Pour l’un, cela symbolise une réelle reconversion dans la vie active ; pour les deux autres, c’est la passion qui les a guidés. Mais la majorité des jeunes qui s’adonnent à l’aviculture avoue avoir changé le cours de leur vie avec cette activité. L’élevage des poulets est le nouveau créneau investi par bon nombre de jeunes sénégalais.
Phénomène de mode ou créneau porteur, l’aviculture est aujourd’hui investie par plusieurs individus. Surtout les jeunes gens qui ne semblent plus laisser ce secteur au seul « Baye Ganar » (vendeur de poulet) du coin. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux en ont fait leur gagne-pain. C’est le cas d’Atoumane Diouf qui remonte ses débuts dans le secteur en 2004. « Aujourd’hui, je peux dire que j’ai récupéré les 400.000 FCfa que j’avais mis pour démarrer », révèle ce jeune homme de 32 ans. Avec la bonne marche de ses affaires, Atou, comme le surnomment les intimes, a fait des envieux. Son jeune frère, menuisier de profession, lui a proposé d’être son associé. Mais, avant cela, durant l’opération pour la Korité, il avait noué un partenariat avec deux de ses amis. A eux trois, ils avaient élevé 750 poussins ! Une grande quantité qui avait nécessité de pratiquer l’élevage dans deux maisons différentes. « Il y a eu 33 morts durant toute l’opération, avance-t-il. On s’en était bien tiré tout de même ». Il vient tout juste de boucler sa première année dans le secteur, mais le jeune Mouhamadou Diop, 24 ans, n’éprouve aucun regret d’avoir investi son argent dans l’aviculture. Car, en fonction de la demande, il lui arrive tous les mois ou presque d’écouler 200 poulets. « Au début, se souvient-il, c’est ma mère qui m’avait financé à hauteur de 200.000 FCfa. A ce jour, j’ai presque remboursé toutes mes dettes. Je peux dire que ce sont les gens qui me doivent à présent. »
Par l’entremise des amis et des connaissances, ce jeune rufisquois a réussi à décrocher une fidèle clientèle dans des écoles et structures sanitaires de la ville. « Durant les fêtes de fin d’année, rappelle-t-il, c’est moi qui ait livré des poulets au personnel de l’hôpital Youssou Mbargane Diop ainsi qu’aux deux écoles privées d’ici ». Contrairement à Atoumane qui a son poulailler sur la terrasse de leur maison, le jeune Mouhamadou doit faire tous les jours les va-et-vient entre Rufisque et Ndiakhirat, vers Sangalkam. Là se trouvent les deux chambres prêtées par une tante et qui lui servent de poulailler. « Chaque matin, mon premier geste est de balayer et nettoyer le poulailler. Après cela, je remplis les mangeoires et je sèche les abreuvoirs », détaille-t-il.
L’attachement de Mouhamadou aux poulets est venu au fil des années. C’est presque un aboutissement logique d’une passion qu’il a longtemps nourrie pour les gallinacés. « Avant même d’avoir mon propre poulailler, il m’arrivait souvent d’être à côté de gens qui élevaient. Et j’en profitais pour rendre service en donnant à manger aux poulets », renseigne cet ancien écolier. En outre, depuis l’année où il est allé en vacances au Fouta, une zone pastorale, sa passion pour l’aviculture a sensiblement doublé.
Livraison dans les hôtels et restaurants
Malheureusement, ses études vont en prendre un sacré coup. Il arrête en classe de 4ème secondaire. Même si, par la suite, il a essayé de faire une formation en informatique, le jeune homme a fini par s’adonner à sa passion. Les raisons qui ont incité Atoumane à pratiquer l’aviculture sont toutes autres. Son père avait déjà ouvert la voie chez eux, en élevant et en commercialisant des poulets. Pendant ce temps, Atou était embauché dans une fabrique. « Par la suite, affirme-t-il, j’ai été licencié pour cause de grève. Et moi, en tant que jeune marié, l’aviculture était une échappatoire. Aujourd’hui, cette activité me permet de nourrir ma petite famille ».
Mais, l’aviculture au Sénégal ne profite pas seulement à des jeunes passionnés ou à des chômeurs. Il n’est pas rare de voir dans la zone des Niayes des propriétaires terriens investir le créneau. Et, souvent, à l’intérieur des grands périmètres champêtres, est construit un poulailler. Dans le domaine familial de sept hectares, Bassirou Lô y a implanté son poulailler. Ce jeune étudiant, diplômé en chimie, a toujours fait de l’aviculture sa seconde passion. Il collabore d’ailleurs avec l’armée, les restaurants de renommée et des grands hôtels de la place qu’il ravitaille en poulets, selon un calendrier bien défini. « J’ai aussi beaucoup de contacts avec de grandes boites de la place. Elles me sollicitent le plus souvent quand il y a une fête ou lors des préparations des grands événements comme le Magal ou le Gamou », soutient le jeune homme. Atou, quant à lui, n’a pas encore la chance de faire affaire avec les restaurants et les hôtels. « C’est peut-être cela qui rend parfois le travail difficile. Puisque si vous n’avez pas une fidèle clientèle, vous pouvez avoir des moments d’arrêts dans la production ». Pour Mouhamadou, le revers dans cette activité demeure les dettes que les gens contractent, sans rembourser. « Parfois, justifie-t-il, c’est des personnes à qui tu ne peux pas refuser cela. Mais, les conséquences, c’est vous qui les endossez après ».
Unafa, cette entité qui défend les intérêts des acteurs
En dehors de ces initiatives individuelles dans le secteur, les acteurs de la filière avicole ont également compris que l’heure est aux grands ensembles. D’où, la création d’une grande entité à savoir l’Union nationale des acteurs de la filière avicole (Unafa) qui regroupe en son sein industriels, associations de femmes, Gie, Sarl ainsi que des grossistes en médecine vétérinaire. Née en 2004, « en pleine crise de la filière », l’Unafa s’était donné pour objectif premier la lutte pour l’arrêt des importations. Aujourd’hui, ce combat est gagné avec l’arrêté pris par le gouvernement sénégalais d’interdire l’importation de toute cuisse de poulet. Mais l’Unafa permet, selon son président, Idrissa Kama, « de nouer le dialogue entre industriels, fournisseurs et clients et d’éviter cette méfiance réciproque qu’il y a toujours eu entre eux ». Aujourd’hui, grâce à l’Unafa, « les gens se connaissent mieux » et s’orientent vers l’essentiel. « Ce qui nous permet de résoudre ensemble nos difficultés », estime Kama.
DYNAMISME : Un sous-secteur de 30% de croissance
Avec plus de 3 millions en 2004, la production de poussins de chair est passée de plus de 11 millions en 2007. Ce qui se traduit par un taux de croissance de 30%, comparé au 8% enregistrés par la filière avant 2000. Pour le président de l’Union nationale des acteurs de la filière avicole (Unafa), l’aviculture est, dans le secteur primaire, le sous-secteur « le plus dynamique et le plus apte » à lutter contre le chômage. « Ce n’est pas seulement contre le chômage des jeunes, mais aussi celui des adultes et des retraités », précise Idrissa Kama. Certes, l’Etat a essayé d’aider les jeunes à investir la filière avicole, par le biais du Fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj), mais Kama estime que les financements ne sont pas adaptés. La raison ? « La majorité des jeunes qui ont été financé par ce biais ont fait faillite », répond-t-il. Ce qu’il faut, selon lui, c’est une « politique efficace » de l’Etat pour le développement du secteur. Il estime, d’ailleurs, que l’Etat doit aider les jeunes à s’installer et ne plus se limiter au fonds de roulement. Dans les formations et dans la conception des projets, Idrissa Kama préconise que l’Etat se fasse accompagner par le privé.
« NDIAYE GANAR » : Un self made man qui a misé sur les poulets
Le nom « Ndiaye Ganar » est devenu une marque déposée dans les épiceries, auberges et commerces de la place. L’un des plus grands vendeurs de poulets à Dakar fait entièrement confiance à l’aviculture. Secteur qui fait sa fierté aujourd’hui.
Au marché « Gueule Tapée » des Parcelles Assainies, tout le monde le connaît par le sobriquet « Ndiaye Ganar ». Reconnu comme le plus grand grossiste de la zone, Madieng Ndiaye, de son vrai nom, a réussi à imposer son label en dehors du marché où il concentre l’essentiel de ses activités commerciales. Aujourd’hui, « Ndiaye Ganar » demeure le grand fournisseur de plusieurs épiceries, auberges et autres alimentations générales. Disposant de ses propres poulaillers, à Dakar et à Keur Ndiaye Lô, ce fin connaisseur des poulets fait convoyer de la volaille à l’intérieur du pays. « Les poulets me viennent de partout. D’ailleurs, j’attends en ce moment même une centaine de poulets que doit m’envoyer mon grand frère établi à Dara Djolof », informe cet homme à la mine sereine. Avec le nombre de poulets qu’il met quotidiennement sur le marché, « Ndiaye Ganar » est obligé d’appeler quelques jeunes pour l’épauler. Et ils sont trois à quatre individus qui se chargent d’égorger et de déplumer la volaille.
Une Petite et moyenne entreprise (Pme) qui lui permet d’effectuer le travail dans une rapidité extraordinaire. « La majeure partie d’entre eux sont des talibés qui sont payés 10.000 FCfa le jour. C’est dire que je participe tant bien que mal à la création d’emplois dans le pays ». Tournant entre 200 à 250.000 FCfa les jours ordinaires, son chiffre d’affaires peut graviter autour de 700.000 FCfa le week-end ! Lors des fêtes de fin d’année, il a écoulé 2.000 poulets pour une valeur totale de 2 millions FCfa.
Ces importantes recettes ne lui ont pas fait oublier ses déboires du début. Après le décès de son père, « Ndiaye Ganar » se voit obligé de prendre en charge sa mère. Il quitte alors son Guéoul natal et rallie Dakar, la capitale. Il exerce la menuiserie à Thiaroye et aux Hlm avant d’abandonner le métier pour devenir peintre. Intéressé plus par le travail rapidement rémunéré, il s’engage comme journalier aux Ics de Mbao. A la porte de cette usine, il faut attendre l’ouverture des listes pour être engagé. « J’étais là bas jusqu’à 21 heures quand le chef du personnel est venu dire que la liste est arrêtée. Avec cinq autres personnes, j’ai attendu pourtant. C’est en pleine nuit que quelqu’un est sorti pour prendre un élément comme renfort. J’ai eu la chance d’être coopté », se souvient-il.
Mais, la vente des poulets ne l’inspire que plus tard. Lui qui faisait le tour des villages pour acheter et revendre les poulets tente l’aventure en ville. Il s’installe sous le pont de Colobane, un lieu malfamé dans lequel il sera chassé à l’approche du sommet de l’Oci de 1992. Mais la chance ne tardera pas à lui sourire, puisqu’une vieille connaissance, adjudant dans l’armée, lui propose une commande de 400 poulets. Il saute sur l’occasion et contacte un vieux commerçant. « Tout est partie de cette commande », soutient Ndiaye dont le parcours est celui d’un vrai self made man. « Tous les métiers se valent, l’essentiel c’est d’être honnête et travailleur », décline-t-il comme leçon de vie.
La cinquantaine bien sonnée aujourd’hui, « Ndiaye Ganar » est le prototype d’individu dont peut s’inspirer la jeunesse pour faire de l’aviculture un secteur porteur d’emplois. A tous ces jeunes qui ont investi massivement ce domaine, il dit simplement : « la réussite est au bout de l’effort ». Parole de Ndiaye Ganar !
El hadj Abdoul TOURE, Docteur vétérinaire : « Un suivi rigoureux pour un bon élevage »
El hadj Abdoul Touré, Docteur vétérinaire, nous livre ici les connaissances de base qu’il faut à toute personne avant de se lancer dans l’aviculture. Et, parallèlement, il donne des conseils pratiques.
C’est quoi l’aviculture ?
« C’est l’art d’élever des volailles jusqu’à un certain âge. Cela consiste également à produire des poulets de chair et des œufs de consommation. Toutefois, cette activité nécessite un programme et un suivi rigoureux afin de permettre un bon élevage. »
Les maladies qu’il faut éviter
« Le goumbor et le new castel sont les deux maladies les plus fréquentes dans la sous-région. Elles causent beaucoup de difficultés aux éleveurs. Quant à la parcellerose et à la salmonellose, sont dues, le plus souvent, au manque d’hygiène dans les exploitations. Consulter impérativement le vétérinaire quand l’une d’entre elle apparaît dans un poulailler. »
Conseils pratiques
« Ce métier demande tant soit peu de l’expérience, de la patience et beaucoup d’énergie. Il n’est pas donné à n’importe qui de se lancer dans cette activité. Dans tous les cas, l’expérience est la clé de la réussite. »
DOSSIER REALISE PAR MAGUETTE NDONG ET TATA SANE
Le Soleil
Phénomène de mode ou créneau porteur, l’aviculture est aujourd’hui investie par plusieurs individus. Surtout les jeunes gens qui ne semblent plus laisser ce secteur au seul « Baye Ganar » (vendeur de poulet) du coin. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux en ont fait leur gagne-pain. C’est le cas d’Atoumane Diouf qui remonte ses débuts dans le secteur en 2004. « Aujourd’hui, je peux dire que j’ai récupéré les 400.000 FCfa que j’avais mis pour démarrer », révèle ce jeune homme de 32 ans. Avec la bonne marche de ses affaires, Atou, comme le surnomment les intimes, a fait des envieux. Son jeune frère, menuisier de profession, lui a proposé d’être son associé. Mais, avant cela, durant l’opération pour la Korité, il avait noué un partenariat avec deux de ses amis. A eux trois, ils avaient élevé 750 poussins ! Une grande quantité qui avait nécessité de pratiquer l’élevage dans deux maisons différentes. « Il y a eu 33 morts durant toute l’opération, avance-t-il. On s’en était bien tiré tout de même ». Il vient tout juste de boucler sa première année dans le secteur, mais le jeune Mouhamadou Diop, 24 ans, n’éprouve aucun regret d’avoir investi son argent dans l’aviculture. Car, en fonction de la demande, il lui arrive tous les mois ou presque d’écouler 200 poulets. « Au début, se souvient-il, c’est ma mère qui m’avait financé à hauteur de 200.000 FCfa. A ce jour, j’ai presque remboursé toutes mes dettes. Je peux dire que ce sont les gens qui me doivent à présent. »
Par l’entremise des amis et des connaissances, ce jeune rufisquois a réussi à décrocher une fidèle clientèle dans des écoles et structures sanitaires de la ville. « Durant les fêtes de fin d’année, rappelle-t-il, c’est moi qui ait livré des poulets au personnel de l’hôpital Youssou Mbargane Diop ainsi qu’aux deux écoles privées d’ici ». Contrairement à Atoumane qui a son poulailler sur la terrasse de leur maison, le jeune Mouhamadou doit faire tous les jours les va-et-vient entre Rufisque et Ndiakhirat, vers Sangalkam. Là se trouvent les deux chambres prêtées par une tante et qui lui servent de poulailler. « Chaque matin, mon premier geste est de balayer et nettoyer le poulailler. Après cela, je remplis les mangeoires et je sèche les abreuvoirs », détaille-t-il.
L’attachement de Mouhamadou aux poulets est venu au fil des années. C’est presque un aboutissement logique d’une passion qu’il a longtemps nourrie pour les gallinacés. « Avant même d’avoir mon propre poulailler, il m’arrivait souvent d’être à côté de gens qui élevaient. Et j’en profitais pour rendre service en donnant à manger aux poulets », renseigne cet ancien écolier. En outre, depuis l’année où il est allé en vacances au Fouta, une zone pastorale, sa passion pour l’aviculture a sensiblement doublé.
Livraison dans les hôtels et restaurants
Malheureusement, ses études vont en prendre un sacré coup. Il arrête en classe de 4ème secondaire. Même si, par la suite, il a essayé de faire une formation en informatique, le jeune homme a fini par s’adonner à sa passion. Les raisons qui ont incité Atoumane à pratiquer l’aviculture sont toutes autres. Son père avait déjà ouvert la voie chez eux, en élevant et en commercialisant des poulets. Pendant ce temps, Atou était embauché dans une fabrique. « Par la suite, affirme-t-il, j’ai été licencié pour cause de grève. Et moi, en tant que jeune marié, l’aviculture était une échappatoire. Aujourd’hui, cette activité me permet de nourrir ma petite famille ».
Mais, l’aviculture au Sénégal ne profite pas seulement à des jeunes passionnés ou à des chômeurs. Il n’est pas rare de voir dans la zone des Niayes des propriétaires terriens investir le créneau. Et, souvent, à l’intérieur des grands périmètres champêtres, est construit un poulailler. Dans le domaine familial de sept hectares, Bassirou Lô y a implanté son poulailler. Ce jeune étudiant, diplômé en chimie, a toujours fait de l’aviculture sa seconde passion. Il collabore d’ailleurs avec l’armée, les restaurants de renommée et des grands hôtels de la place qu’il ravitaille en poulets, selon un calendrier bien défini. « J’ai aussi beaucoup de contacts avec de grandes boites de la place. Elles me sollicitent le plus souvent quand il y a une fête ou lors des préparations des grands événements comme le Magal ou le Gamou », soutient le jeune homme. Atou, quant à lui, n’a pas encore la chance de faire affaire avec les restaurants et les hôtels. « C’est peut-être cela qui rend parfois le travail difficile. Puisque si vous n’avez pas une fidèle clientèle, vous pouvez avoir des moments d’arrêts dans la production ». Pour Mouhamadou, le revers dans cette activité demeure les dettes que les gens contractent, sans rembourser. « Parfois, justifie-t-il, c’est des personnes à qui tu ne peux pas refuser cela. Mais, les conséquences, c’est vous qui les endossez après ».
Unafa, cette entité qui défend les intérêts des acteurs
En dehors de ces initiatives individuelles dans le secteur, les acteurs de la filière avicole ont également compris que l’heure est aux grands ensembles. D’où, la création d’une grande entité à savoir l’Union nationale des acteurs de la filière avicole (Unafa) qui regroupe en son sein industriels, associations de femmes, Gie, Sarl ainsi que des grossistes en médecine vétérinaire. Née en 2004, « en pleine crise de la filière », l’Unafa s’était donné pour objectif premier la lutte pour l’arrêt des importations. Aujourd’hui, ce combat est gagné avec l’arrêté pris par le gouvernement sénégalais d’interdire l’importation de toute cuisse de poulet. Mais l’Unafa permet, selon son président, Idrissa Kama, « de nouer le dialogue entre industriels, fournisseurs et clients et d’éviter cette méfiance réciproque qu’il y a toujours eu entre eux ». Aujourd’hui, grâce à l’Unafa, « les gens se connaissent mieux » et s’orientent vers l’essentiel. « Ce qui nous permet de résoudre ensemble nos difficultés », estime Kama.
DYNAMISME : Un sous-secteur de 30% de croissance
Avec plus de 3 millions en 2004, la production de poussins de chair est passée de plus de 11 millions en 2007. Ce qui se traduit par un taux de croissance de 30%, comparé au 8% enregistrés par la filière avant 2000. Pour le président de l’Union nationale des acteurs de la filière avicole (Unafa), l’aviculture est, dans le secteur primaire, le sous-secteur « le plus dynamique et le plus apte » à lutter contre le chômage. « Ce n’est pas seulement contre le chômage des jeunes, mais aussi celui des adultes et des retraités », précise Idrissa Kama. Certes, l’Etat a essayé d’aider les jeunes à investir la filière avicole, par le biais du Fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj), mais Kama estime que les financements ne sont pas adaptés. La raison ? « La majorité des jeunes qui ont été financé par ce biais ont fait faillite », répond-t-il. Ce qu’il faut, selon lui, c’est une « politique efficace » de l’Etat pour le développement du secteur. Il estime, d’ailleurs, que l’Etat doit aider les jeunes à s’installer et ne plus se limiter au fonds de roulement. Dans les formations et dans la conception des projets, Idrissa Kama préconise que l’Etat se fasse accompagner par le privé.
« NDIAYE GANAR » : Un self made man qui a misé sur les poulets
Le nom « Ndiaye Ganar » est devenu une marque déposée dans les épiceries, auberges et commerces de la place. L’un des plus grands vendeurs de poulets à Dakar fait entièrement confiance à l’aviculture. Secteur qui fait sa fierté aujourd’hui.
Au marché « Gueule Tapée » des Parcelles Assainies, tout le monde le connaît par le sobriquet « Ndiaye Ganar ». Reconnu comme le plus grand grossiste de la zone, Madieng Ndiaye, de son vrai nom, a réussi à imposer son label en dehors du marché où il concentre l’essentiel de ses activités commerciales. Aujourd’hui, « Ndiaye Ganar » demeure le grand fournisseur de plusieurs épiceries, auberges et autres alimentations générales. Disposant de ses propres poulaillers, à Dakar et à Keur Ndiaye Lô, ce fin connaisseur des poulets fait convoyer de la volaille à l’intérieur du pays. « Les poulets me viennent de partout. D’ailleurs, j’attends en ce moment même une centaine de poulets que doit m’envoyer mon grand frère établi à Dara Djolof », informe cet homme à la mine sereine. Avec le nombre de poulets qu’il met quotidiennement sur le marché, « Ndiaye Ganar » est obligé d’appeler quelques jeunes pour l’épauler. Et ils sont trois à quatre individus qui se chargent d’égorger et de déplumer la volaille.
Une Petite et moyenne entreprise (Pme) qui lui permet d’effectuer le travail dans une rapidité extraordinaire. « La majeure partie d’entre eux sont des talibés qui sont payés 10.000 FCfa le jour. C’est dire que je participe tant bien que mal à la création d’emplois dans le pays ». Tournant entre 200 à 250.000 FCfa les jours ordinaires, son chiffre d’affaires peut graviter autour de 700.000 FCfa le week-end ! Lors des fêtes de fin d’année, il a écoulé 2.000 poulets pour une valeur totale de 2 millions FCfa.
Ces importantes recettes ne lui ont pas fait oublier ses déboires du début. Après le décès de son père, « Ndiaye Ganar » se voit obligé de prendre en charge sa mère. Il quitte alors son Guéoul natal et rallie Dakar, la capitale. Il exerce la menuiserie à Thiaroye et aux Hlm avant d’abandonner le métier pour devenir peintre. Intéressé plus par le travail rapidement rémunéré, il s’engage comme journalier aux Ics de Mbao. A la porte de cette usine, il faut attendre l’ouverture des listes pour être engagé. « J’étais là bas jusqu’à 21 heures quand le chef du personnel est venu dire que la liste est arrêtée. Avec cinq autres personnes, j’ai attendu pourtant. C’est en pleine nuit que quelqu’un est sorti pour prendre un élément comme renfort. J’ai eu la chance d’être coopté », se souvient-il.
Mais, la vente des poulets ne l’inspire que plus tard. Lui qui faisait le tour des villages pour acheter et revendre les poulets tente l’aventure en ville. Il s’installe sous le pont de Colobane, un lieu malfamé dans lequel il sera chassé à l’approche du sommet de l’Oci de 1992. Mais la chance ne tardera pas à lui sourire, puisqu’une vieille connaissance, adjudant dans l’armée, lui propose une commande de 400 poulets. Il saute sur l’occasion et contacte un vieux commerçant. « Tout est partie de cette commande », soutient Ndiaye dont le parcours est celui d’un vrai self made man. « Tous les métiers se valent, l’essentiel c’est d’être honnête et travailleur », décline-t-il comme leçon de vie.
La cinquantaine bien sonnée aujourd’hui, « Ndiaye Ganar » est le prototype d’individu dont peut s’inspirer la jeunesse pour faire de l’aviculture un secteur porteur d’emplois. A tous ces jeunes qui ont investi massivement ce domaine, il dit simplement : « la réussite est au bout de l’effort ». Parole de Ndiaye Ganar !
El hadj Abdoul TOURE, Docteur vétérinaire : « Un suivi rigoureux pour un bon élevage »
El hadj Abdoul Touré, Docteur vétérinaire, nous livre ici les connaissances de base qu’il faut à toute personne avant de se lancer dans l’aviculture. Et, parallèlement, il donne des conseils pratiques.
C’est quoi l’aviculture ?
« C’est l’art d’élever des volailles jusqu’à un certain âge. Cela consiste également à produire des poulets de chair et des œufs de consommation. Toutefois, cette activité nécessite un programme et un suivi rigoureux afin de permettre un bon élevage. »
Les maladies qu’il faut éviter
« Le goumbor et le new castel sont les deux maladies les plus fréquentes dans la sous-région. Elles causent beaucoup de difficultés aux éleveurs. Quant à la parcellerose et à la salmonellose, sont dues, le plus souvent, au manque d’hygiène dans les exploitations. Consulter impérativement le vétérinaire quand l’une d’entre elle apparaît dans un poulailler. »
Conseils pratiques
« Ce métier demande tant soit peu de l’expérience, de la patience et beaucoup d’énergie. Il n’est pas donné à n’importe qui de se lancer dans cette activité. Dans tous les cas, l’expérience est la clé de la réussite. »
DOSSIER REALISE PAR MAGUETTE NDONG ET TATA SANE
Le Soleil