INTERVENTION DE LA BAD AU SENEGAL Ces difficultés qui minent l’assistance au secteur rural

Le secteur rural est majoritaire dans le portefeuille actif de la Banque africaine de développement (Bad) qui compte 16 opérations nationales en décembre 2008. Avec cinq opérations à son actif, ledit secteur occupe 31,5% des financements. Malgré cette prédominance, l’exécution des projets est confrontée à un certain nombre d’obstacles qui risquent d’annihiler le soutien apporté aux efforts faits dans la lutte contre la pauvreté dans le monde rural.



La Banque africaine de développement (Bad) semble porter une attention particulière au secteur rural où elle consacre la plupart des financements accordés au Sénégal. Si l’état d’avancement de l’ensemble des projets retenus est jugé satisfaisant, des contraintes ont été par ailleurs relevées. C’est à l’image du Projet élevage II (Papel II). Approuvé le 17 mai 2000, le projet d’un coût global de 11,83 millions d’Unité de compte (UC) a atteint un taux de décaissement de 97,96%. Globalement, la revue annuelle entre les deux parties révèle que les objectifs du projet Papel II ont été atteints. Le projet a été prorogé au 31 décembre 2008. L’état d’exécution des activités du projet est jugé satisfaisant. Par contre, des difficultés ont été notées concernant surtout une perte « importante » de ressources due à la dépréciation de l’Unité de compte par rapport au Cfa. A cela s’ajoute le prélèvement de frais bancaires par les banques de transit de ressources vers le compte spécial du projet, la longueur des délais et des procédures d’approbation des dossiers. Ce qui fait que, en cette phase d’achèvement, quelques marchés de travaux n’ont pu être clôturés. Ce qui a conduit les autorités à introduire auprès de la Banque une ultime demande de prorogation de la date limite de décaissement (31 mars 2009).

Sur la même lancée se trouve le Projet d’appui au développement rural dans le Bassin de l’Anambé (Paderba). D’un coût global de 8,65 millions d’UC et financé à hauteur de 7,18 millions UC, le projet a atteint un taux de décaissement de 67,64% au 31 décembre 2008. Malgré ce résultat, les acteurs ont rencontré des problèmes liés au fait que les ressources du projet sont jugées très souvent utilisées pour préfinancer le fonctionnement et les activités de la Sodagri. Le rapport informe que « le projet fait face également à une nouvelle suspension de décaissement suite à des manquements sur la gestion du compte spécial qui ont été soulevés par le rapport d’audit 2007 ». En plus de cela, la même source souligne que « la comptabilité du projet n’est toujours pas séparée de celle de Sodagri et le projet ne dispose pas de logiciel propre ». Et d’ajouter que « les retards accusés par le Projet ont conduit le gouvernement à introduire une nouvelle demande de prorogation de la date de clôture (31 décembre 2010) ».

Cette même situation peut être relevé pour le Projet de Pistes communautaires en appui au Programme national d’infrastructures rurales (Pnir) qui est aujourd’hui reversé au Programme national de développement local (Pndl). Financé à hauteur de 11,852 millions UC par la Fad et 4,66 millions UC par l’Opep, le projet a atteint un taux de décaissement de 93,95% au 31 décembre 2008. Un niveau qui n’a pas empêché des problèmes comme le retard constaté dans la mobilisation de la contrepartie de l’Etat, du gap sur le reliquat des fonds Opep lié à la baisse du dollar, mais aussi de la non mobilisation de l’intégralité de la contrepartie dans certaines communautés rurales. Le document de travail de la revue souligne que « cette situation affecte la trésorerie des Pme, entraînant ainsi le ralentissement des travaux ».

Entre autres contraintes, le projet a souffert de la dépréciation du dollar ayant entraîné une insuffisance des ressources provenant des fonds Opep. A cela, la même source ajoute que le niveau de service demandé dans certaines Communautés rurales (Cr) lors du choix des itinéraires est supérieur au budget disponible ; ceci a influé sur la qualité des études entraînant ainsi la réduction de la masse des travaux dans les Cr. Il a également été décrié l’absence de contrôle technique pour plusieurs chantiers. En effet, souligne le document de travail, beaucoup de Cr ont effectivement démarré leurs travaux au moment où le contrat des bureaux d’études arrivait à terme. Pour ce qui est des faiblesses dans la gestion des contrats, la source relève que les maîtres d’ouvrages ont souffert d’un manque d’appui-conseil efficace et rapproché.

Le Projet d’appui à la petite irrigation locale (Papil) dont le coût global est à 16,278 millions UC dont les 14,31 millions UC sont financés par le Fad, s’est également exécuté avec un certain nombre de difficultés. Son faible taux de décaissement qui était à 29,64% au 31 décembre 2008 en est une illustration. Le document de travail de la revue estime que, malgré les améliorations notées, les délais de traitement des dossiers de passation de marché demeurent toujours longs aussi au niveau de la commission des marchés qu’au niveau de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp).

La même source ajoute que les délais d’approbation des dossiers d’acquisition sont également longs au niveau de la Bad. Ce qui fait que de nombreux travaux d’aménagement restent à réaliser et les retards enregistrés pour la signature des contrats risquent de différer les réalisations et la mise en œuvre. Même son de cloche pour le Programme d’Appui au développement rural en Casamance (Paderca) dont le taux d’exécution et de décaissement restent toujours faibles à cause de lenteurs dans le traitement des dossiers au niveau de la Bad et des insuffisances dans la programmation et l’exécution du processus d’acquisition au niveau de la CEP.

Selon le document de travail, les volets « aménagements des vallées » et « construction des salles de classe et postes de santé » accusent notamment des retards. Et d’ajouter que « la mise en œuvre de convention avec certaines structures spécialisées, connaît des difficultés d’application des avances opérées ».

Sud Quotidien

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