Le lundi 10 décembre, le monde célébrait la journée mondiale des Droits de l’Homme. Que de chemin parcouru depuis 1948. Des vies sacrifiées, du sang versé, des destins perdus, des personnes ont dû braver l’interdit pour lutter contre l’humiliation, l’injustice, l’intolérance pour aboutir au respect des Droits Humains. De nombreux Etats ont ainsi appris à compter avec la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Des démocraties « exemplaires » se sont donc construites au fil du temps, tandis que dans d’autres contrées du monde, ces mêmes droits ont continué d’être bafoués.
Mais depuis 2011, le vent de la gronde sociale et politique souffle à nouveau. Le printemps arabe a changé la physionomie de plusieurs régions du monde. Parti d’une petite étincelle en Tunisie pour se transformer en une flambée portée par des millions de personnes dans divers pays. Au moment où dans le Sud on réclamait plus de droits politiques et sociaux, au Nord, on revendiquait plus de droits économiques. Dès révolutions ont eu lieu, des dictateurs renversés, des défis remportés, mais, hélas, un an après, on n’est pas sûr que les objectifs soient atteints. Des choses ont certes changé, mais la démocratie demeure une chimère. Entre la Tunisie, l’Egypte, la Lybie, la Syrie, …les populations sont dans la tourmente et l’incertitude.
Des avancées, mais…
Au Maroc, 2012 a été une année charnière en matière des Droits de l’homme, puisqu’elle succède à une année riches en mouvement sociaux. Les avancées sont notables, on ne peut pas le nier. La nouvelle Constitution est en soi une évolution indéniable, mais de nombreux signaux nous interpellent. Mais est-ce qu’on peut dire qu’un an après l’avènement de la Constitution 2011-qui pour la première fois accorde la primauté au Droit universel sur le Droit interne- l’injustice, la précarité, l’économie de rente, la discrimination, ne sont plus de mise ?
L’image de la situation des droits humains au Maroc est relativement mitigée. Des progrès certes, mais des inquiétudes persistent. Le premier constat, on est trop à la traîne par rapport aux lois organiques, sensées traduire l’esprit de la Constitution. On est face à une littérature juridique inapplicable sur le terrain. D’où le sentiment d’une sorte de frilosité vis à vis de la promotion de la culture des droits humains, sur le terrain. De nouveaux cas de torture, de mauvais traitements infligés à des prisonniers ont été relevés, en attestent les rapports onusien et du CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme). « L’État persévère dans ses tergiversations pour ne pas mettre en œuvre les recommandations de l’IER et viole de nombreux engagements qu’il a pris vis-à-vis de la communauté internationale pour la mise en application des dispositions des conventions ratifiées et de se conformer aux recommandations des comités onusiens concernés. », dit-on à l’AMDH
Concernant l’abolition de la peine de mort, on constate que le Maroc fait un pas en avant et un autre en arrière. L’article 20 de la Constitution consacre le droit à la vie. Mais depuis l’adoption de la nouvelle constitution, deux condamnations à la peine de mort ont été prononcées. Récemment, le Maroc s’est abstenu de voter en faveur de la recommandation pour le gel des exécutions dans la troisième commission de l’assemblée générale des Nations-Unies.
Sur le plan social, on ne peut pas non plus dire que les choses se sont améliorées. Le dernier rapport du CNDH sur la santé mentale fait état de conditions inhumaines dont pâtissent les patients. Dans ce même sens, des femmes dans le milieu rural continuent d’accoucher dans des conditions inadmissibles, des nouveaux-nés décèdent… Des personnes ont rendu l’âme pas plus tard que cette semaine à cause du froid à Agnefou. On relève également la recrudescence de l’exploitation sexuelle des enfants, au moment où les jugements sont trop indulgents.
Quant à la corruption, des études récentes attestent d’une augmentation durant cette année, alors qu’aucun cas récent n’a été traduit devant la justice.
Enfin, la liste est loin d’être exhaustive. C’est dire que le chemin est encore long et la bataille n’est pas encore terminée. Le combat continue.
Leila Ouazry
La tribune(maroc)
Mais depuis 2011, le vent de la gronde sociale et politique souffle à nouveau. Le printemps arabe a changé la physionomie de plusieurs régions du monde. Parti d’une petite étincelle en Tunisie pour se transformer en une flambée portée par des millions de personnes dans divers pays. Au moment où dans le Sud on réclamait plus de droits politiques et sociaux, au Nord, on revendiquait plus de droits économiques. Dès révolutions ont eu lieu, des dictateurs renversés, des défis remportés, mais, hélas, un an après, on n’est pas sûr que les objectifs soient atteints. Des choses ont certes changé, mais la démocratie demeure une chimère. Entre la Tunisie, l’Egypte, la Lybie, la Syrie, …les populations sont dans la tourmente et l’incertitude.
Des avancées, mais…
Au Maroc, 2012 a été une année charnière en matière des Droits de l’homme, puisqu’elle succède à une année riches en mouvement sociaux. Les avancées sont notables, on ne peut pas le nier. La nouvelle Constitution est en soi une évolution indéniable, mais de nombreux signaux nous interpellent. Mais est-ce qu’on peut dire qu’un an après l’avènement de la Constitution 2011-qui pour la première fois accorde la primauté au Droit universel sur le Droit interne- l’injustice, la précarité, l’économie de rente, la discrimination, ne sont plus de mise ?
L’image de la situation des droits humains au Maroc est relativement mitigée. Des progrès certes, mais des inquiétudes persistent. Le premier constat, on est trop à la traîne par rapport aux lois organiques, sensées traduire l’esprit de la Constitution. On est face à une littérature juridique inapplicable sur le terrain. D’où le sentiment d’une sorte de frilosité vis à vis de la promotion de la culture des droits humains, sur le terrain. De nouveaux cas de torture, de mauvais traitements infligés à des prisonniers ont été relevés, en attestent les rapports onusien et du CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme). « L’État persévère dans ses tergiversations pour ne pas mettre en œuvre les recommandations de l’IER et viole de nombreux engagements qu’il a pris vis-à-vis de la communauté internationale pour la mise en application des dispositions des conventions ratifiées et de se conformer aux recommandations des comités onusiens concernés. », dit-on à l’AMDH
Concernant l’abolition de la peine de mort, on constate que le Maroc fait un pas en avant et un autre en arrière. L’article 20 de la Constitution consacre le droit à la vie. Mais depuis l’adoption de la nouvelle constitution, deux condamnations à la peine de mort ont été prononcées. Récemment, le Maroc s’est abstenu de voter en faveur de la recommandation pour le gel des exécutions dans la troisième commission de l’assemblée générale des Nations-Unies.
Sur le plan social, on ne peut pas non plus dire que les choses se sont améliorées. Le dernier rapport du CNDH sur la santé mentale fait état de conditions inhumaines dont pâtissent les patients. Dans ce même sens, des femmes dans le milieu rural continuent d’accoucher dans des conditions inadmissibles, des nouveaux-nés décèdent… Des personnes ont rendu l’âme pas plus tard que cette semaine à cause du froid à Agnefou. On relève également la recrudescence de l’exploitation sexuelle des enfants, au moment où les jugements sont trop indulgents.
Quant à la corruption, des études récentes attestent d’une augmentation durant cette année, alors qu’aucun cas récent n’a été traduit devant la justice.
Enfin, la liste est loin d’être exhaustive. C’est dire que le chemin est encore long et la bataille n’est pas encore terminée. Le combat continue.
Leila Ouazry
La tribune(maroc)