PROJET UNESCO POUR LE PATRIMOINE CULTUREL : Le rite du « Kankourang » sera sauvegardé à Sédhiou et à Mbour



Le projet de l’Unesco qui veut, à Sédhiou et Mbour, accompagner le rituel traditionnel du « Kankourang » afin de lui faire retrouver son aura séculaire, vient à son heure. Cela fait trois ans maintenant depuis que l’Unesco a élevé le « Kankourang » au rang de chef-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’humanité. Un comité de gestion, sous l’égide de la direction du Patrimoine culturel vient d’être installé à Sédhiou pour diriger la sauvegarde de ce patrimoine culturel.

Sédhiou - La direction du Patrimoine culturel du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé, département qui a en charge la mise en œuvre du projet Unesco : "Plan d’action pour la sauvegarde du Kankourang", projet qui concerne la Gambie aussi, a récemment envoyé à Sédhiou son représentant M. Mamadou Faye.

Ce dernier, après avoir assisté à plusieurs réunions, avait balisé la voie avec Nfally Diaité Kaba, coordinateur local du projet pour la mise sur pied du Comité local de gestion présidé par Ibou Ndiaye, président de la commission culturelle du conseil municipal. Ce projet cherche à faire recouvrer au « Kankourang », son autorité, son rôle et sa fonction d’antan largement bafoués aujourd’hui par un modernisme qui doit pourtant respecter certaines traditions.

On en arrive à des affrontements sanglants, parfois mortels comme ce fut le cas il y a dix ans à Marsassoum où, une communauté venue de Guinée-Bissau, pays qui pourtant connaît le « Kankourang », s’était attaquée à celui sorti ce jour -là dans la capitale du Djassing.

La réaction des populations, considérant que leur culture était profanée, ne se fit pas attendre avec au bout des affrontements : deux morts du côté de la communauté de Guinée-Bissau. L’année suivante à Sédhiou, ce sont les membres de la famille d’une autorité administrative qui avaient demandé à un élément de la Brigade de Gendarmerie d’arrêter le « Kankourang », qui les empêchait de jouir pleinement de la fête qu’ils avaient organisée, ce que fit l’homme en bleu ; là aussi, réactions sanglantes des populations avec cependant pas de perte en vie humaine, mais des dégâts chez les gendarmes et chez le commanditaire de l’acte que le ministère de tutelle affecta immédiatement.

C’est dire que ce projet de l’Unesco, qui veut accompagner une tradition aussi vieille que le monde et pour lequel l’être mythique doit retrouve son lustre d’antan, vient à son heure et c’est une conséquence logique puisqu’il y a trois ans, l’Unesco avait élevé le « Kankourang » au rang de chef-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’humanité.

Ce projet, qui vient de démarrer, assure la protection du cadre naturel où se déroule le rituel, tout en renforçant l’intérêt historique, culturel et social du rite du « Kankourang » par des actions de recherche, de diffusion et de sensibilisation sur l’importance que requiert la sauvegarde de cet être mythique.

Musée des savoir-faire associés au « Kankourang »

Le projet est constitué de quatre composantes. Celle relative à la mise en place du cadre institutionnel prévoit la mise à disposition de moyens nécessaires à la création d’espaces appropriés. On accompagnera aussi le comité de gestion local dans ses initiatives et dans l’exécution de son plan d’action, en fonction des échéances prévues.

Un centre sera construit dans chaque localité bénéficiaire du projet : Mbour et Sédhiou, dans un site choisi par le comité de gestion. Le lieu pourrait aussi s’appeler "Musée des savoir-faire associés au Kankourang" ; il contribuera à valoriser la tradition et ce sera aussi un lieu de rencontre et d’échanges de la communauté mandingue certes, mais aussi celui des autres groupes ethniques. Le musée du centre sera la vitrine des différents aspects du « Kankourang », les chants et danses non ésotériques seront également enseignés, aussi bien au profit des autochtones que des étrangers.

La composante documentation et promotion permettra d’entreprendre des études rares, pour ne pas dire inexistantes sur le « Kankourang », recherches qui seront relatives aux chants, danses, rites sacrés afin d’assurer une meilleure connaissance de la culture mandingue.

L’être mythique fait des sorties dans la forêt sacrée. Il est ainsi prévu de protéger des espaces d’arbres réservés au rituel et qui donnent l’écorce appelée " fum " dont se revêt le « Kankourang », en protégeant ces espaces.

La communauté mandingue, comme pour prendre les devants, s’est déjà organisée au niveau national avec la mise sur pied du "Comité des initiatives du Kankourang", les comités locaux comme celui de Sédhiou et de Mbour doivent en épouser les contours. Chaque comité est chargé d’organiser la sortie du « Kankourang » en prenant contact avec les autorités locales pour voir avec elles les modalités qui seront établies de commun accord avant, pendant et après la sortie du « Kankourang » et même le circuit à emprunter par la procession qui se fera en toute sécurité, doit être connu.

La commission chargée de réglementer la sortie du « Kankourang » a du pain sur la planche car ils sont encore nombreux ceux qui au nom d’une liberté se croient tout permis et pour que son président ait moins de problèmes, il a été choisi hors de la commune de Sédhiou puisqu’il est de Diendé Laye Camara. Pour le Président du comité de gestion, le centre aura deux grandes orientations : l’enracinement et l’ouverture.

Le comité de gestion comprend neuf commissions. Le projet Unesco : "Plan d’action pour la sauvegarde du Kankourang" permettra à ce (Djinn) vêtu d’écorce appelé "Faara" qui fut autrefois un véritable esprit protecteur, garant de l’ordre et de la justice sociale, exorciste des mauvais esprits, assurant la transmission du savoir-faire et de pratiques qui constituent le fondement de l’identité culturelle mandingue, de jouer dans ce monde moderne son rôle d’antan.

Le Soleil

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