Un pas de plus vers l’application de la loi agro-sylvo-pasytorale (Loasp). L’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar), chargée d’animer le groupe de travail dédié aux articles 25 à 30 relatifs aux organisations interprofessionnelles agricoles, en restituant hier le travail qui lui a été confié dans ce sens, a produit une proposition de textes d’application pour ces articles.
Pour afficher sa volonté de réformer et de moderniser le secteur agricole pour l’adapter au nouveau contexte du marché mondial et de libéralisation interne de l’agriculture, l’Etat du Sénégal a mis en place une loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (Loasp). Voté et promulgué en 2004, cet outil, quoique bénéfique au secteur, tarde à se matérialiser par défaut de décret d’application. Une équation que le législateur a décidé de résoudre en mettant sur pied sept comités techniques de suivi autour d’autant de grandes thématiques recouvrant les principaux enjeux de la loi. Il s’agit concrètement de la reconnaissance formelle des métiers de l’agriculture, de la réforme foncière, des filières, marchés, interprofession. Tout comme du programme national de développement agricole et de l’élevage. Il en est de même pour ce qui concerne le renforcement des capacités et mesures d’accompagnement, du financement du développement rural, et de l’institutionnalisation de la concertation.
Dans ce cadre, l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar) a été chargée d’animer le groupe de travail dédié aux articles 25 à 30 relatifs aux organisations interprofessionnelles agricoles. Un travail qui a été restitué hier au cours d’un atelier organisé à cet effet. Et les résultats de ces travaux de capitalisation confiés au Bureau d’analyse macro-économique (Bame) de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) et financés par le Projet de promotion d’une agriculture compétitive et durable (Pacd) de l’Agence française de développement, ont été présentés et discutés par les principaux acteurs. Ce travail de capitalisation doit ainsi permettre, à partir d’une meilleure connaissance des dynamiques interprofessionnelle existantes au Sénégal, de dégager des enseignements pour être en mesure de concevoir plusieurs scénarios de modalités d’application de la Loasp sur le thème spécifique des Interprofessions. Un schéma qui, d’une part, participe à la valorisation, au mieux, des expériences accumulées. Mais aussi permet d’accompagner et de renforcer des dynamiques institutionnelles encore fragiles, sans les enfermer dans un cadre trop rigide. Aussi, encourage-t-il l’adaptation de dynamiques interprofessionnelles aux réalités et contraintes de chaque filière. Mais également crée-t-il, quand c’est jugé nécessaire par les acteurs des différentes filières, les conditions favorables à l’émergence de nouvelles dynamiques interprofessionnelles là où elles n’existent pas.
Mais, l’accent a été particulièrement mis sur la professionnalisation du secteur. Et c’est le président de l’Union interprofessionnelle des semences (Unis) qui s’est le premier illustré. Pour Amadou Moustapha Djigo, à l’heure de la mondialisation, les efforts des acteurs doivent s’articuler autour de la professionnalisation. Et il faudrait que dans un cadre interprofessionnel, les intervenants de chaque filière disposent du maximum de ce qu’ils ont de meilleur pour les consommateurs en général. Une disposition de la loi qui permettra aux acteurs de s’activer en tant que professionnels. Une thèse entièrement partagée par le directeur général de l’Ancar, Chérif Salif Sy, pour qui les acteurs sénégalais n’ont d’autre choix que de s’adapter au nouveau contexte, au risque de disparaître. Et l’alternative demeure la professionnalisation. ‘On ne peut plus fonctionner comme ça se faisait dans le passé du simple fait qu’il y a une politique de libéralisation. Une politique qui se traduit par le repli de l’Etat de certaines activités’, renseigne l’ancien conseiller du président Abdoulaye Wade. Seulement, précise-t-il, les pouvoirs publics ont l’obligation d’organiser les interventions des potentiels repreneurs de ces activités.
Wal Fadjri