Les trois quarts des pauvres du monde vivent de l'agriculture. C'est donc dans ce secteur que la lutte contre la pauvreté doit se mener en priorité. Et à ce titre, Oxfam international est pour qu’on repense l’agriculture dans les pays pauvres. A l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, l’organisation internationale pense que l'agriculture familiale se révèle comme la clé d'une augmentation de la production alimentaire mondiale. Ce, dans un schéma durable capable de répondre au défi du changement climatique.
La nourriture produite sur terre suffit à répondre aux besoins de toute la planète. Malgré ces performances, la crise alimentaire poursuit son odyssée. Affectant ainsi un milliard de personnes à travers le monde. Et aussi inouïe que cela puisse paraître, la moitié de la nourriture mondiale est perdue ou gaspillée. Face à une telle situation, le directeur exécutif d'Oxfam International, livre ses ‘secrets’ pour une éradication de ce phénomène. En livrant sa recette, Jeremy Hobbs fait remarquer que sans un regain d'énergie, l'Objectif du millénaire pour le développement visant à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici 2015 ne sera pas atteint. Ce qui n'empêche pas les dirigeants de s'engager pour une éradication totale de la faim d'ici 2025.
Et pour parvenir à ce résultat, il estime que les dirigeants doivent se concentrer sur l’appui à apporter en faveur des paysans pauvres souvent livrés à eux-mêmes face aux problèmes de la faim, de la pauvreté et du changement climatique. C'est donc là que la lutte contre la pauvreté doit se mener en priorité, professe-t-il. Surtout que les trois quarts des pauvres vivent de l'agriculture. L'agriculture familiale est d'ailleurs la clé d'une augmentation de la production alimentaire mondiale. Ce, dans un schéma durable capable de répondre au défi du changement climatique.
Dans ce sillage, les pays doivent investir davantage dans l'agriculture familiale et soutenir en particulier les femmes.
Les pays riches doivent aller bien au-delà de leur appui de 4 %, soit un peu moins de 6 milliards de dollars, de l’aide au développement pour soutenir l'agriculture des pays pauvres qui ont besoin de 20 milliards de dollars par an pour sortir de cette impasse. De leur côté, les pays en développement doivent également consacrer davantage de moyens pour soutenir le secteur agricole à l’image du Vietnam qui a investi massivement dans son agriculture lorsqu'il était en quête de croissance économique et de sécurité alimentaire. Il y a douze ans, le pays devait importer la majeure partie de son alimentation. Aujourd'hui, il est un grand exportateur agricole. Et l'année passée, la pauvreté dans ce pays est tombée sous la barre des 15 % de la population, alors qu'elle atteignait encore 58 % en 1979.
Il s’agit aussi pour Jeremy Hobbs de repenser l'agriculture dans un monde marqué par le défi du changement climatique. Et où les problèmes de la faim et de la pauvreté ne peuvent être résolus en injectant de l'argent dans des fertilisants, des semences à haut rendement et des systèmes d'irrigation à grande échelle. Ces éléments sont certes importants, mais ils ne sont pas toujours durables et ne répondent pas nécessairement aux besoins de l'agriculture familiale. On ne peut tabler sur un accroissement de la productivité alimentaire en se contentant d'intensifier la production agricole industrielle. Si l'agriculture doit être entièrement repensée c’est parce que les pays pauvres et leurs agriculteurs familiaux doivent être au centre de ce processus. Les pays doivent investir dans la vulgarisation agricole paysanne et dans des filets de sécurité sociale afin d'aider les plus pauvres à acheter de la nourriture locale proposée par les petits agriculteurs et vendeurs locaux.
Quant aux changements climatiques, ils entraînent déjà d'importantes modifications dans les cultures saisonnières, spécialement dans les tropiques où vit la majorité des pauvres actifs dans l'agriculture. Un secteur qui compte pour 14 % des émissions totales de carbone. Sous ce rapport, modifier la façon dont les agriculteurs exploitent les terres et les forêts sera donc un élément décisif dans la réduction des émissions et dans l'appui aux populations affectées par les aléas climatiques. Les paysans pauvres ne peuvent assumer le coût de ces changements, et le financement de l'adaptation au climat constitue donc un élément crucial des négociations de Copenhague qui se tiendront en décembre.
Mais, constate-t-on, il serait hasardeux de ne pas accentuer le contrôle et la régulation de telles actions. Car, outre un accroissement des investissements, il est nécessaire de disposer de meilleurs contrôles sur les spéculations extrêmes opérées sur les marchés de l'alimentation et des carburants. Les pays doivent parvenir à conclure un accord à l'Organisation mondiale du commerce (Omc) qui aille au-delà d'une correction des règles inéquitables et du ‘deux poids, deux mesures’ qui prévaut dans le commerce agricole mondial. Il faut mettre en place de nouveaux systèmes d'information et des technologies appropriées aux femmes actives dans l'agriculture familiale. Il faut aussi réguler l'activité des entreprises afin de s'assurer qu'elles agissent pour davantage de prospérité et de sécurité à l'échelle de la planète. Et les pays en développement doivent pouvoir déterminer eux-mêmes leurs politiques afin de promouvoir une production et une consommation locale et durable et accéder au dollar de l'exportation.
Le Sommet mondial pour l'alimentation doit mettre les gouvernements face à leurs responsabilités et leurs engagements. Il faut établir un Registre international public sur les engagements afin d'assurer le suivi des engagements pris par chaque pays.
Enfin, il est nécessaire de mettre en place un nouveau partenariat mondial à même de rendre compte de la puissance réelle du G8. Dans le même ordre d’idée, il est important de garantir la participation des gouvernements et des sociétés civiles des pays pauvres, de développer des politiques mondiales et de coordonner le méli-mélo d'influences sur l'agriculture exercées par plusieurs agences de l'Organisation des nations unies (Onu) et d'autres acteurs.
Ibrahima DIAW
Wal Fadjri
La nourriture produite sur terre suffit à répondre aux besoins de toute la planète. Malgré ces performances, la crise alimentaire poursuit son odyssée. Affectant ainsi un milliard de personnes à travers le monde. Et aussi inouïe que cela puisse paraître, la moitié de la nourriture mondiale est perdue ou gaspillée. Face à une telle situation, le directeur exécutif d'Oxfam International, livre ses ‘secrets’ pour une éradication de ce phénomène. En livrant sa recette, Jeremy Hobbs fait remarquer que sans un regain d'énergie, l'Objectif du millénaire pour le développement visant à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici 2015 ne sera pas atteint. Ce qui n'empêche pas les dirigeants de s'engager pour une éradication totale de la faim d'ici 2025.
Et pour parvenir à ce résultat, il estime que les dirigeants doivent se concentrer sur l’appui à apporter en faveur des paysans pauvres souvent livrés à eux-mêmes face aux problèmes de la faim, de la pauvreté et du changement climatique. C'est donc là que la lutte contre la pauvreté doit se mener en priorité, professe-t-il. Surtout que les trois quarts des pauvres vivent de l'agriculture. L'agriculture familiale est d'ailleurs la clé d'une augmentation de la production alimentaire mondiale. Ce, dans un schéma durable capable de répondre au défi du changement climatique.
Dans ce sillage, les pays doivent investir davantage dans l'agriculture familiale et soutenir en particulier les femmes.
Les pays riches doivent aller bien au-delà de leur appui de 4 %, soit un peu moins de 6 milliards de dollars, de l’aide au développement pour soutenir l'agriculture des pays pauvres qui ont besoin de 20 milliards de dollars par an pour sortir de cette impasse. De leur côté, les pays en développement doivent également consacrer davantage de moyens pour soutenir le secteur agricole à l’image du Vietnam qui a investi massivement dans son agriculture lorsqu'il était en quête de croissance économique et de sécurité alimentaire. Il y a douze ans, le pays devait importer la majeure partie de son alimentation. Aujourd'hui, il est un grand exportateur agricole. Et l'année passée, la pauvreté dans ce pays est tombée sous la barre des 15 % de la population, alors qu'elle atteignait encore 58 % en 1979.
Il s’agit aussi pour Jeremy Hobbs de repenser l'agriculture dans un monde marqué par le défi du changement climatique. Et où les problèmes de la faim et de la pauvreté ne peuvent être résolus en injectant de l'argent dans des fertilisants, des semences à haut rendement et des systèmes d'irrigation à grande échelle. Ces éléments sont certes importants, mais ils ne sont pas toujours durables et ne répondent pas nécessairement aux besoins de l'agriculture familiale. On ne peut tabler sur un accroissement de la productivité alimentaire en se contentant d'intensifier la production agricole industrielle. Si l'agriculture doit être entièrement repensée c’est parce que les pays pauvres et leurs agriculteurs familiaux doivent être au centre de ce processus. Les pays doivent investir dans la vulgarisation agricole paysanne et dans des filets de sécurité sociale afin d'aider les plus pauvres à acheter de la nourriture locale proposée par les petits agriculteurs et vendeurs locaux.
Quant aux changements climatiques, ils entraînent déjà d'importantes modifications dans les cultures saisonnières, spécialement dans les tropiques où vit la majorité des pauvres actifs dans l'agriculture. Un secteur qui compte pour 14 % des émissions totales de carbone. Sous ce rapport, modifier la façon dont les agriculteurs exploitent les terres et les forêts sera donc un élément décisif dans la réduction des émissions et dans l'appui aux populations affectées par les aléas climatiques. Les paysans pauvres ne peuvent assumer le coût de ces changements, et le financement de l'adaptation au climat constitue donc un élément crucial des négociations de Copenhague qui se tiendront en décembre.
Mais, constate-t-on, il serait hasardeux de ne pas accentuer le contrôle et la régulation de telles actions. Car, outre un accroissement des investissements, il est nécessaire de disposer de meilleurs contrôles sur les spéculations extrêmes opérées sur les marchés de l'alimentation et des carburants. Les pays doivent parvenir à conclure un accord à l'Organisation mondiale du commerce (Omc) qui aille au-delà d'une correction des règles inéquitables et du ‘deux poids, deux mesures’ qui prévaut dans le commerce agricole mondial. Il faut mettre en place de nouveaux systèmes d'information et des technologies appropriées aux femmes actives dans l'agriculture familiale. Il faut aussi réguler l'activité des entreprises afin de s'assurer qu'elles agissent pour davantage de prospérité et de sécurité à l'échelle de la planète. Et les pays en développement doivent pouvoir déterminer eux-mêmes leurs politiques afin de promouvoir une production et une consommation locale et durable et accéder au dollar de l'exportation.
Le Sommet mondial pour l'alimentation doit mettre les gouvernements face à leurs responsabilités et leurs engagements. Il faut établir un Registre international public sur les engagements afin d'assurer le suivi des engagements pris par chaque pays.
Enfin, il est nécessaire de mettre en place un nouveau partenariat mondial à même de rendre compte de la puissance réelle du G8. Dans le même ordre d’idée, il est important de garantir la participation des gouvernements et des sociétés civiles des pays pauvres, de développer des politiques mondiales et de coordonner le méli-mélo d'influences sur l'agriculture exercées par plusieurs agences de l'Organisation des nations unies (Onu) et d'autres acteurs.
Ibrahima DIAW
Wal Fadjri