Microfinance : L’Education financière pour sortir du cercle vicieux du surendettement



Eviter les pièges de la dette, savoir bien budgétiser, élaborer des stratégies d’épargne, voilà, entre autres, des outils que les populations doivent comprendre à travers l’éducation financière. L’idée étant de leur permettre de mieux profiter des opportunités qu’offrent les institutions de microfinance.

Pour s’être fixée, entre autres objectifs, de briser les chaînes de la pauvreté dans les pays du sud, la microfinance bute encore sur une réelle méconnaissance de sa cible des enjeux du crédit, de l’épargne et de la budgétisation nécessaires pour en tirer le meilleur profit. Car, même si elle a beaucoup permis aux exclus du système financier classique d’avoir accès au crédit, elle constitue pour certaines populations un cercle vicieux en ce sens qu’elle les plonge parfois dans un grave surendettement. Pour pallier à cela, l’éducation financière reste l’alternative. Et c’est dans ce cadre que la direction de la Microfinance du ministère de l’Economie et des Finances veut vulgariser l’éducation financière afin de permettre aux populations de mieux connaître les services de crédit et de planifier leur épargne ou emprunt.

Ces techniques, exposées à la presse économique le week-end dernier à Saly dans le cadre d’un atelier de sensibilisation, vont permettre aux clients des institutions de microfinance de mieux s’organiser. Ils pourront ainsi élaborer des budgets, s’efforcer d’épargner, et emprunter de manière sage, en disposant de capacités de négociations avec les institutions mais également en ayant les capacités de faire du shopping. C’est-à-dire de comparer les meilleurs offres en termes de services financiers. ‘L’éducation financière est particulièrement important pour les clients des institutions de microfinance qui ont des relations très difficiles avec l’argent. Cette catégorie de population a déjà des revenus insuffisants. Donc, l’éducation financière va permettre de développer chez elles des aptitudes à mieux gérer leur argent’, déclare Mbagnick Guèye, consultant en micro finance.

Pour ce dernier, il est temps de se tourner vers la clientèle de la microfinance pour la former afin de rationnaliser ses rapports avec les institutions de crédit. Car, dit-il, au Sénégal les populations vivent sous une forte pression sociale avec la solidarité. ‘Cela fait qu’il est difficile de garder de l’argent, mais je pense qu’épargner est faisable. Parce qu’il y a des gens qui gagnent peu et qui arrivent à élaborer des plans d’épargne pour réaliser leur projets. C’est nécessaire, parce que si on épargne on est plus à l’abri du surendettement. Il faut vivre avec ses moyens. C’est trop facile de dire qu’on a des revenus insuffisants’, pense-t-il.

Même si le Sénégal ne dispose pas encore de stratégie nationale pour cette discipline, qui a fait son apparition sur le continent en 2010, Waly Clément Faye, responsable du suivi-évaluation de la politique nationale de la microfinance, soutient qu’elle est l’un des axes forts de la stratégie nationale de développement de la microfinance. ‘On a pendant longtemps mis l’accent sur l’appui à l’offre de service financier, à la professionnalisation des institutions de microfinance, le développement de nouveaux produits. Ce qui nous a permis de construire un secteur de la microfinance fort et dynamique avec une couverture nationale assez poussée qui couvre 12 % de la population avec un encourt de crédit de 170 milliards de francs Cfa. Mais il fallait qu’on rééquilibre les choses en se tournant vers la clientèle des institutions de microfinance’, explique Faye.

Il annonce qu’avec la coopération allemande, la direction de la Microfinance est en train de travailler sur un programme d’éducation financière au profit des clients des institutions de microfinance mais également du grand public. ‘Nous ne disposons pas encore d’un programme d’éducation financière. Et c’est là un défi qui nous est lancé d’élaborer une stratégie nationale d’éducation financière qui serait un document cadre sur lequel tous les partenaires intéressés pourront nous appuyer. Parce que le risque de surendettement des clients est réel au Sénégal et nous devons prendre les dispositions pour le circonscrire à son strict minimum’, note-t-il.

Seyni DIOP
Wal Fadjri

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