Etre dans un village perdu aux confins de la frontière sénégalo-guinéenne et payer son impôt, c’est une des fiertés des habitants de Dindéfélo. Là, tous tètent aux mamelles du tourisme grâce à un campement touristique villageois, propriété de tout le village. Mais jusqu’à quand ? Car, la concurrence s’annonce rude et l’érection du village en communauté rurale risque de compromettre cette aubaine. Parce que les sites naturels, source de l’argent du campement touristique villageois, sont une compétence transférée.
(Envoyé spécial) - A Dindéfélo, les populations peuvent bien se targuer d’être de bons citoyens. La localité est à la frontière guinéenne, à 35 km à l’est de Kédougou. Pris en étau par des montagnes de pierres et la forêt, les quelque 400 habitants de la nouvelle communauté rurale sont tous en règle avec le fisc. Ce qui est, sans doute, loin d’être une petite prouesse. Les présidents de conseil rural se sont, eux-mêmes, toujours plaint du refus de leurs administrés de s’acquitter de la taxe rurale. Les recouvrements à 100 % sont l’objet de déclarations euphoriques de ces Pcr dans les médias. Dans ce petit village de Kédougou, les chefs de ménage ne sont pas perturbés par la taxe rurale. ‘Il n’y a que la paix ici !’, a lancé le chef de village Kikala Diallo, esquissant même un léger rictus. Il répondait, ainsi, en marge de l’atelier du Centre africain d’éducation aux droits humains (Caedhu) à Dindéfélo, à la question de savoir si la clameur des émeutes ayant endeuillé Kédougou, le 23 décembre dernier, leur était parvenue. ‘Nous avons ici le réseau du téléphone mobile, on écoute la radio (Ndlr : la Rts) et nous ne payons pas l’impôt’, lâche le vieux. Chahut ou orgueil ?
En vérité, à Dindéfélo, tout le monde sait que la taxe rurale ne perturbe le sommeil de personne. La recette provient du Campement villageois de Dindéfélo (Cvd), implanté presque au bas de la montagne. ‘Notre campement nous est d’une très grande utilité. Ce sont les populations qui ont créé la structure, il y a un an. Depuis lors, personne ne paie plus l’impôt ici. Pour s’acquitter de ce devoir, on prélève 200 000 F Cfa des recettes du campement pour honorer la taxe rurale de tous les chefs de ménage’, explique Mamadou Sylla, président du Cvd, un refoulé de l’Allemagne qui manie à merveille l’allemand, l’anglais, le portugais et l’espagnol. ‘En plus de servir à payer l’impôt, l’argent collecté permet aussi de voler au secours des malades démunis. Nous parvenons à réparer les deux forages du village en cas de panne et les repas servis pendant les cérémonies religieuses dans la grande mosquée sont assurés grâce aux recettes du Cvd’, poursuit-il. L’infrastructure, constituée de dix cases et d’une grande salle de réunion sert d’hôtel aux visiteurs des merveilles de Dindéfélo, telles la cascade, la grotte ou la source de Dandé, les empreintes du chasseur de Tépéré Djantou, etc.
Eclairé grâce à l’énergie solaire, le Campement villageois de Dindéfélo accueille souvent des touristes. ‘Nous recueillons de l’argent à partir de la nuitée payée à 2 500 F Cfa et la visite de la cascade ou des sites naturels pour 1 000 F Cfa’, précise Mamadou Sylla avec des pics de 300 000 F Cfa aux mois d’août, d’avril et de décembre. Les populations ont, ainsi, rentabilisé les nombreuses visites des sites naturels de leur village. ‘Avant, les gens venaient visiter la cascade et d’autres curiosités, puis retourner aussitôt. Les Européens qui souhaitaient souvent passer la nuit, n’en avaient pas la possibilité. Avec l’aide d’un volontaire du corps de la paix américain, nous avons fini par créer le Campement’, se souvient M. Sylla. La structure emploie huit personnes. Leur rémunération, soit 30 % des recettes, est en fonction de la clientèle.
Cette réussite a fait des émules. Au village, un privé vient de créer son propre campement. Avec le matériau local, ce privé a fait des cases avec des escaliers ou des chaises en bambou, un cadre très sympathique, symbole du dynamisme de l’artisanat local. A Dandé même, village abritant la source de la cascade de Dindéfélo et la mystérieuse grotte, une association des jeunes dite Association Grotts pour le progrès (Gap) rêve de créer un campement touristique. ’C’est notre plus grande ambition, mais nous n’avons pas de moyens’, regrette le guide touristique du Campement villageois de Dindéfélo établi à Dandé Mamadou Diallo.
Mais la plus grande menace qui pèse sur ce campement de Dindéfélo, c’est l’érection du village en communauté rurale. La nouvelle collectivité locale se fera, en effet, le plaisir de jouir des retombées des sites naturels qui sont une compétence transférée. Et là, on saura, vraiment, si les populations de Dindéfélo sont de vrais citoyens.
Wal Fadjri
(Envoyé spécial) - A Dindéfélo, les populations peuvent bien se targuer d’être de bons citoyens. La localité est à la frontière guinéenne, à 35 km à l’est de Kédougou. Pris en étau par des montagnes de pierres et la forêt, les quelque 400 habitants de la nouvelle communauté rurale sont tous en règle avec le fisc. Ce qui est, sans doute, loin d’être une petite prouesse. Les présidents de conseil rural se sont, eux-mêmes, toujours plaint du refus de leurs administrés de s’acquitter de la taxe rurale. Les recouvrements à 100 % sont l’objet de déclarations euphoriques de ces Pcr dans les médias. Dans ce petit village de Kédougou, les chefs de ménage ne sont pas perturbés par la taxe rurale. ‘Il n’y a que la paix ici !’, a lancé le chef de village Kikala Diallo, esquissant même un léger rictus. Il répondait, ainsi, en marge de l’atelier du Centre africain d’éducation aux droits humains (Caedhu) à Dindéfélo, à la question de savoir si la clameur des émeutes ayant endeuillé Kédougou, le 23 décembre dernier, leur était parvenue. ‘Nous avons ici le réseau du téléphone mobile, on écoute la radio (Ndlr : la Rts) et nous ne payons pas l’impôt’, lâche le vieux. Chahut ou orgueil ?
En vérité, à Dindéfélo, tout le monde sait que la taxe rurale ne perturbe le sommeil de personne. La recette provient du Campement villageois de Dindéfélo (Cvd), implanté presque au bas de la montagne. ‘Notre campement nous est d’une très grande utilité. Ce sont les populations qui ont créé la structure, il y a un an. Depuis lors, personne ne paie plus l’impôt ici. Pour s’acquitter de ce devoir, on prélève 200 000 F Cfa des recettes du campement pour honorer la taxe rurale de tous les chefs de ménage’, explique Mamadou Sylla, président du Cvd, un refoulé de l’Allemagne qui manie à merveille l’allemand, l’anglais, le portugais et l’espagnol. ‘En plus de servir à payer l’impôt, l’argent collecté permet aussi de voler au secours des malades démunis. Nous parvenons à réparer les deux forages du village en cas de panne et les repas servis pendant les cérémonies religieuses dans la grande mosquée sont assurés grâce aux recettes du Cvd’, poursuit-il. L’infrastructure, constituée de dix cases et d’une grande salle de réunion sert d’hôtel aux visiteurs des merveilles de Dindéfélo, telles la cascade, la grotte ou la source de Dandé, les empreintes du chasseur de Tépéré Djantou, etc.
Eclairé grâce à l’énergie solaire, le Campement villageois de Dindéfélo accueille souvent des touristes. ‘Nous recueillons de l’argent à partir de la nuitée payée à 2 500 F Cfa et la visite de la cascade ou des sites naturels pour 1 000 F Cfa’, précise Mamadou Sylla avec des pics de 300 000 F Cfa aux mois d’août, d’avril et de décembre. Les populations ont, ainsi, rentabilisé les nombreuses visites des sites naturels de leur village. ‘Avant, les gens venaient visiter la cascade et d’autres curiosités, puis retourner aussitôt. Les Européens qui souhaitaient souvent passer la nuit, n’en avaient pas la possibilité. Avec l’aide d’un volontaire du corps de la paix américain, nous avons fini par créer le Campement’, se souvient M. Sylla. La structure emploie huit personnes. Leur rémunération, soit 30 % des recettes, est en fonction de la clientèle.
Cette réussite a fait des émules. Au village, un privé vient de créer son propre campement. Avec le matériau local, ce privé a fait des cases avec des escaliers ou des chaises en bambou, un cadre très sympathique, symbole du dynamisme de l’artisanat local. A Dandé même, village abritant la source de la cascade de Dindéfélo et la mystérieuse grotte, une association des jeunes dite Association Grotts pour le progrès (Gap) rêve de créer un campement touristique. ’C’est notre plus grande ambition, mais nous n’avons pas de moyens’, regrette le guide touristique du Campement villageois de Dindéfélo établi à Dandé Mamadou Diallo.
Mais la plus grande menace qui pèse sur ce campement de Dindéfélo, c’est l’érection du village en communauté rurale. La nouvelle collectivité locale se fera, en effet, le plaisir de jouir des retombées des sites naturels qui sont une compétence transférée. Et là, on saura, vraiment, si les populations de Dindéfélo sont de vrais citoyens.
Wal Fadjri