La ruée vers les terres risque de compromettre la stabilité socioéconomique et culturelle dans le monde rural (ONG)



Tamabacounda, 18 août (APS)- La ruée vers les terres, née de l’orientation de certains pays vers les biocarburants, risque de compromettre la stabilité socioéconomique et culturelle dans le monde rural, notamment en mettant en danger la sécurité alimentaire, au profit de ce nouveau type de production, a indiqué mardi Alhassan Cissé, coordonnateur du Programme droit à l’alimentation à ActionAid.

L’Union européenne a comme objectif d’ici 2020 d’ ‘’incorporer 10% de biocarburant dans sa consommation totale de carburant’’, mais elle sait qu’elle ne dispose pas de suffisamment de terres pour produire la quantité requise, a noté M. Cissé. ‘’Et c’est la ruée vers les terres partout dans le monde, ce qui risque de compromettre la stabilité socioéconomique et culturelle dans le monde rural’’.

Il s’exprimait en marge de la cérémonie d’ouverture à Tambacounda, d’un forum de deux jours, sur le thème ‘’L’agriculture sénégalaise face aux biocarburants : quelle contribution des OSC (Organisations de la société civile) pour une sécurité alimentaire ?’’. Initiée par ActionAid en partenariat avec AYCAH et Food Security Network, la rencontre regroupant des associations de jeunes et de la société civile, vise à expliquer aux acteurs de l’agriculture, les enjeux de la production de biocarburants, a indiqué M. Cissé.

‘’Le problème de la sécurité alimentaire au Sénégal est une préoccupation, et avant de penser au développement des biocarburants, ne faut-il pas penser à la sécurité alimentaire ?’’, a lancé M. Cissé pour qui le deuxième cas de figure consiste à opter pour une ‘’agriculture sénégalaise pensée et développée par le Sénégal’’.

Il a réfuté l’argument de ceux qui nient toute concurrence possible en termes de surfaces occupées entre cultures vivrières et biocarburants et qui soutiennent que ces derniers, notamment le jatropha – sont utilisés comme des haies vives pour clôturer les autres cultures. M. Cissé, a relevé qu’il n’est pas possible de produire de grandes quantités d’énergie en se limitant à des haies. ‘’Tous ceux qui investissent dans les biocarburants veulent de grandes surfaces et on risque d’abandonner des cultures vivrières vers les biocarburants, alors qu’il n’y a aucune politique durable’’ dans ce sens, a averti Alhassan Cissé.

‘’Il n’y a pas de politique déclinée de biocarburants, avec des objectifs, un calendrier’’ au Sénégal, a-t-il soutenu, précisant qu’en la matière il y a juste une ‘’ambition affichée par l’Etat’’. Toutefois, toute politique dans ce domaine devrait prendre en compte les avis des acteurs de l’agriculture, a-t-il dit.

Le responsable d’ActionAid a préconisé de travailler ‘’d’abord’’ à une ‘’organisation et un développement des filières arachide, lait coton et produits forestiers (qui) connaissent des problèmes’’. D’où la nécessité de favoriser un ‘’accès au marché qui garantit un prix rémunérateur’’, de ‘’développer une politique de valorisation de ces produits-là’’, afin d’améliorer les conditions de vie des populations rurales. Il a relevé à titre d’exemple, le ‘’bazardage’’ de l’arachide et du lait à Tambacounda, du fait de ‘’problèmes d’écoulement’’

D’après le responsable du droit à l’alimentation à ActionAid, l’organisation de ce forum fait suite à une étude menée par l’ONG et qui a abouti à la mise sur pied dune coalition sur les biocarburants, avec pour but, d’ ‘’influencer les décideurs politiques pour le développement de politiques agricoles qui garantissent la sécurité alimentaire et la souveraineté’’. ‘’En un mot, la sécurité alimentaire d’abord’’, a-t-il résumé.

L’étude qui tentait de voir ‘’comment le développement des biocarburants impacte sur la sécurité alimentaire et l’accès à la terre’’ sur l’ensemble du pays, a montré que ‘’la préoccupation majeure (agriculteurs), c’était la sécurité alimentaire, à travers la facilité de l’accès à la terre, aux semences de qualité, à l’eau, au crédit’’.

‘’Rien ne justifie la violation du droit à l’alimentation qui doit être à tout point de vue respecté, parce que consacré par la Déclaration des droits de l’homme en son article 24 et la Convention internationale des droits socioéconomiques et culturels en son article 11’’, a poursuivi Alhassan Cissé. Les Etats doivent veiller à respecter ce droit, a-t-il rappelé, ajoutant que ‘’de plus en plus de gens souffrent de faim dans le monde. Ce chiffre a atteint le milliard’’.

La Coalition africaine des jeunes contre la faim (AYCAH) et l’Union des jeunes pour le développement durable de Tambacounda (UJDT), ainsi que le Réseau des organisations de la société civile pour la sécurité alimentaire (ROSA) avaient pris part à cette rencontre.

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