La dégradation des sols constitue un facteur handicapant pour l’agriculture à Sédhiou. Face à ce constat qui est à l’origine de la chute de la production agricole dans la nouvelle région, l’Institut national de pédologie (Inp), en rapport avec les acteurs agricoles, engage le combat pour une meilleure protection des sols.
SEDHIOU - La préservation des sols, gage d’une agriculture rentable, constitue une préoccupation majeure pour les autorités de l’Institut national de pédologie (Inp). Dans la région de Sédhiou, jadis considérée comme un grenier du point de vue des nombreuses productions agricoles connues par le passé, la qualité des sols commence à poser problème. Ce phénomène de dégradation des sols est lié à plusieurs facteurs, estime El Hadji Seydou Cissé, le délégué régional de l’Inp du Fouladou/Pakao. ‘La région de Sédhiou est un grenier ou en tout cas dans le temps. Mais il y a beaucoup de types de dégradations du sol que nous connaissons aujourd’hui. Ainsi, beaucoup de rizières ne sont plus productives à cause de la salinité. Il y a également les problèmes d’érosion. Vous voyez beaucoup de sols se décaper et ensabler les vallées et, par conséquent, diminuer la production agricole’, explique le délégué régional de l’Inp.
Pour El Hadji Seydou Cissé, ‘nous sommes dans un contexte de crise et d’insécurité alimentaire. C’est pourquoi, de plus en plus, les autorités parlent de souveraineté alimentaire. Ce qui implique que, pour prendre notre nourriture du magasin du monde, il va falloir qu’on s’occupe de la provenance de cette nourriture. Donc, il faut retourner à la base productive qu’est le sol’. C’est pourquoi, face à la situation de crise dans laquelle se trouve l’agriculture, la vision intégrale qui a présidé à la création de l’Inp lui dicte, selon M. Cissé une approche globale et des interventions qui s’inscrivent dans la durée en tant que cadre permanent en charge d’impulser et de coordonner toutes les actions destinées à gérer de façon rationnelle et durable la ressource sol. Si l’on sait que ‘le sol, support de toute l’activité économique, constitue un des facteurs de production les plus partagés, sa connaissance et sa maîtrise s’avèrent essentielles’, soutient-il.
Sous ce rapport, l’Institut national de pédologie a engagé un processus d’élaboration d’un plan stratégique pour la période 2009/2011 qui coïncide avec la préparation et la mise en œuvre, au niveau du ministère de l’Agriculture, du cadre de dépenses sectorielles à moyen terme lancé par le gouvernement depuis 2005. C‘est ce qui a motivé d’ailleurs la tenue d’un atelier local de planification qui a regroupé l’ensemble des acteurs du monde agricole. Il s’agit, selon les responsables de l’Inp, d’arriver à un large consensus des parties prenantes sur le diagnostic des problèmes, des causes profondes et des solutions durables, mais aussi et surtout à un renforcement des capacités des acteurs en planification. C’est dans ce sens qu’un chapelet de solutions a été esquissé par les participants en vue d’une meilleure protection des sols.
Selon le colonel Abdourahmane Samoura, ingénieur des Eaux et Forêts et consultant de l’Inp, ‘les acteurs agricoles ont besoin de savoir quelles sont les caractéristiques des sols, leur attitude et quels sont le processus auxquels le sol est soumis. Dans un second temps, ils ont souhaité aussi améliorer la qualité des sols. A ce niveau, nous avons noté deux grandes composantes. La première concerne la récupération des sols dégradés par des technologies novatrices qui sont adaptées et l’autre composante dans le cadre toujours de l’amélioration de la productivité, c’est la régénération des sols. Il va falloir enrichir les sols pauvres à travers les amendements organiques et à travers un phosphatage’.
A l’issue des travaux, un plan d’action stratégique est élaboré pour mieux organiser les interventions de l’Institut national de pédologie, afin de mieux prendre en charge les préoccupations des différentes catégories d’acteurs.
Moctar DIALLO
Wal Fadjri