Dr MOUSSA SYLLA, DIRECTEUR DES MINES ET DE LA GEOLOGIE, « Nous sommes dans une phase de réalisations importantes »

La vocation minière de la région de Kédougou se confirme de plus en plus avec la phase d’exploitation de l’or de Sabodala qui démarre dans un semestre. Les communautés donnent de la voix pour réclamer l’appui budgétaire comme mécanisme de mise en œuvre du programme social minier, d’aucuns doutent de la réalisation du plan de gestion environnemental et social, sur toutes ces questions. Dans cet entretien qu’il a accordé à notre journal, le Directeur des Mines et de la Géologie apporte quelques éclairages nouveaux sur toutes ces questions.



Sud quotidien : Dr Moussa Sylla, pouvez-vous nous faire le point sur les opérations minières à Sabodala ?

Moussa Sylla : Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour revenir sur la situation des activités minières dans la région de Kédougou pour dire d’entrée de jeu que 2008 est une année importante dans l’agenda minier du Sénégal parce que tout simplement, le processus qui a été entamé en 2005 pour le projet d’exploitation de Sabodala va aboutir au stade de la production au courant du dernier trimestre de cette année. Les premiers essais de production vont commencer en octobre pour déboucher en fin décembre sur le premier lingot d’or qui sera probablement remis au chef de l’Etat qui procèdera au lancement officiel de la production de l’or de Sabodala avec Sabodala Gold Opération (SGO) où la compagnie australienne MDL détentrice de la concession minière, est associée avec l’Etat du Sénégal. Après donc une phase de revalorisation de ressources qui a duré 18 mois, nous avons eu la certitude que les réserves prouvées atteignaient un million cinq cent mille onces, de quoi produire six tonnes d’or par an et pendant dix ans. Il reste entendu qu’une réserve est une notion évolutive. A ce moment précis, les sondages continuent, et les résultats que nous avons fondé notre espoir pour un prolongement de la durée d’exploitation de cette mine voire une seconde vie car il y a ce que l’on appelle les réserves dites à ciel ouvert jusqu’à une profondeur de 250 mètres. Il est avéré que des ressources à près de 500, 600 mètres de profondeur ont été mises en évidence. Si les conditions économiques restent favorables en termes de prix du métal dans douze ans, il est possible que l’on ait une mine souterraine avec des ressources qui ont une durée de vie assez longue mais avec une technologie d’exploitation différente devant coûter plus cher, à l’image de la mine de Loulo au Mali.

SQ : Les communautés et des organisations de la société civile émettent des réserves, sinon doutent de la réalisation du plan de gestion environnemental et social, que leur répondez vous ?

Moussa Sylla : Il est vrai que la région naturelle de Kédougou renferme un parc national et une zone d’intérêt cynégétique, mais elle se trouve être également la région minière par excellence du pays avec des ressources importantes comme l’or, le fer, le marbre, etc., et les ressources sont faites pour être exploitées parce que constituant un facteur inestimable de développement d’un pays. Au Sénégal, nous avons une réglementation sur l’environnement, un code minier inspiré de meilleures traditions et pratiques qui ont pris en compte de façon rigoureuse toutes les préoccupations relatives à la gestion de l’environnement. A ce niveau, il faut préciser qu’il y a tout un processus dans l’appropriation d’un projet minier ainsi que dans la délivrance des titres d’exploitation, et ce processus, pour ce qui est du projet de Sabodala et des autres projets miniers, a été parfaitement bien encadré avec la réalisation d’une étude complète d’impact environnemental assortie d’un plan de gestion environnemental et social qui prévoit la prise en charge, en termes d’atténuation et d’élimination, l’ensemble des impacts négatifs et le même plan intègre la prise en charge des préoccupations d’ordre social. Au-delà de ces obligations, l’Etat du Sénégal a innové en faisant parapher aux compagnies des engagements spécifiques, un appui aux collectivités locales sous forme de programmes sociaux. Nous avons à ce sujet tenu une série d’ateliers sur les orientations de ce programme social minier et aujourd’hui, il est question de ses mécanismes de mise en œuvre pour lesquels le ministre d’Etat a récemment présidé un autre atelier à Kédougou. Au terme de cet atelier, les acteurs au nombre desquels figurent en bonne place les élus locaux, les organisations de la société civile, les services déconcentrés de l’Etat, la presse et autres organisations de femmes et de jeunes, ont fait part de leur philosophie, de leurs préoccupations. Dans un délai très proche, le ministre d’Etat en charge des mines fera des propositions concrètes sur le ou les modalités appropriées pour la mise en œuvre, la supervision et l’évaluation du programme social minier en fonction des types d’activités et des critères que nous avons identifiés comme étant des critères d’évaluation des mécanismes que sont la transparence, la célérité et l’efficacité économique. Nous sommes présentement dans une phase de réalisations importantes et d’autres tout aussi importantes vont suivre courant 2008.

SQ : D’aucuns estiment qu’il y a une grosse nébuleuse au tour de ces opérations minières.

Moussa Sylla : Mon intime conviction est que présenter les choses sous cette forme-là est assez réducteur. Ce sont des relations suffisamment claires qui lient l’Etat du Sénégal aux investisseurs étrangers qui ne vont tout de même pas injecter des millions voire de milliards de dollars dans un cadre nébuleux, il n’y va pas de leur intérêt. De l’autre côté, l’Etat gère ce secteur comme les autres secteurs des ressources naturelles pour le bénéfice des générations actuelles et futures, il ne va pas s’amuser à faire dans la nébuleuse. C’est à travers des dispositions réglementaires et légales que les investissements sont accueillis. Il n’y a rien de plus clair qu’une loi, il n’y a rien de plus clair qu’une convention qui tire sa substance d’une loi. Les conventions minières ont certes un caractère privé, mais elles sont bien fondées sur la loi. Notre tradition républicaine pour laquelle les principes d’universalité et d’unicité de caisse sont connus, font que tous les revenus tirés par l’Etat tombent dans les caisses du trésor public, il ne saurait donc y avoir une place pour la nébuleuse. C’est un faux procès, un procès injuste qui ne nous permet point d’avancer en quoi que ce soit et que nous mettons sur le compte de la sous-information.

SQ : Justement à ce propos, ne pensez vous pas qu’il faille mettre en place un dispositif tel que tous les citoyens Sénégalais et particulièrement les communautés abritant les opérations minières puissent être au parfum des tenants et aboutissants de ces activités ?

Moussa Sylla : Il y a un effort de communication à faire en direction des acteurs locaux et nationaux et nous nous y emploierons à travers des canaux appropriés pour informer juste et vrai mais surtout pour rendre visibles les efforts consentis au profit des populations locales sans qu’il n’y ait la moindre production. Au fur et à mesure que les projets avanceront, les efforts pour satisfaire les besoins sociaux des populations seront amplifiés et nous sommes convaincus que dans les mois et années à venir, les indicateurs économiques et sociaux de cette région seront sensiblement améliorés, ce qui du reste apportera des avancées significatives sur le développement du pays. L’activité minière étant limitée dans le temps, il faut saisir toutes les opportunités extra minières car la vie d’une région ou d’un pays va bien au-delà de la vie d’une mine. Il ne faut pas que le débat sur les retombées de la mine occulte le débat sur le développement durable de cette région.

Sud Quotidien

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Commentaires articles

1.Posté par samb le 14/09/2009 16:20
je trouve qu'il est bien beau de parler de mines d'or, d'uranium, etc, dans ce sens ou elles pourraient contribuer au développement national. Mais il ne faudrait pas oublier les conséquences désastreuses qu'elles pourraient engendrer aussi bien dans la santé publique que dans l'envirronnement .

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