Cinq cent jeunes ont été formés en 2013 dans les régions pour occuper des emplois bien identifiés. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Sanoussi Diakité, directeur de l’Office national de la formation professionnelle (Onfp), souligne que ce processus, qui vise à créer une adéquation entre la formation et l’emploi, va continuer.
Le président de la République a pris la décision de fusionner les agences chargées de l’emploi des jeunes. En tant qu’acteur de la formation, quelle appréciation faites-vous de cette mesure ?
Le chef de l’Etat a effectivement annoncé la fusion des agences chargées de l’emploi des jeunes, mais dans un souci de rationalisation. On ne peut que saluer cette décision, puisqu’elle correspond à sa vision de bonne gouvernance. Il est mieux placé que quiconque pour déterminer les instruments institutionnels qui sont à même de l’appuyer pour la politique qu’il a mise en œuvre pour le développement du Sénégal. C’est un choix qui appartient au président de la République. Et nous, en tant qu’acteurs qui l’accompagnent dans ses ambitions, nous traduirons cela sur le terrain.
De nombreux jeunes ont eu à bénéficier de financements, mais cela n’a pas eu les effets escomptés. Comment expliquez-vous cela ?
Je ne suis pas à un niveau qui me permet d’avoir tous les éléments. Mais je peux dire, selon les rapports qui ont été produits, que le taux de remboursement des prêts était très faible. Et cela ne permettait pas un renouvellement continu des actions de ces agences. Il est clair que le financement est un paramètre d’insertion, mais ce n’est pas le seul. Avant le financement, on doit parler d’autres choses aussi importantes. Dans une logique d’auto-entreprenariat, on considère qu’il y a quatre paramètres à prendre en compte. La première, c’est la compétence technique dans l’activité : on veut faire de la boulangerie, il faut être boulanger ; on veut faire de l’agriculture, il faut être spécialisé dans l’agriculture. La deuxième chose est l’accès à la technologie. Ce volet est un élément important en insertion auto-emploi réussie. Il y a aussi le service non financier qui permet d’avoir les appuis techniques nécessaires. Le financement est également un volet important, mais il accompagne quelqu’un qui est compétent dans l’activité qu’il veut développer. Sans compétence dans l’activité, on ne peut pas faire de l’auto-emploi.
Vous avez initié un Programme de formation des jeunes des régions pour que ceux-ci soient employés par les entreprises qui exercent dans leurs localités. Pourquoi un tel choix ?
Le président de la République porte une attention particulière à l’insertion professionnelle des jeunes dans leurs propres localités. Les grands chantiers de l’Etat se développent à travers le pays. Ils vont entraîner une création massive d’emplois. Mais, il se trouve qu’en général, la main d’œuvre locale n’est pas qualifiée pour occuper les emplois. C’est la raison pour laquelle nous avons initié les programmes à côté des grands chantiers afin de favoriser l’insertion de la main d’œuvre locale. Nous donnons aux jeunes des zones ciblées une qualification qui correspond aux besoins des chantiers. Nous avons fait cela avec la construction de la route nationale n°6 et du pont de Kolda. Nous avons organisé une session de formation pour les jeunes demandeurs d’emplois de la région dans les métiers du coffrage, du bétonnage, de la conduite d’engins, de la topographie, etc. L’objectif est de permettre aux jeunes de prétendre aux emplois demandés par les entreprises. Nous avons fait la même chose à Diogo où une grande entreprise exploite le zircon. C’est un investissement de plus de 300 milliards de FCfa.
Cette entreprise a souhaité, dans le cadre de son programme social, favoriser la main d’œuvre locale. Généralement, les gens rouspètent quand ils ne sont pas recrutés, mais ils n’ont pas de qualification. Qualifier les jeunes, c’est régler les tensions sociales. L’emploi est souvent là, mais on recrute les gens dans les emplois de base qui ne demandent pas une qualification. Ces emplois ne sont pas valorisants. Quand on voit des emplois qui ne sont pas valorisés, on dit voilà : on veut favoriser la main d’œuvre locale. Et celle-ci ne peut pas être utilisée quand elle n’est pas qualifiée.
Combien de jeunes ont bénéficié de ces programmes ?
Au total, plus de 500 jeunes ont été formés pour ces différents types de chantiers pour l’année 2013. Et cela va continuer. On ne garantit pas que tout le monde sera recruté, mais les bénéficiaires ont été formés par rapport à des emplois bien identifiés. On a créé une adéquation entre la formation et l’emploi de manière effective.
Cette stratégie va-t-elle accompagner la mise en œuvre de pôles de développement à travers l’acte III de la décentralisation ?
C’est évident. Il est clair que les pôles à créer dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation seront des entités économiques. Leur émergence va demander des ressources humaines qualifiées. Il fallait être à l’écoute des objectifs pour répondre aux besoins, du point de vue des investissements. A titre d’exemple, nous avons entamé des discussions avec l’entreprise chargée d’exploiter les phosphates de Ndendori pour favoriser la main d’œuvre de Matam dans les métiers techniques. C’est la même chose que nous avons commencé à Foundiougne avec la construction du port. Il y a autant de programmes qui ont été mis en œuvre, et nous serons présents pour les accompagner.
Beaucoup de jeunes demandeurs d’emplois ne sont pas formés. Est-ce un défi pour vous ?
C’est un défi pour nous. La précarité de l’emploi et la faiblesse de la productivité sont dues au manque de qualification. Si les gens sont qualifiés, ils peuvent mieux entreprendre. On oublie que le marché du travail est essentiellement caractérisé par l’auto-emploi. Dans 85 % des cas, les gens sont insérés par auto-emploi. L’emploi formel ne représente que 15 %. Il faut mettre fin à la précarité de l’auto-emploi qu’il faut valoriser. Beaucoup de pays se sont développés en mettant l’accès sur l’auto-emploi. Beaucoup de projets et de programmes seront réalisés par l’Etat. Et ici aussi, nous serons présents pour les accompagner.
Quelle place les femmes occupent-elles dans votre stratégie ?
Les femmes sont présentes dans nos activités. Nous accompagnons le fonds « Crédit femme » du ministère de la Famille. Les statistiques pour 2013 confirment cela. Plus de 66 % des formations sont destinées aux femmes. Nous faisons des formations dans les secteurs essentiellement investis par ces dernières : la teinture, la transformation des fruits et légumes, etc.
Vous aviez lancé un appel pour la création d’une usine de transformation du fonio à Kolda. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Le projet est toujours d’actualité, même si le financement n’est pas encore en place. Mais on ne désespère pas, parce que c’est un programme qui aura un impact à long terme. Il faut environ 230 millions de FCfa pour l’installer. En attendant de pouvoir réunir le financement, les machines continuent à être fabriquées au lycée Delafosse. Ils sont nombreux les partenaires qui se sont intéressés pour accompagner la mise en place de cette usine. Le financement répond à une démarche d’hommes d’affaires. Il faut le leur laisser. Je cherche à faire en sorte que des hommes d’affaires puissent s’intéresser au projet. J’ai offert le cadre et l’outil, mais je ne suis pas forcément celui qui doit gérer cette usine.
Vous avez reçu une distinction après la mise en œuvre de cette machine. Quelle sera votre prochaine étape ?
Je viens d’introduire une innovation sur le fauchage du fonio. C’est une nouvelle trouvaille. La machine à décortiquer le fonio est une invention, mais la machine à faucher le fonio est une innovation. Les gens récoltaient le fonio toujours à la faucille. Il y a un équipement que j’ai pu adapter au fauchage. Cela a montré des résultats satisfaisants. D’autres recherches attendent. Il y a le four pour lutter contre l’utilisation du mercure dans les zones aurifères. Et celui-ci a un coût.
Propos recueillis par Babacar DIONE
http://www.lesoleil.sn/
Le président de la République a pris la décision de fusionner les agences chargées de l’emploi des jeunes. En tant qu’acteur de la formation, quelle appréciation faites-vous de cette mesure ?
Le chef de l’Etat a effectivement annoncé la fusion des agences chargées de l’emploi des jeunes, mais dans un souci de rationalisation. On ne peut que saluer cette décision, puisqu’elle correspond à sa vision de bonne gouvernance. Il est mieux placé que quiconque pour déterminer les instruments institutionnels qui sont à même de l’appuyer pour la politique qu’il a mise en œuvre pour le développement du Sénégal. C’est un choix qui appartient au président de la République. Et nous, en tant qu’acteurs qui l’accompagnent dans ses ambitions, nous traduirons cela sur le terrain.
De nombreux jeunes ont eu à bénéficier de financements, mais cela n’a pas eu les effets escomptés. Comment expliquez-vous cela ?
Je ne suis pas à un niveau qui me permet d’avoir tous les éléments. Mais je peux dire, selon les rapports qui ont été produits, que le taux de remboursement des prêts était très faible. Et cela ne permettait pas un renouvellement continu des actions de ces agences. Il est clair que le financement est un paramètre d’insertion, mais ce n’est pas le seul. Avant le financement, on doit parler d’autres choses aussi importantes. Dans une logique d’auto-entreprenariat, on considère qu’il y a quatre paramètres à prendre en compte. La première, c’est la compétence technique dans l’activité : on veut faire de la boulangerie, il faut être boulanger ; on veut faire de l’agriculture, il faut être spécialisé dans l’agriculture. La deuxième chose est l’accès à la technologie. Ce volet est un élément important en insertion auto-emploi réussie. Il y a aussi le service non financier qui permet d’avoir les appuis techniques nécessaires. Le financement est également un volet important, mais il accompagne quelqu’un qui est compétent dans l’activité qu’il veut développer. Sans compétence dans l’activité, on ne peut pas faire de l’auto-emploi.
Vous avez initié un Programme de formation des jeunes des régions pour que ceux-ci soient employés par les entreprises qui exercent dans leurs localités. Pourquoi un tel choix ?
Le président de la République porte une attention particulière à l’insertion professionnelle des jeunes dans leurs propres localités. Les grands chantiers de l’Etat se développent à travers le pays. Ils vont entraîner une création massive d’emplois. Mais, il se trouve qu’en général, la main d’œuvre locale n’est pas qualifiée pour occuper les emplois. C’est la raison pour laquelle nous avons initié les programmes à côté des grands chantiers afin de favoriser l’insertion de la main d’œuvre locale. Nous donnons aux jeunes des zones ciblées une qualification qui correspond aux besoins des chantiers. Nous avons fait cela avec la construction de la route nationale n°6 et du pont de Kolda. Nous avons organisé une session de formation pour les jeunes demandeurs d’emplois de la région dans les métiers du coffrage, du bétonnage, de la conduite d’engins, de la topographie, etc. L’objectif est de permettre aux jeunes de prétendre aux emplois demandés par les entreprises. Nous avons fait la même chose à Diogo où une grande entreprise exploite le zircon. C’est un investissement de plus de 300 milliards de FCfa.
Cette entreprise a souhaité, dans le cadre de son programme social, favoriser la main d’œuvre locale. Généralement, les gens rouspètent quand ils ne sont pas recrutés, mais ils n’ont pas de qualification. Qualifier les jeunes, c’est régler les tensions sociales. L’emploi est souvent là, mais on recrute les gens dans les emplois de base qui ne demandent pas une qualification. Ces emplois ne sont pas valorisants. Quand on voit des emplois qui ne sont pas valorisés, on dit voilà : on veut favoriser la main d’œuvre locale. Et celle-ci ne peut pas être utilisée quand elle n’est pas qualifiée.
Combien de jeunes ont bénéficié de ces programmes ?
Au total, plus de 500 jeunes ont été formés pour ces différents types de chantiers pour l’année 2013. Et cela va continuer. On ne garantit pas que tout le monde sera recruté, mais les bénéficiaires ont été formés par rapport à des emplois bien identifiés. On a créé une adéquation entre la formation et l’emploi de manière effective.
Cette stratégie va-t-elle accompagner la mise en œuvre de pôles de développement à travers l’acte III de la décentralisation ?
C’est évident. Il est clair que les pôles à créer dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation seront des entités économiques. Leur émergence va demander des ressources humaines qualifiées. Il fallait être à l’écoute des objectifs pour répondre aux besoins, du point de vue des investissements. A titre d’exemple, nous avons entamé des discussions avec l’entreprise chargée d’exploiter les phosphates de Ndendori pour favoriser la main d’œuvre de Matam dans les métiers techniques. C’est la même chose que nous avons commencé à Foundiougne avec la construction du port. Il y a autant de programmes qui ont été mis en œuvre, et nous serons présents pour les accompagner.
Beaucoup de jeunes demandeurs d’emplois ne sont pas formés. Est-ce un défi pour vous ?
C’est un défi pour nous. La précarité de l’emploi et la faiblesse de la productivité sont dues au manque de qualification. Si les gens sont qualifiés, ils peuvent mieux entreprendre. On oublie que le marché du travail est essentiellement caractérisé par l’auto-emploi. Dans 85 % des cas, les gens sont insérés par auto-emploi. L’emploi formel ne représente que 15 %. Il faut mettre fin à la précarité de l’auto-emploi qu’il faut valoriser. Beaucoup de pays se sont développés en mettant l’accès sur l’auto-emploi. Beaucoup de projets et de programmes seront réalisés par l’Etat. Et ici aussi, nous serons présents pour les accompagner.
Quelle place les femmes occupent-elles dans votre stratégie ?
Les femmes sont présentes dans nos activités. Nous accompagnons le fonds « Crédit femme » du ministère de la Famille. Les statistiques pour 2013 confirment cela. Plus de 66 % des formations sont destinées aux femmes. Nous faisons des formations dans les secteurs essentiellement investis par ces dernières : la teinture, la transformation des fruits et légumes, etc.
Vous aviez lancé un appel pour la création d’une usine de transformation du fonio à Kolda. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Le projet est toujours d’actualité, même si le financement n’est pas encore en place. Mais on ne désespère pas, parce que c’est un programme qui aura un impact à long terme. Il faut environ 230 millions de FCfa pour l’installer. En attendant de pouvoir réunir le financement, les machines continuent à être fabriquées au lycée Delafosse. Ils sont nombreux les partenaires qui se sont intéressés pour accompagner la mise en place de cette usine. Le financement répond à une démarche d’hommes d’affaires. Il faut le leur laisser. Je cherche à faire en sorte que des hommes d’affaires puissent s’intéresser au projet. J’ai offert le cadre et l’outil, mais je ne suis pas forcément celui qui doit gérer cette usine.
Vous avez reçu une distinction après la mise en œuvre de cette machine. Quelle sera votre prochaine étape ?
Je viens d’introduire une innovation sur le fauchage du fonio. C’est une nouvelle trouvaille. La machine à décortiquer le fonio est une invention, mais la machine à faucher le fonio est une innovation. Les gens récoltaient le fonio toujours à la faucille. Il y a un équipement que j’ai pu adapter au fauchage. Cela a montré des résultats satisfaisants. D’autres recherches attendent. Il y a le four pour lutter contre l’utilisation du mercure dans les zones aurifères. Et celui-ci a un coût.
Propos recueillis par Babacar DIONE
http://www.lesoleil.sn/