Alors qu’elle avait tous les atouts de son côté assurer des produits compétitifs, l’agriculture sénégalaise est aujourd’hui plombée par les choix des pouvoirs publics.
L’agriculture sénégalaise est victime d’une succession de ruptures politiques et économiques. C’est la conclusion d’une étude du Centre national de coopération au développement (Cncd). Une organisation non gouvernementale belge basée à Liège. Au niveau politique, le rapport révèle qu’on a assisté à l’estompement du lien social qui existait entre les élites gouvernementales, désormais majoritairement issues du milieu urbain et dotées de formations universitaires délivrées en Europe ou aux Etats-unis, et le monde paysan, qui vit essentiellement en milieu rural. Les paysans ont progressivement perdu le soutien historique des mourides. Ils sont représentés par des communautés majoritairement urbaines.
Au niveau économique, on soutient que l’agriculture sénégalaise a dû faire face à des flux croissants d’importations agricoles et alimentaires à bas prix (riz, poulet, oignon, blé, bœuf) dont dépendent des groupes d’intérêt de plus en plus puissants. Il résulte de ces différentes ruptures que le monde paysan a été de plus en plus laissé à lui-même. Pourtant, les paysans se sont, depuis de nombreuses années, adaptés tant bien que mal à la dégradation de la filière de l’arachide, à la politique de libéralisation et au problème de la sécheresse, en adoptant des variétés de cultures à cycle court et en diversifiant leur production (mil, bissap, niébé, pastèque, élevage de petits ruminants, entre autres).
Mais ces stratégies n’ont guère été soutenues ; et les exploitations agricoles, dont le nombre a sensiblement augmenté, sont souvent trop petites pour être viables (moins d’un hectare par actif en moyenne). Par conséquent, les revenus agricoles ont diminué dans la majorité des filières. Seule la filière horticole faisant exception.Ce qui a eu pour effet d’enraciner l’extrême pauvreté et la malnutrition en milieu rural.
L’accès aux ressources est un problème généralisé pour les agriculteurs : accès à l’eau (les paysans sénégalais ne peuvent compter que sur les eaux de pluie alors qu’un potentiel existe avec le fleuve Sénégal), accès à la terre (l’augmentation du nombre d’agriculteurs pèse sur des terres non-extensibles et qui s’appauvrissent), accès aux engrais (ils sont importés d’Europe alors que la matière première est quasi intégralement présente sur place) et l’accès aux revenus. Il en résulte un cercle pervers par lequel la pauvreté crée la malnutrition, qui à son tour affecte la force de travail et accentue la pauvreté.
L’agriculture sénégalaise se développant en zones semi-arides, la production agricole ne couvre qu’une partie de l’année. Ce qui incite les paysans à développer des activités non agricoles en milieu urbain (manœuvres, porteurs, etc.). Mais la diminution des revenus implique que ces activités non agricoles, qui dans les années 1960 concernaient surtout les jeunes durant moins de la moitié de l’année, se généralisent. Elles deviennent progressivement plus importantes que les activités agricoles, elles-mêmes, (qui) ne couvrent souvent plus que trois mois sur l’année. Non seulement cela dérègle la production et les techniques culturales, mais surtout cela accentue l’exode rural, à un tel point que l’on prévoit que la population urbaine dépassera en 2015 la population rurale.
Ce phénomène est explosif : creusant progressivement la tombe de l’agriculture familiale, donc de l’emploi et de la production alimentaire rurale. Et sous ce rapport, il ne permettra pas de satisfaire les besoins alimentaires des villes. Il va ainsi contraindre le pays à augmenter ses importations alimentaires. Cela va immanquablement accentuer le problème du déficit commercial, d’ores et déjà devenu structurel du fait de l’augmentation continue des importations agricoles ; en plus de peser sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Avec les prix élevés actuels, la population est prise au piège de la dépendance alimentaire envers l’extérieur.
Ibrahima DIAW
Wal Fadjri
L’agriculture sénégalaise est victime d’une succession de ruptures politiques et économiques. C’est la conclusion d’une étude du Centre national de coopération au développement (Cncd). Une organisation non gouvernementale belge basée à Liège. Au niveau politique, le rapport révèle qu’on a assisté à l’estompement du lien social qui existait entre les élites gouvernementales, désormais majoritairement issues du milieu urbain et dotées de formations universitaires délivrées en Europe ou aux Etats-unis, et le monde paysan, qui vit essentiellement en milieu rural. Les paysans ont progressivement perdu le soutien historique des mourides. Ils sont représentés par des communautés majoritairement urbaines.
Au niveau économique, on soutient que l’agriculture sénégalaise a dû faire face à des flux croissants d’importations agricoles et alimentaires à bas prix (riz, poulet, oignon, blé, bœuf) dont dépendent des groupes d’intérêt de plus en plus puissants. Il résulte de ces différentes ruptures que le monde paysan a été de plus en plus laissé à lui-même. Pourtant, les paysans se sont, depuis de nombreuses années, adaptés tant bien que mal à la dégradation de la filière de l’arachide, à la politique de libéralisation et au problème de la sécheresse, en adoptant des variétés de cultures à cycle court et en diversifiant leur production (mil, bissap, niébé, pastèque, élevage de petits ruminants, entre autres).
Mais ces stratégies n’ont guère été soutenues ; et les exploitations agricoles, dont le nombre a sensiblement augmenté, sont souvent trop petites pour être viables (moins d’un hectare par actif en moyenne). Par conséquent, les revenus agricoles ont diminué dans la majorité des filières. Seule la filière horticole faisant exception.Ce qui a eu pour effet d’enraciner l’extrême pauvreté et la malnutrition en milieu rural.
L’accès aux ressources est un problème généralisé pour les agriculteurs : accès à l’eau (les paysans sénégalais ne peuvent compter que sur les eaux de pluie alors qu’un potentiel existe avec le fleuve Sénégal), accès à la terre (l’augmentation du nombre d’agriculteurs pèse sur des terres non-extensibles et qui s’appauvrissent), accès aux engrais (ils sont importés d’Europe alors que la matière première est quasi intégralement présente sur place) et l’accès aux revenus. Il en résulte un cercle pervers par lequel la pauvreté crée la malnutrition, qui à son tour affecte la force de travail et accentue la pauvreté.
L’agriculture sénégalaise se développant en zones semi-arides, la production agricole ne couvre qu’une partie de l’année. Ce qui incite les paysans à développer des activités non agricoles en milieu urbain (manœuvres, porteurs, etc.). Mais la diminution des revenus implique que ces activités non agricoles, qui dans les années 1960 concernaient surtout les jeunes durant moins de la moitié de l’année, se généralisent. Elles deviennent progressivement plus importantes que les activités agricoles, elles-mêmes, (qui) ne couvrent souvent plus que trois mois sur l’année. Non seulement cela dérègle la production et les techniques culturales, mais surtout cela accentue l’exode rural, à un tel point que l’on prévoit que la population urbaine dépassera en 2015 la population rurale.
Ce phénomène est explosif : creusant progressivement la tombe de l’agriculture familiale, donc de l’emploi et de la production alimentaire rurale. Et sous ce rapport, il ne permettra pas de satisfaire les besoins alimentaires des villes. Il va ainsi contraindre le pays à augmenter ses importations alimentaires. Cela va immanquablement accentuer le problème du déficit commercial, d’ores et déjà devenu structurel du fait de l’augmentation continue des importations agricoles ; en plus de peser sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Avec les prix élevés actuels, la population est prise au piège de la dépendance alimentaire envers l’extérieur.
Ibrahima DIAW
Wal Fadjri