QUARANTE ANS DU CODESRIA Faire de la recherche scientifique une clé du développement…



Quarante (40) ans de recherche et de production de savoir pour montrer le vais visage de l'Afrique, ça se fête. Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), célèbre cette année son quarantenaire. Lors d'une conférence de presse organisé hier au siège de l'Institut de recherche en sciences sociales et humaines à Dakar, Ebrima Sall, le Secrétaire exécutif, a tiré un bilan satisfaisant de ces quatre décennies d'existence tout en relevant des problèmes qui subsistes et la nécessité pour nos gouvernants de soutenir la recherche pour le développement de nos pays.

1973-2013, voilà 40 ans que le CODESRIA œuvre dans la recherche en sciences sociales et humaines pour une meilleure visibilité des réalités de l’Afrique tout en déconstruisant la représentation tronquée issue de la bibliothèque coloniale. Le lancement de ce quarantenaire qui a pour thème «40 ans de recherche et de production de savoir pour l’Afrique» a eu lieu hier, vendredi 02 février 2013, lors d’une conférence de presse au siège du CODESRIA à Dakar.

Occasion pour le Secrétaire exécutif de l’Institut de tirer un bilan positif de ce qui a été fait jusqu’ici. «L’objectif, c’était de décoloniser la recherche et beaucoup a été fait dans ce sens. Je dirai sans réserve que le bilan des 40 ans est positif par rapport aux objectifs notamment produire de la recherche scientifique. D’une revue à ses débuts, aujourd’hui nous en sommes à 12 reconnues», a-t- affirmé. Pour ce qui est des manifestations, une série de d’activités sont prévues au courant de l’année dont des tournées dans des régions d’Afrique, l’organisation d’un colloque en mai avec l’Union africaine, en plus des conférences, etc.

Selon Ebrima Sall, la préoccupation c’était de décoloniser la recherche, déconstruire la bibliothèque colonilae, tout ce qui met le contient en marge de l’évolution du monde pour une Afrique libre, cette «’’Afrique nouvelle frontière’’. L’idée c’est que les pays africains sont sortis de la colonisation fragilisés avec des micros-Etats. Il fallait sortir des différentes représentations qui étaient faites de l’Afrique par la bibliothèque coloniale. L’objectif c’était de produire du savoir sur nos sociétés et le monde qui nous entoure, enseigner et former. Le défi le plus difficile à relever c’est de ‘’penser par notre propre tête et regarder par nos propres yeux’’ comme le disait Amilcar Cabral».

Seulement, a reconnu Ebrima Sall, les difficultés ne manquent pas dans l’exercice de cette mission. Elles sont liées d’abord à l’environnement de la recherche sur le continent. Il y a également des contraintes politiques. «Il n’est pas évident de publier ou de faire de la recherche sur certaines questions dans certains pays», a-t-il souligné.

A l’en croire, l’autre grand problème c’est par rapport à la disponibilité et l’accès aux ressources. S’y ajoute le fait que tout est commercialisé dans notre société. Et la recherche n’échappe pas à cette donne pour obtenir un soutien à certaines recherches. Il y a aussi la qualité de l’enseignement supérieur qui obéit parfois à cette logique commerciale. Et que dire des bailleurs encouragent une recherche à la demande ? Donc de «la consultance qui est une logique marchande».

C’est pourquoi Ebrima Sall conseille aux gouvernements africains d’accorder une «importance à la recherche pour ne pas que les bailleurs continuent de dicter leur loi et leur thème et sujets préférés. Plus grave, ce qui au départ est parti pour être une bonne recherche peut être dévoyé du fait de la logique de consultance» car on est plus préoccupé par les résultats, conclusions dans l’immédiat.

Or «une bonne recherche en sciences sociales c’est la bonne question», contrairement à ce qui se passe dans d’autres domaines comme la biologie, la médecine, etc. a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «le savoir, la connaissance scientifique sont une clé du développement du continent, du décollage de nos pays». D’où, a son avis, la nécessité d’accorder de l’importance à la recherche. En atteste, les pays qui l’ont compris y ont investi et aujourd’hui ils sont classé émergents. Pour le professeur Sall, il faut être ambitieux et mutualiser les efforts en dialoguant avec les milieux professionnels, la société civile. Il y aussi en plus de l’arabe, les langues nationales à considérer.

Un regret : 40 ans sans siège propre

Le Professeur Samir Amin, l’un des membres fondateurs du CODESRIA, aujourd’hui directeur du Forum du tiers-monde a fait l’historique de la création de la structure dont il a été le premier Secrétaire exécutif. Selon lui, l’idée de départ c’était de créer une structure qui pourrait réunir les intellectuels africains pour penser par eux-mêmes. Et le CODESRIA est né, avec l’appui des autorités sénégalaises. Et l’Institut Africain de Développement Economique et de Planification (IDEP) dont il était alors le directeur l’a hébergé pendant deux le temps de trouver des moyens de se trouver un local. Pour lui, «le CODESRIA, ce n’est pas un bâtiment, c’est tout un réseau dense d’universitaires qui produisent, c’est l’affaire d’une communauté qui a su croire à un projet».

A sa suite, le professeur Boubacar Barry de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), ancien Secrétaire exécutif adjoint du CODESRIA (1987-1990) a justifié le succès du CODESRIA par le personnel capitalisé surplace avec la professionnalisation de la fonction de Secrétaire exécutif, le soutien des bailleurs car la structure ne dépend pas des gouvernements africains. Il y aussi le caractère démocratique des élections à des titres. Cependant, «le seul regret, c’est de voir que jusqu’à nos jours le CODESRIA n’a pas de locaux propres et fonctionnels», a-t-il déploré.


CRISE MALIENNE

Conséquence de l’échec de l’Etat-nation
La crise au Mali avec l’occupation du Nord du pays était prévisible, si l’on remonte aux événements de 1991. Cela montre que 50 ans après les indépendances, on peut s’attendre à tout, compte tenu de l’échec de l’Etat-nation qui n’a pas réussi à créer un espace qui va au-delà des limites des frontière héritées de la colonisation. C’est le professeur Boubacar Barry de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) qui s’exprimait ainsi vendredi 02 février 2013, en marge d’une conférence de presse de lancement des festivités marquant les 40 ans du CODESRIA.

Pour l’historien, le Mali représente un dernier colosse, un mythe avec l’empire du Mali. Cette crise met à nu la faiblesse de nos Etats-nations. Hier c’était le Libéria, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire, etc. et aujourd’hui c’est le Mali, déplore-t-il non sans regretter l’attitude des dirigeants politique du contient face au problème. «Et c’est la France encore qui est au devant pour libérer ce pays. Il faut s’attendre à tout au rythme où évoluent les choses».

C’est pour y remédier et éviter que d’autres foyers de tensions similaires ne naissent ailleurs qu’il invite les gouvernants à «repenser notre itinéraire» politique, culturelle, économique, etc.


Ibrahima DIALLO
Sud Quotidien

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