Promouvoir la Planification familiale n’équivaut pas à freiner la démographie. Tel est le point de vue du Dr Bocar Daff, chef de Division de la Santé de la reproduction. Selon lui, la basse prévalence contraceptive enregistrée au Sénégal pose problème. Et l’objectif, dans le cadre de la relance de la Planification familiale est d’arriver à baisser le nombre d’enfants par femme en s’appuyant sur les chefs religieux qui, estime-t-il, doivent être informés pour qu’ils puissent soutenir la promotion de la santé de la mère et de l’enfant.
La prévalence contraceptive est encore faible au Sénégal, que faire pour inverser la tendance ?
La prévalence contraceptive estimée à 10.8% au Sénégal pose problème. Il faut arriver à une croissance de la population qui permette la régénération. Il faut aussi arriver à un Indice synthétique de fécondité de 2.5 enfants par femme. Nous en sommes actuellement à 6.5 enfants par femme. Beaucoup d’efforts sont en train d’être faits pour y arriver avec l’appui de l’Etat dans le cadre du repositionnement de la Planification familiale. Juste préciser qu’il ne s’agit pas pour nous de freiner la démographie, mais simplement d’inciter à l’espacement des naissances pour qu’on puisse donner des emplois aux jeunes. Dans le cadre du repositionnement de la Planification familiale, nous mettons l’accent sur la communauté avec le leadership des femmes. Nous mettons aussi l’accent sur les adolescents. Car, il nous faut travailler du côté des jeunes et des adolescents, si nous voulons des actions pérennes. Seulement, la question fondamentale qu’on se pose est de savoir si le retour de la Pf est un retour sur un cycle, alors qu’on ne fait rien ? Mais, il faut reconnaître que la Planification familiale est confrontée à un problème de ressources financières, alors que nous sommes dans des pays pauvres avec des ressources maigres à partager à divers secteurs. Au Sénégal, 35% de la population ont moins de 15 ans. C’est pourquoi, les ressources que nous avons ne suffisent pas. Pourtant, c’est un devoir pour les Etats de mettre davantage de ressources pour pérenniser les actions au cas où les bailleurs se retireraient. Car, nous ne pouvons pas mobiliser seuls les ressources. Il existe différents programmes, mais les partenaires ont préféré se retirer pour la tuberculose, le paludisme et le Sida qui sont des situations douloureuses. L’essentiel des ressources est dirigé vers ces programmes. Heureusement qu’il y a eu des engagements de part et d’autre. Il y a, par exemple, l’administration Obama, l’Angleterre qui se sont engagés à faire plus pour la Santé de la reproduction. Nous pensons également que la Conférence internationale sur la Planification familiale (15-18 novembre 2009) à laquelle nous venons de prendre part à Kampala en Ouganda est un bon prétexte pour relancer la Pf. Nous devons profiter au mieux de cette opportunité et nous espérons qu’elle va se traduire par un soutien plus accru de la part des partenaires. Donc, c’est vraiment important pour le futur.
Mais, pour les activités organisées dans le cadre de la relance de la Pf, il y a plus de folklore et les femmes interrogées ne savent même pas pourquoi elles sont là. Ne pensez-vous pas que vous devez changer de stratégie ?
C’est important ! Je ne sais pas pourquoi elles n’ont pas été informées, car l’objectif d’une telle journée est de sensibiliser le maximum de gens. C’est l’occasion aussi pour les décideurs de s’engager. Plus de 5 ministres dont 2 ministres d’Etat avaient fait le déplacement lors de la journée du 9 juillet dédiée à la Planification familiale pour montrer l’engagement du gouvernement du Sénégal. Ceci doit être le point de démarrage d’une série d’activités qui ne seront pas interrompues. Pour nous, il n’est pas question de faire une journée et de s’arrêter. Nous allons continuer les activités de sensibilisation pour que les femmes aient accès à la bonne information. C’était aussi l’occasion pour sensibiliser les partenaires, les élus.
Certains prestataires ignorent les enjeux de la contraception. Ils renvoient systématiquement des femmes et des jeunes filles qui viennent s’informer ou demander des méthodes contraceptives ? Qu’est-ce qui est prévu dans le cadre de la relance de la Planification familiale ?
Pour les adolescents, nous sommes en train de sensibiliser les prestataires pour qu’ils adoptent moins la position parentale. Malheureusement, elles se considèrent comme leurs parents. Pour cette raison, nous sommes en train de les former de sorte qu’elles ouvrent plus leurs portes aux adolescentes. Nous avons besoin de renforcer les capacités des prestataires. Concernant les femmes, seuls 30 % des Sénégalaises adoptent la méthode injectable qui ne dure que 3 mois. Maintenant, nous sommes en train de promouvoir les méthodes longues durées qui peuvent aller jusqu’à 10 ans. Les femmes les préfèrent parce que c’est plus discret. Cependant, les prestataires ne maîtrisent pas cette méthode. C’est pourquoi, nous voulons renforcer leurs capacités dans ce domaine. En plus de la formation, il y aura les équipements d’insertion et de retrait. Et d’ici 2010, nous comptons couvrir le pays avec l’aide des partenaires.
Qu’en est-il pour les religieux quand on sait que la religion constitue un obstacle à la Planification familiale ?
Au Sénégal, un fort mouvement religieux accompagne la Planification familiale. Ils sont nos partenaires. Il s’agit maintenant d’atteindre les chefs religieux. Car, il est important qu’un chef religieux prenne la parole et parle de la Planification familiale. Malheureusement, on n’a pas encore trouvé les bons mécanismes. Il faut leur donner de bons arguments qui entrent dans le cadre de la santé de la mère et de l’enfant. Je suis sûr que si on le fait, on aura leur soutien.
Propos recueillis à Kampala par Maïmouna GUEYE
Le Soleil
La prévalence contraceptive est encore faible au Sénégal, que faire pour inverser la tendance ?
La prévalence contraceptive estimée à 10.8% au Sénégal pose problème. Il faut arriver à une croissance de la population qui permette la régénération. Il faut aussi arriver à un Indice synthétique de fécondité de 2.5 enfants par femme. Nous en sommes actuellement à 6.5 enfants par femme. Beaucoup d’efforts sont en train d’être faits pour y arriver avec l’appui de l’Etat dans le cadre du repositionnement de la Planification familiale. Juste préciser qu’il ne s’agit pas pour nous de freiner la démographie, mais simplement d’inciter à l’espacement des naissances pour qu’on puisse donner des emplois aux jeunes. Dans le cadre du repositionnement de la Planification familiale, nous mettons l’accent sur la communauté avec le leadership des femmes. Nous mettons aussi l’accent sur les adolescents. Car, il nous faut travailler du côté des jeunes et des adolescents, si nous voulons des actions pérennes. Seulement, la question fondamentale qu’on se pose est de savoir si le retour de la Pf est un retour sur un cycle, alors qu’on ne fait rien ? Mais, il faut reconnaître que la Planification familiale est confrontée à un problème de ressources financières, alors que nous sommes dans des pays pauvres avec des ressources maigres à partager à divers secteurs. Au Sénégal, 35% de la population ont moins de 15 ans. C’est pourquoi, les ressources que nous avons ne suffisent pas. Pourtant, c’est un devoir pour les Etats de mettre davantage de ressources pour pérenniser les actions au cas où les bailleurs se retireraient. Car, nous ne pouvons pas mobiliser seuls les ressources. Il existe différents programmes, mais les partenaires ont préféré se retirer pour la tuberculose, le paludisme et le Sida qui sont des situations douloureuses. L’essentiel des ressources est dirigé vers ces programmes. Heureusement qu’il y a eu des engagements de part et d’autre. Il y a, par exemple, l’administration Obama, l’Angleterre qui se sont engagés à faire plus pour la Santé de la reproduction. Nous pensons également que la Conférence internationale sur la Planification familiale (15-18 novembre 2009) à laquelle nous venons de prendre part à Kampala en Ouganda est un bon prétexte pour relancer la Pf. Nous devons profiter au mieux de cette opportunité et nous espérons qu’elle va se traduire par un soutien plus accru de la part des partenaires. Donc, c’est vraiment important pour le futur.
Mais, pour les activités organisées dans le cadre de la relance de la Pf, il y a plus de folklore et les femmes interrogées ne savent même pas pourquoi elles sont là. Ne pensez-vous pas que vous devez changer de stratégie ?
C’est important ! Je ne sais pas pourquoi elles n’ont pas été informées, car l’objectif d’une telle journée est de sensibiliser le maximum de gens. C’est l’occasion aussi pour les décideurs de s’engager. Plus de 5 ministres dont 2 ministres d’Etat avaient fait le déplacement lors de la journée du 9 juillet dédiée à la Planification familiale pour montrer l’engagement du gouvernement du Sénégal. Ceci doit être le point de démarrage d’une série d’activités qui ne seront pas interrompues. Pour nous, il n’est pas question de faire une journée et de s’arrêter. Nous allons continuer les activités de sensibilisation pour que les femmes aient accès à la bonne information. C’était aussi l’occasion pour sensibiliser les partenaires, les élus.
Certains prestataires ignorent les enjeux de la contraception. Ils renvoient systématiquement des femmes et des jeunes filles qui viennent s’informer ou demander des méthodes contraceptives ? Qu’est-ce qui est prévu dans le cadre de la relance de la Planification familiale ?
Pour les adolescents, nous sommes en train de sensibiliser les prestataires pour qu’ils adoptent moins la position parentale. Malheureusement, elles se considèrent comme leurs parents. Pour cette raison, nous sommes en train de les former de sorte qu’elles ouvrent plus leurs portes aux adolescentes. Nous avons besoin de renforcer les capacités des prestataires. Concernant les femmes, seuls 30 % des Sénégalaises adoptent la méthode injectable qui ne dure que 3 mois. Maintenant, nous sommes en train de promouvoir les méthodes longues durées qui peuvent aller jusqu’à 10 ans. Les femmes les préfèrent parce que c’est plus discret. Cependant, les prestataires ne maîtrisent pas cette méthode. C’est pourquoi, nous voulons renforcer leurs capacités dans ce domaine. En plus de la formation, il y aura les équipements d’insertion et de retrait. Et d’ici 2010, nous comptons couvrir le pays avec l’aide des partenaires.
Qu’en est-il pour les religieux quand on sait que la religion constitue un obstacle à la Planification familiale ?
Au Sénégal, un fort mouvement religieux accompagne la Planification familiale. Ils sont nos partenaires. Il s’agit maintenant d’atteindre les chefs religieux. Car, il est important qu’un chef religieux prenne la parole et parle de la Planification familiale. Malheureusement, on n’a pas encore trouvé les bons mécanismes. Il faut leur donner de bons arguments qui entrent dans le cadre de la santé de la mère et de l’enfant. Je suis sûr que si on le fait, on aura leur soutien.
Propos recueillis à Kampala par Maïmouna GUEYE
Le Soleil