Electrification publique : 6,5 milliards de l’Agence française de développement pour éclairer Dakar au solaire



C’est la première fois que l’Agence française de développement (Afd) octroie un prêt à une ville africaine sans la garantie de l’Etat. C’est vendredi dernier qu’elle a inauguré ce nouveau procédé, en prêtant à la ville de Dakar six milliards et demi de francs Cfa pour l’éclairage des quartiers démunis de la capitale et renforcer les capacités financières de la mairie dirigée par Pape Diop.

(Correspondant permanent à Paris) - Le maire de Dakar, Pape Diop, a bénéficié de l’Agence française de développement (Afd) d’un prêt de dix millions d’euros, soit six milliards et demi de francs Cfa. La convention de financement a été signée vendredi dernier à Paris en présence du directeur général de l’Afd, Jean-Michel Sévérino et du maire de Dakar, Pape Diop. Ce prêt doit être remboursé en 20 ans avec 7 ans de différé pour un taux d’intérêt de 2,6 %. Le maire de Dakar et le directeur général de l’Afd considèrent que ces conditions de prêt sont ‘douces’. Ce financement va permettre aux quartiers ‘les plus démunis’, selon les termes du maire, d’être électrifiés au solaire. Il s’agit des ‘communes d’arrondissement de Grand-Yoff, de Cambérène, des Parcelles Assainies, de Yoff, de Ngor, de Ouakam’, liste Pape Diop qui souligne que ‘les quartiers périphériques de Dakar sont prioritaires dans ce programme’.

Le maire de Dakar compte ainsi se servir du soleil pour trouver une alternative aux délestages dans lesquels est plongée la capitale. Mais il s’agit également de relever un paradoxe qui est qu’un pays aussi ensoleillé que le Sénégal, ne puisse pas utiliser cet avantage que lui offre la nature. D’autant plus que ‘si nous avions quelques difficultés techniques, notamment le taux d’éclairement qui n’était pas maîtrisé il y a deux ans, aujourd’hui nous avons une parfaite maîtrise de cette technologie, puisque toute la cour de l’Hôtel de ville de Dakar est éclairée au solaire’. Alors, puisque les techniques de l’éclairage sont maîtrisées, à quand le premier panneau solaire dans ces quartiers démunis ? ‘Disons qu’au début 2009, on verra les panneaux solaires’, promet ferme le maire de Dakar. S’il faut attendre 2009 pour voir le soleil éclairer Dakar la nuit, c’est parce qu’il y a ‘des procédures, la définition de termes de référence et tout ce qui s’en suit’, qu’il faut respecter. Pour cela, le maire se donne un délai de ‘deux à trois mois’ pour définir ces termes de référence, lancer l’appel d’offres, dépouiller et octroyer le marché à la société adjudicataire.

Mais il ne s’agira pas seulement de l’éclairage des rues de Dakar. ‘Nous voulons que tous les édifices de la ville soient éclairés par le solaire. Nous avons aussi un projet d’éclairer tous les centres de santé de Dakar par du solaire, toutes les places publiques de Dakar’, projette l’édile de la capitale sénégalaise. Surtout qu’il est revenu de Milan gagné par le solaire. ‘Tout dernièrement, la ville de Milan a convié l’ensemble des grandes villes du monde, dont Dakar qui était la seule ville africaine invitée. Il a été beaucoup question d’éclairage solaire. Donc, si les villes européennes, dont les pays n’ont pas le même ensoleillement que le Sénégal, font le choix du solaire, je ne vois pas pourquoi, nous Africains qui avons les pays les plus ensoleillés, n’irons pas dans cette direction. C’est pourquoi nous avons anticipé’, relate Pape Diop en parlant de la cour de la mairie éclairée par le solaire. Mauvais clin d’œil au biocarburant à travers le tabanani du président Wade ? Allez savoir !

Quant au directeur général de l’Agence française de développement, Jean-Michel Sévérino, il croit que si la municipalité a choisi l’éclairage solaire, c’est parce qu’il y a ‘une très forte demande des habitants de Dakar pour réduire l’insécurité, mais aussi pour pouvoir développer leurs activités économiques’. ‘C’est donc une opération très rentable pour la ville de Dakar’, avance le patron de l’Afd. Ajoutant que ‘c’est aussi une jolie opération sur le plan environnemental et sur le plan aussi de l’efficacité du coût puisqu’avec le prix du pétrole d’aujourd’hui, ça déconnecte les frais de fonctionnement de la ville de Dakar d’une charge en pétrole qui aurait pu être importante. C’est là une dimension effectivement de l’opération’.

Autant les 20 ans accordés à Dakar pour payer le prêt, les 7 années de différé et les 2,6 % de taux d’intérêt, la transparence dans la gestion de ce fonds fait partie des conditions de prêt. Par exemple, le maire de Dakar s’est engagé à lancer un appel d’offres international et à mettre en place une commission mixte qui regroupera les agents de l’Afd et ceux de la mairie de Dakar pour définir les termes de références du programme d’éclairage public par le solaire, établir le cahier de charges et dépouiller l’appel d’offres.

L’autre volet du prêt, c’est le renforcement des capacités financières de la mairie et surtout la transparence de la gestion financière. Mais le patron de l’Afd trouve déjà que ‘la mairie de Dakar s’était engagée depuis quelques années, depuis l’élection du maire, dans une démarche d’amélioration de la gestion des finances publiques, qui passe à la fois par l’amélioration de la collette des ressources, l’amélioration de la qualité des dépenses publiques notamment par la transparence, l’utilisation des procédures d’appels d’offre et de marchés concurrentiels…’. Malgré tout, l’Afd aidera la ville de Dakar à mettre au point l’équilibre des finances publiques et des méthodes de gestion qui permettraient de rendre crédible le remboursement du crédit. Sans compter que la mairie de Dakar s’est aussi engagée dans un programme d’audit et de notation de la Ville, soutenu par l’Afd. ‘C’est aussi une démarche très innovante, c’est la première fois qu’une collectivité locale africaine le fait’, se réjouit Jean-Michel Sévérino.

Mais tout cela vise un but : le remboursement des crédits, non pas seulement de l’Afd, mais aussi des autres bailleurs de fonds. ‘Bien entendu, il va falloir que la commune le rembourse. Et ces remboursements, nous l’espérons, créeront la possibilité de l’octroi de nouveaux concours et d’un volume de financement tout à fait croissant au bénéfice des populations de Dakar’.

D’ailleurs, dans un an, l’Afd frappera à la porte de la mairie pour faire l’inventaire. ‘Si l’inventaire, c’est faire les évaluations, on va commencer dans un an à évaluer ce qui s’est passé’, promet le directeur général de l’Afd. Qui ajoute : ‘Je pense que beaucoup de choses seraient déjà sorties de terre. Les citoyens de Dakar devraient voir les arbres-lumière pousser très rapidement’.

Wal Fadjri

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Commentaires articles

1.Posté par Yann THOMAS le 24/09/2008 07:49
Autant pour des villages isolés, l'éclairage autonome solaire se conçoit facilement...
Autant pour une ville comme Dakar, c'est une abération, pour ne pas dire une débilité !
Le soleil brille la journée, on a besoin de l'éclairage la nuit. Entre les deux, des batteries (source de pollution)...
Il serait plus intelligent de faire des centrales de production d'électricité photovoltaïques raccordées au réseau SENELEC pour produire la journée, et de connecter les points lumineux d'éclairage public au même réseau pour consommer la nuit...
Mais, c'est vrai que politiquement, ça fait moins écologique... Ca ne se voit pas pour le commun des mortels...

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