Dakar, 8 fev (APS) - Des victimes du régime de l’ancien président tchadien Hissène Habré ainsi que leurs avocats et de nombreux responsables d’Organisations de défense des droits de l’homme ont salué vendredi à Dakar le lancement des activités des Chambres africaines extraordinaires, créées au sein des juridictions sénégalaises pour juger les crimes commis au Tchad sous l’ère Habré.
''Pour moi, c’est un grand jour, un grand jour pour les victimes et tous ceux qui les accompagnent. C’est une lueur d’espoir et je pense que la détermination est forte. Elle est effective cette fois-ci parce que nous avons été trompés à plusieurs reprises'', a déclaré Jacqueline Moudeina.
L'avocate tchadienne prenait part à une rencontre à l’initiative du comité de pilotage du comité international pour le jugement équitable de Hissène Habré (CPJEHH), qui a coïncidé avec le lancement le même jour des activités des Chambres africaines extraordinaires.
Me Moudeina, également présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme a rappelé : ‘’C’est depuis 2000 que nous sommes au Sénégal et depuis, nous allons de tergiversation en tergiversation (…)’’.
''Nous avons plein espoir parce que je ne pense pas que le gouvernement (du Sénégal) puisse s’amuser à annoncer des choses fausses. Nous sommes plus que convaincus qu’il y aura ce jugement de Hissène Habré'', a-t-elle dit.
''Il faut dire qu’aujourd’hui, c’est un jour qui va se cristalliser dans la vie des défenseur des droits de l’homme, de ceux qui sont assoiffés de justice'', a de son côté soutenu, Clément Abaifouta, une des victimes du régime de Habré.
''Ces 13 ans de mauvaise volonté du président Abdoulaye Wade (ancien président du Sénégal 2000-2012) et de son gouvernement, de ne pas laisser la justice faire son travail, vont se transformer en une très grande force, d’espoir parce que le lion Hissène Habré va tomber. Il sera jugé’’, a t-il ajouté.
Pour Me Reed Brody, de Human Right Watch, ''un procès de Habré aura pour vocation d’inspirer les Tchadiens, les Africains et l’opinion internationale que la persévérance peut emmener un dictateur devant la Justice’’.
''Nous sommes modestes aujourd’hui, nous n’exultons pas car il reste beaucoup à faire. Mais, nous estimons qu’un pas a été franchi’’, a pour sa part dit l’avocat sénégalais Assane Dioma Ndiaye, un des avocats des victimes du régime de Habré.
L’administrateur général des chambres africaines extraordinaires, Ciré Aly Ba, a affirmé, vendredi, à Dakar, que l’accusation comme la défense auront "une entière liberté pour conduire leurs investigations sur le sol tchadien", dans le cadre du jugement au Sénégal de Hissène Habré, ancien président du Tchad, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture.
C’est une condition sine qua non pour la bonne conduite du procès, a déclaré le magistrat, à la cérémonie marquant le démarrage effectif des activités de cette juridiction devant laquelle doit comparaître M. Habré, pour répondre de crimes internationaux commis au Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990, période durant laquelle il dirigea le pays.
‘’L’accusation comme la défense vont disposer d’une entière liberté pour conduire leurs investigations sur le sol tchadien. C’est une condition sine qua non pour la bonne conduite des procès, et nous y veillerons tout particulièrement’’, a notamment souligné Ciré Aly Ba.
Toutefois, il a précisé que sur les 5 milliards de francs CFA nécessaires à la tenue du procès, ‘’seul le quart a été mobilisé’’. ‘’C’est une question de temps, il y a des engagements fermes, et on va le [le budget] boucler’’, a-t-il néanmoins tempéré.
‘’Des crédits d’un montant de 350 millions FCFA ont été dégagés en vue de permettre à la défense et aux parties civiles de présenter leurs thèses respectives et de mener à bien leurs investigations.’’
Selon lui, ‘’l'instruction va durer 15 mois mais cela peut déborder. C'est seulement à titre indicatif’’.
Le procureur général du Tribunal spécial chargé de juger Hissène Habré a affirmé que ‘’l’installation officielle des chambres est le dernier acte du Gouvernement’’.
‘’Le pouvoir judiciaire prend solennellement la relève dans la plénitude de ses attributions parce qu’il s’agit de statuer sur les atteintes graves à la vie et à la dignité humaine, mais aussi sur la liberté d’hommes et de femmes présumés auteurs ou complices de tels actes commis au Tchad’’, a-t-il expliqué.
‘’Nous en sommes à la phase d’enquêtes. C’est à la suite des résultats de ces enquêtes qu’on va introduire un réquisitoire introductif’’, a-t-il ajouté.
Le procureur a souligné que ‘’les principales sources de renseignement sont le Tchad, lieu de commission des faits, et la Belgique, qui avait commencé à instruire les faits’’.
Quatre magistrats composent la chambre d’accusation : Assane Ndiaye, André Bop Sène, Lamine Sow, Hippolyte Anquédiche Ndèye.
Le parquet général est dirigé par Mbacké Fall, assisté de Youssoupha Diallo, Anta Ndiaye Diop et Moustapha Kâ.
La chambre d’instruction est également composée de quatre magistrats : Jean Kandé, Souleymane Téliko, Absatou Ly Diallo, Barou Diop, Abdou Aziz Diallo et Oumar Sall.
La mise en place des chambres africaines extraordinaires fait suite à la résolution 401, adoptée le 31 janvier 2012 par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.
Cette résolution demande au Gouvernement du Sénégal d’examiner les modalités pratiques ainsi que les implications juridiques et financières pour la suite des crimes internationaux commis sur le territoire tchadien durant la période du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990.
L’ancien président tchadien, qui vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans au pouvoir au Tchad (1982-1990), est accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et tortures. Selon des ONG, 40.000 personnes auraient été tuées durant sa présidence.
Pour son jugement, le gouvernement sénégalais et l'UA ont signé un accord pour la création au Sénégal d'un tribunal spécial. L’accord a été approuvé le 19 décembre par les députés sénégalais.
Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l'UA pour juger M. Habré, mais l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade n'a jamais organisé de procès.
Son successeur, Macky Sall, qui a pris ses fonctions en avril 2012, a exclu d'extrader Hissène Habré en Belgique, qui le réclame, et s'était engagé à organiser un procès au Sénégal.
SG/KSK/ASG/OID
''Pour moi, c’est un grand jour, un grand jour pour les victimes et tous ceux qui les accompagnent. C’est une lueur d’espoir et je pense que la détermination est forte. Elle est effective cette fois-ci parce que nous avons été trompés à plusieurs reprises'', a déclaré Jacqueline Moudeina.
L'avocate tchadienne prenait part à une rencontre à l’initiative du comité de pilotage du comité international pour le jugement équitable de Hissène Habré (CPJEHH), qui a coïncidé avec le lancement le même jour des activités des Chambres africaines extraordinaires.
Me Moudeina, également présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme a rappelé : ‘’C’est depuis 2000 que nous sommes au Sénégal et depuis, nous allons de tergiversation en tergiversation (…)’’.
''Nous avons plein espoir parce que je ne pense pas que le gouvernement (du Sénégal) puisse s’amuser à annoncer des choses fausses. Nous sommes plus que convaincus qu’il y aura ce jugement de Hissène Habré'', a-t-elle dit.
''Il faut dire qu’aujourd’hui, c’est un jour qui va se cristalliser dans la vie des défenseur des droits de l’homme, de ceux qui sont assoiffés de justice'', a de son côté soutenu, Clément Abaifouta, une des victimes du régime de Habré.
''Ces 13 ans de mauvaise volonté du président Abdoulaye Wade (ancien président du Sénégal 2000-2012) et de son gouvernement, de ne pas laisser la justice faire son travail, vont se transformer en une très grande force, d’espoir parce que le lion Hissène Habré va tomber. Il sera jugé’’, a t-il ajouté.
Pour Me Reed Brody, de Human Right Watch, ''un procès de Habré aura pour vocation d’inspirer les Tchadiens, les Africains et l’opinion internationale que la persévérance peut emmener un dictateur devant la Justice’’.
''Nous sommes modestes aujourd’hui, nous n’exultons pas car il reste beaucoup à faire. Mais, nous estimons qu’un pas a été franchi’’, a pour sa part dit l’avocat sénégalais Assane Dioma Ndiaye, un des avocats des victimes du régime de Habré.
L’administrateur général des chambres africaines extraordinaires, Ciré Aly Ba, a affirmé, vendredi, à Dakar, que l’accusation comme la défense auront "une entière liberté pour conduire leurs investigations sur le sol tchadien", dans le cadre du jugement au Sénégal de Hissène Habré, ancien président du Tchad, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture.
C’est une condition sine qua non pour la bonne conduite du procès, a déclaré le magistrat, à la cérémonie marquant le démarrage effectif des activités de cette juridiction devant laquelle doit comparaître M. Habré, pour répondre de crimes internationaux commis au Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990, période durant laquelle il dirigea le pays.
‘’L’accusation comme la défense vont disposer d’une entière liberté pour conduire leurs investigations sur le sol tchadien. C’est une condition sine qua non pour la bonne conduite des procès, et nous y veillerons tout particulièrement’’, a notamment souligné Ciré Aly Ba.
Toutefois, il a précisé que sur les 5 milliards de francs CFA nécessaires à la tenue du procès, ‘’seul le quart a été mobilisé’’. ‘’C’est une question de temps, il y a des engagements fermes, et on va le [le budget] boucler’’, a-t-il néanmoins tempéré.
‘’Des crédits d’un montant de 350 millions FCFA ont été dégagés en vue de permettre à la défense et aux parties civiles de présenter leurs thèses respectives et de mener à bien leurs investigations.’’
Selon lui, ‘’l'instruction va durer 15 mois mais cela peut déborder. C'est seulement à titre indicatif’’.
Le procureur général du Tribunal spécial chargé de juger Hissène Habré a affirmé que ‘’l’installation officielle des chambres est le dernier acte du Gouvernement’’.
‘’Le pouvoir judiciaire prend solennellement la relève dans la plénitude de ses attributions parce qu’il s’agit de statuer sur les atteintes graves à la vie et à la dignité humaine, mais aussi sur la liberté d’hommes et de femmes présumés auteurs ou complices de tels actes commis au Tchad’’, a-t-il expliqué.
‘’Nous en sommes à la phase d’enquêtes. C’est à la suite des résultats de ces enquêtes qu’on va introduire un réquisitoire introductif’’, a-t-il ajouté.
Le procureur a souligné que ‘’les principales sources de renseignement sont le Tchad, lieu de commission des faits, et la Belgique, qui avait commencé à instruire les faits’’.
Quatre magistrats composent la chambre d’accusation : Assane Ndiaye, André Bop Sène, Lamine Sow, Hippolyte Anquédiche Ndèye.
Le parquet général est dirigé par Mbacké Fall, assisté de Youssoupha Diallo, Anta Ndiaye Diop et Moustapha Kâ.
La chambre d’instruction est également composée de quatre magistrats : Jean Kandé, Souleymane Téliko, Absatou Ly Diallo, Barou Diop, Abdou Aziz Diallo et Oumar Sall.
La mise en place des chambres africaines extraordinaires fait suite à la résolution 401, adoptée le 31 janvier 2012 par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.
Cette résolution demande au Gouvernement du Sénégal d’examiner les modalités pratiques ainsi que les implications juridiques et financières pour la suite des crimes internationaux commis sur le territoire tchadien durant la période du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990.
L’ancien président tchadien, qui vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans au pouvoir au Tchad (1982-1990), est accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et tortures. Selon des ONG, 40.000 personnes auraient été tuées durant sa présidence.
Pour son jugement, le gouvernement sénégalais et l'UA ont signé un accord pour la création au Sénégal d'un tribunal spécial. L’accord a été approuvé le 19 décembre par les députés sénégalais.
Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l'UA pour juger M. Habré, mais l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade n'a jamais organisé de procès.
Son successeur, Macky Sall, qui a pris ses fonctions en avril 2012, a exclu d'extrader Hissène Habré en Belgique, qui le réclame, et s'était engagé à organiser un procès au Sénégal.
SG/KSK/ASG/OID