Dans un secteur de la transformation des produits laitiers dominé par la valorisation du lait en poudre, souvent plus accessible, disponible et compétitif, il est forcément risqué de s’aventurer dans la collecte de lait frais local en vue de sa transformation et sa distribution. D’autant plus risqué que le développement du secteur de la transformation constitue un enjeu important au Sénégal en raison notamment de l’impact des importations sur la balance commerciale d’un pays qui importe plus de 40 000 tonnes de lait pour une valeur de 58 milliards de FCfa (soit environ sept fois le budget du ministère de l’Elevage du pays) et des revenus induits par cette activité, tant pour les acteurs de la transformation que pour les éleveurs (diversification des revenus). «Laiterie du berger » a pourtant fait le pari depuis 2006 en risquant un investissement de 700 millions de nos francs (fonds propres, capital-risque et crédit bancaire) pour mettre sur le marché des produits issus de la production laitière des éleveurs du Ferlo et plus spécifiquement de la zone de Richard Toll (région du Fleuve). Et ça marche.
D’une collecte de 500 litres de lait par jour au démarrage de sa production, le niveau de collecte, trois ans plus tard, s’élève à 2500 litres par jour auprès de 630 éleveurs regroupés au sein de la coopérative de Mbane et qui tirent un revenu régulier de cette activité. C’est toute la philosophie qui fonde l’entreprise dont le but est justement de valoriser et développer la production laitière locale tout en apportant un revenu régulier aux éleveurs. C’est ce que les promoteurs appellent du « social business », concept qui fédère, outre la famille Bathily le promoteur principal, des investisseurs et partenaires, une société de financement privé à vocation sociale ainsi que la fondation Grameen Credit agricole Microfinance qui intervient au capital de la laiterie à hauteur de 9,6% et participe à un programme d’amélioration de l’élevage en amont. Son patron, Jean Luc Perron, confie d’ailleurs que « c’est ce modèle du social business qui nous a convaincus en tant que fondation sans but lucratif. Notre priorité géographique c’est l’Afrique sub-saharienne et notre priorité sectorielle c’est le milieu rural et l’agriculture. »
Aussi, Ldb dont la capacité de l’usine située à Richard Toll est de 10 000 litres par jour, a-t-elle des ambitions dont celle de collecter à fin 2012, plus de 1,5 million de litres par an auprès de 1000 éleveurs.
Beaucoup de goulots
Il s’avère qu’avec de pareilles ambitions dans une dynamique de valorisation du lait du Sénégal, la Ldb est forcée d’améliorer sa rentabilité, développer et diversifier son marché mais surtout, sécuriser son approvisionnement par une production croissante de lait de qualité.
Cette problématique de l’approvisionnement se pose notamment en termes de saisonnalité, avec une période hivernale faste pour la production laitière et une période sèche. « Pour un industriel, c’est un gros problème », confesse M. Bathily, patron de la Ldb.
Toutes choses que l’entreprise n’est pas en mesure de réussir seule, sans s’appuyer sur un dispositif permettant de fournir aux éleveurs les services dont ils ont besoin pour lever les contraintes en matière d’accès à l’eau, à l’alimentation du bétail, aux soins vétérinaires, à l’insémination artificielle, etc… Ce sont ainsi les principales contraintes relevées dans le cadre de l’étude qu’elle a commanditée et confiée au Gret (Groupe de recherche de recherche et d'échanges technologiques), financée par CA Grameen Bank et la Coopération monégasque.
Une étude qui fait ressortir les difficultés liées à l’accès à l’eau dans la zone notamment avec les périmètres irriguées qui interdisent un accès direct aux eaux de surface (Fleuve, Lac de Guiers, etc…), sans compter la pollution, la salinité des eaux souterraines et le peu d’infrastructures d’eau potable.
Toujours dans le cadre de l’étude, il apparaît des difficultés dans la formation technique des acteurs mais aussi en matière d’organisation et de gestion notamment au niveau des Op (Organisations de producteurs), tout comme il a été constaté une asymétrie de l’information en direction des éleveurs.
Last but not least, la problématique du financement des Op se pose avec acuité d’autant plus qu’il n’existe pas de produits spécifiques au niveau des Imf dans la zone.
Aux difficultés et contraintes relevées dans l’étude, suivent des propositions et pistes d’actions concrètes visant à contribuer au développement de l’élevage laitier dans la zone. De façon spécifique, ces actions conçues et envisagées dans l’aire de collecte visent à sécuriser la source d’approvisionnement mais surtout, à initier la concertation entre les différentes catégories d’acteurs professionnels concernés par la filière laitière.
Il s’agit ainsi de mettre en place des services aux éleveurs pour l’amélioration de la production de lait et de viande, l’amélioration des services de base pour les éleveurs qui ont fait le choix de sédentariser une partie du troupeau et de travailler avec la laiterie, entre autres.
Dans cette perspective, l’atelier de restitution de l’étude constitue ainsi un premier échange en commun impliquant les différentes catégories d’acteurs. Un passage obligé pour avoir l’efficacité permettant d’être compétitif. C’est pourquoi, selon Bagoré Bathily, le jeune patron de la Ldb, « nous, nous allons volontairement vers des partenariats car c’est le travail de toute une filière avec tous les acteurs, éleveurs, encadreurs, Etat, services techniques, etc… » Ce partenariat c’est aussi les partenaires financiers comme la CA Grameen Bank dont le patron parle d’une « vision long terme d’un investisseur désintéressé qui souhaite bien sûr récupérer sa mise mais qui n’est pas là pour gagner de l’argent. »
L’approche n’est pas tout à fait la même pour le bailleur institutionnel qu’est la Direction de la Coopération internationale monégasque dont l’objectif, selon Wilfrid Deri, Responsable des Programmes senior, c’est « de lutter contre la pauvreté et d’apporter une contribution au niveau mondial aux objectifs du millénaire. Dans ce sens notre objectif est d’accompagner le développement de la filière et de consolider l’activité de la laiterie en tant qu’entreprise de social business.»
Somme toute, l’enjeu pour un développement de l’élevage laitier au Sénégal, se situe au niveau du cadre réglementaire largement défavorable à la filière locale, quand on sait que pour ce qui est de la poudre de lait, plus compétitive, la faiblesse de son prix est liée à la subvention des pays producteurs.
Malick NDAW
Sud Quotidien
D’une collecte de 500 litres de lait par jour au démarrage de sa production, le niveau de collecte, trois ans plus tard, s’élève à 2500 litres par jour auprès de 630 éleveurs regroupés au sein de la coopérative de Mbane et qui tirent un revenu régulier de cette activité. C’est toute la philosophie qui fonde l’entreprise dont le but est justement de valoriser et développer la production laitière locale tout en apportant un revenu régulier aux éleveurs. C’est ce que les promoteurs appellent du « social business », concept qui fédère, outre la famille Bathily le promoteur principal, des investisseurs et partenaires, une société de financement privé à vocation sociale ainsi que la fondation Grameen Credit agricole Microfinance qui intervient au capital de la laiterie à hauteur de 9,6% et participe à un programme d’amélioration de l’élevage en amont. Son patron, Jean Luc Perron, confie d’ailleurs que « c’est ce modèle du social business qui nous a convaincus en tant que fondation sans but lucratif. Notre priorité géographique c’est l’Afrique sub-saharienne et notre priorité sectorielle c’est le milieu rural et l’agriculture. »
Aussi, Ldb dont la capacité de l’usine située à Richard Toll est de 10 000 litres par jour, a-t-elle des ambitions dont celle de collecter à fin 2012, plus de 1,5 million de litres par an auprès de 1000 éleveurs.
Beaucoup de goulots
Il s’avère qu’avec de pareilles ambitions dans une dynamique de valorisation du lait du Sénégal, la Ldb est forcée d’améliorer sa rentabilité, développer et diversifier son marché mais surtout, sécuriser son approvisionnement par une production croissante de lait de qualité.
Cette problématique de l’approvisionnement se pose notamment en termes de saisonnalité, avec une période hivernale faste pour la production laitière et une période sèche. « Pour un industriel, c’est un gros problème », confesse M. Bathily, patron de la Ldb.
Toutes choses que l’entreprise n’est pas en mesure de réussir seule, sans s’appuyer sur un dispositif permettant de fournir aux éleveurs les services dont ils ont besoin pour lever les contraintes en matière d’accès à l’eau, à l’alimentation du bétail, aux soins vétérinaires, à l’insémination artificielle, etc… Ce sont ainsi les principales contraintes relevées dans le cadre de l’étude qu’elle a commanditée et confiée au Gret (Groupe de recherche de recherche et d'échanges technologiques), financée par CA Grameen Bank et la Coopération monégasque.
Une étude qui fait ressortir les difficultés liées à l’accès à l’eau dans la zone notamment avec les périmètres irriguées qui interdisent un accès direct aux eaux de surface (Fleuve, Lac de Guiers, etc…), sans compter la pollution, la salinité des eaux souterraines et le peu d’infrastructures d’eau potable.
Toujours dans le cadre de l’étude, il apparaît des difficultés dans la formation technique des acteurs mais aussi en matière d’organisation et de gestion notamment au niveau des Op (Organisations de producteurs), tout comme il a été constaté une asymétrie de l’information en direction des éleveurs.
Last but not least, la problématique du financement des Op se pose avec acuité d’autant plus qu’il n’existe pas de produits spécifiques au niveau des Imf dans la zone.
Aux difficultés et contraintes relevées dans l’étude, suivent des propositions et pistes d’actions concrètes visant à contribuer au développement de l’élevage laitier dans la zone. De façon spécifique, ces actions conçues et envisagées dans l’aire de collecte visent à sécuriser la source d’approvisionnement mais surtout, à initier la concertation entre les différentes catégories d’acteurs professionnels concernés par la filière laitière.
Il s’agit ainsi de mettre en place des services aux éleveurs pour l’amélioration de la production de lait et de viande, l’amélioration des services de base pour les éleveurs qui ont fait le choix de sédentariser une partie du troupeau et de travailler avec la laiterie, entre autres.
Dans cette perspective, l’atelier de restitution de l’étude constitue ainsi un premier échange en commun impliquant les différentes catégories d’acteurs. Un passage obligé pour avoir l’efficacité permettant d’être compétitif. C’est pourquoi, selon Bagoré Bathily, le jeune patron de la Ldb, « nous, nous allons volontairement vers des partenariats car c’est le travail de toute une filière avec tous les acteurs, éleveurs, encadreurs, Etat, services techniques, etc… » Ce partenariat c’est aussi les partenaires financiers comme la CA Grameen Bank dont le patron parle d’une « vision long terme d’un investisseur désintéressé qui souhaite bien sûr récupérer sa mise mais qui n’est pas là pour gagner de l’argent. »
L’approche n’est pas tout à fait la même pour le bailleur institutionnel qu’est la Direction de la Coopération internationale monégasque dont l’objectif, selon Wilfrid Deri, Responsable des Programmes senior, c’est « de lutter contre la pauvreté et d’apporter une contribution au niveau mondial aux objectifs du millénaire. Dans ce sens notre objectif est d’accompagner le développement de la filière et de consolider l’activité de la laiterie en tant qu’entreprise de social business.»
Somme toute, l’enjeu pour un développement de l’élevage laitier au Sénégal, se situe au niveau du cadre réglementaire largement défavorable à la filière locale, quand on sait que pour ce qui est de la poudre de lait, plus compétitive, la faiblesse de son prix est liée à la subvention des pays producteurs.
Malick NDAW
Sud Quotidien