé à se sédentariser. Puis, ils seront rejoints par d’autres parents ou ceux qui étaient déjà installés dans d’autres localités du Sénégal comme, par exemple, Tattaguine.
Toutefois, à l’arrivée de ces ressortissants maliens dont les descendants deviendront des Sénégalais à part entière, puisqu’ils sont nés à Malicounda et ne connaissent pas leur pays d’origine, ils ont trouvé sur place des autochtones. Ceux-ci sont des Sérères, des Wolofs et des Toucouleurs. C’est pourquoi il y a trois Malicounda : Malicounda Bambara, Malicounda Sérère et Malicounda Wolof. Pour autant, les populations de ces trois villages de Malicounda constituent un parfait melting-pot grâce aux mariages interethniques qui y sont légion.
Sur l’origine du nom qui renvoie dans l’imaginaire populaire à ‘un petit coin du Mali au Sénégal’, le vieux Cissokho nous a renvoyé auprès du doyen d’âge de la communauté, Songué Dieng, chef de village de Malicounda Sérère et âgé de plus de 80 ans. Selon lui, le nom Malicounda est d’origine sérère. Ainsi, Malicounda vient du sérère Mal qui signifie ‘herbes sauvages, spontanées’ et de Koundal, un lieu habité par les djinns. Songué Dieng raconte : ‘Lorsque les colons sont venus demander le nom du village, les populations autochtones leur ont répondu ‘Mal -Kounda’. Mais une erreur de transcription a fait écrire aux Blancs ‘Malicounda’. Et depuis lors, le nom est resté.’
Malicounda ne vit plus de la culture de l’arachide depuis belle lurette. Pour cause, les hivernages ne sont plus productifs comme avant. Les semences manquent. Tout comme les pluies. Bien plus, les jeunes ont abandonné la culture de la terre au profit d’un travail salarié dans les hôtels de Saly ou à Dakar. D’autres rêvent d’émigrer comme leurs aînés pour revenir construire de belles maisons, comme il y en a plusieurs dans ce village séculaire et multi-ethnique. En attendant, Malicounda continue sa croissance. Les champs ont cédé la place à des terrains lotis d’où sortent de terre des bâtiments en dur. Demain, Malicounda aura entièrement changé de visage…
Wal Fadjri
Niché entre le village de Ngandigal et la station balnéaire de Saly, Malicounda est situé à 5 km de Mbour. La densité de la population et des activités économiques à Saly et à Mbour fait qu’il est aisé de se rendre à Malicounda. On y accède généralement par voitures. De vieilles guimbardes appelés curieusement ‘clandos’ assurent le transport des marchandises en raison de 200 francs le trajet.
En ce jeudi matin, le soleil est au zénith. L’habitacle de notre voiture laisse percer quelques rayons solaires, tout comme, de notre siège, on peut apercevoir l’asphalte. Le voyage se passe tranquillement. Au bout de dix minutes et quelques accélérations de notre chauffeur, un jeune homme aux joues creuses nous ordonne de quitter l’habitacle de la voiture. En ce moment de la journée, le village est animé par le ballet des cars ‘Ndiaga Ndiaye’ qui ramènent les populations qui étaient au Gamou annuel de Ndiassane.
Quand on prend la route qui traverse le village d’un bout à l’autre, ce qui frappe, c’est l’impression de modernité qui se dégage à la vue des belles maisons avec eau, électricité et même des antennes paraboliques. En tout cas, les signes extérieurs de richesses sont visibles à travers la devanture des maisons.
Au bout de cinq minutes de marche, sous le chaud soleil de mars, on arrive devant une belle et grande mosquée en vert et blanc. En face, sont assis sur des nattes, d’autres sur des bancs, des vieux à la retraite. Parmi eux, le chef de village depuis 2004, Samba Sow. Mais c’est le plus âgé du groupe, Babacar Cissokho, 77 ans bien sonnés, qui se décide à nous raconter Malicounda. Un village qui serait fondé aux environs de 1901 par Samba Bâ et Karfa Traoré. Ils venaient alors du Mali, à l’époque de la colonisation, pour cultiver l’arachide. A cette époque, les terres de Malicounda étaient fertiles. Ce qui a attiré des hordes de travailleurs saisonniers, venus pour la plupart du Mali et de l’actuel Burkina Fasso qu’on appelait les ‘Firdous’. Ils rentraient chez eux après la vente des récoltes. Mais, selon toujours le vieux Cissokho, il est arrivé des années où la récolte n’a pas été bonne et les populations ont décidé de rester. D’année en année, ils ont commencé à se sédentariser. Puis, ils seront rejoints par d’autres parents ou ceux qui étaient déjà installés dans d’autres localités du Sénégal comme, par exemple, Tattaguine.
Toutefois, à l’arrivée de ces ressortissants maliens dont les descendants deviendront des Sénégalais à part entière, puisqu’ils sont nés à Malicounda et ne connaissent pas leur pays d’origine, ils ont trouvé sur place des autochtones. Ceux-ci sont des Sérères, des Wolofs et des Toucouleurs. C’est pourquoi il y a trois Malicounda : Malicounda Bambara, Malicounda Sérère et Malicounda Wolof. Pour autant, les populations de ces trois villages de Malicounda constituent un parfait melting-pot grâce aux mariages interethniques qui y sont légion.
Sur l’origine du nom qui renvoie dans l’imaginaire populaire à ‘un petit coin du Mali au Sénégal’, le vieux Cissokho nous a renvoyé auprès du doyen d’âge de la communauté, Songué Dieng, chef de village de Malicounda Sérère et âgé de plus de 80 ans. Selon lui, le nom Malicounda est d’origine sérère. Ainsi, Malicounda vient du sérère Mal qui signifie ‘herbes sauvages, spontanées’ et de Koundal, un lieu habité par les djinns. Songué Dieng raconte : ‘Lorsque les colons sont venus demander le nom du village, les populations autochtones leur ont répondu ‘Mal -Kounda’. Mais une erreur de transcription a fait écrire aux Blancs ‘Malicounda’. Et depuis lors, le nom est resté.’
Malicounda ne vit plus de la culture de l’arachide depuis belle lurette. Pour cause, les hivernages ne sont plus productifs comme avant. Les semences manquent. Tout comme les pluies. Bien plus, les jeunes ont abandonné la culture de la terre au profit d’un travail salarié dans les hôtels de Saly ou à Dakar. D’autres rêvent d’émigrer comme leurs aînés pour revenir construire de belles maisons, comme il y en a plusieurs dans ce village séculaire et multi-ethnique. En attendant, Malicounda continue sa croissance. Les champs ont cédé la place à des terrains lotis d’où sortent de terre des bâtiments en dur. Demain, Malicounda aura entièrement changé de visage…
Wal Fadjri