Le changement dans la continuité, telle est l’ambition affichée par la nouvelle Secrétaire exécutive de l’Ong Environnement, développement, action (Enda-Tiers monde), Joséphine Ouédraogo, qui succède à Jacques Bignicourt décédé. Selon elle, les Africains doivent d’abord compter sur eux-mêmes pour sortir du sous-développement.
Un an et demi (septembre 2007) à la tête du Secrétariat exécutif d’Enda Tiers-monde, Joséphine Ouédraogo se définit comme une Africaine avant d’être une Burkinabé. En atteste son passage à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Cea) où elle a occupé le poste de Secrétaire adjointe, avant de diriger le Centre genre de la Cea pendant 10 ans.
Sociologue de formation, Joséphine Ouédraogo détient par devers elle une longue expérience dans le développement social. Elle a, entre autre fonction, occupé le poste de ministre du développement social, de la famille au Burkina Faso, dans un gouvernement révolutionnaire, avec une volonté d’« inclure tous les segments de la société, nous a-t-elle expliqué lors d’un entretien. Il s’agissait de faire appel à la solidarité nationale avant de faire appel à l’aide extérieure, pour la gestion des secours d’urgence ».
Suite au décès de Jacques Bignicourt, père fondateur d’Enda-Tiers monde, l’organisation a traversé une période de veille. « Il fallait connaître, comprendre son poids, sa particularité », argue Joséphine Ouédraogo. Cela, dans la perspective de s’interroger sur sa contribution, la nouvelle orientation qu’il fallait insuffler à l’organisation. En clair, « faire de la continuité dans le changement », précise-t-elle.
L’approche se résume en « une introspection, une autoévaluation, aux fins de redonner à Enda ses capacités essoufflées au fil du temps », estime Mme Ouédraogo. D’où un réel besoin de rassembler toutes les composantes de l’Ong dans une certaine cohérence, en tenant compte des problématiques émergentes », développe-t-elle.
Ces préoccupations ont pour noms : crises alimentaire, financière, énergétique, crise de l’eau, l’urbanisation galopante sous le lit de la pauvreté. Autant de filons qui devraient amener « Enda à se donner les capacités d’analyse », souligne la Secrétaire exécutive.
Sur ce registre, un document de la politique de l’organisation est en train d’être réalisé avec une bonne définition et une réaffirmation de ses fondamentaux. Ces principes tournent autour de l’interaction entre les hommes et les ressources, la citoyenneté, la lutte contre la pauvreté, car justifie Mme Ouédraogo, « personne ne naît pauvre, et que c’est un schéma qui peut créer l’injustice ».
Aussi, d’autres préoccupations annexes à cette feuille de route y sont adjointes. Il s’agit de « la bonne gouvernance, des politiques publiques, de la question du développement des villes, de la démographie croissante, du développement déséquilibré », énumère notre interlocutrice. Et elle a ajouté des thèmes comme l’agriculture, la santé, la protection de l’environnement.
« Croyons en nous-mêmes »
Avec, en arrière-plan, un souci d’intégrer le potentiel culturel, social dans un contexte où nos schémas économiques sont orientés vers l’extérieur. Aujourd’hui, « il faut que l’Afrique devienne africaine pour développer ses ressources, lance Joséphine Ouédraogo. Il faut apprendre à dire que le futur de mon enfant dépendant de l’Afrique. Il y va de l’équilibre de nos forces ». En d’autres termes, « croyons en nous-mêmes », dit-elle.
Sur le plan économique, la nouvelle Secrétaire exécutive d’Enda-Tiers monde est revenue sur les Accords de partenariat économique (Ape) entre l’Europe et l’Afrique. « Les Africains n’ont pas été prêts pour aller en négociation », regrette Mme Ouédraogo. Selon elle, les Etats vont en rangs dispersés, avec une absence d’intégration économique au niveau sous-régional.
« Nous devons, avec ou sans le Nord, concevoir nos économies et prendre le Nord comme partenaire », suggère-t-elle avant de s’empresser de déplorer « l’absence criarde de politique de planification sous la pression hégémonique de l’occident ».
De la sorte, cette posture commande une coopération Sud-Sud plus renforcée. « Enda pense que les Etats sont une réalité commune faisant face à des défis économiques, des schémas de développement, schéma de la démocratie », estime la Secrétaire exécutive. Dès lors, le forum social africain, le forum social mondial deviennent des alternatives pour une plus grande solidarité.
« Nous croyons aux mouvements sociaux pour rétablir les équilibres des forces en termes de savoir-faire, de savoir être, de débats et recherches de solutions d’ensemble voire associative comme alternative », défend Mme Ouédraogo.
Sur ce point, les expériences des pays d’Amérique latine sur les solidarités avec des groupes sociaux doivent servir d’émulation aux artisans de l’économie populaire. Pour ce faire, « apprenons à consommer local pour développer nos pays à l’image de ceux émergents », invite notre interlocutrice.
C’est dans ce sillage qu’il faut situer la création d’une composante économie solidaire dans le programme d’Enda-Tiers monde. « Le projet a pour finalité de faire connaître l’existence de ces économies populaires qui sont de véritables niches de créativité », relève pour sa part, Cheikh Guèye, responsable du programme Economie solidaire à Enda.
En effet, ce type d’économie prend de plus en plus de place dans la vie des gens pour améliorer leur quotidien. Même s’« il ne faut pas tout peindre en rose, tempère M. Guèye. C’est un secteur à ne pas marginaliser ».
Poursuivant dans la même logique, Joséphine Ouédraogo appuie : « Dans le cadre de l’économie solidaire, le commerce équitable doit permettre d’acheter les produits du Sud au prix équitable, avec une chaîne de partenaires au Nord pour écouler ces produits ».
D’où le besoin d’ « une organisation africaine pour valider la labellisation de ces produits », suggère-t-elle.
Outre les volets économiques, sociaux, Enda-Tiers monde explore également la composante santé, notamment le Sida, les grossesses non désirées. « Nous nous intéressons essentiellement à des actions orientées pour les jeunes filles, les jeunes garçons en rupture affective avec la société », explique Mme Ouédraogo. Et pour un souci d’efficacité, « il est important de se mettre au même niveau que ces jeunes de la rue pour créer des rapports de confiance », dit-elle.
A son avis, l’interaction permanente dans des espaces, des ateliers, des cours d’alphabétisation s’avère plus que jamais nécessaire.
Par E.Massiga FAYE et Laouratou DOUMBYA (stagiaire)
Le Soleil
Un an et demi (septembre 2007) à la tête du Secrétariat exécutif d’Enda Tiers-monde, Joséphine Ouédraogo se définit comme une Africaine avant d’être une Burkinabé. En atteste son passage à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Cea) où elle a occupé le poste de Secrétaire adjointe, avant de diriger le Centre genre de la Cea pendant 10 ans.
Sociologue de formation, Joséphine Ouédraogo détient par devers elle une longue expérience dans le développement social. Elle a, entre autre fonction, occupé le poste de ministre du développement social, de la famille au Burkina Faso, dans un gouvernement révolutionnaire, avec une volonté d’« inclure tous les segments de la société, nous a-t-elle expliqué lors d’un entretien. Il s’agissait de faire appel à la solidarité nationale avant de faire appel à l’aide extérieure, pour la gestion des secours d’urgence ».
Suite au décès de Jacques Bignicourt, père fondateur d’Enda-Tiers monde, l’organisation a traversé une période de veille. « Il fallait connaître, comprendre son poids, sa particularité », argue Joséphine Ouédraogo. Cela, dans la perspective de s’interroger sur sa contribution, la nouvelle orientation qu’il fallait insuffler à l’organisation. En clair, « faire de la continuité dans le changement », précise-t-elle.
L’approche se résume en « une introspection, une autoévaluation, aux fins de redonner à Enda ses capacités essoufflées au fil du temps », estime Mme Ouédraogo. D’où un réel besoin de rassembler toutes les composantes de l’Ong dans une certaine cohérence, en tenant compte des problématiques émergentes », développe-t-elle.
Ces préoccupations ont pour noms : crises alimentaire, financière, énergétique, crise de l’eau, l’urbanisation galopante sous le lit de la pauvreté. Autant de filons qui devraient amener « Enda à se donner les capacités d’analyse », souligne la Secrétaire exécutive.
Sur ce registre, un document de la politique de l’organisation est en train d’être réalisé avec une bonne définition et une réaffirmation de ses fondamentaux. Ces principes tournent autour de l’interaction entre les hommes et les ressources, la citoyenneté, la lutte contre la pauvreté, car justifie Mme Ouédraogo, « personne ne naît pauvre, et que c’est un schéma qui peut créer l’injustice ».
Aussi, d’autres préoccupations annexes à cette feuille de route y sont adjointes. Il s’agit de « la bonne gouvernance, des politiques publiques, de la question du développement des villes, de la démographie croissante, du développement déséquilibré », énumère notre interlocutrice. Et elle a ajouté des thèmes comme l’agriculture, la santé, la protection de l’environnement.
« Croyons en nous-mêmes »
Avec, en arrière-plan, un souci d’intégrer le potentiel culturel, social dans un contexte où nos schémas économiques sont orientés vers l’extérieur. Aujourd’hui, « il faut que l’Afrique devienne africaine pour développer ses ressources, lance Joséphine Ouédraogo. Il faut apprendre à dire que le futur de mon enfant dépendant de l’Afrique. Il y va de l’équilibre de nos forces ». En d’autres termes, « croyons en nous-mêmes », dit-elle.
Sur le plan économique, la nouvelle Secrétaire exécutive d’Enda-Tiers monde est revenue sur les Accords de partenariat économique (Ape) entre l’Europe et l’Afrique. « Les Africains n’ont pas été prêts pour aller en négociation », regrette Mme Ouédraogo. Selon elle, les Etats vont en rangs dispersés, avec une absence d’intégration économique au niveau sous-régional.
« Nous devons, avec ou sans le Nord, concevoir nos économies et prendre le Nord comme partenaire », suggère-t-elle avant de s’empresser de déplorer « l’absence criarde de politique de planification sous la pression hégémonique de l’occident ».
De la sorte, cette posture commande une coopération Sud-Sud plus renforcée. « Enda pense que les Etats sont une réalité commune faisant face à des défis économiques, des schémas de développement, schéma de la démocratie », estime la Secrétaire exécutive. Dès lors, le forum social africain, le forum social mondial deviennent des alternatives pour une plus grande solidarité.
« Nous croyons aux mouvements sociaux pour rétablir les équilibres des forces en termes de savoir-faire, de savoir être, de débats et recherches de solutions d’ensemble voire associative comme alternative », défend Mme Ouédraogo.
Sur ce point, les expériences des pays d’Amérique latine sur les solidarités avec des groupes sociaux doivent servir d’émulation aux artisans de l’économie populaire. Pour ce faire, « apprenons à consommer local pour développer nos pays à l’image de ceux émergents », invite notre interlocutrice.
C’est dans ce sillage qu’il faut situer la création d’une composante économie solidaire dans le programme d’Enda-Tiers monde. « Le projet a pour finalité de faire connaître l’existence de ces économies populaires qui sont de véritables niches de créativité », relève pour sa part, Cheikh Guèye, responsable du programme Economie solidaire à Enda.
En effet, ce type d’économie prend de plus en plus de place dans la vie des gens pour améliorer leur quotidien. Même s’« il ne faut pas tout peindre en rose, tempère M. Guèye. C’est un secteur à ne pas marginaliser ».
Poursuivant dans la même logique, Joséphine Ouédraogo appuie : « Dans le cadre de l’économie solidaire, le commerce équitable doit permettre d’acheter les produits du Sud au prix équitable, avec une chaîne de partenaires au Nord pour écouler ces produits ».
D’où le besoin d’ « une organisation africaine pour valider la labellisation de ces produits », suggère-t-elle.
Outre les volets économiques, sociaux, Enda-Tiers monde explore également la composante santé, notamment le Sida, les grossesses non désirées. « Nous nous intéressons essentiellement à des actions orientées pour les jeunes filles, les jeunes garçons en rupture affective avec la société », explique Mme Ouédraogo. Et pour un souci d’efficacité, « il est important de se mettre au même niveau que ces jeunes de la rue pour créer des rapports de confiance », dit-elle.
A son avis, l’interaction permanente dans des espaces, des ateliers, des cours d’alphabétisation s’avère plus que jamais nécessaire.
Par E.Massiga FAYE et Laouratou DOUMBYA (stagiaire)
Le Soleil