EXPRESS - … Djibril Ndiaye Diop, directeur de la Planification et de la Réforme de l’Education



«Les résultats n’ont pas été à la mesure de nos attentes»

Le Programme décennal de l’Education et la Formation (Pdef) entame sa troisième phase en 2009 pour une durée de trois ans. Le directeur de la Planification et de la Réforme de l’Education, Djibril Ndiaye Diop, malgré les progrès notés, reconnaît que la deuxième phase du Pdef n’a pas répondu aux attentes.
Propos recueillis par Hamath KANE

Que retenir de l’atelier-bilan de la deuxième phase du Pdef ?
Il s’agit d’un atelier de partage des résultats de l’évaluation de la phase 2 du Programme décennal de l’Education et de la Formation, mais aussi, du cadrage pour la programmation de la phase 3 de ce programme. Depuis six mois, on était dans ce processus. Aujourd’hui, il s’agit, pour le gouvernement, de partager avec des partenaires techniques et financiers, mais aussi avec des partenaires sociaux, comme les syndicats, les résultats de ce processus de bilan programmation. Donc, c’est un atelier de pré-validation qui prépare à la revue prochaine du Pdef.
Vous avez eu à évaluer la phase 2. Quels en sont les résultats ?
Il y a eu pour tous les niveaux, dans le formel et dans l’informel, du préscolaire à l’université, de bons résultats. Tout le monde s’accorde à dire que l’accès à l’Education a été élargi de façon très satisfaisante. Nos objectifs d’accès ont été atteints, les capacités d’accueil du système ont été renforcées, les effectifs ont évolué partout, le nombre de classes aussi, comme les taux bruts de scolarité. Nous avons également fait beaucoup de progrès dans l’équité, la parité fille/garçon à tous les niveaux, surtout celui du primaire où, aujourd’hui, il y a plus de filles que de garçons. Donc, sur ce plan-là, en matière d’accès et d’équité, le programme a des résultats très satisfaisants.
Mais toujours est-il qu’il y a un fossé entre l’accès et la qualité
Pour la qualité, par contre, les résultats sont un peu mitigés. Vous savez, il y a eu beaucoup d’intrants qui ont été mobilisés dans le cadre de la phase 2 en termes de formation des enseignants, de manuels, d’innovation pédagogique initiée aussi bien au niveau central qu’au niveau déconcentré. Donc, on peut s’attendre à ce que tous ces investissements, dans la phase 2 et dans le domaine de la qualité, se manifestent davantage. Mais, il faut reconnaître que les taux de redoublement ont baissé ; les taux de réussite aux examens ont progressé. Maintenant, les résultats n’ont pas été à la mesure des attentes.
Et, qu’est-ce qui l’expliquerait ?
Non, c’est ce que je vous ai expliqué tout à l’heure. Je pense que ce sont les impacts des investissements en matière de qualité… parce que ce sont des manuels à mettre en place, des enseignants à former, des processus et des procédures pédagogiques à inculquer et à installer. Il faut les voir dans la durée et les impacts de ces investissements se manifestent avec un peu plus de différé.
Des acteurs de l’Education affirment que c’est aussi dû à la faible contribution des bailleurs de fonds. Partagez-vous cet avis ?
Non, je pense que nous n’avons pas de problèmes de ressources, franchement. L’Etat du Sénégal injecte 40% de son budget de fonctionnement dans le système. C’est le premier bailleur du Pdef à plus de 70%. Ce qu’on a dit, c’est que la contribution des bailleurs a baissé par rapport à la première phase.
A combien s’élève-t-elle aujourd’hui, cette part des bailleurs ?
(Il hésite) Je ne peux pas vous le donner… mais, elle s’élève à 18% normalement.
N’est-ce pas paradoxal que l’Etat injecte 40% de son budget dans l’éducation et qu’à terme, les résultats escomptés ne soient pas atteints.
Non, je pense que là où le système doit encore travailler, c’est notre capacité à mobiliser ces ressources en termes de décaissements, mais surtout, à les transformer en résultats. Ça pose le problème de l’efficacité et de l’efficience de l’utilisation des dépenses publiques ; je crois que la troisième phase va être placée encore sous le sceau de la qualité, mais surtout, sous le sceau de l’amélioration de l’efficience des dépenses publiques. C’est un problème de ciblage et non un problème de ressources. Il faut que nous renforcions notre capacité à mobiliser ces ressources qui existent. Les ressources sont là, mais surtout en les transformant en résultats pour, justement, booster les indicateurs.

Sud Quotidien

Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte
Education-Formation


Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 8
Inscrivez-vous.entrez votre email pour garder le contact car nous avons besoin de vos avis et suggestions.merci d'avance