CONCERT POUR ANNONCER LE FESTIVAL INTERNATIONAL DE ZIGUINCHOR La Casamance étale sa diversité culturelle



Le concert organisé, le week-end dernier, à la Place Jean-Paul II, annonçant le Festival international de Ziguinchor, a relevé le défi de la mobilisation. Plusieurs artistes dont Facoly, Nix, Fafady, Dialy Kunda, Medzo Diatta et Omar Pène, ont tenu en haleine un public qui en redemande. La Casamance profonde s’est retrouvée dans la diversité culturelle, servie par les artistes.

(Ziguinchor-Envoyé Spécial) Jamais concert n’a drainé autant de monde sur la Place Jean-Paul II de Ziguinchor. Ils étaient venus des quatre coins de la commune, du département, voire de la région pour assister au concert annonçant le festival international de Ziguinchor qui aura lieu du 20 au 23 avril prochain.

La mythique Place Jean-Paul II était noire de monde. Chacun voulant être le témoin de l’annonce d’un grand évènement culturel qui contribuera, peut-être, à restaurer l’image d’une verte Casamance aux sonorités arc-en-ciel. Ils ont fait le déplacement pour communier avec ces artistes. De Omar Pène à l’Ucas, en passant par Fafady, Facoly, Hip Hop Dialy kunda, Medzo Diatta etc., le public a apprécié à sa juste valeur la diversité des sonorités, preuve d’une richesse culturelle intarissable. Ces artistes ont puisé dans le répertoire balante, mandingue, diola, baïnouk, manjak, mancagne, peulh…pour toucher un public exigeant parce qu’ayant la culture dans le sang.

Un voyage dans le temps

Le concert a commencé avec un peu de retard à cause de quelques petits problèmes techniques. Mais cela n’a en rien entamé la patience des officiels, de même que celle de ces nombreuses personnes qui voulaient s’exiler, en se laissant emporter par les « airs » du « njokta » des balantes, du « bouguerebou » des diolas ; du « diambadong » des mandingues etc. Leur esprit veut échapper à l’emprise du corps, siège des désirs futiles pour s’offrir un voyage « ailé » dans le temps. Et les artistes sont justement là pour servir de rampe de lancement « spirituelle ».

La bataille pour occuper la bonne place

Sur le podium, les techniciens accordent les violons, testent les micros et le son. Laissant, parfois, échapper des décibels qui arrachent à cette foule, pour le moment « anesthésiée », quelques réactions. Soudain, les Dj dévoilent la liste des artistes, avant l’arrivée sur scène du grand maestro , Omar Pène. La foule se réveille en montrant ce côté animal : bousculades, empoignades, cris de joie ou cris d’hystérie. Les forces de l’ordre sont débordées. Elles tentent le tout pour le tout pour la contenir. Sous l’effet des « lifs », la foule, telle une liane, se plie puis se relève. La bataille pour occuper la bonne place fait rage.

Dialy Kunda déchire le voile de l’indifférence

Le Hip Hop Dialy Kunda, un groupe de rap de Ziguinchor, est annoncé au podium. Pour assurer, Sista Satou, Americain et Big Zeg. Les jeunes musiciens libèrent toute leur énergie. Comme piquée au vif, la foule se déchaîne…puis se lâche lorsque la voix du rossignole (oiseau passereau au chant mélodieux), celle de Sista Satou, se fait entendre. Une mélodie qui fait vibrer les corps et déchire le voile de l’indifférence. Ils chantent les vertus du mariage à travers un tube intitulé « mano » (nouvelle mariée, en langue mandingue) ; donnent des conseils aux conjoints pour le meilleur et pour le pire, puisque, pour ces jeunes artistes le mariage, béni par Dieu, n’est qu’un tremplin pour accéder au paradis.

Facoly pour panser la plaie

La foule est bien chauffée pour l’artiste sexy, Facoly. Fille du terroir, elle sait où toucher pour « torturer Satan », selon une formule consacrée. Les corps se plient et se déplient, tantôt panthère, tantôt lion, tantôt liane. Ils traversent tous les états, dans une sorte de catharsis, ils se libèrent des affects refoulés liés à des conflits inconscients ou à des événements traumatiques. Dans cette partie du Sénégal, chaque corps porte, en son for intérieur, la blessure d’une guerre qui peine à se cicatriser. Facoly a mis le feu. Ses nombreux fans donnent de la voix, complètent les paroles d’une chanson déjà entamée et esquissent quelques pas de danse. L’un deux n’a pu se retenir en plongeant dans l’eau du bassin qui entoure la stèle au sommet de laquelle la colombe prend son envol. Facoly chante la paix et se désole de ce qui est arrivé à cette terre bénie. Le message lancé à cette jeunesse est d’être le vecteur de la consolidation de cette paix retrouvée. Sa présence sur la scène, rythmée par des déhanchements dont elle seule a le secret, est peut-être ce qui fait courir plus d’un fan.

Visite guidée dans le bois sacré

Il faut alors s’accrocher pour ne pas tomber face à tant de tentation…culturelle ; avoir les pieds bien solides sur terre. Heureusement que l’Ucas de Sédhiou est sur la place pour nous chanter l’enracinement et l’ouverture. Le groupe, en dépit de ses cinquante ans, a encore de l’oxygène dans les poumons. Une visite guidée dans le bois sacré fait toujours du bien à une jeunesse désemparée, en perte de repère. C’est dans ce lieu sacré que se déroule l’initiation du « saaro » (initié, en mandingue), soumis à rude épreuve de socialisation dont la principale mission est de forger l’homme. Le ton moralisateur de Konsé Sarr, invitant la jeunesse à « poser ses orteils sur les traces des anciens », a suscité des applaudissements nourris pour un orchestre qui peut se targuer de décrocher le premier disque d’or dans ce pays.

Pour terminer, l’Ucas a chanté le morceau qu’il a dédié au maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, le Ministre d’Etat, ministre des Forces Armées. Un véritable hymne au travail, à l’abnégation. Ce qui lui a valu un standing ovation de la tribune officielle.

La croix et la colombe

Deux heures passées. La nuit se fait de plus en plus profonde. La croix lumineuse de la Place Jean Paul II brille de mille éclats. Une lumière blanche s’échappe des entrailles de la terre et vire au bleu dans son ascension vers le ciel…Symbole de l’élévation, du renoncement à soi, de la mise à distance des appétits, ascèse purificatrice. La croix, tout comme la colombe perchée au sommet de la stèle, symbolise la paix et c’est une invite au voyage, au coup de vent.

NIX fait son BLOW

Faites alors de la place à NIX qui déménage avec son « BLOW ». Le public s’éclate, le jeune rappeur communique son énergie et ça bouge dans tous les sens. Les mélomanes ont mémorisé la chanson. C’est vrai que NIX n’a pas débarqué sur scène avec sa grosse cylindrée et ses belles « nanas » pour montrer que « BLOW » signifie l’insouciance d’une personne qui a réussi et qui ne se fixe aucune limite. BLOW, c’est le coup de vent qui vous transporte dans un ailleurs festif.

Une ballade sur les berges de Djimbéring

Mais avec Medzo Diatta, on revient sur terre. Une ballade, sur fond d’acoustique, sur les berges de Djimbéring, avec ses belles plages et sa forêt dense, fait toujours du bien à des corps épuisés et qui ont besoin de recharger leur batterie avant l’arrivée sur scène du rasta Paco Diatta. Un jeune Casamançais qui est allé monnayer ses talents en Belgique.

Le rasta vide son sac

Dans un reggae « tropicalisé », fait de mélange de sonorités mandingue et diola, Paco Diatta enflamme le public qui répond par des cris d’hystérie. Le rasta est dans son élément, il vide son sac. Dans un langage sans détours, Paco Diatta dénonce certaines pratiques mystiques qui consistent à « marabouter » le fils ou la fille de son voisin, dans le but de détruire sa carrière.

Amiral Fafady envoûte le public

Le concert organisé, le week-end dernier, à la Place Jean-Paul II, annonçant le Festival international de Ziguinchor, a relevé le défi de la mobilisation. Plusieurs artistes dont Facoly, Nix, Fafady, Dialy Kunda, Medzo Diatta et Omar Pène, ont tenu en haleine un public qui en redemande. La Casamance profonde s’est retrouvée dans la diversité culturelle, servie par les artistes.

(Ziguinchor-Envoyé Spécial) Jamais concert n’a drainé autant de monde sur la Place Jean-Paul II de Ziguinchor. Ils étaient venus des quatre coins de la commune, du département, voire de la région pour assister au concert annonçant le festival international de Ziguinchor qui aura lieu du 20 au 23 avril prochain.

La mythique Place Jean-Paul II était noire de monde. Chacun voulant être le témoin de l’annonce d’un grand évènement culturel qui contribuera, peut-être, à restaurer l’image d’une verte Casamance aux sonorités arc-en-ciel. Ils ont fait le déplacement pour communier avec ces artistes. De Omar Pène à l’Ucas, en passant par Fafady, Facoly, Hip Hop Dialy kunda, Medzo Diatta etc., le public a apprécié à sa juste valeur la diversité des sonorités, preuve d’une richesse culturelle intarissable. Ces artistes ont puisé dans le répertoire balante, mandingue, diola, baïnouk, manjak, mancagne, peulh…pour toucher un public exigeant parce qu’ayant la culture dans le sang.

Un voyage dans le temps

Le concert a commencé avec un peu de retard à cause de quelques petits problèmes techniques. Mais cela n’a en rien entamé la patience des officiels, de même que celle de ces nombreuses personnes qui voulaient s’exiler, en se laissant emporter par les « airs » du « njokta » des balantes, du « bouguerebou » des diolas ; du « diambadong » des mandingues etc. Leur esprit veut échapper à l’emprise du corps, siège des désirs futiles pour s’offrir un voyage « ailé » dans le temps. Et les artistes sont justement là pour servir de rampe de lancement « spirituelle ».

La bataille pour occuper la bonne place

Sur le podium, les techniciens accordent les violons, testent les micros et le son. Laissant, parfois, échapper des décibels qui arrachent à cette foule, pour le moment « anesthésiée », quelques réactions. Soudain, les Dj dévoilent la liste des artistes, avant l’arrivée sur scène du grand maestro , Omar Pène. La foule se réveille en montrant ce côté animal : bousculades, empoignades, cris de joie ou cris d’hystérie. Les forces de l’ordre sont débordées. Elles tentent le tout pour le tout pour la contenir. Sous l’effet des « lifs », la foule, telle une liane, se plie puis se relève. La bataille pour occuper la bonne place fait rage.

Dialy Kunda déchire le voile de l’indifférence

Le Hip Hop Dialy Kunda, un groupe de rap de Ziguinchor, est annoncé au podium. Pour assurer, Sista Satou, Americain et Big Zeg. Les jeunes musiciens libèrent toute leur énergie. Comme piquée au vif, la foule se déchaîne…puis se lâche lorsque la voix du rossignole (oiseau passereau au chant mélodieux), celle de Sista Satou, se fait entendre. Une mélodie qui fait vibrer les corps et déchire le voile de l’indifférence. Ils chantent les vertus du mariage à travers un tube intitulé « mano » (nouvelle mariée, en langue mandingue) ; donnent des conseils aux conjoints pour le meilleur et pour le pire, puisque, pour ces jeunes artistes le mariage, béni par Dieu, n’est qu’un tremplin pour accéder au paradis.

Facoly pour panser la plaie

La foule est bien chauffée pour l’artiste sexy, Facoly. Fille du terroir, elle sait où toucher pour « torturer Satan », selon une formule consacrée. Les corps se plient et se déplient, tantôt panthère, tantôt lion, tantôt liane. Ils traversent tous les états, dans une sorte de catharsis, ils se libèrent des affects refoulés liés à des conflits inconscients ou à des événements traumatiques. Dans cette partie du Sénégal, chaque corps porte, en son for intérieur, la blessure d’une guerre qui peine à se cicatriser. Facoly a mis le feu. Ses nombreux fans donnent de la voix, complètent les paroles d’une chanson déjà entamée et esquissent quelques pas de danse. L’un deux n’a pu se retenir en plongeant dans l’eau du bassin qui entoure la stèle au sommet de laquelle la colombe prend son envol. Facoly chante la paix et se désole de ce qui est arrivé à cette terre bénie. Le message lancé à cette jeunesse est d’être le vecteur de la consolidation de cette paix retrouvée. Sa présence sur la scène, rythmée par des déhanchements dont elle seule a le secret, est peut-être ce qui fait courir plus d’un fan.

Visite guidée dans le bois sacré

Il faut alors s’accrocher pour ne pas tomber face à tant de tentation…culturelle ; avoir les pieds bien solides sur terre. Heureusement que l’Ucas de Sédhiou est sur la place pour nous chanter l’enracinement et l’ouverture. Le groupe, en dépit de ses cinquante ans, a encore de l’oxygène dans les poumons. Une visite guidée dans le bois sacré fait toujours du bien à une jeunesse désemparée, en perte de repère. C’est dans ce lieu sacré que se déroule l’initiation du « saaro » (initié, en mandingue), soumis à rude épreuve de socialisation dont la principale mission est de forger l’homme. Le ton moralisateur de Konsé Sarr, invitant la jeunesse à « poser ses orteils sur les traces des anciens », a suscité des applaudissements nourris pour un orchestre qui peut se targuer de décrocher le premier disque d’or dans ce pays.

Pour terminer, l’Ucas a chanté le morceau qu’il a dédié au maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, le Ministre d’Etat, ministre des Forces Armées. Un véritable hymne au travail, à l’abnégation. Ce qui lui a valu un standing ovation de la tribune officielle.

La croix et la colombe

Deux heures passées. La nuit se fait de plus en plus profonde. La croix lumineuse de la Place Jean Paul II brille de mille éclats. Une lumière blanche s’échappe des entrailles de la terre et vire au bleu dans son ascension vers le ciel…Symbole de l’élévation, du renoncement à soi, de la mise à distance des appétits, ascèse purificatrice. La croix, tout comme la colombe perchée au sommet de la stèle, symbolise la paix et c’est une invite au voyage, au coup de vent.

NIX fait son BLOW

Faites alors de la place à NIX qui déménage avec son « BLOW ». Le public s’éclate, le jeune rappeur communique son énergie et ça bouge dans tous les sens. Les mélomanes ont mémorisé la chanson. C’est vrai que NIX n’a pas débarqué sur scène avec sa grosse cylindrée et ses belles « nanas » pour montrer que « BLOW » signifie l’insouciance d’une personne qui a réussi et qui ne se fixe aucune limite. BLOW, c’est le coup de vent qui vous transporte dans un ailleurs festif.

Une ballade sur les berges de Djimbéring

Mais avec Medzo Diatta, on revient sur terre. Une ballade, sur fond d’acoustique, sur les berges de Djimbéring, avec ses belles plages et sa forêt dense, fait toujours du bien à des corps épuisés et qui ont besoin de recharger leur batterie avant l’arrivée sur scène du rasta Paco Diatta. Un jeune Casamançais qui est allé monnayer ses talents en Belgique.

Le rasta vide son sac

Dans un reggae « tropicalisé », fait de mélange de sonorités mandingue et diola, Paco Diatta enflamme le public qui répond par des cris d’hystérie. Le rasta est dans son élément, il vide son sac. Dans un langage sans détours, Paco Diatta dénonce certaines pratiques mystiques qui consistent à « marabouter » le fils ou la fille de son voisin, dans le but de détruire sa carrière.

Amiral Fafady envoûte le public

Dernier artiste rappeur à passer sur scène, avant le lead vocal du Super Diamono. « L’Amiral » Fafady fait son numéro. Il est entré dans une communion qui frise le recueillement, avec le public. Le rappeur met le feu partout et récolte le délire d’une foule qui n’écoute plus, mais reçoit. Il y a quelque chose de religieux que ce rapport avec le public laisse entrevoir, lorsque « l’Amiral » Fafady chante le tube : Casamance. Il invite à un retour à la terre de nos ancêtres et affiche sa fierté d’être fils du terroir. Le rappeur égratigne au passage les « politiciens professionnels », en partie responsables, selon lui, des maux dont souffrent la région, le pays, l’Afrique ou le monde. Il lance un passage de paix, sous le regard intéressé de la colombe perchée au sommet d’une stèle qui surplombe la Place Jean Paul II. Une Colombe qui fait face à la rue Javier et qui mène directement à l’océan. Cette étendue d’eau symbolise l’immensité et l’éternité. La paix devenant ainsi une source intarissable.

C’est aux environs de trois heures que le maestro Omar Pène a pris le relais. Il n’a pas déçu les attentes du public qui a fêté avec lui ses 35 ans de carrière musicale.

Sud Quotidien

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