Village situé dans la partie nord de la région de Sédhiou, Diacounda, vit au rythme du ‘Foutampaf’, l’initiation en pays Diola. Plusieurs jeunes font ainsi leur entrée dans le Bois sacré pour obtenir le visa vers l’âge adulte. Mais malgré sa place centrale dans la culture diola, ce rite est en train de perdre son authenticité sous l’influence de la modernité. La jeune génération pose le débat sur l’opportunité de pérenniser une coutume qui engage des dépenses importantes.
(Correspondant à Sédhiou) - Le village de Diacounda, dans le nord de la région de Sédhiou, vibre depuis une semaine au rythme de grande circoncision, appelée ‘Boukoute’ ou ‘Foutampaf’ selon que l’on se trouve du côté du Blouf, du Cassa ou encore du Fogny. Mais les deux termes servent à désigner une même réalité : l’initiation en pays Diola. La grande circoncision est un trait fondamental de la culture Diola. Dans ces contrées de la Casamance, l’entrée dans le Bois sacré est un passage obligé pour tout homme qui veut se conformer à la tradition et inspirer respect à sa communauté.
A Diacounda, dans le département de Bounkiling, cet événement, organisé au moins tous les 20 ans, est l’une des rares occasions qui permettent de rassembler tous les fils du village, où qu’ils vivent dans le monde.
‘Cet événement est fondamental dans la vie en société diola. Il est indispensable à tout homme qui veut entrer dans la cour des grands.C’est pourquoi il a lieu au moins chaque 20 ans selon les villages. Nous avons organisé pour la dernière fois le Foutampaf en 1988. Et depuis cette date, tous ceux qui n’avaient pas eu la chance d’entrer dans le Bois sacré devront le faire cette année, sinon, ils devront encore attendre 20 ans’, explique Boubacar Tamba, originaire de Diacounda. L’initiation ‘est également une occasion pour tous les natifs du village de se connaître. C’est pourquoi certains ont quitté toutes les régions du Sénégal, des pays de la sous-région et même de l’Europe pour venir prendre part à l’événement. C’est de très grands moments de retrouvailles entre des frères, des amis et des gens d’une même famille’, commente l’un des ‘gardiens du temple’ à Diacounda. L’initiation en pays diola est une étape essentielle dans le passage à l’âge adulte. Elle constitue la porte d’entrée des jeunes dans le cercle des hommes et leur inculque les vertus de la vie en communauté.
Aussi, quel que soit son âge ou son rang social, le Diola ne peut prétendre prendre femme, qu’après sa sortie de la case de l’homme, insiste Boubacar Tamba. Pour devenir majeur, il faut d’abord être passé par la grande circoncision. Car c’est après seulement son séjour dans le Bois sacré qu’on peut penser à se marier. ‘L’initié peut ainsi prendre part aux assemblées qui se tiennent périodiquement entre hommes et au cours desquelles les grandes décisions sur la vie de la communauté sont prises’, indique Tamba.
La cérémonie de la grande circoncision est un événement qui ne laisse personne indifférent. Elle ne mobilise pas seulement le village hôte, mais toutes les populations des villages environnants effectuent le déplacement pour ne pas se faire raconter l’événement. Et elles n’ont qu’une seule et unique préoccupation, la réussite de la fête. C’est le cas à Diacounda où près d’un millier d’individus se sont déversés dans ce village du Fogny.
L’ambiance est assurée au maximum pendant toute la durée de l’événement. Femmes, jeunes et adultes, sont tous habillés en tenue traditionnelle pour donner à l’événement toute son authenticité. Les belles chansons traditionnelles et les pas de danse au rythme endiablé de toutes les sonorités de la Casamance, sont l’affaire des femmes qui, pendant toute la durée de l’événement, sont chargées du volet ambiance. Encouragés par les belles sonorités diola, les hommes, quant à eux, se livrent à des parties de démonstration pour tester la fiabilité de leurs gris-gris, noués autour de la taille et autour du bras, se coupant avec des objets tranchants sans le moindre écoulement de sang. Cependant, ces jeux dangereux provoquent très souvent des accidents aboutissant à des morts d’hommes.
POUR LA SURVIE DU ‘FOUTAMPAF’ : Faut-il réformer les rites d’initiation ?
Malgré son importance dans la société diola, le rite d’initiation est en perte de vitesse dans plusieurs villages de la Casamance. Dans le passé, à Diacounda, les initiés, loin des parents et des regards indiscrets, passaient deux mois dans le Bois sacré pour recevoir les enseignements dont ils ont besoin pour vivre et être acceptés en société. Mais au fil des années, avec l’influence de la modernité, la cherté de la vie, le séjour dans la forêt a été par réduit. Une première fois à un mois, et aujourd’hui les initiés ne font plus qu’une semaine dans le Bois sacré.
Néanmoins la jeune génération continue de poser le débat sur l’opportunité de cette coutume. Les jeunes diolas acceptent de moins en moins les dépenses faramineuses qu’entraîne l’organisation de ce rite de transition vers l’âge adulte. ‘Il faut reconnaître qu’il y a trop de dépenses inutiles. Ce sont plusieurs dizaines de millions de francs qui sont gaspillés. Je pense qu’il faut que les anciens réfléchissent à la manière d’organiser l’événement. A défaut de l’abandonner, il faut, tout au moins, réformer le Foutampaf’, soutient un jeune participant à la cérémonie d’initiation.Ainsi posé, le débat pourrait certainement heurter les consciences et pousser la ‘vieille garde’ à revoir la façon actuelle d’organiser la cérémonie d’initiation dans le Fogny.
Moctar DIALLO
Wal Fadjri
(Correspondant à Sédhiou) - Le village de Diacounda, dans le nord de la région de Sédhiou, vibre depuis une semaine au rythme de grande circoncision, appelée ‘Boukoute’ ou ‘Foutampaf’ selon que l’on se trouve du côté du Blouf, du Cassa ou encore du Fogny. Mais les deux termes servent à désigner une même réalité : l’initiation en pays Diola. La grande circoncision est un trait fondamental de la culture Diola. Dans ces contrées de la Casamance, l’entrée dans le Bois sacré est un passage obligé pour tout homme qui veut se conformer à la tradition et inspirer respect à sa communauté.
A Diacounda, dans le département de Bounkiling, cet événement, organisé au moins tous les 20 ans, est l’une des rares occasions qui permettent de rassembler tous les fils du village, où qu’ils vivent dans le monde.
‘Cet événement est fondamental dans la vie en société diola. Il est indispensable à tout homme qui veut entrer dans la cour des grands.C’est pourquoi il a lieu au moins chaque 20 ans selon les villages. Nous avons organisé pour la dernière fois le Foutampaf en 1988. Et depuis cette date, tous ceux qui n’avaient pas eu la chance d’entrer dans le Bois sacré devront le faire cette année, sinon, ils devront encore attendre 20 ans’, explique Boubacar Tamba, originaire de Diacounda. L’initiation ‘est également une occasion pour tous les natifs du village de se connaître. C’est pourquoi certains ont quitté toutes les régions du Sénégal, des pays de la sous-région et même de l’Europe pour venir prendre part à l’événement. C’est de très grands moments de retrouvailles entre des frères, des amis et des gens d’une même famille’, commente l’un des ‘gardiens du temple’ à Diacounda. L’initiation en pays diola est une étape essentielle dans le passage à l’âge adulte. Elle constitue la porte d’entrée des jeunes dans le cercle des hommes et leur inculque les vertus de la vie en communauté.
Aussi, quel que soit son âge ou son rang social, le Diola ne peut prétendre prendre femme, qu’après sa sortie de la case de l’homme, insiste Boubacar Tamba. Pour devenir majeur, il faut d’abord être passé par la grande circoncision. Car c’est après seulement son séjour dans le Bois sacré qu’on peut penser à se marier. ‘L’initié peut ainsi prendre part aux assemblées qui se tiennent périodiquement entre hommes et au cours desquelles les grandes décisions sur la vie de la communauté sont prises’, indique Tamba.
La cérémonie de la grande circoncision est un événement qui ne laisse personne indifférent. Elle ne mobilise pas seulement le village hôte, mais toutes les populations des villages environnants effectuent le déplacement pour ne pas se faire raconter l’événement. Et elles n’ont qu’une seule et unique préoccupation, la réussite de la fête. C’est le cas à Diacounda où près d’un millier d’individus se sont déversés dans ce village du Fogny.
L’ambiance est assurée au maximum pendant toute la durée de l’événement. Femmes, jeunes et adultes, sont tous habillés en tenue traditionnelle pour donner à l’événement toute son authenticité. Les belles chansons traditionnelles et les pas de danse au rythme endiablé de toutes les sonorités de la Casamance, sont l’affaire des femmes qui, pendant toute la durée de l’événement, sont chargées du volet ambiance. Encouragés par les belles sonorités diola, les hommes, quant à eux, se livrent à des parties de démonstration pour tester la fiabilité de leurs gris-gris, noués autour de la taille et autour du bras, se coupant avec des objets tranchants sans le moindre écoulement de sang. Cependant, ces jeux dangereux provoquent très souvent des accidents aboutissant à des morts d’hommes.
POUR LA SURVIE DU ‘FOUTAMPAF’ : Faut-il réformer les rites d’initiation ?
Malgré son importance dans la société diola, le rite d’initiation est en perte de vitesse dans plusieurs villages de la Casamance. Dans le passé, à Diacounda, les initiés, loin des parents et des regards indiscrets, passaient deux mois dans le Bois sacré pour recevoir les enseignements dont ils ont besoin pour vivre et être acceptés en société. Mais au fil des années, avec l’influence de la modernité, la cherté de la vie, le séjour dans la forêt a été par réduit. Une première fois à un mois, et aujourd’hui les initiés ne font plus qu’une semaine dans le Bois sacré.
Néanmoins la jeune génération continue de poser le débat sur l’opportunité de cette coutume. Les jeunes diolas acceptent de moins en moins les dépenses faramineuses qu’entraîne l’organisation de ce rite de transition vers l’âge adulte. ‘Il faut reconnaître qu’il y a trop de dépenses inutiles. Ce sont plusieurs dizaines de millions de francs qui sont gaspillés. Je pense qu’il faut que les anciens réfléchissent à la manière d’organiser l’événement. A défaut de l’abandonner, il faut, tout au moins, réformer le Foutampaf’, soutient un jeune participant à la cérémonie d’initiation.Ainsi posé, le débat pourrait certainement heurter les consciences et pousser la ‘vieille garde’ à revoir la façon actuelle d’organiser la cérémonie d’initiation dans le Fogny.
Moctar DIALLO
Wal Fadjri