La mise en place de la stratégie à base communautaire découle du contexte d’insécurité qui a prévalu dans la région naturelle de Casamance et qui a entraîné un déplacement massif des populations des villages frontaliers avec la Guinée-Bissau vers les chefs lieu des communautés rurales ou d’autres endroits loin de la frontière jugés plus cléments.
Ce mouvement de populations est à l’origine de la situation sanitaire difficile caractérisée par des cas de mortalité élevée due au paludisme surtout chez les enfants et les femmes enceintes. Les maladies sexuellement transmissibles se sont propagées également.
Cette situation de conflit armé nourrissait la crainte des infirmiers chefs de postes d’aller faire des services au delà de leur poste de santé : « Nous ne descendrons pas du goudron » aimaient-ils à dire à qui voulez les entendre tout en relevant la forte propension à se faire tuer ou de sauter sur une mine ; à juste raison ? C’est ainsi que les zones de l’intérieur allaient être délaissées au profit des sites proches des principaux axes routiers.
Ceci étant, la stratégie SBC sera mise en place grâce au partenariat entre l’ONG Enfance et Paix, le District Sanitaire de Sédhiou et la coopération Allemande à travers le Projet FANKANTA ( se prémunir en mandingue) en 2002.
Les vertus d’une approche communautaire de lutte Cette stratégie à base communautaire a le mérite de permettre aux populations de disposer d’un système communautaire autogéré de prise en charge de leurs problèmes de santé. Ce qui, par ricochet, résout la lancinante question de l’enclavement de la région.
Dans le cadre de la santé elle intègre les principes de la politique des soins de santé primaires qui sont « des soins primaires accessibles, socialement et culturellement acceptés par les populations », fait-on remarquer dans les milieux de la santé. L’approche est d’assurer l’accessibilité et la permanence de l’information sanitaire surtout concernant le paludisme qui est la première cause de mortalité et de morbidité dans la zone. L’amélioration de l’état nutritionnel des groupes vulnérables venait également en appoint de leurs stratégies.
« Ceci permet non seulement d’atteindre les populations les plus reculées mais aussi de les amener à s’impliquer davantage dans la résolution de leur problème de santé. Enfance et Paix et FANKANTA ont introduit pour la première fois la stratégie dans la région médicale de Kolda notamment dans les zones affectées par le conflit en Casamance et aujourd’hui les résultats sont bien concluants à tous points de vue. La stratégie a été mise en œuvre d’abord dans trois zones du département de Sédhiou : Zone 1 : Tanaff / Simbandi Brassou ; Zone 2 : Samine et Zone 3 : Diattacounda / Goudomp/ Simbandi Balante. Toutes ces localités ont été profondément affectées par le conflit armé alors que les habitants de ces zones avaient longtemps souffert de la guerre de libération du P.A.I.G.C. en Guinée voisine » a déclaré Mamadou Lamine Sadio, le coordonnateur régional de l’ONG Enfance et Paix à Kolda.
Cette structure intervenait déjà dans ces zones et avait décroché ses lettres de noblesse dans la gestion des cases de santé pour encourager la dynamique de retour et la consolidation de la paix au point de jouir à nouveau de la confiance de « Fankanta » : « Cela s’est traduit par la signature d’un protocole d’accord entre les deux structures et un maillage plus tard de 12 Communauté rurales sur les 20 que compte le département de Sédhiou, par le ProCas/SécuAli ( Programme Casamance pour la sécurité alimentaire) et dont l’objectif est d’effectuer des services de santé a ajouté M. Sadio. Les performances enregistrées : Ce programme a permis la formation de 140 Agents de Santé Base Communautaire (ASBC) répartis dans 16 postes de santé de 12 communautés rurales du département. D’après le récent document de synthèse de l’ONG Enfance et Paix, « la stratégie touche ainsi 247 villages pour une population de 107.212 habitants dans les domaines suivants de connaissances techniques de certaines maladies pour leur prise-en-charge au niveau communautaire.
Pour la première fois, des ASBC ont été formées sur le traitement expérimenté en milieu communautaire du paludisme, de gestion des stresses, la résolution des conflits et la prévention des accidents liés aux mines.
Des équipements : vélos et médicaments leur sont donnés. Des unités d’imprégnation de moustiquaires ont été implantées au niveau des postes de santé de Goudomp, Samine et la case de Singhère baïnounk en dehors de l’appui organisationnel des communautés des zones affectées par le conflit et l’accompagnement du district sanitaire de Sédhiou et de Goudomp.
En 2002 – 2003 et pour une population de 25 588 hts dont 1178 enfants et 5884 femmes en âge de procréation, les ASBC ont réalisé : 978 références à cause du paludisme, 581 causeries sur le paludisme, 12904 visites à domicile conseil. En 2005- 2006 pour une population de 107.212 hts dont 17.478 enfants et 25 396 femmes en âge de procréer, les ASBC ont enregistré 1043 personnes référées à cause du paludisme.
Ils ont pris en charge 17.335 cas de paludisme, réalisé 2035 causeries sur paludisme et 39.607 visites à domicile ».
Aussi, Les données fournis par les enquêtes du ProCas / SécuAli de 2005 montrent un taux de plus 80% d’utilisation des services des ASBC par les populations.
Ailleurs les Infirmiers des postes de Santé ASBC ont déclaré recevoir moins de cas de palu grave. D’autre part, ils ont remarqué le développement de réflexe au niveau des populations à fréquenter les structures de santé et connaissent les différents signes de paludisme.
L’action transfrontalière concertée avec la Guinée Bissau
Le thème central de cette édition 2008 « le paludisme, une maladie sans frontière » a été comme qui dirait, très tôt intégré dans la démarche préconisée par la stratégie communautaire développée ces dix dernières années dans cette partie Sud du pays. « Nous populations de la zone frontalière avons été renforcées par les acteurs de la santé dans le domaine de la prise en charge précoce des cas de paludisme. Et ainsi, nos voisins de la Guinée Bissau ont été associés à la lutte si bien qu’aujourd’hui, nous menons les séances de sensibilisation et d’imprégnation de moustiquaires de façon conjointe. Par plusieurs fois, nous avons fait le tour des villages comme Sanou, Sathioum, Kaniko, aussi pour la promotion de l’économie que la santé » a indiqué Amadou Sadio le coordonnateur du groupement d’intégration de Sanou Sénégal par ailleurs membre du conseil rural de Samine Escale. La faiblesse des moyens risque de faire l’effet d’une rechute !
Malgré le nombre important de réalisations, le volet santé communautaire fait face à plusieurs contraintes qui ont eu des effets non négligeables dans l’atteinte de ses objectifs. Il s’agit de l’insuffisance des moyens de déplacement. Car il faut assurer le suivi de 140 ASBC et toucher 247 villages.
« La réalisation de cette ambition est rendue difficile par le retrait précoce de FANKANTA et les moyens modestes dont dispose le district sanitaire de Sédhiou et de Goudomp. Le coût de formation des ASBC est très élevé (il faut lui assurer à la fois la restauration, le déplacement et la prise en charge).
La motivation des ASBC n’est toujours pas facile ; en effet même si des formules sont trouvées (l’ASBC est motivé s’il réfère un malade homme ou femme : il perçoit un pourcentage sur la vente de ticket). La situation socioéconomique des communautés étant précaire une pareille formule n’est pas appliquée tout le temps ce qui fruste souvent l’ASBC et entraîne des situations d’abandon.
Le comité local d’appui à l’ASBC (Imam, Chef de village, Responsable des jeunes, Responsable des femmes…) n’est que rarement fonctionnel compte tenu des préoccupations et des intérêts individuels de ses membres » regrette Mamadou Lamine Sadio. Comme pour confirmer ses propos, Lamine Sambou un ASBC de Mangacounda soutient que « le travail d’un Agent de santé à base communautaire est très noble mais il n’est pas du tout possible de continuer dans cette forme de bénévolat dans un contexte de plus en plus marqué par le coût cher de la vie. Il est à ce jour impératif que l’Etat oriente des bailleurs vers cette zone pour appuyer les acteurs sur le terrain pour éviter pendant qu’il est encore grand temps, la réapparition à grande échelle du paludisme et mettre de fait nos années d’effort à l’eau ».
Il est donc à espérer avec raison, que la célébration de cette journée mondiale de lutte contre le paludisme peut sonner la mobilisation de tous les acteurs concernés pour éviter le retour macabre de l’anophèle chez ces victimes et anciens réfugiés de Casamance déjà très éprouvées par des années d’errance et de quête du mieux être.
Sud Quotidien
Ce mouvement de populations est à l’origine de la situation sanitaire difficile caractérisée par des cas de mortalité élevée due au paludisme surtout chez les enfants et les femmes enceintes. Les maladies sexuellement transmissibles se sont propagées également.
Cette situation de conflit armé nourrissait la crainte des infirmiers chefs de postes d’aller faire des services au delà de leur poste de santé : « Nous ne descendrons pas du goudron » aimaient-ils à dire à qui voulez les entendre tout en relevant la forte propension à se faire tuer ou de sauter sur une mine ; à juste raison ? C’est ainsi que les zones de l’intérieur allaient être délaissées au profit des sites proches des principaux axes routiers.
Ceci étant, la stratégie SBC sera mise en place grâce au partenariat entre l’ONG Enfance et Paix, le District Sanitaire de Sédhiou et la coopération Allemande à travers le Projet FANKANTA ( se prémunir en mandingue) en 2002.
Les vertus d’une approche communautaire de lutte Cette stratégie à base communautaire a le mérite de permettre aux populations de disposer d’un système communautaire autogéré de prise en charge de leurs problèmes de santé. Ce qui, par ricochet, résout la lancinante question de l’enclavement de la région.
Dans le cadre de la santé elle intègre les principes de la politique des soins de santé primaires qui sont « des soins primaires accessibles, socialement et culturellement acceptés par les populations », fait-on remarquer dans les milieux de la santé. L’approche est d’assurer l’accessibilité et la permanence de l’information sanitaire surtout concernant le paludisme qui est la première cause de mortalité et de morbidité dans la zone. L’amélioration de l’état nutritionnel des groupes vulnérables venait également en appoint de leurs stratégies.
« Ceci permet non seulement d’atteindre les populations les plus reculées mais aussi de les amener à s’impliquer davantage dans la résolution de leur problème de santé. Enfance et Paix et FANKANTA ont introduit pour la première fois la stratégie dans la région médicale de Kolda notamment dans les zones affectées par le conflit en Casamance et aujourd’hui les résultats sont bien concluants à tous points de vue. La stratégie a été mise en œuvre d’abord dans trois zones du département de Sédhiou : Zone 1 : Tanaff / Simbandi Brassou ; Zone 2 : Samine et Zone 3 : Diattacounda / Goudomp/ Simbandi Balante. Toutes ces localités ont été profondément affectées par le conflit armé alors que les habitants de ces zones avaient longtemps souffert de la guerre de libération du P.A.I.G.C. en Guinée voisine » a déclaré Mamadou Lamine Sadio, le coordonnateur régional de l’ONG Enfance et Paix à Kolda.
Cette structure intervenait déjà dans ces zones et avait décroché ses lettres de noblesse dans la gestion des cases de santé pour encourager la dynamique de retour et la consolidation de la paix au point de jouir à nouveau de la confiance de « Fankanta » : « Cela s’est traduit par la signature d’un protocole d’accord entre les deux structures et un maillage plus tard de 12 Communauté rurales sur les 20 que compte le département de Sédhiou, par le ProCas/SécuAli ( Programme Casamance pour la sécurité alimentaire) et dont l’objectif est d’effectuer des services de santé a ajouté M. Sadio. Les performances enregistrées : Ce programme a permis la formation de 140 Agents de Santé Base Communautaire (ASBC) répartis dans 16 postes de santé de 12 communautés rurales du département. D’après le récent document de synthèse de l’ONG Enfance et Paix, « la stratégie touche ainsi 247 villages pour une population de 107.212 habitants dans les domaines suivants de connaissances techniques de certaines maladies pour leur prise-en-charge au niveau communautaire.
Pour la première fois, des ASBC ont été formées sur le traitement expérimenté en milieu communautaire du paludisme, de gestion des stresses, la résolution des conflits et la prévention des accidents liés aux mines.
Des équipements : vélos et médicaments leur sont donnés. Des unités d’imprégnation de moustiquaires ont été implantées au niveau des postes de santé de Goudomp, Samine et la case de Singhère baïnounk en dehors de l’appui organisationnel des communautés des zones affectées par le conflit et l’accompagnement du district sanitaire de Sédhiou et de Goudomp.
En 2002 – 2003 et pour une population de 25 588 hts dont 1178 enfants et 5884 femmes en âge de procréation, les ASBC ont réalisé : 978 références à cause du paludisme, 581 causeries sur le paludisme, 12904 visites à domicile conseil. En 2005- 2006 pour une population de 107.212 hts dont 17.478 enfants et 25 396 femmes en âge de procréer, les ASBC ont enregistré 1043 personnes référées à cause du paludisme.
Ils ont pris en charge 17.335 cas de paludisme, réalisé 2035 causeries sur paludisme et 39.607 visites à domicile ».
Aussi, Les données fournis par les enquêtes du ProCas / SécuAli de 2005 montrent un taux de plus 80% d’utilisation des services des ASBC par les populations.
Ailleurs les Infirmiers des postes de Santé ASBC ont déclaré recevoir moins de cas de palu grave. D’autre part, ils ont remarqué le développement de réflexe au niveau des populations à fréquenter les structures de santé et connaissent les différents signes de paludisme.
L’action transfrontalière concertée avec la Guinée Bissau
Le thème central de cette édition 2008 « le paludisme, une maladie sans frontière » a été comme qui dirait, très tôt intégré dans la démarche préconisée par la stratégie communautaire développée ces dix dernières années dans cette partie Sud du pays. « Nous populations de la zone frontalière avons été renforcées par les acteurs de la santé dans le domaine de la prise en charge précoce des cas de paludisme. Et ainsi, nos voisins de la Guinée Bissau ont été associés à la lutte si bien qu’aujourd’hui, nous menons les séances de sensibilisation et d’imprégnation de moustiquaires de façon conjointe. Par plusieurs fois, nous avons fait le tour des villages comme Sanou, Sathioum, Kaniko, aussi pour la promotion de l’économie que la santé » a indiqué Amadou Sadio le coordonnateur du groupement d’intégration de Sanou Sénégal par ailleurs membre du conseil rural de Samine Escale. La faiblesse des moyens risque de faire l’effet d’une rechute !
Malgré le nombre important de réalisations, le volet santé communautaire fait face à plusieurs contraintes qui ont eu des effets non négligeables dans l’atteinte de ses objectifs. Il s’agit de l’insuffisance des moyens de déplacement. Car il faut assurer le suivi de 140 ASBC et toucher 247 villages.
« La réalisation de cette ambition est rendue difficile par le retrait précoce de FANKANTA et les moyens modestes dont dispose le district sanitaire de Sédhiou et de Goudomp. Le coût de formation des ASBC est très élevé (il faut lui assurer à la fois la restauration, le déplacement et la prise en charge).
La motivation des ASBC n’est toujours pas facile ; en effet même si des formules sont trouvées (l’ASBC est motivé s’il réfère un malade homme ou femme : il perçoit un pourcentage sur la vente de ticket). La situation socioéconomique des communautés étant précaire une pareille formule n’est pas appliquée tout le temps ce qui fruste souvent l’ASBC et entraîne des situations d’abandon.
Le comité local d’appui à l’ASBC (Imam, Chef de village, Responsable des jeunes, Responsable des femmes…) n’est que rarement fonctionnel compte tenu des préoccupations et des intérêts individuels de ses membres » regrette Mamadou Lamine Sadio. Comme pour confirmer ses propos, Lamine Sambou un ASBC de Mangacounda soutient que « le travail d’un Agent de santé à base communautaire est très noble mais il n’est pas du tout possible de continuer dans cette forme de bénévolat dans un contexte de plus en plus marqué par le coût cher de la vie. Il est à ce jour impératif que l’Etat oriente des bailleurs vers cette zone pour appuyer les acteurs sur le terrain pour éviter pendant qu’il est encore grand temps, la réapparition à grande échelle du paludisme et mettre de fait nos années d’effort à l’eau ».
Il est donc à espérer avec raison, que la célébration de cette journée mondiale de lutte contre le paludisme peut sonner la mobilisation de tous les acteurs concernés pour éviter le retour macabre de l’anophèle chez ces victimes et anciens réfugiés de Casamance déjà très éprouvées par des années d’errance et de quête du mieux être.
Sud Quotidien