Le Comité de soutien et d’appui aux activités socio-économiques en Casamance (Casades), avec le soutien financier de la Fondation Konrad Adenauer, a tenu à Vélingara un atelier de deux jours sur le thème : «La problématique des migrations : enjeux.» Au cours des débats, il est apparu que les migrations internes, dans la région de Kolda, sont aussi importantes et socialement préjudiciables que les migrations internationales, l’émigration clandestine en particulier.
Le débat sur les migrations se focalise, particulièrement, sur les migrations internationales, clandestines surtout, à cause de l’actualité et des victimes qu’elles étalent sur les côtes atlantiques. Pourtant, la migration interne est également porteuse de germes de conflits potentiellement aussi mortels. La région de Kolda accueille, chaque année, des centaines de migrants sénégalais venus surtout de l’ancien bassin arachidier. Leur insertion pose problème à cause de leurs activités économiques «agressives à l’endroit de la terre et de la foret», mais aussi du fait de la mauvaise gestion du foncier par les collectivités locales. C’est le constat fait par Bassa Diawara, coordonnateur de Casades.
Il donne l’exemple de la communauté rurale de Pata, dans le département de Kolda, où il y eut, les années passées, des affrontements meurtriers entre «des colons agricoles» venus de l’ancien bassin arachidier du Sénégal, et des autochtones jaloux de la préservation des ressources forestières et de l’espace de leur terroir. Un des conférenciers, Abdoul Ann, le responsable régional de l’aménagement du territoire, a expliqué le processus qui a abouti à l’éclatement du conflit. «Il s’agit de migrants qui ont épuisé leurs réserves en terre dans le bassin arachidier, et qui sont venus à la recherche de nouvelles terres arables. Ils s’implantent autour des forets classées, disposent d’un paquet technologique d’une longue tradition agricole, et cultivent de très grandes superficies. Tout cela, fait de manière inorganisée, pose problème. Alors même que les autochtones font de petites surfaces et sont soucieux de la conservation des ressources naturelles.» Le même phénomène de migration interne est noté dans le bassin de l’Anambé, à cheval entre les départements de Vélingara et de Kolda.
Là également, le témoignage de Oumar Baldé, participant et originaire de la localité, est édifiant sur les menaces que cette forme de migration laisse entrevoir sur la stabilité des villages. Il renseigne : «Depuis quelques années, les terres aménagées dans l’Anambé reçoivent des groupes d’agriculteurs venus de la région de Diourbel. Ceux-là tolèrent mal la divagation des animaux et se font justice en blessant mortellement les bêtes ou en empoisonnant leurs rizières. Si l’on sait l’attachement presque atavique que le Peulh voue à son troupeau, on comprend aisément les menaces que ces pratiques font peser sur la cohésion sociale dans l’Anambé.»
Toutefois, à en croire Bassa Diawara, ce n’est pas que les populations de la région soient xénophobes. Mais, c’est souvent une complicité inintelligente des autorités locales qui irrite les autochtones. Il explique : «Il arrive que le conseil rural attribue à un migrant une centaine d’hectares à exploiter, alors qu’un natif du terroir, dans le besoin, ne peut pas avoir droit à un demi hectare de terre.» Mieux, les autochtones sont très regardant par rapport à la préservation des ressources disponibles pour le bénéfice de la postérité, contrairement aux migrants pressés de se remplir les poches, pour certainement, retourner au terroir quand l’activité ne marche plus. C’est le cas des exploitants forestiers, pour la carbonisation du charbon. Un participant à l’atelier a remarqué : «La plupart des charbonniers d’un certain âge ont fait les départements de Kaffrine et de Tambacounda avant de se retrouver dans le Vélingara, pour avoir épuisé la ressource dans les zones citées. Evidemment, dans ces conditions il est difficile que ces migrants économiques soient acceptés. Mais, la faute est aux autorités politiques locales qui attribuent les licences de coupe et les terres à exploiter. En tout cas ils s’y prennent très mal.»
Comme solution, le responsable de l’aménagement du territoire à Kolda préconise d’encourager l’intensification de l’Agriculture, qui favorise un meilleur rendement dans un espace plus réduit. En plus de procéder à l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’aménagement et de gestion du terroir villageois.
L’atelier s’est, également, intéressé à l’émigration clandestine et a proposé des solutions pour atténuer ses conséquences néfastes dans le Fouladou. Car, selon le président de l’association des rapatriés du Maroc à Vélingara, de 2005 à nos jours, le département a enregistré 374 décès identifiés sur la route de l’émigration clandestine. Ce chiffre ne prend pas en compte, affirme Amadou Diallo, des morts dans le désert du Sahara. Sur ce plan, comme solutions, l’atelier a proposé l’élaboration d’un dossier de plaidoyer en vue de la prise en compte des préoccupations des jeunes dans les plans locaux de développement, ainsi que la sensibilisation des communautés villageoises sur les dangers liés à l’émigration clandestine et sur les potentialités qui s’offrent aux jeunes pour réussir sur place.
Le Quotidien
Le débat sur les migrations se focalise, particulièrement, sur les migrations internationales, clandestines surtout, à cause de l’actualité et des victimes qu’elles étalent sur les côtes atlantiques. Pourtant, la migration interne est également porteuse de germes de conflits potentiellement aussi mortels. La région de Kolda accueille, chaque année, des centaines de migrants sénégalais venus surtout de l’ancien bassin arachidier. Leur insertion pose problème à cause de leurs activités économiques «agressives à l’endroit de la terre et de la foret», mais aussi du fait de la mauvaise gestion du foncier par les collectivités locales. C’est le constat fait par Bassa Diawara, coordonnateur de Casades.
Il donne l’exemple de la communauté rurale de Pata, dans le département de Kolda, où il y eut, les années passées, des affrontements meurtriers entre «des colons agricoles» venus de l’ancien bassin arachidier du Sénégal, et des autochtones jaloux de la préservation des ressources forestières et de l’espace de leur terroir. Un des conférenciers, Abdoul Ann, le responsable régional de l’aménagement du territoire, a expliqué le processus qui a abouti à l’éclatement du conflit. «Il s’agit de migrants qui ont épuisé leurs réserves en terre dans le bassin arachidier, et qui sont venus à la recherche de nouvelles terres arables. Ils s’implantent autour des forets classées, disposent d’un paquet technologique d’une longue tradition agricole, et cultivent de très grandes superficies. Tout cela, fait de manière inorganisée, pose problème. Alors même que les autochtones font de petites surfaces et sont soucieux de la conservation des ressources naturelles.» Le même phénomène de migration interne est noté dans le bassin de l’Anambé, à cheval entre les départements de Vélingara et de Kolda.
Là également, le témoignage de Oumar Baldé, participant et originaire de la localité, est édifiant sur les menaces que cette forme de migration laisse entrevoir sur la stabilité des villages. Il renseigne : «Depuis quelques années, les terres aménagées dans l’Anambé reçoivent des groupes d’agriculteurs venus de la région de Diourbel. Ceux-là tolèrent mal la divagation des animaux et se font justice en blessant mortellement les bêtes ou en empoisonnant leurs rizières. Si l’on sait l’attachement presque atavique que le Peulh voue à son troupeau, on comprend aisément les menaces que ces pratiques font peser sur la cohésion sociale dans l’Anambé.»
Toutefois, à en croire Bassa Diawara, ce n’est pas que les populations de la région soient xénophobes. Mais, c’est souvent une complicité inintelligente des autorités locales qui irrite les autochtones. Il explique : «Il arrive que le conseil rural attribue à un migrant une centaine d’hectares à exploiter, alors qu’un natif du terroir, dans le besoin, ne peut pas avoir droit à un demi hectare de terre.» Mieux, les autochtones sont très regardant par rapport à la préservation des ressources disponibles pour le bénéfice de la postérité, contrairement aux migrants pressés de se remplir les poches, pour certainement, retourner au terroir quand l’activité ne marche plus. C’est le cas des exploitants forestiers, pour la carbonisation du charbon. Un participant à l’atelier a remarqué : «La plupart des charbonniers d’un certain âge ont fait les départements de Kaffrine et de Tambacounda avant de se retrouver dans le Vélingara, pour avoir épuisé la ressource dans les zones citées. Evidemment, dans ces conditions il est difficile que ces migrants économiques soient acceptés. Mais, la faute est aux autorités politiques locales qui attribuent les licences de coupe et les terres à exploiter. En tout cas ils s’y prennent très mal.»
Comme solution, le responsable de l’aménagement du territoire à Kolda préconise d’encourager l’intensification de l’Agriculture, qui favorise un meilleur rendement dans un espace plus réduit. En plus de procéder à l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’aménagement et de gestion du terroir villageois.
L’atelier s’est, également, intéressé à l’émigration clandestine et a proposé des solutions pour atténuer ses conséquences néfastes dans le Fouladou. Car, selon le président de l’association des rapatriés du Maroc à Vélingara, de 2005 à nos jours, le département a enregistré 374 décès identifiés sur la route de l’émigration clandestine. Ce chiffre ne prend pas en compte, affirme Amadou Diallo, des morts dans le désert du Sahara. Sur ce plan, comme solutions, l’atelier a proposé l’élaboration d’un dossier de plaidoyer en vue de la prise en compte des préoccupations des jeunes dans les plans locaux de développement, ainsi que la sensibilisation des communautés villageoises sur les dangers liés à l’émigration clandestine et sur les potentialités qui s’offrent aux jeunes pour réussir sur place.
Le Quotidien