La gestion des terres du Domaine national ne sera jamais transférée aux collectivités locales, au risque de se retrouver avec un Sénégal sans terres. Le président de la République, Macky Sall, qui a présidé hier, jeudi 24 mars à Dakar, la séance de rentrée solennelle de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS) est formel. Le chef de l’Etat, dans un souci de préserver l’agriculture familiale, vient par cette déclaration, rassurer la société civile qui s’est jusqu’ici battue, comme un seul homme, pour la prise en charge de cette préoccupation dans la réforme foncière en cours.
La gestion des terres ne reviendra pas aux collectivités locales. Cette compétence ne leur sera pas transférée. Le président de la République, Macky Sall, qui présidait hier, jeudi 24 mars à Dakar, à la rentrée solennelle de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS) a donné un avant-goût de la prochaine loi qui sera issue des travaux de la Commission nationale de la réforme foncière (CNRF).
Le chef de l’Etat ne voudrait pas que le Sénégal coure le risque de perdre ses terres en les confiant à des élus locaux qui pourraient les vendre à des compagnies étrangères. «Mais, en tout cas, moi, je recommande la prudence. Je ne serai pas favorable, et je le dis ici très clairement, à ce que les terres soient immatriculées au nom des collectivités locales. Ça, c’est exclus, parce qu’on sait la conséquence immédiate. En moins de douze mois, ce sera terminé, il n’y aura plus aucune terre dans le pays. C’est clair. Donc, ça, ce n’est pas une solution», a déclaré Macky Sall.
PRUDENCE, MACKY TIENT LES TERRES
«Prudence ! Prudence de se donner le temps car toute erreur peut être fatale pour le pays. Quand on voit ce qui s’est passé, il y a quelques années, les spoliations des terres d’ici jusqu’aux terres du Walo. Tout a été vendu», a prévenu le président de la République. Et d’expliciter sa position en ces termes: «Alors comment peut-on donner les terres à des collectivités où les gens sont élus pour un mandat et ils vont vendre les terres à des compagnies internationales, puis dans quelques années le Sénégal se retrouvera un peu comme le Zimbabwe d’avant, sans terres, puisque tout aura été vendu? Et, ça deviendra des titres privés». Selon Macky Sall, «on ne peut pas s’engager dans une dynamique où on va immatriculer les terres qui appartiennent au Domaine national qui, par essence, appartiennent à la Nation».
Une raison pour le président de la République de faire très attention sur les pouvoirs à transférer. «Il faut que nous fassions donc très attention sur les pouvoirs à donner ou à transférer. Il faut que nous donnions la terre pour un usage. Il faut définir maintenant les formes juridiques», a dit le chef de l’Etat qui a suggéré des «baux emphytéotiques» tout en sollicitant les indications des juristes éminents sur la question. Il a toutefois émis l’idée de voir la manière d’impliquer les collectivités, pour qu’elles puissent «contribuer dans les affectations, donner leur avis pour que l’on puisse donner la valeur ajoutée aux collectivités et surtout aux populations par rapport aux terres de leur terroir».
ATTENTION, UN COUTEAU A DOUBLE TRANCHANT
Réagissant par rapport à la position du président Macky Sall, en marge de la cérémonie, Cheikh Oumar Ba, directeur exécutif de l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), a reconnu que le chef de l’Etat a raison. Cependant, il a estimé que «c’est une question très complexe, un couteau à double tranchant car, autant les collectivités locales peuvent faire des choses hors du cadre normal comme ce qui s’était passé à Mbane, autant l’Etat aussi peut utiliser ses prérogatives pour déclasser des forêts classées pour les mettre à la disposition de personnes d’une certaine classe sociale».
Pour éviter une dérive et pour préserver la cohésion sociale, Cheikh Oumar Ba a recommandé de mettre en place «des mécanismes qui garantissent la sécurité». Pour le sociologue rural, il faut que «l’Etat assure son rôle régalien et de contrôle pour que la réforme ne soulève pas de problèmes, et qu’il veille surtout à préserver l’esprit de l’Acte 3 de la décentralisation pour éviter toute contradiction avec le principe de donner plus de pouvoirs aux collectivités locales et aux acteurs locaux».
Pour sa part, El Hadj Thierno Cissé, Assistant au coordinateur de la Cellule d'Appui Technique du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), félicitant l’ANSTS au passage pour avoir regardé les travaux des uns et des autres sur la question, à relevé: «l’aspect qui retient plus mon attention, c’est le fait qu’ils (les académiciens, ndlr) reconnaissent la place importante des exploitations familiales. Cela, on le retrouve dans leurs recommandations, en termes de sécurisations de ces exploitations familiales qui constituent la base de notre système agricole. Nous nous reconnaissons dans l’essentiel des recommandations qu’ils ont données», a-t-il révélé. «Je pense que si on met en avant la prudence, et qu’on prenne le temps qu’il faut pour harmoniser les positions, on peut arriver à une réforme qui est concertée et consensuelle, une réforme qui peut être une occasion d’impulser notre agriculture», a-t-il poursuivi.
Chérif FAYE
Sud Quotidien
La gestion des terres ne reviendra pas aux collectivités locales. Cette compétence ne leur sera pas transférée. Le président de la République, Macky Sall, qui présidait hier, jeudi 24 mars à Dakar, à la rentrée solennelle de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS) a donné un avant-goût de la prochaine loi qui sera issue des travaux de la Commission nationale de la réforme foncière (CNRF).
Le chef de l’Etat ne voudrait pas que le Sénégal coure le risque de perdre ses terres en les confiant à des élus locaux qui pourraient les vendre à des compagnies étrangères. «Mais, en tout cas, moi, je recommande la prudence. Je ne serai pas favorable, et je le dis ici très clairement, à ce que les terres soient immatriculées au nom des collectivités locales. Ça, c’est exclus, parce qu’on sait la conséquence immédiate. En moins de douze mois, ce sera terminé, il n’y aura plus aucune terre dans le pays. C’est clair. Donc, ça, ce n’est pas une solution», a déclaré Macky Sall.
PRUDENCE, MACKY TIENT LES TERRES
«Prudence ! Prudence de se donner le temps car toute erreur peut être fatale pour le pays. Quand on voit ce qui s’est passé, il y a quelques années, les spoliations des terres d’ici jusqu’aux terres du Walo. Tout a été vendu», a prévenu le président de la République. Et d’expliciter sa position en ces termes: «Alors comment peut-on donner les terres à des collectivités où les gens sont élus pour un mandat et ils vont vendre les terres à des compagnies internationales, puis dans quelques années le Sénégal se retrouvera un peu comme le Zimbabwe d’avant, sans terres, puisque tout aura été vendu? Et, ça deviendra des titres privés». Selon Macky Sall, «on ne peut pas s’engager dans une dynamique où on va immatriculer les terres qui appartiennent au Domaine national qui, par essence, appartiennent à la Nation».
Une raison pour le président de la République de faire très attention sur les pouvoirs à transférer. «Il faut que nous fassions donc très attention sur les pouvoirs à donner ou à transférer. Il faut que nous donnions la terre pour un usage. Il faut définir maintenant les formes juridiques», a dit le chef de l’Etat qui a suggéré des «baux emphytéotiques» tout en sollicitant les indications des juristes éminents sur la question. Il a toutefois émis l’idée de voir la manière d’impliquer les collectivités, pour qu’elles puissent «contribuer dans les affectations, donner leur avis pour que l’on puisse donner la valeur ajoutée aux collectivités et surtout aux populations par rapport aux terres de leur terroir».
ATTENTION, UN COUTEAU A DOUBLE TRANCHANT
Réagissant par rapport à la position du président Macky Sall, en marge de la cérémonie, Cheikh Oumar Ba, directeur exécutif de l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), a reconnu que le chef de l’Etat a raison. Cependant, il a estimé que «c’est une question très complexe, un couteau à double tranchant car, autant les collectivités locales peuvent faire des choses hors du cadre normal comme ce qui s’était passé à Mbane, autant l’Etat aussi peut utiliser ses prérogatives pour déclasser des forêts classées pour les mettre à la disposition de personnes d’une certaine classe sociale».
Pour éviter une dérive et pour préserver la cohésion sociale, Cheikh Oumar Ba a recommandé de mettre en place «des mécanismes qui garantissent la sécurité». Pour le sociologue rural, il faut que «l’Etat assure son rôle régalien et de contrôle pour que la réforme ne soulève pas de problèmes, et qu’il veille surtout à préserver l’esprit de l’Acte 3 de la décentralisation pour éviter toute contradiction avec le principe de donner plus de pouvoirs aux collectivités locales et aux acteurs locaux».
Pour sa part, El Hadj Thierno Cissé, Assistant au coordinateur de la Cellule d'Appui Technique du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), félicitant l’ANSTS au passage pour avoir regardé les travaux des uns et des autres sur la question, à relevé: «l’aspect qui retient plus mon attention, c’est le fait qu’ils (les académiciens, ndlr) reconnaissent la place importante des exploitations familiales. Cela, on le retrouve dans leurs recommandations, en termes de sécurisations de ces exploitations familiales qui constituent la base de notre système agricole. Nous nous reconnaissons dans l’essentiel des recommandations qu’ils ont données», a-t-il révélé. «Je pense que si on met en avant la prudence, et qu’on prenne le temps qu’il faut pour harmoniser les positions, on peut arriver à une réforme qui est concertée et consensuelle, une réforme qui peut être une occasion d’impulser notre agriculture», a-t-il poursuivi.
Chérif FAYE
Sud Quotidien