Tambacounda, 31 jan (APS) - Plusieurs dizaines d’éleveurs et des auxiliaires vétérinaires ont été sensibilisés, jeudi à Tambacounda (Est), aux dangers des médicaments de la rue.
La sensibilisation a eu lieu à l'occasion de la 10ème édition des journées d’information, d’échange et de communication vétérinaires, qui sont organisées par le cabinet vétérinaire Sud Véto et le laboratoire vétérinaire français Vétoquinol.
L’inspecteur des services vétérinaires et chef du Service régional de l’élevage, Mamadou Moustapha Thiam, qui présidait les journées d'information, a invité les éleveurs à se ravitailler en médicaments dans les officines, au lieu d’acquérir auprès de vendeurs des remèdes contrefaits et exposés au soleil et à la pluie, sur des étals à même le sol.
''Vous perdez votre argent et vous n’avez aucune efficacité'', leur a-t-il dit. Ces médicaments, bien qu'étant moins chers que ceux vendus dans les officines, n’offrent aucune garantie de qualité, selon Thiam.
Les journées d’information, d’échange et de communication vétérinaires sont organisées chaque année à Tambacounda, depuis 2000, pour ''informer, éduquer et sensibiliser les éleveurs'', a indiqué le docteur Ibrahima Lô, membre du comité d’organisation de la manifestation.
Cette rencontre parrainée chaque année par un laboratoire vétérinaire permet à des spécialistes de la santé animale d’échanger avec les éleveurs et d’obtenir un ''feedback'' sur les produits qu’ils leur vendent. L’édition de cette année est axée sur les parasites gastro-intestinaux, les téniasis des ruminants surtout.
Dans sa communication, le docteur Mamadou Bâ, responsable des produits techniques pour l’Afrique du laboratoire Vétoquinol, a, dans le même sillage que le docteur Thiam, souligné que les produits contrefaits ne répondent pas aux trois éléments constitutifs de la qualité d’un médicament, à savoir l’efficacité, l’innocuité et la stabilité.
Il a indiqué, en marge de la rencontre, que les médicaments contrefaits, en plus d’être inefficaces, engendrent des pertes pour les éleveurs et menacent la santé publique.
Il a, à ce propos, raconté l’anecdote d’un éleveur ayant perdu 60 moutons sur un troupeau de quelque 200 têtes, à Linguère (Nord), pour leur avoir administré un produit dans lequel a été mise en évidence, après expertise, la présence d’un insecticide.
''C’est un manque à gagner pour l’économie nationale, parce qu’ils ne payent pas de taxes – ils passent entre les mailles du filet. Et pire encore, (ils) impactent réellement la production et la productivité de l’animal'' et vont jusqu’à entraîner sa perte, a-t-il affirmé, parlant des vendeurs des produits contrefaits.
Au contraire du marché noir des médicaments de la rue, qui échappe à tout contrôle, les officines fournissent un cadre ''sûr et propre'', avec la possibilité pour les clients d'avoir des conseils vétérinaires prodigués par des agents respectueux de la déontologie.
Retraçant le circuit normal que doit suivre un médicament vétérinaire, il a expliqué qu’il doit disposer d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), qui constitue son ''visa'' d’entrée sur le territoire. Il doit passer du laboratoire au grossiste, ensuite par le docteur vétérinaire, puis par l’auxiliaire d’élevage, avant de parvenir à l’éleveur.
La filière des médicaments contrefaits, elle, s’adresse directement aux auxiliaires et aux éleveurs, en évitant toutes les étapes préalables, selon le docteur Bâ. ''La qualité a un prix [...]'', a-t-il dit, invitant les éleveurs à payer le prix des produits de nature à préserver la santé de leur bétail.
Une étude du Fonds des Nations unies pour la nourriture et l'agriculture (FAO) a révélé que ''pratiquement 40% des médicaments vétérinaires présents en Afrique sont des médicaments de contrefaçon''. Cela étant, les médicaments contrefaits représentent 40% du chiffre d’affaires des médicaments vétérinaires vendus sur le continent, estimé à cinq milliards de francs CFA, a souligné Mamadou Bâ.
Ces produits viennent souvent de pays de la sous-région, comme la Mauritanie où, contrairement au Sénégal, le secteur est règlementé. Dans certains pays, ''n’importe qui peut importer des médicaments vétérinaires'', a dit le docteur Bâ.
Comme pour la pharmacie humaine, ''la loi n’est pas rigoureusement appliquée'' dans le domaine de la pharmacie animale, a noté le docteur Thiam. Les produits contrefaits sont vendus dans les ''louma'' (marchés hebdomadaires), a-t-il signalé, ajoutant que les services vétérinaires -auxquels incombe la mission de contrôle des médicaments- ont des ''moyens limités''.
''Comment peut-on contrôler tous les +louma+ du Sénégal avec des moyens [et] un personnel limités ?'' s’est-il interrogé, avant d'ajouter : ''C’est l’éleveur lui-même, sensibilisé, qui détient la bonne solution.'' S’il ''refuse systématiquement'' d’acheter les médicaments contrefaits, cette filière parallèle disparaîtra, a-t-il dit.
ADI/ESF
La sensibilisation a eu lieu à l'occasion de la 10ème édition des journées d’information, d’échange et de communication vétérinaires, qui sont organisées par le cabinet vétérinaire Sud Véto et le laboratoire vétérinaire français Vétoquinol.
L’inspecteur des services vétérinaires et chef du Service régional de l’élevage, Mamadou Moustapha Thiam, qui présidait les journées d'information, a invité les éleveurs à se ravitailler en médicaments dans les officines, au lieu d’acquérir auprès de vendeurs des remèdes contrefaits et exposés au soleil et à la pluie, sur des étals à même le sol.
''Vous perdez votre argent et vous n’avez aucune efficacité'', leur a-t-il dit. Ces médicaments, bien qu'étant moins chers que ceux vendus dans les officines, n’offrent aucune garantie de qualité, selon Thiam.
Les journées d’information, d’échange et de communication vétérinaires sont organisées chaque année à Tambacounda, depuis 2000, pour ''informer, éduquer et sensibiliser les éleveurs'', a indiqué le docteur Ibrahima Lô, membre du comité d’organisation de la manifestation.
Cette rencontre parrainée chaque année par un laboratoire vétérinaire permet à des spécialistes de la santé animale d’échanger avec les éleveurs et d’obtenir un ''feedback'' sur les produits qu’ils leur vendent. L’édition de cette année est axée sur les parasites gastro-intestinaux, les téniasis des ruminants surtout.
Dans sa communication, le docteur Mamadou Bâ, responsable des produits techniques pour l’Afrique du laboratoire Vétoquinol, a, dans le même sillage que le docteur Thiam, souligné que les produits contrefaits ne répondent pas aux trois éléments constitutifs de la qualité d’un médicament, à savoir l’efficacité, l’innocuité et la stabilité.
Il a indiqué, en marge de la rencontre, que les médicaments contrefaits, en plus d’être inefficaces, engendrent des pertes pour les éleveurs et menacent la santé publique.
Il a, à ce propos, raconté l’anecdote d’un éleveur ayant perdu 60 moutons sur un troupeau de quelque 200 têtes, à Linguère (Nord), pour leur avoir administré un produit dans lequel a été mise en évidence, après expertise, la présence d’un insecticide.
''C’est un manque à gagner pour l’économie nationale, parce qu’ils ne payent pas de taxes – ils passent entre les mailles du filet. Et pire encore, (ils) impactent réellement la production et la productivité de l’animal'' et vont jusqu’à entraîner sa perte, a-t-il affirmé, parlant des vendeurs des produits contrefaits.
Au contraire du marché noir des médicaments de la rue, qui échappe à tout contrôle, les officines fournissent un cadre ''sûr et propre'', avec la possibilité pour les clients d'avoir des conseils vétérinaires prodigués par des agents respectueux de la déontologie.
Retraçant le circuit normal que doit suivre un médicament vétérinaire, il a expliqué qu’il doit disposer d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), qui constitue son ''visa'' d’entrée sur le territoire. Il doit passer du laboratoire au grossiste, ensuite par le docteur vétérinaire, puis par l’auxiliaire d’élevage, avant de parvenir à l’éleveur.
La filière des médicaments contrefaits, elle, s’adresse directement aux auxiliaires et aux éleveurs, en évitant toutes les étapes préalables, selon le docteur Bâ. ''La qualité a un prix [...]'', a-t-il dit, invitant les éleveurs à payer le prix des produits de nature à préserver la santé de leur bétail.
Une étude du Fonds des Nations unies pour la nourriture et l'agriculture (FAO) a révélé que ''pratiquement 40% des médicaments vétérinaires présents en Afrique sont des médicaments de contrefaçon''. Cela étant, les médicaments contrefaits représentent 40% du chiffre d’affaires des médicaments vétérinaires vendus sur le continent, estimé à cinq milliards de francs CFA, a souligné Mamadou Bâ.
Ces produits viennent souvent de pays de la sous-région, comme la Mauritanie où, contrairement au Sénégal, le secteur est règlementé. Dans certains pays, ''n’importe qui peut importer des médicaments vétérinaires'', a dit le docteur Bâ.
Comme pour la pharmacie humaine, ''la loi n’est pas rigoureusement appliquée'' dans le domaine de la pharmacie animale, a noté le docteur Thiam. Les produits contrefaits sont vendus dans les ''louma'' (marchés hebdomadaires), a-t-il signalé, ajoutant que les services vétérinaires -auxquels incombe la mission de contrôle des médicaments- ont des ''moyens limités''.
''Comment peut-on contrôler tous les +louma+ du Sénégal avec des moyens [et] un personnel limités ?'' s’est-il interrogé, avant d'ajouter : ''C’est l’éleveur lui-même, sensibilisé, qui détient la bonne solution.'' S’il ''refuse systématiquement'' d’acheter les médicaments contrefaits, cette filière parallèle disparaîtra, a-t-il dit.
ADI/ESF