Ziguinchor est l’une des capitales régionales du Sénégal les plus anciennes. La ville qui faisait la fierté des populations de la Casamance connaît, aujourd’hui, de nombreux problèmes d’infrastructures, sanitaires et de l’occupation de l’espace.
Quand on entend parler de la Casamance, on pense déjà à la ville de Ziguinchor, à l’architecture de ses maisons et bâtiments construits depuis la période coloniale, au fleuve Casamance et au pont Emile Badiane qui se situe à l’entrée de la ville en venant de Bignona. Mais également, on pense au conflit armé casamançais (qui a commencé le 26 décembre 1982), à la verdure et à la pluviométrie importante, aux profondeurs de la région avec ses multiples facettes culturelles. Aujourd’hui, Ziguinchor, la capitale régionale, a perdu son image d’antan à cause de la problématique des infrastructures routières, sanitaires et de l’occupation de l’espace.
L’examen de la situation du réseau routier revêtu urbain qui compte 41 km, présente un niveau peu satisfaisant, voire catastrophique. La gestion de cette infrastructure relève d’une part, de l’Etat, à travers l’Agence autonome des travaux routiers (Aatr), dont l’antenne régionale devrait gérer 30 km et, d’autre part, de la commune de Ziguinchor, à travers les services techniques communaux (qui gèrent les 10 autres km qui restent). Aussi, l’absence de Programme d’entretien routier annuel (Pera) conséquent a-t-il favorisé la dégradation accentuée du réseau routier revêtu.
C’est ce qui fait que les populations de la capitale méridionale du Sénégal s’interrogent et ne se retrouvent plus. La mobilité urbaine ne cadre pas avec le développement des centres urbains. Presque partout dans la ville, les voies souffrent d’un défaut d’aménagement adéquat ne répondant pas aux caractéristiques des rues à fonction urbaine : la chaussée, les trottoirs qui n’existent que par endroits dans la commune, le réseau de drainage des eaux de ruissellement et des eaux usées, le réseau éclairage public moderne, etc.
NECESSITE D’UN PLAN DIRECTEUR
D’où la nécessité de reconstruire ce réseau routier urbain sans distinction de classification. Pour remédier au mal, il faut mobiliser un fonds spécial dans le cadre de la construction de la Casamance, des actions combinées (déminage, reconstruction des routes rurales) en collaboration avec les partenaires au développement, l’Etat et les collectivités locales. Car la commune dispose de moyens financiers limités qui ne lui permettent pas de prendre en charge la construction ou la reconstruction des infrastructures routières. Il faut alors que l’Etat s’implique davantage dans le développement à travers la décentralisation, améliorer les textes et en faire une bonne application), le renforcement des ressources humaines des collectivités locales et des moyens matériels et financiers.
Ainsi l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan directeur de transport routier urbain permettraient de résoudre dans son ensemble des problèmes de la mobilité urbaine, à travers un maillage cohérent et rationnel de la ville. Aujourd’hui, les populations sont au désarroi, car la mobilité urbaine, dans une région marquée par la rébellion, est hypothéquée.
Par ailleurs, la commune de Ziguinchor devient de plus en plus grande, autant sur le plan géographique que démographique. De nouveaux quartiers ont été créés ces 10 dernières années, et beaucoup de Bissau-guinéens vivent ou viennent se faire soigner dans les hôpitaux ou dispensaires de la ville. Du coup, le seul hôpital régional fonctionnel ne peut satisfaire cette forte demande. Surtout que l’hôpital régional de Ziguinchor n’est pas bien équipé et manque de personnel qualifié.
Ce qui fait que, souvent, des patients sont acheminés vers les hôpitaux de Dakar pour des soins de qualité ou plus appropriés. Ceux qui n’ont pas les moyens pour se faire évacuer meurent à l’hôpital ou chez eux. En fait, depuis que les Chinois ont quitté l’hôpital Silence, cette infrastructure sanitaire fonctionne au ralenti, les usagers préférant se rendre à l’hôpital régional. Résultats : de longues queues de patients ou des malades qui meurent avant leur rendez-vous médical, parfois très éloigné.
Pour en finir avec cette situation, il faudrait renforcer les soins, améliorer le fonctionnement des hôpitaux des cinq districts de la région de Ziguinchor, Bignona, Thionck Essyl, Oussouye et la construction d’un centre de santé à Diouloulou pour désengorger l’hôpital régional de Ziguinchor. A cet effet, l’achèvement de l’hôpital de la Paix et sa mise en service, au regard du niveau d’avancement des travaux, serait salutaire. Mais pour l’instant, cet hôpital de la Paix n’héberge que des chiens errants, des margouillats, des serpents même s’il y a des gardiens de jour comme de nuit. Les carreaux des murs et les plafonds commencent à tomber. Et dire qu’un directeur et un personnel étaient affectés dans cet hôpital.
SECURITE DES PERSONNES ET DES BIENS
En tout cas, pour répondre au mieux à la carte sanitaire de la commune de Ziguinchor, la construction de deux centres de santé pour relever le plateau médical et permettre des soins de qualité aux populations s’avère nécessaire, notamment dans les zones de Lyndiane, Soucoupapaye-Colobane et Djibock-Alwar-Kandialang. Ensuite, réhabiliter le centre de santé de l’hôpital Silence de Ziguinchor et renforcer le personnel médical, notamment avec des médecins spécialisés, des infirmiers et des sages-femmes.
Sur un autre registre, l’occupation de l’espace de la commune de Ziguinchor est disproportionnée avec des populations concentrées dans la ville à cause de l’insécurité liée à la crise casamançaise. C’est ces dernières années que certaines familles commencent à aller habiter, petit à petit, dans les quartiers périphériques comme Djiabir, Kénya, Kandialang, Kadior, Lyndiane,… Dans ces quartiers, bien qu’ils soient lotis, les parcelles ne sont pas immatriculées. Ce qui est à l’origine de nombreux conflits autour d’une seule parcelle parfois. Le projet du Cadastre rural qui devait permettre d’identifier les propriétaires terriens de la région dort encore dans les tiroirs administratifs.
Dans le souci de renforcer et d’améliorer de façon considérable la sécurité des personnes et des biens dans une ville en pleine expansion et mutation, il faudrait penser à la construction et l’équipement d’au moins deux hôtels de Police à l’image des grandes villes. D’autant que ce ne sont pas les terrains qui manquent. Ces infrastructures urbaines pourraient être construites dans les zones périphériques de la ville, entre Tilène-Alwar-Kandialang et Lyndiane-Soucoupapaye-Colobane pour mieux sécuriser les populations.
Le Quotidien