SEDHIOU : DECOUPAGE DE LA NOUVELLE REGION ADMINISTRATIVE, Quatre prétendants pour un chef-lieu de département

L’érection du département de Sédhiou en une collectivité régionale aiguise bien des appétits dans les circonscriptions environnantes de la moyenne Casamance. Avec ce (re)découpage territorial, nombreuses sont les localités qui souhaitent changer de statut. Le chef-lieu de département semble être plus en vue dans le collimateur des populations.



Le département de Sédhiou occupe la moyenne Casamance et couvre une superficie de 7.352 kilomètres carrés pour une population avoisinant les 500.000 habitants.

Sédhiou fait frontière avec deux pays de la sous-région ouest africaine. Il s’agit de la République de Guinée Bissau au Sud et la Gambie au Nord. Il draine vingt-trois collectivités locales dont les trois communes rurales que sont Sédhiou, Goudomp et Marsassoum.

Mais depuis cinq mois, cette circonscription administrative est instituée en région par le décret N° 008 du 02 février 2008. Une des principales doléances des populations de la vieille ville amplement entonnée lors de la dernière campagne présidentielle, venait d’être satisfaite sous la diligence du Chef de l’Etat, Abdoulaye Wade en rapport avec sa vision de « rapprocher l’administration des administrés ».

Si le vote du projet de loi abrogeant la nouvelle région est passé comme lettre à la poste dans les deux chambres consultatives que sont l’assemblée nationales et le sénat, le choix des différentes localités devant abriter les chef lieu de département en particulier se pose en revanche avec acuité.

Le point névralgique de ces séries de revendications est localisé dans la zone Sud-Est, le Balantacounda, Brassou, Pakao et le Fuladu notamment.

Tanaff, Goudomp et Samine dans la course

Par plusieurs reprises, les populations de la commune de Goudomp sont descendues dans la rue pour se faire entendre au sujet de la départementalisation de l’axe Sud de Sédhiou. Leurs motivations sont liées à une volonté longtemps affirmée d’abriter le chef-lieu de département « de tout le temps, nous avons été la tête de pont du Balantacounda et du Brassou. Nous disposons de suffisamment d’infrastructures pouvant accueillir les différents services du futur département. Tout cela a plaidé en notre faveur et les conclusions indiquent Goudomp comme meilleur choix. Mais depuis quelques temps, on n’apprend que de nouvelles contestations vont crescendo au sommet de l’Etat alimentées par le Ministre des forces armées Bécaye Diop dont le cœur serait pour Samine d’où il a pris femme ».

« Nous estimons que cela n’est pas du tout juste et lui demandons de revoir sa position en tant que Ministre de la République. Mardi prochain, nous allons organisé une journée ville morte pour protester vigoureusement contre un tel état de fait », a dit Ousmane Barro le secrétaire municipal de Goudomp par ailleurs porte parole des populations.

Au même moment, les populations des cinq communautés rurales de l’arrondissement de Tanaff se retrouvaient à Karantaba plus au Nord-est pour réclamer au cours d’une gigantesque assemblée générale ce même siège de département dans l’axe Sud de la nouvelle région « nous sommes le plus grand arrondissement de la zone et le plus peuplé. Nous sommes dans le même temps le plus enclavé avec des villages qui se situent à plus de cent vingt kilomètres de Goudomp. C’est le cas du village de Yiricoumbato dans la communauté rurale de Kolibantang.

Nous soutenons avec raison que c’est nous qui sommes à équidistance entre les différentes zones candidates à la départementalisation de l’axe Sud de Sédhiou », a martelé avec force Vieux Saloum Cissé le porte parole des populations. Chérif Kouyaté le chef de village de Tanaff et Marcel Farage un représentant des mouvements de jeunesse font remarquer que ce sont les politiques de leur secteur qui « ne valent rien du tout pour plaider en notre faveur. Ils ne sont là qu à leur poches ».

Et Malang Fakéba Kouyaté un autre membre de conclure « rien qu’à s’inspirer de l’exemple de l’érection de Goudomp en district sanitaire est une grosse erreur. Comment imaginer un malade de Tanaff ou bien plus en profondeur, envoyer à Goudomp pour des soins ».

« Il n’est pas possible d’envoyer nos malades de Sandinièry, de Diareng, Saré Niako de Bissassou ou encore de Djidadji à Goudomp ; c’est en d’autres termes aller lui trouver un certificat de mort du fait de l’éloignement avec Goudomp qui n’est que de dix kilomètres de Ziguinchor. Nous exigeons devenir chef-lieu de département (Tanaff) ou à défaut, rester dans le département de Sédhiou ou être rattaché à Kolda ».

« Il y a deux semaines environs, les populations de la communauté rurale de Samine Escale s’étaient réuni pour formuler la même revendication : La candidature de Samine ne souffre d’aucun doute en ce sens que c’est une localité qui se trouve au centre du Balantacounda. Et coïncidence ou légitimation, c’est ici que le président et candidat Abdoulaye Wade avait annoncé l’érection de Sédhiou en région lors de la toute dernière campagne présidentielle. Nous avons des infrastructures de qualité pour recevoir les services qui seront affectés ici : la sécurité, l’éducation, la santé, les bâtiments entre autres », entonnent avec fierté ces populations.

Marsassoum brise la poubelle des oubliettes !

Comme par effet de mode, la contagion de la départementalisation atteint la commune de Marsassoum jusqu’alors peu sceptique de son sort et soucieux de préserver son rôle de locomotive historique et géographique du Boudié, du Yacine et du Sonkodou les trois zones ethnolinguistiques du Sud et Nord-Ouest de Sédhiou.

Hier dimanche, les populations ont organisé une très grande marche pacifique pour réclamer un des chefs-lieux de département de la toute nouvelle région de Sédhiou :

« Marsassoum existant depuis bien avant 1836 fut la capitale du Yacine (l’une des neuf contrées qui composaient le département de Sédhiou). Ancien chef de Canton devenu chef-lieu de communauté rurale par décret N° 60114 du 12 mars 1960 en rapport avec son évolution, son dynamisme dans pratiquement tous les secteurs, Marsassoum sera érigé en commune le 08 Octobre 1960. Le collectif estime que ce serait un grave recul pour toute la zone et particulièrement pour Marsassoum si par un miraculeux découpage, il était freiné dans son évolution et son développement.

Au plan historique, démographique, économique, culturel, infrastructure et institutionnel, nous disposons des possibilités d’abriter les services du futur département », a déclaré Yancouba Dramé en remettant le mémorandum au maire Alassane N’diaye et au sous préfet de Djibabouya.

Qu’attend encore l’Etat pour parapher le document ?

Les perturbations nées du nouveau découpage territorial au Sénégal étaient en partie à l’origine du report des élections régionales, municipales et rurales initialement prévues pour le 18 Mai 2008. Et quoi d’autres attendent les pouvoirs publics pour parapher le document ?

La question brûle les lèvres du côté de la capitale du Pakao et peine à trouver une réponse exacte. « Abdoulaye Wade et ses camarades vont encore du dilatoire pour prétexter un autre report des élections. Ce qui ne se fera plus ici qui à marcher sur nos cadavres. Le calendrier républicain est sacré et il faut que les gens apprennent à se respecter et à respecter les institutions de la république » a dit un responsable politique ayant requis l’anonymat.

Sur le terrain, les populations sont exaspérées de connaître leur nouvelle circonscription territoriale. Et c’est tant mieux, soulignent les observateurs de la scène locale non sans relever que l’affaire prend des tournures de règlement de compte entre populations aux allures d’une véritable animosité : batailles par presse interposée, regards en chien de faïence, (batailles mystiques ?) ; tous les moyens sont bons pour tirer le profit de son côté.

A charge à la direction de l’aménagement du territoire sous la directive des décideurs politiques, de couper court à ce feuilleton de mauvais goût par le choix des circonscriptions techniquement acceptables et socialement profitables aux honnêtes citoyens qu’on prétend approcher de leur administration.

Sud Quotidien

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