L’élevage bovin aussi vieux que le monde continue d’avoir au Bénin dans ce 21ème siècle, un caractère traditionnel. Car cela demeure la chasse gardée des peulhs.
En effet, des particuliers (commerçant, ministre, conseiller, opérateur économique…) confient à ces peulhs des bœufs (soit un mâle et une femelle, soit deux femelles, soit un mâle et cinq femelles…) afin que ces derniers leur assurent la garde donc l’élevage. Par conséquent, un peulh (éleveur) peut se retrouver avec 100 têtes de bœufs, 50 têtes de bœufs ou 200 cents têtes de bœufs, etc ayant différents propriétaires. Afin d’assurer leur santé, ils deviennent des nomades. D’où le phénomène de la transhumance qui est le déplacement périodique des troupeaux d’animaux domestiques d’une région aride vers une région plus humide à la recherche de l’eau et des pâturages (souvent du Nord vers le Sud). Ce mode de vie des nomades est très fréquent dans le système d’élevage actuel au Bénin. Les périodes de migration sont comprises entre décembre – avril. On peut distinguer en ce temps la grande et la petite transhumance :
La grande transhumance ou la transhumance transfrontalière qui se pratique d’un pays à un autre, est celle qui est interdite par les textes de l’Etat béninois. Mais elle n’est pas maîtrisée jusqu’à ce jour au Bénin surtout pour les troupeaux venant des pays membres de la CEDEAO ;
La petite transhumance est celle qui concerne les déplacements à l’intérieur d’un même pays, entre les départements ou entre deux Sous-Préfectures différentes.
Au plan économique, les effets des transhumances semblent moins désastreux. A titre d’exemple, les périodes d’arrivée des transhumants sont favorables à l’acquisition d’animaux sur pied à un prix abordable. En effet, durant ces périodes, le prix de vente des animaux chute de 18,5 à 21,5% ; SOUROKOU et YAROU MOUSSA (1991) rapportent des chutes de prix allant de 16,7 à 25%. C’est pourquoi, les bouchers et marchands de bétail guettent ces périodes de transhumance plus propices à l’acquisition des animaux à des prix les plus concurrentiels. Ils précisent que, pendant la transhumance, les éleveurs se débarrassent des vieilles vaches, des animaux malades, des vaches stériles, mais aussi des taurillons et des génisses comme animaux d’élevage.
Au plan social, dans leur mobilité à la recherche de pâturage et d’eau pour les animaux, ces peulhs viennent à créer des troubles dans les villages qui les accueillent. Les cas de Zê et de Ouinhi durant le mois de février 2013 sont les derniers dans le sud du pays sans oublier tout ce qui se passe dans le nord et le centre. À ouinhi, 700 personnes se sont retrouvées sans abri suite à une mésentente entre peulhs et autochtones qui a dégénéré en bagarre. Lors de leur passage, il se passe des scènes de viol, de vol, de braquage où ces peulhs terrorisent allègrement les autochtones parce qu’ils disposent de machette et de fusils. Ils pillent leur champ et ces derniers s’ils veulent riposter ou réagir deviennent la cible de leur machette et fusil. Le maire de Ouinhi a martelé devant la délégation envoyée par le président de la République suite au drame que cela se passe depuis plus de 33ans et ce sous le couvert de certains conseillers et chef de village. Car ces derniers reçoivent des pots de vins de la part des peulhs et de certaines autorités.
Or professionnaliser le secteur de l’élevage présente beaucoup d’avantages tels que :
La maitrise du troupeau ;
La maitrise des maladies ;
Le suivi des générations ;
La maitrise des coûts ;
La maitrise de la production laitière ;
Le développement des chaines de valeur ajoutée comme les centres d’abattage et les centres de recherche.
Bien conscients que nous sommes déjà au 21ème siècle et déjà plus de 50 ans d’indépendance, il est temps de professionnaliser l’élevage bovin afin de mettre fin aux déconvenues dues à la transhumance.
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