SYSTEME D’IRRIGATION GOUTTE-A-GOUTTE A KEUR YABA : Des chiffres révélateurs de changements positifs pour le monde rural



Après la présentation, dans une de nos éditions précédentes, du projet introduisant le Système d’irrigation goutte-à-goutte dans le pays par l’ambassade d’Israël au Sénégal, en collaboration avec les Ong Green Sénégal, World vision et le ministère de l’Agriculture, voici le projet en chiffres pour permettre d’apprécier le nombre des acteurs concernés, les coûts d’investissements et les résultats.

Le projet est un espace de 60 parcelles correspondant aux 60 familles du village à raison de 500 m2 par famille. Les femmes représentent 45% et ont les parcelles les mieux tenues, selon M. Alioune Diouf. Le premier investissement pour chaque parcelle est de 200.000 F.Cfa et comprend le système d’irrigation qui est renouvelable tous les trois ans, les semences et les engrais. Les échanges avec les populations par questions réponses ont permis de noter que Tipa permet de cultiver toute l’année. Ici, à Keur Yaba, c’est onze mois sur douze, un mois étant utilisé pour traiter le sol contre les parasites des cultures en faisant la solarisation. On pratique ici le système de rotation des sols, d’association et de gestion des cultures. Les variétés cultivées sont l’oignon, le poivron, la tomate, le chou, le maïs, le bissap, etc. La visite du projet a eu lieu juste après la récolte de l’oignon. La culture de cette spéculation a occupé 40% de l’espace communautaire pour une prévision de 50 tonnes. A l’arrivée, ce sont 40 tonnes qui ont été récoltées. M. Diouf explique cet écart par le fait que certains bénéficiaires étaient sceptiques au départ, ce qui a joué sur le résultat final.

Les engrais organiques sont principalement utilisés, en plus de l’urée diluée. Les pesticides sont rarement utilisés et quant c’est le cas, le choix porte sur ceux qui sont inoffensifs. Il existe cependant des parcelles bio en test. Si les producteurs sont unanimes pour dire que leur production s’écoule sans problème, il devient cependant difficile de leur arracher un mot quand on veut savoir combien ils ont gagné. Ils deviennent subitement muets. Il a fallu beaucoup de délicatesse pour amener l’imam du village, Yaba Diop, à donner une idée de ses revenus. Pour la dernière culture d’oignon, dit-il, sur un espace de 500 m2, il a utilisé 5 tonnes d’engrais organique et travaillé en moyenne deux heures par jour et produit 2,8 tonnes au bout de trois mois. Ce qui lui a rapporté, il baisse la voix, entre trois cent et quatre cent mille francs Cfa, pour cette seule rotation. En recoupant les différentes informations sur le sujet des revenus, on se retrouve avec une moyenne de un million de francs Cfa pour trois rotations. Certains bénéficiaires ont soutenu que la vente du produit d’une seule rotation est supérieure à tout ce qu’ils gagnaient toute l’année avant le Tipa. Les producteurs de Keur Yaba ont trouvé un moyen efficace, disent-ils, pour payer leur facture d’eau de dix mille francs mois. Ils associent leurs différentes spéculations avec le bissap qu’ils vendent chaque jour. Et c’est avec le produit de la vente de bissap qu’ils paient les factures d’eau. L’ingénieur chargé de l’encadrement technique, M. Alioune Diouf, a dit que la similitude climatique entre le Sénégal et Israël a permis d’introduire dans notre pays certaines variétés israéliennes qui connaissent un très bon comportement avec de très bons rendements, selon les populations. Elles ont cité particulièrement l’oignon dont trois variétés sont introduites : Carina, Siva et Clarette.

Il s’agit de variétés précoces, semi- tardives et tardives bien appréciées et qui offrent un temps de conservation post récolte intéressant pour vendre sans pression.

Au Centre de formation de Green Sénégal, à Thiénaba, Assane Gallal, l’ingénieur des travaux chargé de la formation, a expliqué que dans le cadre de la vulgarisation du Tipa, son Ong supervise quatorze villages. Il poursuit pour dire : « nous avons reçu à ce jour 1991 demandes pour le Tipa. Nous n’avons pas suffisamment de ressources humaines pour les traiter de façon diligente. Je vais d’ailleurs en parler à ma directrice ». L’essentiel aujourd’hui, dit-il, ce n’est pas le Tipa en tant que tel, l’assistance de l’ambassade étant un acquis. La préoccupation de l’heure, c’est son appropriation par nos populations qui va assurer sa pérennité. Et cela passe par la préparation du terrain et la formation des maraîchers que nous recevons ici une fois par mois, et deux fois par mois pour les formateurs. Il faut aussi, insiste-t-il, en aval, que les producteurs puissent continuer à vendre leur production, d’où l’organisation du marché. Enfin, suggère-t-il, il faut, certes, aller au-delà du maraîchage en l’associant à l’agriculture, à l’arboriculture fruitière.

Le Soleil

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