Dans une nouvelle note produite au sein de la série de notes sur les politiques en Afrique du Nord, la BAD analyse les perspectives des exportations des services de santé en Afrique du nord.
L’accélération de la croissance et de la création d’emplois est un enjeu majeur pour les pays d’Afrique du Nord, (AFN), tous confrontés à une augmentation rapide de leur population active. Au Maghreb, la prépondérance du secteur textile-habillement et de la sous-traitance automobile dans l’industrie et l’absence de spécialisation manufacturière alternative constituent des facteurs de fragilité. Dans ce contexte, de nouvelles cibles de croissance et d’exportation doivent être identifiées. Les perspectives dans le secteur manufacturier sont fortement liées à l’ouverture des marchés ainsi qu’à la concurrence chinoise et est-asiatique, tandis que l’exploitation du secteur minier est, quant à elle, déjà intensive. A contrario, les opportunités dans les services semblent sous-estimées. Plusieurs tendances suggèrent pourtant l’existence de gisements de compétitivité et de croissance pour les pays d’AFN dans ce domaine des exportations de services. De tous les segments du commerce international, celui des services connaît la croissance la plus rapide. À l’horizon 2020, il devrait même représenter 50 % des échanges mondiaux - une croissance tirée par les baisses de coûts, considérables, des transactions permises, par les technologies de l’information et de la communication.
Intitulée Le développement des échanges internationaux de services de santé : Perspectives des exportations en Afrique du Nord, cette nouvelle publication de la BAD explore le rôle que pourrait jouer, dans ce contexte, le développement de l’exportation des services de santé.
Il y est souligné que le commerce international des services de santé croît rapidement, depuis la fin des années 1990. Son poids, dans le total mondial de prestations de tourisme, est ainsi passé de 1,2 % en 1997 à 1,5 % en 2010. Les exportateurs du Sud sont les plus dynamiques dans ce secteur. Depuis 2007, leurs exportations estimées de services de santé ont dépassé celles du Nord. En 2010, la part de marché apparente du Sud s’élevait à 54 %, contre 46 % pour celle du Nord.
Dans la région méditerranéenne, des stratégies explicites de promotion de ces exportations sont mises en œuvre par des acteurs privés (Maroc, Liban, Égypte, Tunisie, Turquie) et par les pouvoirs publics (Jordanie, Tunisie), voire envisagées par des organisations multilatérales.
Or, la note souligne que si que la complémentarité économique entre la demande européenne et l’offre du sud de la Méditerranée s’avère forte, force est de constater que les flux commerciaux demeurent orientés dans le sens Sud-Sud - un principe de voisinage qui s’observe dans les autres régions du monde. Les changements politiques et institutionnels en cours en Afrique du Nord auront, sans aucun doute, des effets déterminants sur l’évolution du commerce régional des services de santé. À court terme, l’instabilité de certain pays de la région détourne les patients vers d’autres territoires et fragilise les systèmes de santé. À moyen terme, la compétitivité internationale du secteur de la santé offre des opportunités de consolidation du secteur du tourisme et/ou de diversification de l’offre touristique dans le domaine des prestations de bien-être, qui attirent une part croissante de la demande européenne (cures, balnéothérapie, thalassothérapie, etc.). Le tourisme et l’exportation des services de santé sont, en effet, complémentaires. L’activité touristique génère, vers les cliniques et praticiens locaux, des flux de patients étrangers qui, de retour en Europe, se révèlent de précieux vecteurs d’image et de notoriété. Le tourisme contribue alors à réduire la distance psychologique entre les patients européens et l’offre locale de soins, en plus de baisser le coût psychologique du déplacement à l’étranger. Dans l’autre sens, la bonne réputation internationale d’un système de santé crédibilise une offre de prestations touristiques de bien-être à plus forte valeur ajoutée.
La note conclue que l’essentiel de la demande de soins européenne demeure néanmoins hors de portée des prestataires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Cependant, il n’est pas démontré que la barrière institutionnelle, que représente la non portabilité actuelle de l’assurance-maladie, soit la cause principale du niveau modeste du commerce Nord-Sud dans la région. Il existe, en effet, d’autres freins majeurs à la mobilité internationale des patients, liés surtout à la spécificité des coûts des transactions dans le secteur de la santé. Avant de développer des stratégies de promotion d’exportation ambitieuses dans le domaine, les acteurs concernés devraient chercher à évaluer le poids respectif de ces deux catégories de barrières aux échanges.
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